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2 août 2025
«JE FAIS DE LA PHOTO PARCE QUE J'AI UNE VISION À PARTAGER»
Par la magie de ses photographies, les Sénégalais ont redécouvert ces ethnies du Sud-est du pays restées ancrées dans leurs traditions millénaires - Pour le photographe d’art Matar Ndour, les images servent à figer la culture et l’histoire de ces peuples
Plus qu’une passion, la photo est un engagement pour Matar Ndour. Rencontré dans un paisible quartier de Dakar, le photographe introduit le visiteur le plus simplement dans son univers. Des photos sur les murs qui racontent plus que des mots, l’engagement du photographe à immortaliser les us et coutumes des peuples autochtones du Sénégal. Par la magie de ses photographies, les Sénégalais ont redécouvert ces ethnies du Sud-est du pays restées ancrées dans leurs traditions millénaires. Pour le photographe d’art Matar Ndour, les images servent à figer la culture et l’histoire de ces peuples.
Qu’est-ce qui explique votre intérêt pour les ethnies minoritaires ?
Minoritaires par le nombre peut-être. Mais de par leur culture, ce sont de grands peuples. C’est les Bassaris, les Bediks, les Kognadjis, les Badiarankés et autres, qui sont dans le Sud-est du pays. Je me suis intéressé à ce travail parce que tout au début, j’ai commencé à faire des portraits, des cérémonies familiales, le sport mécanique puis la lutte, du reportage et autres. Mais à un certain moment, je me suis dit que je voulais changer mon orientation photographique. C’est ce qui m’a mené vers cette culture. Mais c’est aussi par mon éducation, parce que je suis né dans une famille serère-halpular et mes parents étaient très ancrés dans leur culture. Ensuite, j’ai fait des recherches sur ce que représentaient les coiffures, la façon de s’habiller, les couleurs, l’architecture, les instruments agraires, etc. Ce sont des peuples qui sont aussi restés très conservateurs. Je suis allé à Kédougou, Bandafassi et Salemata. Je suis allé vers les Bassaris, les Bediks. J’ai vécu avec eux un moment et ils m’ont accepté.
Quand vous êtes allé vers eux, ils vous ont tout de suite accepté ?
Ce n’était pas difficile. Quand on va vers les gens, il faut les respecter. Dans leur environnement et dans ce qu’ils sont. Et moi, je les ai respectés dans leur environnement et dans ce qu’ils sont. Je ne les ai pas heurtés, je ne les ai pas agressés parce que ce sont des humains et la seule différence, c’est peut-être la culture. Eux aussi m’ont accepté parce qu’ils ont senti que ce travail que je faisais avait un intérêt certain pour eux. Ils me disaient toujours que c’est la première fois qu’ils voyaient un Sénégalais, un Africain, montrer un intérêt pour eux. Parce que généralement, ce sont toujours des Occidentaux qui viennent puiser chez eux mais qui ne reviennent jamais. Avec moi, ce travail va rester ici et sera beaucoup plus vu et les gens auront plus conscience de leur existence. Finalement, c’était un partenariat. Mais il y a une certaine complexité parce qu’il y a beaucoup d’interdits, beaucoup de tabous. Dans leur environnement déjà, rien n’est innocent, rien n’est gratuit. Même une petite brindille de bois n’est pas négligeable ; ça représente quelque chose. Et il faut donc respecter cet environnement immédiat et respecter ces gens.
Ça vous a pris combien de temps avant de prendre la première photo ?
Quand j’ai décidé de prendre cette orientation, c’était il y a 15 ou 17 ans. Ils sont très organisés et il y a ce qu’on appelle, le noyau dur, composé par le chef de village, le chef coutumier, le chef de culte, et qui représente le village. Ce sont eux qui agissent et parlent au nom de tout le monde. Quand j’arrive dans le village, je range d’abord mes appareils et je parle avec ce comité de sages. J’explique mon projet et ils me disent c’est bien, mais il faut nous laisser le temps de nous concerter. Ils me donnent rendez-vous. Et quand je reviens, ils me disent, c’est bon on accepte, mais il y a des conditions. Il ne faut pas photographier ça ou ça. Il y a des choses que je peux photographier et d’autres pas. Et je me conforme à ça. Après, il y a un contrat de confiance entre nous et je deviens ipso facto quelqu’un de la communauté. Et moi, quand j’y vais, je contribue. Je partage avec eux le repas, je dors avec eux. Je n’amène pas ma bouteille d’eau minérale.
