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3 août 2025
PAR GILLES OLAKOUNLÉ YABI
LA RESPONSABILITÉ COLLECTIVE DE FAIRE RECULER LA BÊTISE
Il est temps de reconnaître que les préjugés négatifs basés sur l’appartenance ethnique, les complexes de supériorité ou d’infériorité des uns par rapport aux autres, existent dans tous les pays et qu’ils peuvent favoriser la banalisation des injustices
Un massacre d’hommes, de femmes, de jeunes, de vieux, d’enfants dans deux villages au centre du Mali, dans le cercle de Bankass. 160 morts et une cinquantaine de blessés. Toutes les victimes réputées de la communauté peule. Des tueurs venus à l’aube le matin habillés en tenue de chasseurs traditionnels. Destruction des villages par l’incendie des cases, des vivres, des animaux. C’est l’attaque la plus meurtrière depuis la grave détérioration de la sécurité dans cette partie du Mali. Mais des tragédies de ce type se comptent par dizaines depuis plus d’un an. Les Nations unies estiment à 500 morts le nombre de victimes des violences au centre du Mali en 2018.
Le bilan humain de violences dites intercommunautaires s’accroît aussi rapidement au Burkina Faso voisin depuis la fin de l’année dernière. Un pays qui n’avait jamais connu de violences de grande ampleur impliquant des populations civiles. L’année 2019 y a commencé par un massacre à Yirgou, dans la région du Centre Nord. Loin de la quarantaine de morts annoncée officiellement, ce sont 210 victimes identifiées par leurs noms qui ont été dénombrées par le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC), qui a fait un travail précieux d’assistance des familles des victimes. Selon ce collectif, dont la création après la tragédie de Yirgou est salutaire, « l’extermination de la communauté peule a été planifiée, ourdie et orchestrée… ».
Série de violences unilatérales qui visent spécifiquement des populations appartenant à la communauté peule, au centre du Mali comme au nord du Burkina Faso. Dans les deux cas, la justification implicite des attaques ciblées sur des Peuls est leur appartenance ou leur soutien à des groupes armés djihadistes opérant dans les deux pays. Sans conteste, la brutale détérioration de la sécurité au Burkina Faso est directement liée à celle de la région centrale du Mali, passée en partie sous contrôle des djihadistes armés affiliés à Amadou Koufa.
Au Mali comme au Burkina Faso, il n’y a aucun doute sur le détonateur de violences qu’a été la mobilité de groupes armés djihadistes du nord vers le sud de l’espace sahélo-saharien et leur capacité à établir des connexions locales fiables, basées sur des réseaux anciens. En s’installant dans le centre du Mali, zone d’une très grande diversité ethnoculturelle où les communautés se spécialisent aussi dans des activités économiques qui les mettent en rude concurrence pour les terres et d’autres ressources naturelles, les groupes terroristes ont réussi un grand coup: faire imploser la cohabitation interethnique.
En l’absence de la moindre présence protectrice et bienveillante de forces de sécurité maliennes pour des communautés abandonnées largement à leur sort de longue date, on imagine à quel point la frontière peut être ténue entre l’adhésion de villageois isolés à des groupes djihadistes armés et une soumission de fait à la loi de tels groupes dictée par un impératif de survie dans un contexte d’extrême vulnérabilité. Les milices d’auto-défense communautaires, associées ou non aux confréries de chasseurs traditionnels, n’ont pu que prospérer.
Qu’il y ait des dizaines ou des centaines de jeunes hommes peuls présents depuis longtemps dans des groupes à tendance extrémiste et violente au Mali et que d’autres les aient rejoints plus récemment est une certitude. Qu’il y ait des centaines de milliers de Peuls vivant au centre du Mali ou au nord du Burkina Faso, même dans les zones aujourd’hui les plus concernées par l’insécurité, qui n’aient absolument rien à voir avec le djihadisme armé, et qui en soient les principales victimes, est aussi une certitude. Qu’il y ait enfin des opportunistes sans scrupule dans toutes les communautés ethniques qui se saisissent de la situation de non droit et d’impunité généralisée pour poursuivre des desseins économiques et politiques inavouables, notamment accaparer des terres et expulser des rivaux, est aussi une certitude.
Ce sont des évidences qu’il est bon, voire vital, de rappeler aujourd’hui, alors que des massacres de civils peuls sont attribués au Mali à des milices d’auto-défense dogon, au Burkina, à des milices « Koglweogo » de la communauté mossi. Pour compléter un tableau extrêmement inquiétant, des exécutions sommaires de civils non armés, autant dire d’autres massacres, sont attribuées aussi à des forces armées régulières sous le couvert de la lutte contre les groupes terroristes.
De telles accusations ont régulièrement entaché l’image de l’armée malienne. Elles touchent aujourd’hui également les forces armées du Burkina Faso. Le Mouvement burkinabè pour les droits de l’homme et du peuple ainsi que l’organisation internationale Human Rights Watch ont publié récemment des rapports qui semblent confirmer l’exécution par les forces de sécurité burkinabé de plus d’une centaine de civils non armés accusés de soutenir ou d’héberger les islamistes armés. Des victimes quasi exclusivement de la communauté peule.
Les causes structurelles et conjoncturelles de la flambée de violences au centre du Mali sont assez connues : conflits locaux autour du contrôle de ressources rares; absence ou incapacité avérée de l’Etat censé être le garant de la cohabitation pacifique entre les communautés ; prolifération des groupes armés irréguliers ; opportunisme criminel des groupes armés djihadistes; tolérance voire soutien actif de milices armées dites d’auto-défense des communautés par des autorités politiques au niveau local mais aussi national.
Il n’y a pas de solution à court terme à ces problèmes de fond. Ce n’est pas demain que l’Etat malien ou celui du Burkina Faso aura transformé ses forces de défense et de sécurité en forces solidement formées, efficaces et bienveillantes pour les populations civiles quelles que soient leurs affiliations ethniques. Ce n’est pas après-demain qu’on réussira à mettre un terme à la prolifération des armes de guerre dans ces zones. Ce n’est pas pour bientôt la neutralisation complète des groupes terroristes par les forces maliennes et burkinabè épaulées par les soldats et les avions français de l’opération Barkhane.
Alors ce qui peut être fait dans l’immédiat relève de l’engagement politique, de la communication et de la mobilisation collective citoyenne. Il ne doit y avoir au Mali comme au Burkina Faso aucune ambiguïté dans la réaction politique et dans le discours des gouvernants : pas d’impunité pour les assassins, quels qu’ils soient, et tolérance zéro pour l’amalgame entre un groupe donné de criminels et les communautés ethniques auxquels ils appartiennent.
Rien ne doit susciter le doute sur l’engagement des autorités politiques de ces Etats, même au plus fort de leur faiblesse, à mettre un terme au glissement de l’insécurité liée à la présence de groupes terroristes à des violences intercommunautaires généralisées. Pour éviter toute recherche d’une responsabilité collective d’une communauté pour des crimes commis par quelques-uns, il faut investir de manière exceptionnelle et visible dans les enquêtes pour identifier et arrêter les assassins impliqués dans les derniers massacres. Au Mali comme au Burkina Faso.
Enfin, au-delà des actes politiques à poser par les gouvernants, les sociétés civiles malienne, burkinabè et ouest-africaines de manière plus large, doivent aussi jouer un rôle essentiel de prévention par l’éducation et la sensibilisation. Il est temps de reconnaître que les préjugés négatifs basés sur l’appartenance ethnique, les complexes de supériorité ou d’infériorité des uns par rapport aux autres, existent bel et bien dans tous les pays de la région et qu’ils peuvent favoriser la banalisation des injustices qui touchent une communauté. Dès lors qu’on commence à trouver la moindre justification à un traitement différencié basé sur l’appartenance ethnique, on ouvre la porte à la banalisation de l’intolérance ethnique, puis, plus tard, à celle de la violence ethnique.
