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3 août 2025
LA POSITION DE L’EGLISE CATHOLIQUE
Le mariage avec disparité de culte ou catholico-musulman devient de plus en plus fréquent au Sénégal. Selon abbé Roger Gomis, celui-ci est interdit par l'Eglise catholique.
Le mariage avec disparité de culte ou catholico-musulman devient de plus en plus fréquent au Sénégal. Selon abbé Roger Gomis, celui-ci est interdit par l'Eglise catholique. Mais si un couple arrive à remplir les conditions de le faire, ce mariage est valide, mais n’a pas de valeur sacramentelle.
Beaucoup de gens parlent de mariage mixte, quand un catholique et un musulman se marient. Mais, selon abbé Roger Gomis, il faut d’abord procéder à une rectification. Car, selon le prêtre du diocèse de Dakar, le terme “mariage mixte” ne désigne pas un mariage entre une partie catholique et une partie musulmane. Il ne s’applique qu’aux mariages entre chrétiens de différentes confessions, c’est-à-dire entre baptisés appartenant aux Eglises catholique, orthodoxe ou protestante. “Le mariage entre une personne catholique et une autre non baptisée, qui peut être d’une autre religion et même athée, est appelé mariage avec disparité de culte”, précise abbé Gomis. A l'en croire, dans un pays comme le Sénégal, le mariage avec disparité de culte est bien fréquent. Mais, prévient le religieux, une telle pratique exige prudence, clarté et surtout une conscience réaffirmée de l’identité chrétienne et de la vision catholique concernant le mariage et la famille.
Le mariage est un mystère ecclésial
Ainsi, abbé Roger Gomis indique la position de l'église et les conditions dans lesquelles ces mariages peuvent être célébrés. Citant les propos de Mgr Jean Laffitte, il souligne que ce n’est pas si simple d’aimer quelqu’un qui ne partage pas la même appartenance religieuse. A cause d'éventuelles implications possibles, le chrétien qui veut participer activement à la vie de foi doit se demander si son conjoint n’entrave pas sa pratique religieuse. “La foi catholique relie le mariage à un mystère qui est plus grand, à savoir celui de l’union entre le Christ époux et l’Eglise épouse. Pour les catholiques, le mariage est le septième sacrement et il ne représente donc pas seulement un signe de la volonté de l’union entre les deux mariés, mais le signe efficace de l’union du Christ avec l’Eglise et du baptisé avec le Christ”, développe le religieux. Abbé Gomis précise, en outre, que pour l’Eglise catholique, le mariage n’est pas seulement l’union entre un homme et une femme, mais un mystère ecclésial. “Lorsque l’on se marie avec une personne de confession différente, il faut se poser les questions suivantes à l’avance pour la pratique du culte : quelles seront les manières familiales de vivre la foi chrétienne à travers, par exemple, la prière commune ou la confession dans laquelle les enfants seront baptisés et éduqués. Ce qui représente un sujet de vie conjugale très important, qui ne peut certes pas être relégué dans l’indécision et renvoyé à la vie familiale, après les noces”.
L'Eglise catholique interdit le mariage avec disparité de culte
En effet, selon abbé Roger Gomis, la plupart des problèmes surviennent au fil du temps, après des années de vie conjugale, tels que les conflits sur l’éducation des enfants, la conception de la femme ou tout simplement la différente ferveur religieuse des deux conjoints envers leur propre foi. C’est donc, précise-t-il, en raison notamment des conséquences qui en dérivent au plan religieux, culturel, social et au niveau du dialogue interreligieux, que l’Eglise catholique romaine n’encourage pas les mariages avec disparité de culte. “Ce mariage est même en principe interdit. Car la disparité de culte fait partie des empêchements dits dirimants. C'est-à-dire des empêchements qui rendent le mariage nul. Le droit canonique dit : qu'est invalide le mariage entre deux personnes dont l’une a été baptisée dans l’Eglise catholique ou reçue dans cette église et ne l’a pas quittée par un acte formel, et l’autre n’a pas été baptisée”, précise le prêtre. Ce qui n’empêche pas, toutefois, l’Eglise catholique de respecter le choix d’un couple pour un mariage catholico-musulman et de lui proposer une aide, dans le cadre d’une pastorale du discernement qui aboutit à la dispense canonique. Selon lui, c'est une procédure qui consiste à lever l’obstacle, en donnant l’autorisation à la partie catholique de contracter ce mariage, au nom du droit au mariage que l’église reconnaît à toute personne et au nom de la liberté religieuse déclarée par celle-ci au Concile Vatican II.
Les conditions pour reconnaître le mariage avec disparité de culte
Il n’est pas si facile, pour l'église, de reconnaître le mariage avec disparité de culte. Mais, explique abbé Roger Gomis, si un (e) catholique veut que l’Eglise catholique romaine reconnaisse son mariage avec un (e) partenaire musulman (e), l’intention de mariage doit être annoncée à la paroisse compétente (domicile du partenaire catholique) pour la préparation du dossier de mariage avec disparité de culte. De l'avis du prêtre, un tel mariage doit donc bénéficier de l’autorisation expresse (le terme technique est “dispense d’empêchement de disparité de culte”, de l’Ordinaire du lieu (évêque ou son délégué). “Le canon 1125 stipule que cette autorisation ne sera accordée que si certaines conditions sont remplies”. Il faut, entre autres, que la partie catholique déclare qu’elle est prête à écarter les dangers d’abandon de la foi et promet sincèrement de faire tout son possible pour que tous les enfants soient baptisés et éduqués dans l’Église catholique. Il s’agit, également pour la partie catholique, de se donner les moyens d’une vie spirituelle régulière, en gardant le contact avec sa communauté d’origine, assumant sa responsabilité dans la vie spirituelle du couple, témoignant aussi de sa foi et en veillant avec sérieux à l’éducation religieuse des enfants. “L’autre partie sera informée à temps de ces promesses que doit faire la partie catholique, de telle sorte qu’il soit établi qu’elle connaît vraiment la promesse et l’obligation de la partie catholique. Les deux parties doivent être instruites des fins et des propriétés essentielles du mariage, qui ne doivent être exclues ni par l’un ni par l’autre des contractants”, informe le religieux.