Le respect, c’est important pour vous ?
C’est ça qui est important pour eux. C’est comme ça qu’ils regardent les gens, comment ils nous voient, quel est le comportement qu’ils ont vis-à-vis de nous. Et c’est comme ça qu’ils arrivent à t’accepter. Et c’est avec simplicité que je vais vers eux, en tant qu’humain qui va vers d’autres humains, avec le respect, quels que soient son rang et son statut. C’est comme ça que je peux travailler dans la sérénité, faire mes photos et les publier.
Et cette photo-là, par exemple, vous pouvez nous la décrire et dire dans quelle condition elle a été prise ?
Pour cela, je suis resté trois semaines avec eux. C’était à Diattock. C’était dans le cadre d’une cérémonie d’initiation que l’on appelle le Boukout. J’ai fait les trois jours avant l’entrée dans le bois sacré et le jour de la rentrée. Ensuite, ils y restent pendant deux ou trois semaines et cette photo, c’était pendant la sortie. Comme c’était une cérémonie qui n’avait pas eu lieu depuis 42 ans, il y avait toute une génération dans ce bois. Et ces enfants quand ils rentrent, ils sont avec l’oncle maternel et quand ils sortent aussi, ils sont portés par cet oncle. Quand j’ai vu cet enfant porté sur l’épaule de son oncle, j’ai été attiré par l’attitude de ce gamin. Un enfant peut avoir des attitudes désintéressées mais je lisais la personnalité d’une grande personne dans son regard, ce qui m’a fasciné. Du coup, je me suis demandé ce qu’il avait pu capitaliser dans ce bois pour en sortir avec cette maturité d’homme. Quand il m’a regardé droit dans les yeux, j’ai fait beaucoup de clichés et c’est cette photo qui m’a le plus marqué, de par sa sensibilité, la personnalité de l’enfant et cette tendresse et cette complicité aussi qu’il y a entre l’enfant et son oncle. C’est vraiment toute une histoire et c’est tout un récit. En fait, c’est ça la photo. Il faut qu’il y ait de l’émotion mais il faut aussi que la photo puisse raconter des choses. Comme disent les Chinois, une bonne photo vaut mille mots.
En fait quand vous capturez le moment, ce n’est pas seulement ce moment mais il y a aussi autre chose derrière ?
Vraiment il y a autre chose derrière. Une photo, c’est un moment, et ce moment est magique et quand on arrive à capturer ce moment, c’est là qu’on a réussi une bonne photo. Une photo peut être belle, mais sans être bonne. Il faut toujours chercher à faire la bonne photo, celle qui, même quand tu décroches ton regard d’elle, tu as envie d’y revenir parce qu’il y a quelque chose d’émotionnel, de sensuel et qui fait battre davantage ton cœur et qui te fait frissonner
Quand vous prenez vos photos, vous faites une mise en scène ou bien c’est sur le vif ?
Dans ce cas de figure, on n’a pas le temps de faire de la mise en scène. Il faut juste être dedans. Quand je dis que je vais me focaliser sur les regards, c’est vraiment de surprendre les gens dans leurs moments d’intimité, quand ils sont en phase avec eux-mêmes. Ça, ce sont des moments forts. Tout en ayant en tête ce qui s’est passé dans ce bois. Pendant le temps qu’il y a avant la rentrée, le jour de la rentrée et la sortie, il y a toujours différentes étapes émotionnelles et tu te rends compte de l’évolution et des changements.
Et vous-même êtes partie prenante de ces émotions et de ces changements ?