Nous devons aujourd’hui clamer haut et fort, sans sourciller, sans douter, en y croyant vraiment, que nous sommes tous des Peuls. Tous des Africaines et des Africains attachés à ce que chacune de nos vies soit considérée comme sacrée. Tous des humains égaux en droits et en dignité dont aucun ne peut expliquer rationnellement pourquoi il ou elle est né(e) au Mali au sein d’une famille peule, touareg, bambara, dogon ou au Burkina Faso au sein d’une famille mossi, bisa ou peul. Sans parler de l’ampleur des métissages et des brassages ethnoculturels dans tous les pays sahéliens et ouest-africains. Nous avons la responsabilité de nous battre, chacun à son échelle et avec ses moyens, pour faire reculer la bêtise partout où elle ronge notre humanité et détruit notre avenir.
DE FAISEUR DE PAIX À ENNEMI PUBLIC
La balance s’est inclinée en défaveur d’Abdelaziz Bouteflika - L’homme d’Etat algérien qui, il y a quelques années encore, était salué pour sa contribution à la paix dans son pays et dans le monde
La balance s’est inclinée en défaveur d’Abdelaziz Bouteflika. L’homme d’Etat algérien qui, il y a quelques années encore, était salué pour sa contribution à la paix dans son pays et dans le monde. Ce mardi ce 2 avril, il a finalement rendu sa démission à l’issue d’une rude bataille qui l’opposait à son peuple.
Il s’est battu pour libérer l’Algérie du colonisateur français, il a réconcilié son pays ravagé par la guerre et a joué les fins négociateurs avec un « terroriste »… Mais Abdelaziz Bouteflika n’a pas pu surmonter le mécontentement de son peuple, vent débout contre son régime depuis près de six semaines. La ruse politique que l’on lui connaissait n’a rien pu faire. À 82 ans, diminué par un accident cardio vasculaire survenu en 2013 et pris dans l‘étau d’une guerre de clans dans son entourage, le dirigeant n’a visiblement pas vu arriver la météorite populaire. Pis, il l’a même négligée, à en croire les analystes politiques.
Celui qu’on surnomme Boutef vivait sans doute dans le souvenir de son glorieux passé, lorsqu’il était applaudi de tous pour son long combat politique. Dès 1956, en effet, il rejoint les rangs de l’Armée de libération nationale alors qu’il vient tout juste de terminer ses études secondaires. Il n’a que 19 ans. S’il n’a pas cédé aux sirènes des canons, Bouteflika met toutefois au service de la guerre d’indépendance son talent d’homme politique et d’organisateur habile.
Heures de gloire de la diplomatie algérienne
À l’obtention de l’indépendance en 1962, ces aptitudes le propulse dans les sommets de l’appareil d’Etat. En 1963, à 26 ans, il devient notamment le ministre des Affaires étrangères de son pays et le plus jeune à cette fonction dans le monde. Débuts haletants, parfois moqués, le nouveau chef de la diplomatie algérienne apprend vite le métier, jusqu‘à en écrire ses lettres de noblesse. On se souvient sans doute de sa négociation jugée magistrale avec le preneur d’otages Ilich Ramirez Sanchez, plus connu sous le nom de Carlos. Ce dernier avait kidnappé, en décembre 1975, de nombreux otages, dont onze ministres du Pétrole, lors d’une réunion au siège de l’Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep), à Vienne.
Chantre d’une Algérie progressiste, Abdelaziz Bouteflika est aussi l’incarnation d’un révolutionnaire tiers-mondiste. Adepte d’une diplomatie neutre, mais active, il tient tête aux Etats-Unis au plus fort de la Guerre froide, dénonce le régime de l’apartheid en Afrique du Sud, joue un rôle de premier plan dans la quête d’indépendance des pays en voie de développement.
Mais les années 80 et 90 vont s’avérer une véritable montagne russe pour le sulfureux chef de la diplomatie algérienne, surtout après le décès du président Houari Boumediène le 27 décembre 1978 dont il avait été le fidèle allié. Un temps boudé par son parti, le Front de libération nationale, Bouteflika qu’on considérait pourtant comme le dauphin naturel du président Boumédiène n’accède pour la première fois au pouvoir que le 27 avril 1999. Remis en selle par les militaires de son pays.
Une population agacée
Là encore, le diplomate doit réaliser des prouesses, car l’Algérie sort d’une des périodes les plus sombres de son histoire : la guerre civile née d’une insurrection islamiste qui a fait des dizaines de milliers de morts dès 1991. Dans un pays dévasté par les meurtres et la méfiance entre ses habitants, le dirigeant parvient à rétablir la stabilité en accordant entre autres le pardon aux islamistes frondeurs. Mais aussi à éloigner des frontières algériennes la menace « terroriste » alors que l’insurrection islamiste s’est muée en un mouvement extrémiste à l‘échelle du Sahara.
Des réalisations qui semblent avoir relégué au second plan certaines des clauses de son “contrat” avec le peuple. La population, majoritairement jeune qui n’a pas forcément été témoin des années fastes, commence à s’agacer de la corruption ambiante et du taux élevé de chômage. Une situation aggravée par la chute des cours des prix de l’or noir que l‘économie algérienne, très dépendante des hydrocarbures, subit de plein fouet.
Au-delà des difficultés économiques, enfle surtout la frustration d’une population “humiliée” de l’image que renvoie de l’Algérie ce président mutique et paralysé. Expression de cette frustration, la vague de protestation inédite débutée il y a quasiment six semaines et qui a fini par emporter celui qui disait encore en 1999, lors de son accession au pouvoir : « Je suis l’Algérie toute entière, je suis l’incarnation du peuple algérien ».
LA TRADITION SÉNÉGALAISE DE LA PRESTATION DE SERMENT
La cérémonie telle que pratiquée au Sénégal, est "une marque distinctive" du système politique sénégalais, un évènement qui "tend vers la cohésion nationale", selon l’historien et archiviste-paléographe Saliou Mbaye
La cérémonie de prestation de serment du président de la République, telle que pratiquée au Sénégal, est "une marque distinctive" du système politique sénégalais, un évènement qui "tend vers la cohésion nationale", soutient l’historien et archiviste-paléographe sénégalais Saliou Mbaye.
"La cérémonie de prestation de serment est une marque distinctive du pays", a soutenu le professeur Mbaye, notant que si cet évènement est déclaré jour férié par la Constitution du Sénégal à partir de 1963, ailleurs, il ne l’est pas.
Le président Macky Sall, réélu pour un mandat de 5 ans à la faveur du scrutin présidentiel du 24 février dernier, va prêter serment mardi au Centre des expositions de Diamniadio, dans le département de Rufisque (banlieue de Dakar).
Cette audience solennelle se déroulera en présence notamment de chefs d’Etat et de gouvernement, ainsi que de plusieurs personnalités et délégations étrangères qui ont déjà confirmé leur participation.
En France, pays dont le système politique et administratif a grandement inspiré celui du Sénégal, le président, au moment de son investiture, "ne prête pas serment", a indiqué l’historien et archiviste sénégalais.
"Aux Etats-Unis dont s’est inspiré le Sénégal pour organiser sa séance de prestation de serment, ce sont uniquement les agents fédéraux du District de Columbia et des comtés environnants qui sont en congé ce jour-là", a-t-il encore fait savoir.
La prestation de serment du nouveau président de la République, jour chômé et payé au Sénégal, devient ainsi "un événement de dimension nationale", souligne Saliou Mbaye.
"C’est un événement qui tend vers la cohésion nationale. Celui qu’on va installer (…) est le président de tous les Sénégalais. C’est lui qui incarne la Nation sénégalaise", explique l’ancien directeur des archives nationales du Sénégal (ANS), se disant favorable à la participation des citoyens à la cérémonie de prestation de serment du président de la République.