Liberté de consentement, indissolubilité du mariage, fidélité…
En outre, le prêtre a précisé que l’église n'impose pas le baptême, mais demande au non-baptisé d'être en accord avec les quatre “piliers” du mariage chrétien, à savoir : la liberté de consentement, l'indissolubilité du mariage, la fidélité et la procréation, et l’éducation des enfants ainsi que l'ouverture vers les autres. Dans le cas d’un mariage entre catholique et musulman, a souligné le prêtre, il faut vérifier en particulier que le partenaire musulman est prêt à rester fidèle à un seul conjoint et à vouloir son bien, et que le partenaire catholique déclare son attachement à l’indissolubilité de son union. “Il faut signaler, enfin, qu’un tel mariage est reconnu comme valide par l’Eglise catholique, mais que le mariage lui-même entre une personne baptisée et une autre non baptisée n’a pas valeur sacramentelle”, précise abbé Roger Gomis.
Mame Lika Sidibe présente sa revue de presse du 2 avril 2019.
“L’EPICENTRE DU TERRORISME MONDIAL EST EN TRAIN D’ETRE DEMENAGE CHEZ NOUS”
Cheikh Tidiane Gadio, est extrêmement préoccupé par la question terroriste, l’épicentre du terrorisme mondial en train d’être déménagé au Sahel, le dénuement du Mali devant les problèmes qui l’assaillent, le G5 qui peine à prendre en charge la sécurité.
Le président de l’Institut panafricain de stratégies, Cheikh Tidiane Gadio, est extrêmement préoccupé par la question terroriste, l’épicentre du terrorisme mondial en train d’être déménagé au Sahel, le dénuement du Mali devant les problèmes qui l’assaillent, le G5 qui peine à prendre en charge la question sécuritaire dans la sous-région... Il prend part, depuis hier, à Saly, à la Retraite annuelle du Mécanisme d’alerte précoce et de réponse de la Cedeao (Ecowarn) et préconise des solutions.
Bien que les pays d’Afrique fassent tout leur possible pour se protéger des terroristes, ils restent encore vulnérables. “Nous nous rendons compte, à notre grande crainte, que les Africains ne mesurent pas assez la gravité de la situation du continent dans le domaine du terrorisme. C’est comme si les 150 à 200 000 morts de la guerre civile algérienne et sa composante contre le terrorisme n’avaient pas assez ému et préoccupé les Africains. Nous sommes convaincus que le continent n’a jamais été aussi menacé dans ses fondements qu’avec la migration des entrepreneurs du terrorisme mondial, chez nous en Afrique et dans le Sahel en particulier’’, prévient le président de l’Institut panafricain de stratégies, Cheikh Tidiane Gadio. Il prend part à la Retraite annuelle du Mécanisme d’Alerte précoce et de réponse de la Cedeao (Ecowarn) qui a démarré hier à Saly.
Pour lui, tant que l’Afrique refuse de mutualiser ses forces, il n’ira nulle part dans cette lutte. En effet, les terroristes ont déjà mutualisé leurs forces, leurs stratégies. Raison pour laquelle il invite les Etats à emprunter la voie de la mutualisation, de la solidarité. “L’épicentre du terrorisme mondial est en train d’être déménagé chez nous. Comme si les maitres penseurs du terrorisme mondial ont compris nos trois grandes vulnérabilités. Tant que l’Afrique refuse de mutualiser ses forces, nous n’irons nulle part. Les terroristes se coordonnent, ils se concertent’’, déclare le Dr Cheikh Tidiane Gadio qui pense que l’insouciance des Africains ouvre la porte aux terroristes. “C’est notre insouciance, poursuit-il, la faiblesse structurelle de nos Etats et le caractère erroné du paradigme fondateur de l’Afrique balkanisé, qui est aujourd’hui en voie d’hyper balkanisation, qui ouvre la porte au terrorisme. C’est comme si le monde s’était entendu pour dire ceci : Puisque les Africains sont encore insouciants, qu’ils ont de vastes étendues dans le Sahara et dans le Sahel, qu’ils ont des paradis rêvés pour les jihadistes’’.
A ce propos, Cheikh Tidiane Gadio rappelle qu’en 2014, Boko Haram avait tué 6 600 personnes, dont certains égorgés, d’autres brûlés vifs, d’autres explosés, d’autres ligotés et jetés dans les fleuves, d’autres fusillés. Selon ses dernières informations, d’ailleurs, Boko Haram s’approvisionnerait directement à Misurata, en Libye, en argent et en équipements de guerre modernes. Pis, des camps d’entrainement sont ouverts en Libye. Ceux-ci multiplient désormais “les confrontations directes avec l’armée nigériane à qui ils prennent des chars de combat et des munitions’.
“Si le terrorisme est motivé par la pauvreté, tous les Africains seraient terroristes’’
D’où l’invite du président de l’Institut panafricain de stratégies à mutualiser les forces afin de faire face efficacement aux terroristes. “L’international terroriste a scellé l’entente de plusieurs groupes terroristes, surtout ceux venus du Moyen Orient. Qui a décidé de cibler le Tchad et son leader, qu’il considère comme le seul verrou qui les empêche de prendre tout le Sahel et pourquoi pas le Nigeria et le Cameroun, pays déjà très atteints et affectés par les attaques répétées”. S’agissant des raisons qui pousseraient certains jeunes à intégrer des groupes terroristes, Dr Gadio pense que ce n’est pas la pauvreté qui les pousse vers l’extrémisme. “On nous dit que les causes du terrorisme, c’est la pauvreté. Si le terrorisme est motivé par la pauvreté, tous les Africains seraient terroristes. Il y a des frustrations qui poussent les gens à entrer dans le terrorisme. Les extrémistes utilisent la vulnérabilité de nos continents. Les jeunesses africaines ne se reconnaissent plus dans la marche du continent, pour plusieurs raisons. Ces jeunes sont vulnérables et peuvent être recrutés par ces gens-là. Ces jeunes-là ne sont pas des immigrants, comme on les appelle. Ces jeunes sont en train de partir en exode’’, dit-il. Et les jeunes quittent le continent, parce que l’Afrique ne leur a pas donné les raisons d’espérer. “Voilà des jeunes qui vivent dans le plus riche des continents et on leur dit qu’ils sont pauvres. C’est ce que j’appelle les pauvres les plus riches au monde. Nous ne sommes pas pauvres, on nous a appauvris. Ces jeunes victimes de l’extrémisme violent nous interpellent tous. Il faut que l’Afrique redonne espoir à ces jeunes”.