Absolument. Moi aussi, j’essaie toujours de me mettre à la place de l’autre, de savoir ce qui les pousse. Parce que c’est quand même très dur d’être dans le bois sacré, où tu es entouré d’arbres, sans électricité et où les gens sont torse nu. On ne sait pas qui est qui, on ne sait pas qui fait quoi parce qu’il y a des députés, des capitaines, des enseignants, des universitaires, il y a toutes les couches de la société qui sont habillées de la même façon. Qu’est-ce qui les pousse à faire ce sacrifice, qui ils sont et qu’est ce que ça va leur rapporter quand ils sortent ? J’essaie d’être là-dedans et quand je fais mon travail, j’essaie de me focaliser sur tel truc, parce qu’il y a tellement de choses qui se passent en même temps, et d’aller très vite. Il faut avoir une idée de ce que l’on veut faire.
Vous avez donc une démarche anthropologique et ethnographique comme on dit ?
Parce que c’est de l’ethno photographie. Quand on parle d’anthropologie, la photographie est la base. D’autant plus que je travaille avec un socio-anthropologue sur ces questions. Je fais mes photos et derrière, il y a plein de textes et de choses à expliquer. Chez les Bediks par exemple, la manière de se coiffer a une signification. Il y a les coiffures des filles non mariées, celle des veuves, des femmes qui viennent de se marier. Nous sommes dans une société initiatique où tout est signe, tout est symbole. Et quand tu n’es pas initié, tu ne peux pas décoder ces signes et ces symboles qui sont là et qui font partie du quotidien. Je me rappelle, quand l’Abbé Diamacoune est venu à Dakar, c’est ce qui m’a conforté dans ce domaine de recherche sur Signes et symboles entre les imaginaires et la réalité. Quand l’abbé est venu à Dakar, pendant que les gens parlaient de paix, lui avait une petite plume d’oiseau sur la tête. Les gens qui sont initiés, quand ils ont vu ça, ils ont compris qu’il leur disait que la guerre continue. C’était trop parlant et j’ai rencontré quelqu’un qui m’a expliqué que quand des jeunes te dépassent avec cette plume sur la tête, c’est pour dire : ce jour, je suis prêt à mourir. Et pour un vieux, cela veut dire, je suis prêt à me battre avec vous. Ce sont des sociétés initiatiques et il faut être initié pour pouvoir décoder certains messages.
Vous avez exposé un peu partout ; quels sont les défis que vous avez devant vous ?
Dans les programmes scolaires, on ne parle pas de ces peuples, on ne parle pas de ces cultures. Ce n’est pas leur faute, mais nous Africains, avons subi énormément d’agressions. On a changé nos noms, on a changé notre culture. Même sur cette science qu’on appelle l’onomastique, chaque nom représente l’histoire d’une famille. Et beaucoup de noms ont disparu, nous portons maintenant des noms arabes. Et il y a la chrétienté, la colonisation, etc. On n’a pas la prétention de remettre l’histoire en question. Mais on a envie d’écrire notre propre page de l’histoire et c’est ce que nous voulons mettre à la disposition des jeunes.
Ce sera sous quelle forme ?
Déjà, à chaque fois que nous faisons des expositions, nous faisons des panels avec des professeurs d’université, des sociologues, des anthropologues, des artistes, etc. Et il y a aussi un projet de livre qui est presque achevé et qu’on mettra à la disposition du ministère de l’Enseignement supérieur.
Il n’y a pas beaucoup de photographes d’art dans le pays ? Est-ce que la photo d’art nourrit son homme ?
Pour moi, la photo, c’est une passion, un engagement. Je me dis que c’est par droit et par devoir que je dois le faire. Je ne fais pas de photo pour gagner de l’argent mais parce que j’ai mon mot à dire, j’ai une vision à partager. Ce qui fait que je suis toujours resté constant dans ce que je fais.