"On va vers un nouveau départ. On va faire en sorte que ce qui est devant nous soit encore meilleur que ce qui est derrière nous. Ce n’est pas un événement banal, le peuple est en communion avec son président de la République. Il ne faudrait que s’en réjouir et souhaiter que cet événement débouche sur un meilleur avenir pour le pays", dit-il.
Il rappelle que c’est en 1964 que la Constitution "avait fixé le texte qui sera prononcé par le président élu lors de la cérémonie de prestation de serment", lequel "commence ainsi : +En présence de Dieu et devant la Nation sénégalaise (…)".
Selon lui, certains s’étaient élevés à l’époque contre ce texte, arguant que le Sénégal est un Etat laïc et faisant valoir que "la géographie politique du Sénégal a changé et il se pourrait demain que le président de la République élu, ne soit pas un croyant".
"Peut-il être athée ou agnostique ? Pour eux, il serait plus prudent de revenir" à l’expression : "Devant la Nation sénégalaise (...)’’, a-t-il noté, relevant que ce débat est revenu en 2000 avec l’élection d’Abdoulaye Wade à la tête du pays, qui a consacré la réintroduction de la notion : "Devant Dieu (…)".
Le texte de la prestation de serment se présentant désormais comme suit : "Devant Dieu et devant la Nation sénégalaise, je jure de remplir fidèlement la charge de président de la République du Sénégal, d’observer comme de faire observer scrupuleusement les dispositions de la Constitution et des lois, de consacrer toutes mes forces à défendre les institutions constitutionnelles, l’intégrité territoriale et l’indépendance nationale, de ne ménager enfin aucun effort pour la réalisation de l’unité africaine".
Sous cette forme, l’engagement du président de la République à "respecter la Constitution" et à "défendre l’intégrité du territoire", renvoie à ce qu’on attendait d’un chef dans la société traditionnelle, c’est-à-dire qu’il ne fuit pas devant l’ennemi, note l’historien.
Outre des considérations matérielles, sociales et d’autres relatives à la paix, le texte "termine toujours en faisant référence à l’unité africaine", le Sénégal ayant "toujours été partisan de l’unité africaine et cela se reflète dans la prestation de serment faite par le président de la République devant son peuple et devant Dieu", a-t-il mentionné.
En 1960, signale l’archiviste-paléographe, le président Senghor était élu par le Congrès et dans la Constitution, il n’était nullement écrit qu’il devait prêter serment.
"Il faudra attendre avec la modification de la Constitution en 1963 pour que le président Senghor soit soumis à une prestation de serment. Il avait fait cette prestation de serment le 9 décembre 1963 à l’Assemblée nationale", a précisé l’universitaire.
Selon Saliou Mbaye, il y eut "un débat entre le président Senghor qui voulait que la séance se déroula au stade pour lui donner un caractère public et le président de la Cour Suprême Isaac Forster. Ce dernier s’y était opposé, soulignant que son déroulement au stade enlèverait à la prestation de serment toute sa solennité".
"Le président Senghor, très respectueux du droit, se plia donc à la volonté du président Isaac Forster en tenant la prestation de serment à l’Assemblée nationale", fait-il remarquer.
Avec l’arrivée du président Abdou Diouf au pouvoir en 1981, "un cas exceptionnel" faisant suite à la démission de Léopold Senghor, "la prestation de serment s’est faite au Palais de justice devant Kéba Mbaye, le président de la Cour Suprême".
A cette occasion, note l’historien, le discours du juge Kéba Mbaye "est resté dans la mémoire collective, en soulignant que +les Sénégalais sont fatigués+".
À partir de 1983, le président Diouf revient à l’Assemblée nationale où il va prêter serment devant le président de la Cour Suprême, d’après Saliou Mbaye, selon qui "le caractère populaire ne nuit pas à la solennité de la prestation de serment. Il faudrait simplement qu’on définisse l’espace dans lequel cette séance va se tenir".
Aussi, le président Wade, nouvellement élu en 2000 à la faveur de la première alternance politique au Sénégal, a prêté serment au stade Léopold Sédar Senghor, en présence de plusieurs chefs d’Etats africains.
"Des cloisons ont été aménagés pour préserver le caractère solennel de la cérémonie, a-t-il rappelé, soulignant que "c’est l’aspect le plus important".
En 2012,Macky Sall avait prêté serment sous un chapiteau installé dans l’enceinte de l’hôtel Méridien.
ALIOU SANÉ, PLUS HUMAIN QUE REBELLE
Portrait du nouveau coordonnateur de Yen à marre, qui a la lourde charge de succéder à Fadel Barro
Bientôt 36 ans et Aliou Sané est désormais le nouveau visage du mouvement citoyen « Y en a marre ». Une semaine à peine qu’il a succédé à son compagnon et prédécesseur Fadel Barro, découvrez avec nous toute l’humanité de ce nouveau coordonnateur.
«Chez nous, on ne compte pas les bouts de bois de Dieu». Aliou Sané refuse de réduire ses frères et sœurs à un nombre. D’un père ingénieur et d’une mère enseignante, il fait passer sa «très grande famille» avant toutes ses nombreuses revendications de citoyen. Mais mieux, Aliou, musulman et monogame, ne jure que par sa petite famille au quartier Ngor (à Dakar), «mon épouse et nos deux enfants», évoque-t-il avec affection.
Avec un papa ingénieur des eaux et forêts, il est d’un peu partout au Sénégal. Il est né à Thiès, alors que sa maman faisait son stage d’enseignante. Son papa sera alors affecté à Ziguinchor, ensuite à Tambacounda. Ils iront ensuite vivre dans l’arrondissement de Dabo (à Kolda). Il y apprendra à parler peulh et s’imprégnera de la culture peulh qui a beaucoup marqué sa vie. Il y aura également l’étape de Kolda.
Et «quand j’ai eu mon Bfem, j’ai été mis dans un colis et expédié à Dakar pour des vacances dont je ne reviendrai jamais», se souvient-il dans un rire. Il sera désormais sous l’aile protectrice de son oncle, et ira au lycée Blaise Diagne où il obtiendra son Bac.
Plus communicant que journaliste…
Journaliste de formation avec une spécialité en communication, ce diplômé de l’ISSIC a fait 5 ans de presse écrite au journal Le Quotidien. Mais il virera totalement vers son penchant, la communication, car «je ne me voyais pas m’éterniser en journalisme,» remarque-t-il simplement.
Communiquer, personne ne pourra refuser cette vocation à Aliou Sané ! Il parle tout de même 9 langues : «Je parle mandingue, wolof, bambara, toucouleur, peulh et j’ai taquiné le créole quand j’étais à Ziguinchor. Ensuite, je parle français, bricole l’anglais et parle un excellent espagnol».
Echangeant la presse contre la communication, il va intégrer un programme panafricain de l’ONG internationale « Enda Tiers Monde », où il travaillera d’abord comme assistant à l’information. Au bout de quelques mois, il sera chargé de la communication d’un projet transnational entre le Sénégal et le Mali, sur le changement climatique et son impact sur les quotidiens des populations. Au bout d’un an, il sera porté à la tête du département de communication.
Aujourd’hui, Aliou fait de la consultance auprès des organisations en matière d’audit communicationnel et en stratégies de communication.
Aliou, cet éternel militant…
Une fois, alors qu’il était au lycée, un camarade s’est mis à crier en classe. Quand le prof s’est retourné, vert de colère, il a juré de coller un zéro à tout le monde. Voyant ses camarades obtempérer, Aliou se lève et dit : «Non, Monsieur ! Je ne suis pas d’accord avec vous. Je ne prendrai pas un zéro pour une faute que je n’ai pas commise.» Et ses camarades se lèveront un à un pour faire de même, jusqu’à ce qu’ils trouvent un consensus avec le prof.
Cette anecdote en dit long sur lui. D’ailleurs, confie-t-il, «j’ai toujours milité pour une cause. Et je pense que mon activisme à Y en a marre, c’est un prolongement de ce que j’ai pu faire en tant que journaliste.»