La stratégie des pays du Moyen-Orient pour déstabiliser le continent
Ainsi, la cheville ouvrière de l’Ecowarn, ce sont les moniteurs qui “ont une mission extrêmement risquée, mais extrêmement utile pour le continent africain’’, souligne Cheikh Tidiane Gadio. Car, ceux-ci jouent un rôle crucial dans l’opérationnalisation du mécanisme régional d’alerte précoce et de réponse. Dans les15paysde laCedeao, ils ont pour mission la collecte d’informations sur les incidents. Ainsi, selon M. Gadio, “il est préférable d’avoir des Africains qui vont au secours de l’Afrique, avant que les crises et les conflits n’éclatent. Plutôt que de former de bons sapeurs-pompiers qui vont aller après éteindre les incendies. J’ai toujours cru en la force et en la valeur de la prévention des conflits en Afrique’’. Le président de l’Institut panafricain de stratégies est d’avis qu’il n’y a pas assez de réflexion sur le sujet entre les Africains, sans qu’il n’y ait aucune ingérence pour régler les problèmes de famille, à l’interne, sans forcing, sans violence. Cette rencontre a été riche en confessions, car selon M. Gadio, des pays du Moyen-Orient sont soupçonnés par leurs analystes de financer des groupes terroristes et de développer une nouvelle stratégie d’accaparement des trois atouts de l’Afrique : terre fertile, eaux et forêts, des enjeux capitaux. Parce qu’ils estiment que “les Africains ne sont pas aussi passionnés, aussi intéressés à défendre ces trois atouts’’, dit-il.
“Le Mali ne peut pas défendre 1 200 km2 par 30 000 hommes’’
La situation au Mali s’est aussi invitée aux discussions. Après avoir déploré le massacre qui s’y est produit, Cheikh Tidiane Gadio a souligné : “Beaucoup d’analystes pensent que le Mali est en train de perdre le nord de son pays, avec un accord de paix que beaucoup trouve bancal. Que les protagonistes n’ont pas l’intention de mettre en œuvre, surtout les protagonistes qui prônent le séparatisme. Le Mali semble voir son centre lui échapper, tandis que des forces obscures semblent opérer dans la capitale, parfois avec des assassinats ciblés. Le Mali lutte pour avoir la paix dans son pays. Le Mali lutte pour se libérer. Le Mali est en phase offensive. Nous sommes convaincus que 1,200 million de km2 ne peuvent pas être défendus par 20 000 ou 30 000 hommes, surtout quand le pays est attaqué de toutes parts, du nord au centre”, dit-il. Selon Cheikh Tidiane Gadio, “le Mali a besoin de forces africaines combatives, des troupes d’élite prêtes à accompagner le pays pour sa libération totale. On parle de 50 000 à 60 000 hommes. On a trop attendu l’aide des autres. On a trop attendu le soutien des autres. Il est temps d’aller très vite. Le Mali ne peut plus attendre. Urgence absolue au Mali”. D’ailleurs, le massacre des Peuls le pousse à douter de la capacité des Etats à pouvoir lutter contre les extrémistes. Dr Gadio dénonce, en outre, l’informationselonlaquelleplusde700 écoles ont été fermées dans la zone de Mopti, des chiffres à vérifier et qu’il juge extrêmement graves.
“On a besoin de renforcer le G5’’
Il est d’avis que des erreurs fondamentales ont été commises dans la constitution du G5. Car un pays comme le Sénégal a sa place dans cette force. “A côté du Mali, le Burkina est particulièrement atteint. Militaires, gendarmes, douaniers et enseignants sont des victimes presque journalières d’assassinats, de bombes artisanales, d’attaques, de guérilla. En attendant, les forces spéciales du G5 ont l’arme au pied, attendant les financements demandés pour être opérationnels. Il est difficile d’exclure un pays qui s’appelle le Sénégal des pays du Sahel. Nous faisons partie des pays qui ont inventé le concept Sahel, avec le président Léopold Sédar Senghor. Le Sénégal avait une expérience à apporter. Et le Sénégal a été exclu. Nous n’avons pas compris que des puissances comme l’Algérie, le Maroc n’aient pas été invitées, dès le départ, à travailler avec le G5’’, s’étonne le Dr Gadio. Qui explique que le G5 a aussi besoin de l’Algérie et de son expérience, du Nigeria, du Maroc, du Cameroun. “Pourquoi ne pas mutualiser nos forces ? Nous avons proposé de laisser le G5 rester le G5, mais de créer une dynamique appeléeG5+5. On a besoin de renforcer le G5’’, assure-t-il.
FORCES ET LIMITES DE LA LOI
Réélu président de la République, Macky Sall devra, une nouvelle fois, se soumettre à l’exigence de déclarer son patrimoine. Au-delà des questions relatives au délai, nos interlocuteurs s’interrogent sur l’efficacité même d’un tel mécanisme .
Bis repetita ! Comme en 2012, le débat sur la déclaration de patrimoine du président de la République fait rage. Une partie de la société civile fait feu de tout bois et interpelle déjà le chef de l’Etat sur cette exigence à lui faite par la Constitution. Celle-ci prévoit, en effet, en son article 37 alinéa 3 que : “Le président de la République nouvellement élu fait une déclaration écrite de patrimoine déposée au Conseil constitutionnel qui la rend publique.’’ Interprété par certains comme une avancée non négligeable en matière de transparence dans la gouvernance des affaires publiques, ce texte est jugé “très laconique’’ par plusieurs autres observateurs avertis. Une chose est sûre, c’est là un réel acquis, soulignent certains membres de la société civile.