LES TRANSACTIONS ESTIMEES A 16 943 MILLIARDS DE F CFA EN 2017
La valeur des transactions financières via la téléphonie mobile, au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), est passée de 11 501milliards de F Cfa en 2016 à 16 943 milliards de F Cfa à fin décembre 2017
La valeur des transactions financières via la téléphonie mobile, au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), est passée de 11 501milliards de F Cfa en 2016 à 16 943 milliards de F Cfa à fin décembre 2017. C’est ce qui ressort d’un rapport de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) sur la question, rendu public hier.
Les souscriptions et transactions des services financiers numériques dans l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) au cours de l'année 2017, ont connu une augmentation. C’est ce que montre le rapport annuel sur la situation des services financiers numériques dans l'Uemoa de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao). Le document indique qu’au cours de la période sous revue, le nombre de souscripteurs de comptes de monnaie électronique dans l'union est ressorti à 50,5 millions, contre 36,5 millions en 2016, soit une hausse de 38,48 %. Le nombre de transactions, en 2017, s’est chiffré à environ 1 254,5 milliards contre 735,2 millions un an plus tôt, soit une progression de 70,6 %. Près de 3,5 millions d'opérations ont été traitées en moyenne par jour par l'ensemble des plateformes de paiement mobile qui existent dans l'union, contre 2,0 millions en 2016. “La valeur de ces transactions a augmenté au cours de la période sous-revue, en passant de 11 501 milliards de F Cfa en 2016, à 16 943 milliards de F Cfa à fin décembre 2017. La valeur moyenne journalière des opérations est estimée à environ 47,1 milliards de francs Cfa en 2017, contre 31,9 milliards de francs Cfa un an plus tôt, soit une hausse de 47,6 %’’, lit-on dans le rapport de la Banque centrale.
261,6 milliards de francs Cfa de transactions effectuées au Sénégal
Au fait, l'évolution des services financiers s’explique notamment par l’entrée sur le marché de nouveaux acteurs, le renforcement du réseau d'acceptation, le déploiement des points de services. Mais aussi les stratégies de communication initiées par les acteurs, en particulier sur l'offre des nouveaux services. Selon la Direction générale de la Stabilité et de l'Inclusion financières de la Bceao, l'analyse des données disponibles révèle que la Côte d'Ivoire concentre une part importante de l'activité des services financiers numériques dans l'union. Elle totalise 37,9 % des comptes de monnaie électronique, soit 19,15 millions en hausse de 49,0 % par rapport à 2016. Elle est suivie du Burkina Faso (13,8 %), du Mali (13,5 %) et du Bénin (13,0 %). Pour le Sénégal, une évolution de comptes est notée. Il est enregistré en fin 2017, 5,38 millions de comptes, contre 4,40 millions en 2016. Et la valeur des transactions via la monnaie électronique a connu une hausse de 120,9 %. Elle est ressortie à 1 261,6 milliards de francs Cf, soit 2,2 fois plus qu'en 2016.
Les filiales du groupe Orange dominent l'écosystème
Le groupe Orange, avec quatre filiales d'établissements de monnaie électronique en Côte d'Ivoire, au Mali et au Sénégal, et deux partenariats en Guinée-Bissau avec Ecobank et la Boa au Niger, représente 40,90 % des comptes de monnaie électronique ouverts dans l'Uemoa. “Ses filiales détiennent39,01% de l'ensemble des comptes recensés dans l'union, contre 35,7 % en 2016 et 49,60 % du nombre total de comptes actifs contre 50,7 % au cours de l'exercice précédent’’, précise le rapport de la Bceao.
Au total, au cours de l'année 2017, l'activité des services financiers via la téléphonie mobile a été largement portée par les huit établissements de monnaie électronique que sont les quatre filiales du groupe Orange, les deux filiales autonomes du groupe Mtn (implanté au Bénin et en Côte d'Ivoire), Tigo Mobile Cash au Sénégal et Qash Services en Côte d'Ivoire. “Ces institutions totalisent 63,0 % des comptes de monnaie électronique ouverts dans l'union et représentent respectivement 87,42 % et 92,55 % du volume et du montant des transactions réalisées en 2017 dans l'Uemoa, soit 1,1 milliard d'opérations d'une valeur de 15 680 milliards de francs Cfa’’, rapporte le document.