Aujourd’hui, quand ses amis du collège ou du lycée le croisent, ils ne peuvent pas s’empêcher de lui dire : «Mon gars, tu n’as pas raté ta vocation. Tu devais être soit un avocat, soit un journaliste de surcroît activiste. Quand on te voit dans « Y en a marre », on te reconnaît.»
A écouter Aliou Sané parler, on croirait entendre Martin Luther King. Aliou Sané a un rêve : «Voir ses enfants grandir dans un Sénégal où le fils du président, le fils du ministre, le fils du cultivateur sont d’égale dignité et ont les mêmes chances de pouvoir aller à l’école, réussir et pouvoir servir dignement ce pays.»
Il est un pur produit de l’école sénégalaise. Il a toujours vécu au Sénégal et ne se voit pas vivre ailleurs. En bon mandingue, il raffole du Mafé…
PAR SÉBASTIEN LE BELZIC
SANS LA CHINE, NOUS N'AURIONS PAS OBTENU AUTANT D'ARGENT DES PAYS ÉTRANGERS
Cette course aux investissements est forcément une bonne chose pour l’Afrique puisqu’elle lui offre davantage de partenaires et donc de choix dans sa route vers l’industrialisation
En 2000, en 2004 et encore en 2016… Depuis près de vingt ans, The Economist, la bible britannique des affaires, annonce régulièrement la ruée vers l’Afrique. « The New Scramble For Africa » titrait encore en mars l’hebdomadaire en première page. Mais l’Afrique est-elle condamnée à rester perpétuellement ce nouvel eldorado ?
Beaucoup de choses ont changé ces dernières années à l’initiative essentiellement de la Chine, dont l’influence grandissante sur le continent a réveillé les rivalités entre grandes puissances du Nord et du Sud. De nombreux pays se sont engouffrés dans la brèche ouverte par la Chinafrique. Sans même parler de la visite d’Emmanuel Macron en Afrique de l’Est en mars, loin du pré carré de la Françafrique, la Turquie, la Russie, l’Inde ou encore le Japon et la Corée du Sud tapent à la porte.
En dix ans, le commerce de l’Inde avec l’Afrique a augmenté de 292 %, 216 % pour la Turquie, 335 % pour la Russie, 224 % pour l’Indonésie et 226 % pour la Chine. Certes, ces pays partaient de très bas, mais c’est le signe évident d’une véritable ère nouvelle pour le continent, amorcée par la Chine. « Sans la Chine, nous n’aurions pas obtenu autant d’argent », explique d’ailleurs Anzetse Were, une économiste kényane spécialiste du développement citée par The Economist.
Au cœur de l’échiquier mondial
« Les dirigeants africains se rendent compte qu’ils ont plus de choix que jamais », reprend Carlos Lopes, négociateur de l’Union africaine (UA). Ils ne sont plus liés à leur ancien pays colonisateur, ni à un camp de la guerre froide. Car, dans le même temps, l’Union européenne (UE), qui reste le premier partenaire de l’Afrique, n’a réussi qu’un modeste 41 % de croissance, tandis que les investissements américains en Afrique subsaharienne diminuaient.
Plus de trois-cent-vingt ambassades ou consulats ont ouvert en Afrique entre 2010 et 2016, selon une étude de l’université de Denver. La Turquie en a ouvert vingt-six à elle seule et l’Inde a annoncé qu’elle ouvrirait dix-huit nouveaux postes ! Les visites d’Etat se multiplient aussi. Soixante-dix-neuf pour le ministre des affaires étrangères et le président chinois en dix ans, trente pour le président turc. Le premier ministre indien Narendra Modi a, quant à lui, visité huit pays africains au cours de ses cinq années de pouvoir !
L’Afrique est donc bien au cœur de l’échiquier mondial, comme ne cesse de nous le rappeler la presse internationale. Ses cinquante-quatre pays représentent plus du quart de l’Assemblée générale des Nations unies et lui donnent un poids diplomatique sans équivalent. C’est d’ailleurs en Afrique que la Chine a mené sa « guerre » contre Taïwan. Pour preuve, des treize pays africains qui reconnaissaient l’île en 1995 plutôt que Pékin comme représentant de la Chine, il n’en reste aujourd’hui plus qu’un seul, le minuscule Eswatini, l’ancien Swaziland.
La Chine achète donc là de l’influence, y vend des armes, du riz et des chemins de fer. Mais elle n’est plus seule. Au point que l’opposition entre la Chine et le Japon se joue de plus en plus sur le continent elle aussi, pour son plus grand bénéfice.
« Dernière frontière du monde »
Le Japon a ainsi annoncé en mars la création d’un conseil mixte permanent entre le gouvernement et le secteur privé pour promouvoir les investissements en Afrique. Objectif : rattraper la Chine dans une région que les autorités japonaises ont qualifiée – avec beaucoup de retard quand même – de « plus prometteuse du monde ». Le lancement du conseil conjoint coïncidera avec la 7eConférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (Ticad 7), prévue au mois d’août. Des mesures fiscales et des aides aux investissements seront alors annoncés.
Le Japon organisera également une nouvelle conférence réunissant des responsables gouvernementaux et des hommes d’affaires de pays africains dans le cadre des efforts visant à attirer les investissements du secteur privé. De quoi faire écho aux nombreuses réunions qui se tiennent chaque année en Chine pour promouvoir les relations commerciales entre la Chine et le continent. Mais le Japon est encore à la traîne. Seules 440 entreprises japonaises sont présentes en Afrique contre plus de 10 000 côté chinois. Dans la presse japonaise, on décrit l’Afrique comme la « dernière frontière du monde », riche en ressources minérales, telles que le cobalt et le platine, ainsi qu’en pétrole et gaz naturel.
Cette course aux investissements est forcément une bonne chose pour l’Afrique puisqu’elle lui offre davantage de partenaires et donc de choix dans sa route vers l’industrialisation. Mais pour être efficace, c’est désormais à l’Afrique de faire le travail. L’accord de libre-échange africain doit encore être ratifié par tous les pays (seuls vingt et un l’ont fait) pour entrer en vigueur et permettre au continent de parler d’une seule voix lors des négociations commerciales avec la Chine aujourd’hui ou le Japon et la Russie demain. Là, le continent le plus jeune de la planète prendra toute la mesure de son taux de croissance prévu à 4 % pour 2019.
Sébastien Le Belzic est installé en Chine depuis 2007. Il dirige le site Chinafrica.info, un magazine sur la Chinafrique et les économies émergentes.
PAR GUILLAUME ERNER
A-T-ON LE DROIT DE MENTIR POUR DÉFENDRE LE PRÉSIDENT ?
Depuis la nomination de Sibeth Ndiaye au poste de porte-parole du gouvernement, l’une des phrases prononcées par cette femme resurgit, ultra commentée, celle par laquelle elle affirmait en substance être « prête à mentir pour défendre le président
Alors, depuis hier, depuis la nomination de Sibeth Ndiaye au poste de porte-parole du gouvernement, l’une des phrases prononcées par cette femme resurgit, ultra commentée, celle par laquelle elle affirmait en substance être « prête à mentir pour défendre le président », phrase qu’elle estime sortie de son contexte.
Est-il légitime en politique de mentir pour défendre un président ou plus généralement une politique ? C’est probablement l’une des plus vieilles controverses, des rayons entiers de bibliothèques ont été surchargés grâce à ce sujet, et notamment une controverse entre Benjamin Constant et Emmanuel Kant. Cette controverse a été analysée par Mai Lequan, et est à l’origine de deux conceptions radicalement distinctes de la politique, sans que l’on puisse dire que l’une est progressiste tandis que l’autre serait populiste, si vous voyez ce que je veux dire…
Pour Benjamin Constant, auteur d’Adolphe, mais aussi grand penseur du libéralisme, tout le monde a le droit de mentir, et notamment les politiques, mais pas n’importe quand. C’est ainsi que Constant écrit « Le principe moral que dire la vérité est un devoir, s’il était pris de manière absolue et isolée, rendrait toute société impossible[...].Dire la vérité est un devoir. Qu’est-ce qu’un devoir ? L’idée de devoir est inséparable de celle des droits : un devoir est ce qui, dans un être, correspond aux droits d’un autre. Là où il n’y a pas de droits, il n’y a pas de devoirs. [...]Or nul homme n’a droit à la vérité qui nuit à autrui ».