Le Conseil constitutionnel devra forcément porter à la connaissance de l’opinion le patrimoine du président de la République. Une question qui taraude déjà bien des esprits. En 2012, la déclaration de patrimoine du président Macky Sall avait défrayé la chronique. Il avait même transcendé les frontières du Sénégal et avait été relatée par bien des organes de presse étrangers. Depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Réélu président de la République, le Sénégal s’impatiente de voir Macky Sall se soumettre à la même obligation. El Hadj Hamidou Kassé rassure dans l’émission hebdomadaire de la radio Sud Fm : “Le président l’a fait (en 2012) et il le refera…’’ Le ministre conseiller en charge de la Communication du président de la République ne s’en limite pas. Il affirme, comme pour attester de la bonne volonté de son mentor : “Le président Macky Sall a été le premier à s’imposer cette obligation, au moment même où rien ne lui était nullement exigé.’’ Une déclaration qu’il faut toutefois nuancer. Puisque le locataire actuel du palais était bien tenu de faire cette déclaration en 2012, conformément à la disposition constitutionnelle précitée. Aussi, selon un article de “Jeune Afrique’’ publié en mai 2012, même le président Abdoulaye Wade, en 2001, s’était astreint à la même exigence, bien qu’il ait été élu en 2000 sous l’emprise de l’ancienne Constitution. A la fin de son mandat également, acculé par des accusations d’enrichissement illicite, il est revenu à la charge, en publiant l’ensemble de ses biens. Ce qui entre en contradiction avec les allégations de la voix de la présidence. Mieux, cette déclaration, non seulement doit être faite, mais elle doit être rendue publique. Une prérogative qui incombe cependant au Conseil constitutionnel, à la lecture de la charte fondamentale.
Une efficacité sérieusement remise en cause
Récemment, le Forum du justiciable avait fait une sortie pour exiger que la déclaration se fasse avant même la prestation de serment prévue aujourd’hui. Mais, à ce niveau, nos sources relativisent et affirment que rien n’impose au chef de l’Etat de faire sa déclaration à pareil moment. D’autres vont même plus loin en défendant un point de vue contraire. D’abord, soutiennent-ils, la déclaration doit être faite par le président de la République, d’après la Constitution. Or, c’est à partir de la prestation de serment que la personne élue au suffrage universel prend véritablement fonction. Aussi, ajoutent-ils, dans l’ordonnancement même des dispositions constitutionnelles, les textes traitant de la prestation de serment viennent avant ceux qui régissent la déclaration de patrimoine. Pour toutes ces raisons, argue ce responsable de la société civile, les gens devraient encore patienter. Toutefois, il précise que la publication ne devrait pas non plus trop tarder. “Il faut, souligne-t-il, un délai raisonnable. Et le délai raisonnable, c’est généralement 30 jours’’. La vraie question qui se pose est de savoir si Macky Sall va le faire, vu tout le tollé suscité en 2012. Le Conseil constitutionnel est-il légalement fondé à exiger du chef de l’Etat qu’il dépose son patrimoine ?
Les juristes sont interpellés. Et c’est justement à ce niveau que la loi comporte de nombreuses limites. Ce qui est sûr, c’est qu’en l’état actuel des choses, il ne pèse sur le président ni condition ni sanction, en cas de non-respect de la disposition constitutionnelle. Par ailleurs, d’aucuns mettent l’accent sur le grand désordre autour des textes qui régissent la déclaration de patrimoine. Outre la Constitution qui, elle, ne s’intéresse que de manière lapidaire au président de la République, il y a la loi 2014-17 et son décret d’application qui régissent de manière beaucoup plus complète toutes les autres autorités publiques. Des autorités qui, contrairement au président de la République, doivent faire leur déclaration devant l’Ofnac. L’autre préoccupation porte sur l’efficacité même de la déclaration par le chef de l’Etat. Un interlocuteur renvoie au procès de Karim Wade comme pour montrer que les détenteurs de deniers publics disposent suffisamment de moyens pour faire passer des pans entiers de leur patrimoine entre les mailles. Le modus operandi étant de déclarer une quantité raisonnable de biens. Au moment où une bonne partie est entre les mains de prête-noms. La question des conjoints et des enfants est aussi soulevée. Au-delà du président, qu’en est-il des biens du conjoint et de leur descendance ? Autant de questions qui imposent, selon notre interlocuteur, des réformes beaucoup plus approfondies, si les autorités souhaitent vraiment jouer la carte de la transparence.
C’est au Conseil constitutionnel de rendre publique la déclaration
Le ton était pourtant donné dans la loi 2014-17 précitée. Le législateur, dans l’exposé des motifs, énonçait que le mécanisme de la déclaration de patrimoine “vise, d'une part, à prévenir tout risque d'enrichissement illicite de titulaires de hautes fonctions et, d'autre part, à satisfaire au besoin légitime d'information des citoyens sur la situation et le comportement des dirigeants publics, dans un contexte de transparence’’. Elu pour la première fois président de la République du Sénégal en 2012, Macky Sall avait bien déposé son patrimoine devant le Conseil constitutionnel. Réélu, il est soumis au même exercice fatidique. Il s’agira certainement de dire au peuple sénégalais qu’est-ce qui s’est ajouté dans son patrimoine déclaré en 2012. Laquelle déclaration avait fait l’objet d’une vive polémique. Dans un article paru dans “Jeune Afrique’’ en mai 2012, il est indiqué que le “Journal officiel’’ renseignait que le successeur de Wade avait, entre autres biens, une villa de 699 mètres carrés d’une valeur de 350 millions de F Cfa (533 000 euros) et un terrain de plus de 2 000 mètres carrés (200 millions de F Cfa, soit 304 000 euros) dans un quartier chic de Dakar. Il était également propriétaire d’un appartement de 300 mètres carrés à Houston, aux Etats-Unis, évalué à 220 000 dollars (169 000 euros) et qui ferait l’objet d’un remboursement bancaire en cours jusqu’en 2017. D’autres villas et terrains au Sénégal, ainsi que des parts dans deux sociétés immobilières et de consultants figurent sur la liste. “Celles-ci s’ajoutent à un parc automobile de 35 véhicules “servant essentiellement aux activités politiques de son parti…”, informait le journal. A l’époque, cela avait suscité une vive controverse en ce qui concerne la valeur de tous les biens du président. D’aucuns parlaient de 8 milliards de F Cfa. D’autres de 1,3 milliard. Par rapport aux comptes bancaires, c’était presque l’omerta. Beaucoup plus tard, en 2015, “Libération’’ publiait in extenso la déclaration. On y apprenait que Macky Sall avait aussi révélait les biens immobiliers de son épouse Marième Faye. “Mon épouse, Madame Marième Faye Sall, est propriétaire de deux villas R+1 : une à Sacré-Cœur 3 servant de siège à l’Alliance pour la République (Apr), d’une valeur estimée à 80 millions, et l’autre à Comico III, d’une valeur estimée à 90 millions.’’