Toutefois, il est souligné que l'écosystème est également caractérisé par la baisse du nombre de partenariats développés entre les opérateurs de téléphonie mobile et les institutions financières. Ce qui explique le repli des activités d'émission de monnaie électronique par les établissements de crédit. Ces derniers se partagent, avec deux institutions de microfinance, à savoir Celpaid en Côte d'Ivoire et Asmab au Bénin, 12,58 % du volume des transactions pour une valeur de 1 262 milliards de francs Cfa. En effet, selon le document de la Banque centrale, cette évolution “assez marquée’’ des services financiers numériques dans l’union, traduit la multiplication des offres de services sur le marché. Mais aussi la “confiance’’ des consommateurs vis-à-vis de ces nouveaux moyens de paiement. “Au niveau de l’offre, les partenariats entre les établissements de crédit, les institutions de microfinance et les établissements de monnaie électronique doivent renforcer l'accès des populations aux services financiers de seconde génération tels que le micro-crédit, la microépargne et la micro-assurance’’, relève le rapport.
Par ailleurs, les initiatives en cours de mise en œuvre par la Bceao et l'accompagnement des partenaires techniques et financiers pourraient “permettre une accélération’’ du développement des services financiers numériques. En effet, d’après la Banque centrale, le Projet d'interopérabilité des services financiers numériques dans l'Uemoa, ainsi que le Projet d'appui à la promotion de l'accès des systèmes financiers décentralisés au système de paiement régional devraient “contribuer à l'amélioration’’ de l’offre de services, la réduction des coûts des services et l'accroissement de l'inclusion financière. Enfin, une révision de la réglementation permettant un élargissement du réseau de distribution favoriserait une extension de l'accès aux services financiers numériques
L’EX-AGENT DE CBC VENDAIT L’EAU DE ROBINET DANS DES BOUTEILLES D’AQUATERRA
Un an dont 3mois ferme. C'est la peine que le tribunal des flagrants délits de Dakar a infligée, hier, à Amara Diambo.
Le prévenu a été déclaré coupable de tromperie sur la qualité d’une marchandise, pour avoir commercialisé de l'eau de robinet qu'il a conditionnée dans des bouteilles d'Aquaterra. Ses deux collaborateurs ont été relaxés.
Le tribunal des flagrants délits du tribunal de grande instance de Dakar a jugé, hier, l’affaire de trafic sur les eaux Aquaterra, Ba Eau Bab et de Kirène évoquée par “EnQuête’’ dans son édition du 26 mars dernier. A l’issue du procès, le cerveau de cette affaire, Amara Diambo, a écopé de 1 an dont 3 mois ferme. L’ancien chef logistique à la société Canadian Bottling Compagny (Cbc) a été reconnu coupable de tromperie sur la qualité de la marchandise et de mise en vente d’un produit alimentaire sans autorisation. En revanche, il a été relaxé du délit d’association de malfaiteurs. Idem pour ses deux collaborateurs Mamadou Issa Ba et Ibou Ndao, relaxés également du délit de complicité. En outre, les deux employés de Cbc, Baba Diop et Cheikh Tidiane Diop, sont reconnus coupables de vol à l’occasion du service. Ils sont condamnés à 2 mois assortis du sursis. Les prévenus ont été arrêtés, suite à une dénonciation anonyme faite au niveau de la Section de recherches de la gendarmerie de Colobane. L’informateur avait révélé aux gendarmes que l’ex-agent mélangeait les bouteilles d’eau minérale qu’il achète à l’usine à des bouteilles remplies d’eau de robinet filtrée quotidiennement pour les distribuer aux clients qui lui ont passé des commandes, croyant qu’il travaille toujours pour Cbc.