Alors pour le philosophe Emmanuel Kant, au contraire le mensonge est la matière la plus dissolvante pour la société. C’est ainsi que Kant lâche : « La plus grande transgression du devoir de l’homme envers lui-même, considéré uniquement comme être moral est le contraire de la véracité : le mensonge ». En fait, Kant condamne absolument le mensonge pour trois raisons. En premier lieu, si quelqu’un ment, il n’est plus crédible, et l’existence même de la société repose sur le fait que les autres sont crédibles. En outre, un devoir peut exister sans qu’il y ait un droit symétrique, ce qui signifie que je peux avoir le devoir de la vérité sans qu’autrui ait nécessairement droit à cette vérité. Enfin, selon Kant, personne n’a le droit de choisir parmi les hommes entre ceux qui ont droit à l’humanité et ceux qui vont devoir faire avec le mensonge.
Alors qui choisir entre Kant et Constant ? Si vous voulez mon avis, Je crois bien que tous les politiques qui refusent le mensonge au nom de Kant sont de secrets disciples de Constant.
Et si vous voulez en savoir plus, voici le lien vers l’article que Mai Lequan consacre à ce sujet :
Le chef de l'Etat algérien a pris la décision de mettre fin à son mandat, a annoncé ce mardi la présidence à laquelle se réfère l’Algérie Presse Service
Le Président algérien Abdelaziz Bouteflika a notifié officiellement au président du Conseil constitutionnel sa décision de démissionner, rapporte ce mardi 2 avril l’Algérie Presse Service (APS) se référant à la présidence de la République.
Pour rappel, l’article 102 de la Constitution algérienne dispose que «lorsque le Président de la République, pour cause de maladie grave et durable, se trouve dans l'impossibilité totale d'exercer ses fonctions, le Conseil constitutionnel se réunit de plein droit, et après avoir vérifié la réalité de cet empêchement par tous moyens appropriés, propose, à l'unanimité, au parlement de déclarer l'état d'empêchement».
Ciblé depuis près d'un mois par une vague de contestations inédite, l'actuel Président de l'Algérie Abdelaziz Bouteflika a renoncé le 11 mars à briguer un cinquième mandat et a repoussé la présidentielle — initialement prévue le 18 avril — à la fin de la Conférence nationale dont la date n'a pas encore été fixée.
A part les flonflons militaires et les festivités afférentes, le comportement très souvent antirépublicain de nos présidents jure avec la teneur et la valeur du serment lors de leur investiture
La notion de serment est dérivée étymologiquement du mot latin « sacramentum » qui signifie « une somme dé- posée comme garantie de sa bonne foi ». Aussi renvoie-t-elle à l’engagement d’une personne attestant la sincérité d’une promesse, la vérité d’un fait et la détermination à remplir sans faille les devoirs de sa charge. En politique, le serment est solennellement une promesse de fidélité, un acte de dévouement, un lien indéfectible unissant le dépositaire des suffrages du peuple et ce peuple qui l’a élu. Il est de nature à instaurer la confiance et le respect mutuel entre le président de la République et ses compatriotes. Le serment est important car il est le ciment de la vie sociale permettant d’établir la confiance entre le Pré- sident et ses compatriotes.
L’engagement politique, qui se traduit par l’expression du suffrage universel, retrouve tout son sens et sa portée à travers la promesse solennelle du Président élu d’être au service de ses concitoyens. Si cette promesse est faite à celles et ceux dont on est appelé à être le Représentant, elle est également faite à soi-même. Le serment revêtant un caractère sacré intransgressible, le Président ne peut pas ou ne doit pas y déroger alors sous peine d’être poursuivi juridiquement pour parjure. L‘existence d’un serment entre la Nation et celui est dépositaire de la volonté populaire est un des éléments constitutifs et symbolique de la République. Un président de la République est avant tout le gardien de ses propres valeurs et, par l’acte sacra- mentel, il proclame solennellement son attachement in- défectible à ces valeurs. Par cet attachement, il prend des engagements sincères et fidèles vis-à-vis de ses concitoyens.
De très nombreux Etats démocratiques, sur la base de leur Loi fondamentale, exigent de leur premier magistrat qu’il prête serment. Bizarrement, la France, parangon de la démocratie, affranchit son Président d’un tel exercice républicain. En effet le serment politique n’a été usité en France que sous l’ère napoléonienne entre 1791 et 1848.
Au Sénégal, la prestation de serment constitutionalisé est un rituel républicain auquel doit sacrifier le Président élu ou réélu le jour de son investiture. La pratique est de mise depuis 1963. En effet, la Constitution de 1963 consacre le serment en son article 31 dans les termes suivants : « Devant la nation sénégalaise, je jure de remplir fidèle- ment la charge de président de la République du Sénégal, d’observer comme de faire observer scrupuleusement les dispositions de la Constitution et des lois, de consacrer toutes mes forces à défendre les institutions constitutionnelles, l’intégrité du territoire et l’indépendance nationale, de ne ménager enfin aucun effort pour la réalisation de l’unité africaine ».
La Constitution de 2000 en son article 37 dit à peu près la même chose sauf qu’elle fait référence à Dieu pour donner plus de force au serment : « Devant Dieu et devant la Nation sénégalaise, je jure de remplir fidèlement la charge de président de la République du Sénégal, d’observer comme de faire observer scrupuleusement les dispositions de la Constitution et des lois, de consacrer toutes mes forces à défendre les institutions constitutionnelles, l’intégrité du territoire et l’indépendance nationale, de ne ménager enfin aucun effort pour la réalisation de l’unité africaine ».
Senghor, Diouf, Wade et Macky : tous des parjures
Mais malgré la force symbolique, au Sénégal, le serment n’a pas une valeur forte. Depuis Senghor en passant par Abdou Diouf, Abdoulaye Wade jusqu’à Macky Sall, l’on se rend compte que la prestation de serment est réduite simplement à un cérémonial auquel il faut sacrifier aux lendemains d’élections. A part les flonflons militaires et les festivités afférentes, le comportement très souvent antirépublicain de nos Présidents jure avec la teneur et la valeur du serment lors de leur investiture.
Quand on jure « de faire observer scrupuleusement les dispositions de la Constitution et des lois, de consacrer toutes mes forces à défendre les institutions constitutionnelles, l’intégrité du territoire et l’indépendance natio- nale », on ne doit pas pour des raisons bassement politiciennes tripatouiller cette même Constitution. Mais l’histoire politique du Sénégal a toujours montré que prêter serment n’a jamais empêché les hommes politiques de tripatouiller la Constitution qu’ils sont censés défendre. Ainsi dans son mé- moire de maîtrise soutenu en 2007, Mahmoud Khamal Dine Bayor souligne comment le premier président de notre pays, Léopold Sédar Senghor, et son successeur, Abdou Diouf, ont constamment violé la Constitution pour des raisons politiciennes. Nous le citons : « La Constitution de 1960 et celle de 1963 prévoyaient que le Président de la République ne pouvait occuper, pendant toute la durée de sa législature, d’autres fonctions publiques ou privées. A titre justificatif, nous pouvons citer les dispositions des articles 23 et 32 respectivement tirées de la première Constitution du Sénégal in- dépendant et de celle de 1963 : « la charge du Président de la République est incompatible avec l’exercice de toute autre fonction publique ou privée » ; puis, « la charge du Président de la République est incompatible avec l’exercice de toute autre fonction publique ou privée même élective ». Ainsi qu’on peut le constater et sans produire de gros efforts, la formule choisie par le Constituant de 1963 ne se différencie de la précédente que par la mention « même élective ».