Dans une contribution publiée hier sur “Seneweb’’, le constitutionnaliste estime, lui, que le chef de l’Etat doit procéder à la déclaration “aussitôt sa prestation de serment’’. “… La déclaration de patrimoine doit se faire sans délai, ni excuse. Les retards accusés, à cet effet, constituent une violation manifeste de la Constitution’’, informe-t-il. Il regrette cependant le fait que la loi n’ait pas prévu une déclaration à la fin du ou des mandats du président de la République. En droit comparé, fait-il savoir, “même en cours de mandat, la variation du patrimoine présidentiel impose au concerné de faire une déclaration modificative, voire complémentaire auprès du juge constitutionnel’’. Il en veut pour exemple le Niger où, rapporte le spécialiste, “l’actuel président Mahamadou Issoufou a eu à faire une déclaration complémentaire en raison de la variation de son patrimoine en cours de mandat’’. Le professeur demande enfin que la disposition constitutionnelle soit réformée et donne un pouvoir de contrôle et de vérification au Conseil constitutionnel.
LE CHALLENGE DIPLOMATIQUE DE MACKY SALL
Le président Macky Sall déclinera ses ambitions de repositionner davantage le Sénégal dans le concert des nations, de pacifier et d’approfondir autant que faire se peut les relations diplomatiques parfois parsemées d’embuches avec ses voisins.
En réunissant, le temps d’une prestation de serment, près d’une vingtaine de chefs d’Etat africains et de délégations venues d’un peu partout à travers le monde, le président Macky Sall décline ses ambitions de repositionner davantage le Sénégal dans le concert des nations, de pacifier et d’approfondir autant que faire se peut les relations diplomatiques parfois parsemées d’embuches avec ses voisins immédiats et les autres pays africains.
C’ est ce mardi 2 avril 2019 que le président de la République nouvellement réélu prête serment au Centre des expositions du Pôle urbain de Diamniadio. Le cérémonial est certes anodin, voire banal, parce qu’entrant dans la tradition et la routine démocratique du Sénégal et presque partout ailleurs à travers le monde dans les démocraties modernes. Mais ce qui rehausse d’un caractère particulier cette cérémonie, c’est la présence massive de chefs d’Etat africains qui ont tenu à répondre à l’invitation du président Macky Sall et de son régime. Ils sont, en effet, près d’une vingtaine de présidents africains à séjourner à Dakar, depuis hier, pour assister à ce cérémonial.
Outre les voisins immédiats du Sénégal, à savoir Mouhamed Ould Abdel Aziz de la Mauritanie, Adama Barrow de la Gambie, Alpha Condé de la Guinée, Ibrahim Boubacar Keïta du Mali et du Bissau-Guinéen José Mario Vaz, il y a également les présidents togolais Faure Gnassingbé, sierra-léonais Julius Maada Bio, rwandais Paul Kagamé, nigérian Muhammadu Buhari, nigérien Mahamadou Issoufou, malgache Andry Rajoelina, éthiopien Sahlework Zewde, ivoirien Alassane Dramane Ouattara. Mais aussi leurs homologues du Burkina Faso Roch Marc Kaboré, de la République démocratique du Congo Félix Tshisekedi, du Congo-Brazzaville Denis Sassou-Nguessou et du CapVert José Carlos Fonséca. Cette présence massive de chefs d’Etat africains, de chefs de gouvernement et de délégations venues de l’international est, en effet, une première dans les annales politiques et diplomatiques sénégalaises.
Selon l’ancien consul général du Sénégal en Arabie saoudite, jamais, de mémoire de Sénégalais, une prestation de serment n’a enregistré autant de chefs d’Etat africains et de délégations ministérielles et diplomatiques venues d’Afrique, d’Europe, des Etats-Unis et d’un peu partout des quatre coins du monde. “Les cérémonies de prestation de serment, aussi bien sous Abdou Diouf que sous Abdoulaye Wade, n’ont jamais enregistré la présence d’autant de présidents africains et de délégations. C’est une première dans l’histoire politique et diplomatique du Sénégal’’, soutient Cheikh Guèye. Il est du même avis que l’ancien ambassadeur du Sénégal au Bahreïn qui soutient d’emblée, lorsque joint par téléphone : “Je ne me rappelle pas d’une prestation de serment qui regroupe autant de présidents, de chefs de gouvernement et de délégations venues de l’international.’’
D’ailleurs, souligne Mame Fodé Ndong, cette particularité s’explique par trois facteurs au moins. Le premier facteur, selon lui, c’est la réussite diplomatique du président de la République Macky Sall et du Sénégal sur le plan international. Il s’ajoute que, selon lui, les élections sénégalaises ont confirmé le caractère démocratique du système électoral sénégalais, de sorte que le président est élu de façon acceptée par ses pairs. “Les hôtes du Sénégal, s’ils avaient des doutes qu’il y avait malversations, ils ne seraient pas venus. C’est donc une reconnaissance internationale de notre système démocratique, notamment électoral’’, relève-t-il.
Avant d’ajouter : “J’ai eu la chance de superviser deux fois des élections en Arabie saoudite, à Ryad et au Mali. Ce dont je suis sûr et certain, c’est qu’on ne peut pas voler dans le système électoral sénégalais. Je le dis parce que je le crois, je l’ai vécu. Qu’on ait un ministre de l’Intérieur technocrate, militaire ou diplomate, ça revient au même : on ne peut pas voler des élections dans le système électoral sénégalais’’, se persuade-t-il.