Le cerveau prétexte l’attente d’une demande d’autorisation
Face aux juges, tous les prévenus ont clamé leur innocence, à l’exception d’Amara Diambo. Il a reconnu les faits, tout en alléguant qu’il s’agissait de l’eau filtrée et qu’il était dans l’attente d’une autorisation des services compétents, puisqu’il avait déposé une demande d'autorisation. Mamadou Issa Ba a soutenu qu’il ignore tout de cette affaire, car il se contentait de faire les livraisons. Ibou Ndao a, lui, déclaré qu’il était employé pour recharger les bouteilles et percevait un salaire mensuel de 60 000 F. Baba Diop a reconnu avoir vendu des bouchons de bouteilles d’Aquaterra à Amara Diambo.
Toutefois, il a allégué que c’était une seule fois et il s’agissait de bouchons inutilisables. Leurs dénégations n’ont pas convaincu l’avocat Me Amadou Sow, aux yeux de qui la culpabilité d’Amara ne souffre d'aucune contestation. Surtout que, dit-il, l’ex-agent a été licencié pour malversations. Pour le préjudice, il a réclamé 10 millions de francs Cfa pour le compte de l’entreprise Cbc. Ibrahima Édouard Cissé à qui Amara Diambo a vendu la machine pour filtrer l’eau, a réclamé 1 million 250 mille francs Cfa. Abondant dans le même sens, la représentante du parquet a requis 1 an ferme contre Amara Diambo et la relaxe pour ses deux employés. “C'est une position juste que le parquet ait demandé la relaxe de Bâ et Ndao, mais c’est injuste pour Diambo, du point de vue légal et des faits’’, a fulminé Me Abdou Dialy Kane. Lui et son confrère Bamba Cissé ont déploré l’absence de test scientifique pour analyser la qualité de l’eau vendue par leur client.
De l’avis de Me Kane, il n’y a pas de preuve de tromperie et le dossier ne montre pas à qui Amara Diambo a vendu la marchandise. Or, poursuitil, “la loi exige l'existence d'un contractant qui a été trompé’’. Me Cissé a expliqué, pour sa part, que leur client n'a pas fabriqué l'eau, donc, le texte ne lui est pas applicable. “La réalité, c'est qu'il a pris de l'eau de robinet, en la mettant dans un emballage appartenant à Aquaterra. Ceci relève du délit de contrefaçon. Donc, le parquet ne peut pas requérir la peine maximale, mais plutôt une contravention”, argue-t-il. Par conséquent, une peine d'amende suffit largement, surtout que le prévenu “est un commerçant qui a fauté et l'a reconnu’’.
L’avocat s’est attaqué à la demande formulée par leur confrère de la partie civile. “Il n'y a plus de préjudice, car tout son matériel est confisqué. Je ne vois pas la nécessité d'une détention. Le préjudice est moral, or la partie civile a eu l'outrecuidance de réclamer la somme exorbitante de 10 millions’’, a asséné Me Cissé qui a plaidé une application bienveillante de la loi. Cependant, après délibéré, tous les prévenus ont recouvré la liberté, sauf leur client. Toutefois, Amara Diambo ne paiera que la somme globale de 2 millions de dommages et intérêts : 1 million pour Cbc et 1 million pour le sieur Cissé.
LA REPONSE DU MINISTERE DE L’EDUCATION
Elle était attendue, finalement, la réponse du ministère de l’Education est tombée, hier, par le biais du coordonnateur de la Cellule de passation des marchés, Mamadou Fall.
Le collaborateur de Serigne Mbaye Thiam, par la voie des services de communication du ministère, considère que ‘’la plainte devant l’Ofnac et les allégations de Dame Mbodji du «Cusems authentique» sont sans fondement et relèvent d’une volonté de nuire’’.
La presse s’est fait, lundi 1er avril 2019, l’écho d’une plainte déposée auprès de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) par Dame Mbodji, en qualité de secrétaire général national d’un ‘Cusems authentique’’. ‘’Dans sa plainte, le syndicaliste dénonce des cas de fraude et de prévarication relevés par l’Autorité de régulation des marchés publics (Armp) dans ses rapports, sans préciser de quels rapports il s’agit’’, souligne Mamadou Fall, Coordonnateur de la Cellule de passation des marchés du ministère de l’Education nationale.