Une telle précision n’est cependant pas for- tuite ; elle avait pour dessein de dissiper le doute que la première formule laissait planer sur la question de savoir si la fonction de chef de parti était visée par le Constituant de 1960 ; puisque la fonction de chef de parti est bien une fonction privée élective qui rentre dans le champ d’application de l’article 32 de la Constitution de 1963. Il convient de se demander pourquoi, en dépit de cette interdiction clairement formulée, les présidents Senghor et Diouf n‘ont cessé d’être les chefs du Parti socialiste ; et ce, jusqu’à la fin de leur « règne ». D’ailleurs, l’ancien ministre de la Justice et ex-recteur de l’Université de Dakar, Pr Seydou Madani Sy, écrit dans « L’alternance poli- tique au Sénégal », que « l’expérience politique au Sénégal a montré que le texte n’a pas été respecté ni par le Président Senghor, ni par le Président Diouf : l’un comme l’autre était resté chef du Parti socialiste alors que le texte visait également des fonctions électives, publiques ou privées ».
On pourrait ajouter relativement à la violation du serment, la loi du 6 août de 1976 qui a permis au président Senghor de céder anti-démocratiquement le pouvoir à son Premier ministre, Abdou Diouf, alors que notre Constitution d’alors stipulait en son article 21 que « le président de la République est élu au suffrage universel direct et au scrutin majoritaire à deux tours ». Ce même Senghor qui devait défendre l’intégrité du territoire a cédé par on ne sait quel tropisme une partie du nord du Sénégal à la Mauritanie et aussi dans la partie sud quelques villages à la Gambie. Des actes qui constituaient une violation du serment constitutionnel.
Dans son ouvrage « Les régimes politiques sénégalais de l’indépendance à l’alternance politique : 1960-2008 », l’actuel ministre de la Justice, Pr Ismaïla Madior Fall, pointe un doigt accusateur sur la réforme faite sous le magistère d’Abdou Diouf qui proroge le mandat présidentiel de 5 à 7 ans dans le seul souci de conserver le pouvoir. D’ailleurs, une autre loi supprimera la limitation des mandats.
Toutefois, Abdoulaye Wade est le champion en matière de violations du serment politique. Sous son magistère, la Constitution a été constamment violée pour des raisons de conservation du pouvoir. On se rappelle le fa- meux 23 juin 2011 où les députés de la majorité ont introduit un projet de loi constitutionnelle instituant un ticket à l’élection présidentielle de 2012 et réduisant le taux de suffrages nécessaires à l’élection du chef de l’État à 25 %. Une telle façon de faire remettait fondamentalement le texte du serment qui enjoint au président de la République d’« observer scrupuleuse- ment les dispositions de la Constitution et des lois ».
Macky Sall ne fera pas moins que ses prédécesseurs. Il s’est mis dans une dynamique, dès 2012, d’utiliser les lois de la République pour combattre des adversaires politiques. Khalifa Sall et Karim Wade, éliminés arbitrairement de la course présidentielle et embastillés sur la base de la violation itérative des lois de la République, sont les preuves patentes que Macky Sall a oublié le contenu du serment constitutionnel qu’il a fait le 2 avril 2012.
Au Sénégal, on prête peu de crédit aux serments et sermons politiques. Pourtant faire un serment, c’est jurer et jurer c’est lier son âme à Dieu et à ses concitoyens. Le principe de la loi du serment veut que son prestataire ne puisse pas rompre aussi facilement sa parole donnée. Celui qui fait un serment s’engage et, en conséquence, il doit agir et accomplir fidèlement toutes choses selon le contenu de sa parole donnée. Et c’est en ce sens que le prophète Moïse s’adressa aux chefs des tribus des Israélites en ces termes : « Voici l’ordre que l’Eternel a donné. Lorsqu’un homme fera un vœu à l’Eternel ou un serment pour se lier par un engagement, il ne violera pas sa parole, il agira selon tout ce qui est sorti de sa bouche. » Propos que nos dirigeants auraient dû constamment méditer dans la conduite des affaires de la République, mais hélas.
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LES PRIORITÉS DU QUINQUENNAT
Le chef de l'Etat a prêté serment ce mardi pour son second mandat placé sous le sceau de l'amélioration du cadre de vie, des conditions de la femme, de la jeunesse et une administration plus performante - DISCOURS DE PRESTATION DE SERMENT
SenePlus publie ci-dessous, le discours de prestation de serment du président Macky Sall, à l'occasion de la cérémonie organisée ce mardi 2 avril, à Diamniadio.
"Excellences, Madame, Messieurs les Chefs d’Etat, chère sœur, chers frères,
Mesdames les premières Dames,
Monsieur le Vice-Président,
Messieurs les Chefs de Gouvernement, Mesdames, Messieurs les Chefs de délégations des pays amis et Institutions partenaires,
Monsieur le Président de l’Assemblée nationale,
Monsieur le Premier Ministre,
Monsieur le Président du Haut Conseil des Collectivités territoriales, Madame la Présidente du Conseil économique, social et environnemental, Monsieur le Président du Conseil constitutionnel, Madame, Messieurs les membres du Conseil constitutionnel,
Mesdames, Messieurs les Ministres d’Etat,
Mesdames, Messieurs les Ministres,
Monsieur le Premier Président de la Cour Suprême,
Monsieur le Procureur général près la Cour suprême,
Mesdames, Messieurs les membres du Corps diplomatique,
Mesdames, Messieurs les députés,
Mesdames, Messieurs les membres du Haut Conseil des Collectivités territoriales,
Mesdames, Messieurs les membres du Conseil économique, social et environnemental,
Autorités administratives, territoriales, religieuses et coutumières, Distingués hôtes,
Mesdames, Messieurs,
Avant tout propos, je tiens à vous saluer, mes chers frères et sœur, Chefs d’Etat africains, et vous remercier chaleureusement, pour l’amitié et l’honneur que vous nous faites, en rehaussant cette cérémonie d’investiture de votre présence.
Merci à vous, Présidents DENIS SASSOU NGUESSO, PAUL KAGAME, FAURE GNASSINGBE, MOHAMED OULD ABDEL AZIZ, ALPHA CONDE, MAHAMADOU ISSOUFOU, ALASSANE OUATTARA, JOSE CARLOS FONSECA, IBRAHIM BOUBACAR KEÏTA, JOSE MARIO VAZ, MUHAMMADU BUHARI, ROCH MARC CHRISTIAN KABORE, ADAMA BARROW, GEORGE WEAH, JULIUS MAADA BIO, SAHLE-WORK ZEWDE, ANDRY RAJOELINA et FELIX TSHISEKEDI.
Fidèle à l’attachement panafricaniste du Sénégal, je me réjouis de poursuivre, avec vous, nos efforts communs pour la paix, la sécurité, la stabilité et l’intégration africaine. Je remercie tous les pays amis et Institutions partenaires qui ont envoyé des délégations à l’occasion de cette cérémonie, ainsi que tous nos invités ici présents.
Au nom du peuple sénégalais et en mon nom personnel, je vous souhaite la bienvenue et un agréable séjour parmi nous.
Monsieur le Président du Conseil constitutionnel, je voudrais vous remercier, ainsi que les membres du Conseil, pour vos félicitations et vos propos aimables.
Le 24 février dernier, les citoyens sénégalais se sont massivement rendus aux urnes, avec un taux de participation de 66,23%, pour choisir, dans le calme et la sérénité, leur futur Président de la République.
Les observateurs nationaux et internationaux ont salué à l’unanimité la bonne organisation du scrutin et attesté que le vote a été libre et transparent. Le mérite en revient au peuple sénégalais.