“Légitimation du second mandat’’
Abondant dans le même sens, l’ancien ambassadeur Cheikh Guèye renchérit que le Sénégal est un modèle de démocratie qui, sur le plan diplomatique, occupe une position assez importante au sein de la Cedeao, de l’Union africaine et dans d’autres organismes sous-régionaux et internationaux. “Dakar a été la première capitale africaine, donc, on ne peut pas, avec une prestation de serment d’une telle envergure, ne pas inviter autant de chefs d’Etat africains. D’un point de vue géopolitique, ça pourrait donner au Sénégal une autre légitimité diplomatique sur le plan international, car le Sénégal a toujours joué un rôle important dans les institutions internationales’’, soutient le diplomate pour qui cette particularité est aussi une occasion saisie par le président Macky Sall pour légitimer sa victoire, à l’issue du scrutin présidentiel du 24 février dernier. “C’est tout à fait important et nécessaire, pour une prestation de serment d’un second mandat, de convier ses homologues africains et ses partenaires internationaux pour légitimer sa victoire. Macky Sall veut montrer à ses pairs que le pays dont il est le président est un modèle de démocratie où des élections se sont passées dans la paix et dans la transparence. Pour justifier tout cela, il voudrait, au moment où il prête serment, que ses pairs soient présents pour leur montrer que c’est dans la plus grande transparence et la plus grande démocratie qu’il est parvenu à obtenir un second mandat’’, soutient-il.
Le pétrole et de gaz, ces facteurs revigorants
Revenant à la charge, l’ancien ambassadeur Mame Fodé Ndong indique qu’outre ces facteurs, les récentes découvertes de pétrole et de gaz ont redonné au Sénégal un nouveau visage sur l’international. Ce qui fait que, selon lui, le Sénégal d’aujourd’hui n’est plus le Sénégal d’hier. “Le Sénégal d’aujourd’hui représente beaucoup de choses, sur le plan démocratique et sur le plan politique, à travers les réalisations. C’est un pays d’avenir. Parce qu’un pays aussi petit que le Sénégal, qui englobe autant de richesses que nous avons, occupe une place prépondérante dans le concert des nations’’, relève le diplomate.
“Opération rachat diplomatique’’
Pour l’ancien consul général du Sénégal en Arabie saoudite, c’est aussi une manière de s’ouvrir à l’Afrique et aux pays africains qui lui sont plus proches, à savoir la Mauritanie, le Mali, la Guinée, la Gambie, le Burkina et autres. D’autant plus que ces pays ont contesté la légitimité du Sénégal sur le plan diplomatique. “Aujourd’hui, le président Macky Sall est en train de se racheter, en se rapprochant davantage de ses pairs pour des retrouvailles diplomatiques, afin de redorer le blason du tissu diplomatique de notre pays. Le Sénégal veut se racheter diplomatiquement auprès des pays africains’’, déclare-t-il. La prestation de serment coïncide avec l’investiture du président de la République dans ses fonctions. Selon le Conseil constitutionnel sénégalais, elle marque le début du nouveau mandat du président de la République. C’est un cérémonial au cours duquel le président de la République va prendre l’engagement de remplir fidèlement la charge liée à sa fonction, d’observer et de faire observer les dispositions de la Constitution et des lois, de consacrer toutes ses forces à défendre les institutions constitutionnelles, l’intégrité du territoire et de l’indépendance nationale et de ne ménager aucun effort pour la réalisation de l’unité africaine.
ALPHA CONDE CHEZ MBOW ET NIASSE
Aussitôt arrivé, le président guinéen s’est rendu au domicile du très respecté Amadou Makhtar Mbow, qui a dernièrement célébré ses 98 ans
Revoilà Alpha Condé à Dakar. Aussitôt arrivé, le président guinéen s’est rendu au domicile du très respecté Amadou Makhtar Mbow, qui a dernièrement célébré ses 98 ans. Il l’avait d’ailleurs appelé le jour de son anniversaire. Mais comme Alpha aime bien Mbow, il a remis ça, en se déplaçant jusqu’au domicile de ce dernier. C’est un signal fort qu’il donne, lui qui est bien connecté sur la galaxie politique sénégalaise. Condé s’est aussi rendu au domicile de l’actuel président de l’Assemblée nationale Moustapha Niasse. Et pour couronner le tout, il a organisé un dîner au Lagon avec certains proches.
La plaie née de l’affaire Ebola et aggravée par la crise gambienne (Jammeh si très proche du président guinéen qui est allé à Banjul en pleine crise postélectorale) serait-il en train de se cicatriser ? On serait tenté de le croire. En tout cas, tout ceci est en train de se faire au détriment de son opposant Cellou Dalein Diallo, Président de l'UFDG, qui s’était sensiblement rapproché du Président Macky Sall. Alpha Condé a vu ses relations avec le président Sall s’améliorer de façon importante, après que ce dernier l’eut aidé à neutraliser le dinosaure Wade en pleine période de nervosité électorale.
Selon nos sources, l’effet somnifère a fonctionné à merveille sur le vieux Wade, très sensible aux hommages avec sans doute la participation active, dans cette opération, de plusieurs chefs d’Etat de la sous-région et peut-être une voix autorisée du Qatar. En tout cas, aussitôt rentré à Dakar, Me Wade était tout doux, tout miel ! Un peu Ko et pas agressif du tout. D’ailleurs, Condé ne devrait pas rencontrer l’ancien président sénégalais. En tout cas, aux dernières nouvelles, ce n’est pas prévu dans son agenda.
LES EXPLICATIONS DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL
La prestation de serment et l’installation du président de la République
L’installation du président de la République, consécutive à la prestation de serment de celuici, fait partie des fonctions du Conseil constitutionnel les moins connues des sénégalais. Dès qu’on parle du Conseil constitutionnel, on pense à ses attributions en tant que juge constitutionnel chargé du contrôle de la conformité des lois à la Constitution ou en tant que juge électoral chargé d’arrêter la liste des candidats à l’élection présidentielle ou de trancher les contestations relatives aux opérations électorales dans le cadre de l’élection présidentielle ou des élections législatives. Cette situation s’explique certainement par le fait que le Conseil constitutionnel n’exerce cette fonction qu’une fois tous les 7 ans.
Cela dit, la cérémonie du 2 avril 2019 est une cérémonie officielle marquant le début d’un nouveau mandat du président de la République. Elle comporte deux étapes.
1- La prestation de serment. Le président de la République va prendre l’engagement de remplir fidèlement la charge liée à sa fonction, d’observer et de faire observer les dispositions de la Constitution et des lois, de consacrer toutes ses forces à défendre les institutions constitutionnelles, l’intégrité du territoire et l’indépendance nationale et de ne ménager aucun effort pour la réalisation de l’unité nationale. Les termes du serment traduisent quelque peu l’enracinement et l’ouverture, des thèmes chers au Président Léopold Sédar Senghor. En raison de son importance, le constituant veut que cet engagement soit, pour reprendre l’expression de François Lu chaire, «solennisé» par le serment que le président de la République est tenu de prêter. Par ce serment, le président de la République prend, comme le disait le président du Conseil constitutionnel Papa Oumar Sakho à propos du serment des juges du Conseil, «un engagement personnel donc un engagement envers lui-même et un engagement envers toute la collectivité». C’est ce qui explique que le serment soit prêté dans le cadre : d’une audience ; d’une audience solennelle ; d’une audience publique.
2- L’installation par le Conseil constitutionnel. C’est à partir de cet acte que le président de la République est investi des prérogatives liées à son statut.
C’est aujourd’hui dans la matinée que Macky Sall, réélu avec 58,26% des voix, va prêter serment au Centre d’exposition du pôle urbain de Diamniadio. Le ballet des chefs d’état et autres officiels devant assister à la rencontre s’est poursuivi jusque dans la soirée hier. Macky Sall a ainsi réussi à décrocher de grosses pointures du continent notamment Paul Kagamé et Mu-hammadu Buhari.
C’est le tarmac de l’aéroport international de Dakar qui a accueilli tous les aéronefs des délégations présidentielles et autres officiels venus assister à la prestation de serment de Macky Sall aujourd’hui à Diamniadio. C’est le Président du Burkina Faso, Roch Marc Chris- tian Kabore qui a ouvert le bal dimanche dernier en fin de matinée. Il a été accueilli par son homologue sénégalais avant que n’arrive dans l’après-midi le Président malgache Andry Ra-joelina. Hier, le ballet des chefs d’Etat s’est poursuivi jusque dans la soirée. Tour à tour, Macky Sall a reçu ses homologues au salon d’honneur de l’aéroport international de Dakar.
Il s’agit des Présidents de la République démocratique du Congo (RDC) Félix Tshisekedi ,de la Guinée Bissau José Mário Vaz, du Mali, Ibrahima Boubacar Keïta, de la Côte d’Ivoire Alassane Dramane Ouattara, du Niger Mahamadou Issoufou, du Togo Faure Gnassingbé, du Congo Denis Sassou Nguesso, de la Gambie Adama Barrow, de la Mauritanie Mohamed OuldAbdel Aziz, du Rwanda Paul Kagamé. De même, les Présidents guinéen Alpha Condé, libérien Georges Weah et éthiopien Sahle-Work Zewde séjournent actuellement dans la capitale sénégalaise. Le chef du gouvernement ghanéen Yaw OsafoMaafo et le Premier ministre du Gabon Julien Nkoghe Bekalés ont aussi arrivés à Dakar. Le président de la République fédérale du Nigéria, Muhammad Buhari, a été le dernier à fouler le sol sénégalais, un peu après20 heures.
En plus des chefs d’Etat africain, l’ancien président français Nicolas Sarkozy et l’ex-Premier ministre de la Grande Bretagne Tony Blair vont également assister, aujourd’hui, à la cérémonie de prestation de serment du Président Macky Sall pour un second mandat, rapporte la Radiodiffusion Télévision Sénégalaise (Rts). D’après la Rts, Nicolas Sarkozy et Tony Brairont été accueillis à l’aéroport militaire Léopold Sédar Senghor. Ségolène Royal, qui représentera le chef de l’Etat Français, Emmanuel Macron, est également arrivée à Dakar. Elle a d’ailleurs pris Air Sénégal pour rallier la capitale sénégalaise. Il faut dire que cette prestation de serment revêt un caractère historique avec environ une vingtaine de chefs d’Etat et de gouvernement. Tous.
Les Présidents des pays voisins ont pratiquement répondu à l’appel de Macky Sall. Non sans compter les grosses pointures du continent en l’occurrence le très influent chef d’Etat Rwandais, Paul Kagamé ainsi que le Président du Nigéria, l’une des puissances africaines, Muhammad Buhari.
LES PETITES PHRASES DE KEBA MBAYE ET CHEIKH TIDIANE DIAKHATE
Les «Sages» et leurs discours lors des prestations de serment
Pape Oumar Sakho installe le Président Macky Sall aujourd’hui à Diamniadio. Va-t-il prendre la défense du Conseil constitutionnel critiqué de toutes parts, comme l’avait fait feu Cheikh Tidiane Diakhaté en 2012 ? Ou lâchera-t-il la petite phrase comme celle de Kéba Mbaye avec son «Les Sénégalais sont fatigués».
KEBA MBAYE : «LES SÉNÉGALAIS SONT FATIGUÉS»
Les cérémonies d’installation des Présidents sont parfois matinées de quelques petites phrases de juges. «Les Sénégalais sont fatigués» de Kéba Mbaye, en 1981, face à Abdou Diouf, est jusqu’ici la plus célèbre. Le Premier président de la Cour suprême d’alors lui-même rappelait dans son historique leçon inaugurale à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, le 14 décembre 2005, que «beaucoup de Sénégalais n’ont retenu que cette formule lapidaire». Elle était d’autant plus importante qu’elle venait d’un magistrat qui, semble-t-il, avait brisé les codes. «En installant le Président Abdou Diouf, en ma qualité de Premier président de la Cour Suprême, j’avais, comme me l’avait reproché un ami qui nous a quittés, parlé comme un homme d’Etat, alors que je n’étais qu’un simple juge», expliquait-il. Et, on peut en déduire que c’est ce ton jurisprudentiel de Kéba Mbaye qui semble inspiré les «sages».