Je rends grâce à Dieu. Je réitère ma profonde gratitude aux concitoyennes et concitoyens qui m’ont renouvelé leur confiance à une majorité confortable de 58,26%. Je ressens dans cette confiance renouvelée un honneur pour le bilan qu’elle approuve, et une motivation à poursuivre mes efforts pour répondre aux espérances de la Nation. Je pense aussi aux compatriotes qui ont exprimé d’autres choix. Ces voix, comme celles de la majorité, méritent le respect pour la diversité qu’elles apportent à notre expérience démocratique.
Je dois reconnaissance et gratitude à ma famille, pour son soutien et sa patience qui me donnent la force et la quiétude de me consacrer aux servitudes de l’Etat.
En vertu du serment que je viens de prêter, je serai le Président de toutes les sénégalaises et de tous les Sénégalais.
Je renouvelle, par conséquent, mon appel au dialogue sans exclusive ; un dialogue constructif et ouvert à toutes les forces vives du pays ; forces politiques, économiques et sociales.
A la tête de l’Etat, je mesure pleinement la responsabilité et la gravité de la charge. Elle rappelle, cette charge, que la démocratie et la République consacrent l’égale dignité des citoyens ; et que le mandat électif n’établit aucun privilège au profit du mandataire sur les mandants, mais plutôt une mission au service du bien commun.
Il s’agit de servir et non de se servir. C’est donc avec humilité et détermination que je me remets au service du peuple sénégalais.
Au cours des sept dernières années, je me suis pleinement consacré à l’avènement d’un Sénégal pour tous, à travers le Plan Sénégal Emergent, et en mettant en place des politiques publiques fondées sur l’équité territoriale et la justice sociale.
Ainsi, nous avons amélioré les performances de notre économie, grâce à l’assainissement des finances publiques, et des réformes hardies en matière de gouvernance.
Nous avons réalisé des infrastructures structurantes, redressé le secteur de l’énergie, désenclavé des zones isolées et apporté des services sociaux de base dans des localités jusque-là défavorisées.
Nous avons élargi les cartes sanitaire, scolaire et universitaire de notre pays, et amélioré la condition de l’enseignant et de l’étudiant.
Nous avons amorcé le processus de modernisation de l’agriculture, de la pêche et de l’élevage. L’autosuffisance alimentaire est désormais à notre portée.
Nous avons mis en place des instruments novateurs d’inclusion sociale et d’équité territoriale, notamment : le Programme d’Urgence de Développement Communautaire, le Programme d’Urgence de Modernisation des Axes et Territoires frontaliers, les Programmes de Modernisation des Villes et des Cités religieuses, les Bourses de Sécurité familiale, la Couverture Maladie universelle et les Cartes d’Egalité des chances pour les personnes vivant avec un handicap.
Voilà un aperçu du bilan que le peuple sénégalais souverain a positivement sanctionné le 24 février 2019.
Nos acquis sont indéniables et seront renforcés par la mise en œuvre de la deuxième phase du PSE qui porte sur la période 2019-2024.
En même temps, je suis conscient des défis devant nous ; parce que j’ai le Sénégal au cœur.
Du fin fond de nos campagnes aux confins de nos cités, je ressens toutes les pulsions de notre pays, dont celles, ardentes et chaleureuses de notre jeunesse.
Pour la séquence que nous ouvrons aujourd’hui, cette jeunesse, vibrante et créative, qui incarne l’espoir et la force vitale de la nation sénégalaise, restera au premier rang de mes priorités. En conséquence, des efforts encore plus soutenus seront consacrés à l’emploi et à l’employabilité des jeunes.
Je poursuivrai la réforme de notre système éducatif afin qu’à tous les niveaux, il ouvre davantage de possibilités à la formation professionnelle.
Je renforcerai par conséquent les initiatives et programmes dédiés à l’apprentissage aux métiers et à l’esprit d’entreprise, comme la Formation-Ecole-Entreprise en collaboration avec le secteur privé, la Délégation à l’Entreprenariat Rapide des femmes et des jeunes (DER) et l’Office national de Formation professionnelle.
De même, le réseau des Centres de formation professionnelle et technique sera étendu, à raison d’un Centre au moins dans chacun de nos 45 Départements. La DER et le Fonds de Garantie des Investissements Prioritaires soutiendront davantage les jeunes créateurs de start ups, en particulier dans l’économie numérique.
Je porterai également une attention particulière aux politiques publiques en faveur des femmes et des filles.
Toujours à la tâche, dans nos villes comme dans nos campagnes, les femmes sont des héroïnes au quotidien. Nous ne pourrons pas avancer sur la voie du développement en laissant derrière plus de la moitié de notre société : nos mères, nos épouses, nos sœurs et nos filles.
Toutes les initiatives de soutien à l’amélioration de la condition féminine seront par conséquent maintenues et renforcées.
Je pense aux facilités en matière de soins de santé pour la femme et les enfants à bas âge, aux équipements d’allègement des travaux pour les femmes, au financement de la DER, au Fonds d’Impulsion de la Microfinance, au nouveau Fonds de Promotion de la Microfinance Islamique (PROMISE) et à la construction de nouveaux Centres d’Assistance et de Formation dédiés aux femmes et aux jeunes filles.
La troisième priorité que je compte mettre en œuvre tient à l’amélioration de notre cadre de vie, à la promotion d’un habitat décent pour tous et à la sauvegarde de notre environnement.
Il y a urgence à mettre fin à l’encombrement urbain, à l’insalubrité, aux occupations illégales de l’espace public et aux constructions anarchiques dans des zones inondables comme le Technopôle de Dakar.
J’appelle à une mobilisation générale pour forger l’image d’un nouveau Sénégal ; un Sénégal plus propre dans ses quartiers, plus propre dans ses villages, plus propre dans ses villes ; en un mot un Sénégal « Zéro déchet ».
Je ferai prendre sans délai des mesures vigoureuses dans ce sens. J’y engage aussi les autorités territoriales et locales, ainsi que les mouvements associatifs et citoyens.
S’agissant de l’habitat, je lancerai un vaste programme pour la construction de 100 000 logements sur cinq ans, afin que progressivement, chaque famille sénégalaise, quels que soient ses revenus, puisse accéder à un logement décent, à un coût accessible.
La protection de notre environnement reste un défi majeur de notre temps.
J’ai initié le PSE vert, pour consacrer plus d’efforts à la sauvegarde de notre écosystème, par le reboisement et une lutte plus ferme contre la déforestation et la spéculation foncière autour des zones humides et celles à vocation agricole, notamment les Niayes.
Outre sa beauté naturelle, la zone des Niayes est un maillon essentiel de notre chaine alimentaire. Elle contribue à nourrir la nation et à générer des recettes d’exportation. Je voudrais dire solennellement que je ne laisserai pas la frénésie de la spéculation foncière détruire cette zone d’intérêt vital pour les producteurs agricoles et la nation tout entière.
Je veillerai personnellement à la protection des zones à vocation agricole sur l’étendue du territoire national.
En même temps, dans le processus d’aménagement des nouvelles zones urbaines de Diamniadio et du Lac Rose, je réitère l’attention particulière que j’accorde à la préservation de l’écosystème, en particulier la conservation du baobab, emblème de notre pays.
La réforme de l’administration est la quatrième priorité que je compte mettre en œuvre pour soutenir nos efforts vers l’émergence et le développement.
Notre administration, ancienne et rompue à la tâche, est l’épine dorsale de l’Etat. Elle en assure la stabilité et la continuité au-delà des changements de gouvernements et de régimes.
Je sais, et je m’en félicite, qu’elle recèle de ressources humaines de qualité, dévouées corps et âme à la bonne marche du service public. Tout cela est appréciable. Mais nous pouvons faire mieux.
Notre administration doit épouser les réalités de son temps et s’adapter à ses missions devenues plus nombreuses, plus diversifiées, plus complexes et donc plus exigeantes. Or, dans bien des cas, trop de routine, trop de lenteurs, trop de procédures et de formalités indues continuent d’altérer l’efficacité du service public et la compétitivité de notre économie.
Dans la nouvelle dynamique que je compte imprimer à la conduite des affaires publiques, j’ai la ferme intention d’inscrire toutes les actions de l’Etat en mode fast track. Nous l’avons déjà réussi pour des projets et initiatives majeurs. Il nous faut généraliser ces meilleures pratiques.
Quand on aspire à l’émergence et qu’on est tenu par l’impératif du résultat, l’urgence des tâches à accomplir requiert de la diligence dans le travail. Ce qui doit être fait aujourd’hui ne peut être remis à demain. Voilà le cap que j’entends fixer aux équipes qui m’accompagneront dans ce nouvel élan de réformes transformatives.
En tant qu’usagers du service public, nous attendons tous de l’administration qu’elle soit plus accueillante à notre endroit, plus diligente dans son fonctionnement et plus performante dans ses résultats.
J’engagerai donc sans tarder des réformes en profondeur, visant à simplifier et rationaliser nos structures, réformer nos textes là où c’est nécessaire, et dématérialiser davantage nos procédures et formalités administratives.
Dans la continuité du Forum national de l’administration tenu en avril 2016, il s’agit de moderniser davantage notre système administratif de façon à ce qu’il réponde mieux à ses missions régaliennes de service public et de développement.
J’appelle chaque agent de l’administration à être un acteur et un partenaire de cette mutation qualitative.
Dans le même esprit, je compte saisir l’Assemblée nationale afin qu’elle accompagne les changements dans la gouvernance de l’exécutif pour un meilleur suivi des politiques publiques.
Pour ce chantier et pour d’autres, l’ardeur de la tâche ne doit jamais tempérer notre détermination à explorer de nouveaux horizons pour mener notre pays vers plus de progrès et de prospérité.
Telle est la finalité que j’assigne à notre ambition collective de réaliser le Sénégal de tous, le Sénégal pour tous.
Ensemble, mes chers compatriotes, ayons la confiance qui féconde l’action et le résultat.
Ensemble, gardons à l’esprit que cette nation qui nous rassemble sous son ombre protectrice est beaucoup plus grande que la somme de toutes nos ambitions réunies. Ensemble, restons dans le temps de l’action et continuons notre marche résolue vers le Sénégal émergent.
Ensemble, dans un monde de turbulences et d’incertitudes, restons fidèles aux générations passées et dignes des générations futures, en maintenant notre cher pays dans les eaux calmes de la paix, de la stabilité et du développement solidaire et inclusif. Notre histoire commune nous le commande.
Notre destin partagé nous le demande.
Madame, Messieurs les Chefs d’Etat, Vice-Président, et Chefs de gouvernement,
Mesdames les Premières dames,
Mesdames, Messieurs les Chefs de délégations,
Mesdames Messieurs,
Je vous remercie de votre aimable attention."
LE PRÉSIDENT DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL INSISTE SUR LE RENFORCEMENT DE L’ETAT DE DROIT
Pape Sakho a souligné mardi la nécessité d’avoir encore des ’’personnalités indépendantes et suffisamment équidistantes des parties qui pourraient se trouver en situation de conflit’’ afin de renforcer le pacte démocratique
S’exprimant lors de la prestation de serment du président Macky Sall pour un second mandat, il a insisté sur la nécessité de compter sur des ’’personnalités indépendantes et suffisamment équidistantes des parties qui pourraient se trouver en situation de conflit’’, afin de renforcer le pacte démocratique et l’État de droit.
Si l’élection présidentielle se présente comme "le moment du bilan, pour le président de la République sortant, elle constitue, également, un moment d’introspection générale au plus profond de notre +moi+ collectif et un critérium pertinent, permettant de mesurer la maturité de nos institutions républicaines, de notre conscience citoyenne, et aussi l’ancrage de nos élites politiques et intellectuelles dans ce qu’il convient d’appeler +une culture de l’État de droit+’’, a dit Pape Oumar Sakho.
Selon lui, ’’le pacte démocratique et l’État de droit supposent, en effet, un rapport positif à la loi et aux institutions, c’est-à-dire, pour reprendre le mot de François OST, une +inclination à la civilité+ républicaine".
’’Ils supposent, en outre un respect mutuel et un esprit de dépassement entre les acteurs du jeu politique, en vue de surmonter la suspicion entre adversaires politiques, afin de trouver un minimum de consensus sur les questions essentielles, notamment en matière électorale", a ajouté le président Sakho.
’’Ils supposent, enfin, la participation active à la vie de la Cité, de personnalités indépendantes et suffisamment équidistantes des parties qui pourraient se trouver en situation de conflit, pour se donner la légitimité d’arbitres ou de médiateurs impartiaux, en vue de la pacification de l’espace social et politique", a-t-il poursuivi.
De ce point de vue, ’’il semble bien que des efforts soient encore nécessaires en la matière".
L’histoire politique du Sénégal "n’a certes pas été un long fleuve tranquille’’ et a même mis parfois "en présence des adversaires irréductibles", a relevé le président du Conseil constitutionnel.
Mais ces derniers "ont cependant toujours su prendre suffisamment de hauteur, pour s’asseoir autour d’une table, afin de trouver des points d’équilibre improbables et des consensus inédits, en vue d’aller toujours plus avant dans notre longue marche sur le chemin de la démocratie".
"Force est de constater aujourd’hui, une mutation des mœurs politiques à travers la substitution au dialogue fécond, des monologues parallèles, faits d’invectives et de calomnies dans les médias et les réseaux sociaux", a-t-il noté.
Aussi "c’est fort de ce constat que le Conseil constitutionnel, malgré le caractère non public et non contradictoire de ses procédures, mais conscient que sa mission de sauvegarde de la volonté de l’électeur et de garantie de la sincérité du scrutin doit s’appuyer sur une démarche empreinte de transparence, a ouvert ses activités à la présence des représentants des candidats et à des personnalités sans affiliation connue à une entité politique (…)", à l’occasion de ses travaux consacrés à l’examen des candidatures à la dernière présidentielle du 24 février.
Cependant, a relevé Pape Ousmane Sakho, le Conseil constitutionnel "ne se faisait pas d’illusions, car la contestation principielle de la loi sur le parrainage et la confiscation du débat citoyen avaient pour conséquences logiques, la contestation de la mise en œuvre de ladite loi et, au-delà, la contestation des institutions".
Pape Oumar Sakho fait observer que les institutions "si souvent prises à partie aujourd’hui, sont pourtant celles qui, en l’espace de douze années, ont permis deux alternances démocratiques".
Il a ainsi rendu hommage aux forces de défense et de sécurité, à l’administration chargée des élections, à la Commission électorale nationale autonome, au Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA), à la Commission nationale de recensement des votes (CNRV), ainsi qu’aux commissions départementales de recensement des votes et aux délégués de la Cour d’appel.
Ces différentes entités ont "encore une fois, avec discrétion et efficacité, permis aux citoyens d’exercer leur droit de vote dans un cadre organisé, transparent et sécurisé", a-t-il indiqué.
Le magistrat a de même salué "la maturité des électeurs qui, à nouveau, ont fait preuve de responsabilité et de discernement, pour la préservation de nos acquis démocratiques".
"Ces électeurs, composante anonyme et laborieuse de la société, n’ont fait ni vœu de contestation systématique, ni allégeance inconditionnelle à quelque chapelle politique que ce soit. Ils savent cependant que leur voix compte, et attendent patiemment le jour du scrutin pour exprimer leur choix. Il faut apprendre à les respecter et à compter avec eux", a-t-il dit.
Selon lui, en allant massivement aux urnes, les électeurs sénégalais "ont su préserver la paix sociale par leur comportement civique, renouvelant ainsi leur confiance aux institutions républicaines impliquées dans le processus électoral".
Pour Pape Oumpar Sakho, "le discours politique gagnerait à s’élever à la hauteur de la conscience citoyenne de ce peuple, afin que le Sénégal reflète enfin et pour toujours, l’image de la démocratie mature et apaisée qu’il est réellement".