CHEIKH TIDIANE DIAKHATE : «MONSIEUR LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE, IL Y A TANT DE FRUSTRATIONS…»
En 2012, la campagne électorale, émaillée de violences à cause du troisième mandat de Abdoulaye Wade, avait poussé le président du Conseil constitutionnel à sortir de ses gonds. Parce que les «5 sages» à l’époque avaient essuyé de vives critiques en validant la candidature de Me Wade. Le 2 avril de cette année, alors qu’il installait Macky Sall au King Fahd Palace, feu Cheikh Tidiane Diakhaté n’avait pu se retenir. «(…) Monsieur le président de la République, c’est en nous la victoire de la démocratie sénégalaise qui a su résister aux turbulences annoncées et amplifiées que seule la maturité du Peuple a su écarter. Les pesanteurs et les contingences de tous ordres ont pu être dépassées sans remettre en cause le socle de la Nation. (…) Pour sa part, le Conseil constitutionnel, seul organe habilité en l’occurrence à dire le droit, estime avoir joué sa partition avec responsabilité, sérénité et impartialité, malgré les contre vérités, agressions, insultes, menaces et invectives», avait fulminé le président du Conseil constitutionnel. Avant d’ajouter une citation de l’écrivain Jérome Kardos : «’’Demain, dans le tir groupé des francs-tireurs embusqués, décochant depuis leur sombre repaire, des flèches assassines contre votre personne, retenez que c’est l’ambigu destin de ceux qui se lèvent au-dessus du lot commun. C’est dire que, où que vous tournez, vous n’avez ni faveur ici ni grâce là. Soyez et restez votre propre arbitre, c’est à-dire celui qui sait s’occuper lui même pour n’entendre que la voix de la conscience.’’»
Voilà une réponse à tous ceux qui l’accusaient, lui et ses collègues, d’être du côté du Président sortant. Mais, dans un registre proche de celui de Kéba Mbaye, Cheikh Tidiane Diakhaté avait souligné à l’endroit de Macky Sall : «Monsieur le président de la République, il y a tant de frustrations et parfois aussi tant de désespoirs dans nos sociétés que l’urgence s’est pratiquement installée partout : l’emploi surtout des jeunes, l’énergie, le coût de la vie, la vitalité de nos entreprises, la prise en charge des personnes vulnérables sans occulter la dynamique de nos institutions. Il y a là tellement d’impératifs que l’on peut croire que tout reste à faire. (…) C’est à vous que cette lourde mission échoit. C’est à votre honneur, c’est aussi dans vos responsabilités. Vous avez avec vous la symbolique de l’espoir et la volonté de ne pas décevoir.»
QUE DIRA PAPE OUMAR SAKHO ?
Alors, ce 2 avril 2019, au Centre des expositions de Diamniadio, que nous réservera le président du Conseil constitutionnel ? Va-t-il répondre à ceux qui accusent les «7 sages» d’avoir «éliminé» des candidats au cause du dispositif de contrôle du parrainage ou des autres pièces du dossier de candidature ? Le discours de Pape Oumar Sakho est aussi attendu.
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MACKY ENTAME SON SECOND MANDAT
Le président de la République, réélu pour un second mandat, prête serment ce mardi au cours d’une audience publique du Conseil constitutionnel, en présence de plusieurs de ses homologues - DÉROULÉ DE LA CÉRÉMONIE
Le président de la République, Macky Sall, réélu à l’issue de la présidentielle de février dernier pour un second mandat à la tête du Sénégal, va prêter serment ce mardi au cours d’une audience publique du Conseil constitutionnel prévue au Centre des expositions du pôle urbain de Diamniadio, à la sortie de Dakar.
La cérémonie d’investiture prévue dans la matinée marque le début de son nouveau mandat.
Elle comporte deux étapes : la prestation de serment et l’installation du chef de l’Etat, rappelle le Conseil constitutionnel du Sénégal dans une note sur son site Internet visité par l’APS.
’’Le président de la République va prendre l’engagement de remplir fidèlement la charge liée à sa fonction, d’observer et de faire observer les dispositions de la Constitution et des lois, de consacrer toutes ses forces à défendre les institutions constitutionnelles, l’intégrité du territoire et de l’indépendance nationale et de ne ménager aucun effort pour la réalisation de l’unité africaine’’, explique la juridiction.
Cette étape sera suivie de son installation officielle dans ses fonctions. Un acte qui investit le président de la République des prérogatives liées à son statut.
Au moins 15 chefs d’Etat et de gouvernement sont arrivés à Dakar entre dimanche et lundi, pour prendre part à la cérémonie de prestation de serment du président Macky Sall pour un second mandat.
Une dizaine de chefs d’Etat et de gouvernement ont foulé le sol sénégalais depuis lundi en milieu de matinée.
Il s’agit des présidents de la République démocratique du Congo (RDC) Félix Tshisekedi, de celui du Nigeria, Muhammadu Buhari, ainsi que de leurs homologues de la Guinée Bissau José Mário Vaz, du Mali, Ibrahima Boubacar Keïta.
Alassane Ouattara de Côte d’Ivoire, le président nigérien Mahamadou Issoufou, Faure Gnassingbé du Togo, Denis Sassou Nguesso (Congo), de même que leurs homologues gambien Adama Barrow, mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz et rwandais Paul Kagamé sont également arrivés à Dakar.
Il y a aussi le président guinéen Alpha Condé, libérien Georges Weah, et éthiopien Sahle-Work Zewde.
Le chef du gouvernement ghanéen Yaw Osafo Maafo et le Premier ministre du Gabon Julien Nkoghe Bekalé sont aussi arrivés à Dakar.
Roch Marc Christian Kaboré, le chef de l’Etat burkinabè, est le premier dirigeant africain à avoir foulé le sol du Sénégal dimanche, suivi de son homologue malgache Andry Rajoelina.
L’ancien président français Nicolas Sarkozy et l’ex-Premier ministre de la Grande-Bretagne Tony Blair sont également au Sénégal pour assister à la cérémonie de prestation de serment du président Macky Sall.