Qui fait noter que ‘’M. Mbodji fait preuve d’une réelle constance dans ses accusations fallacieuses contre le ministère de l’Education nationale, que ce soit dans la presse ou dans les réseaux sociaux. Cette obstination hystérique, poursuit-il, a commencé lorsque le paiement des salaires de deux de ses responsables syndicats a été suspendu depuis 2013. Elle s’est notamment exacerbée après les élections de représentativité des syndicats d’enseignants, tenues le 27 avril 2017, qui ont justement vu M. Mbodji (et son syndicat) considéré comme non représentatif avec 446 voix, autant de partisans donc sur près 97 000 enseignants que compte notre pays, représentant moins de 2 % de son collège électoral’’.
D’ailleurs, le coordonnateur de la Cellule de passation des marchés du ministère de l’Education souligne que ‘’la dernière grande offensive de M. Mbodji contre le département remonte au mois de mars 2018, quand il organise, au nom d’une Fédération des enseignants du Sénégal (Feder) regroupant quelques syndicats non représentatifs, une conférence de presse, pour toujours, sur la base d’un rapport de l’Armp, dénoncer des marchés de gré à gré ou d’entente directe dans des procédures d’acquisition de manuels ou de réhabilitation de bâtiments’’. Ce qui lui fait dire que le syndicaliste ‘’cherche délibérément à tromper l’opinion en procédant à de fausses déclarations, puisqu’aucun gré à gré, ni entente directe n’ont été notés ; plus grave, aucun des marchés incriminés n’a été mentionné dans le rapport en question’’. D’autant que, poursuit-il, dans la note parvenue à ‘’EnQuête’’, ‘’M. Mbodji reprend les mêmes procédés dans sa plainte auprès de l’Ofnac. Il s’est bien gardé d’accuser nommément et directement une personne déterminée de corruption, de fraude ou de prévarication, sachant qu’il serait traduit en justice si tel était le cas’
‘’Volonté de nuire et de manipuler l’opinion publique’’
Ces constats faits, M. Fall écrit que ‘’le ministère tient d’ores et déjà à démentir avec la plus grande fermeté les accusations qui sont portées à son encontre et souligne qu’aucune autorité contractante ne peut exécuter un marché public sans avoir reçu au préalable l’accord de la Direction centrale des marchés publics (Dcmp), qui vérifie la conformité des dossiers’’. Ainsi, pour prouver ‘’la volonté de nuire et de manipuler l’opinion publique’’ de Dame Mbodji, le collaborateur de Serigne Mbaye Thiam renseigne que, pour le marché d’acquisition de manuels de la 1re étape, il a été conclu à l’issue d’une procédure d’appel d’offres international n°14/13/BCI-ACDI dont l’avis a été publié dans ‘’le Soleil’’ du 27 mai 2013, suite à l’avis de non-objection n°002326 du 3 mai 2013 de la Dcmp et à la décision n°114/13 du 8 mai 2013 du Comité de règlement des différends de l’Armp. Concernant les deux marchés de travaux des 11 et 9 collèges, poursuit-il, ils ont été lancés dans ‘’le Soleil’’ du 14 décembre 2013, après que leurs dossiers d’appel d’offres ont reçu un avis de non objection de la Dcmp par lettre n°006627du 10 décembre 2013. S’agissant des deux marchés de réhabilitation des lycées Mariama Ba de Gorée et Ameth Fall de Saint-Louis, Mamadou Fall déclare qu’ils ont été passés à l’issue d’une procédure d’appel d’offres national n° 03/FTI/2013, suite à l’avis de non objection de la Dcmp, par lettre n°006627 du 10 décembre 2013. Il faut aussi remarquer que le marché de réhabilitation du bâtiment central du Men a été lancé par appel d’offres ouvert dans ‘’le Soleil’’ du 15 septembre 2013. Ce marché est réparti en six (6) lots distincts dans le respect des dispositions du Code des marchés publics en son article 8 ; ce qui a permis au ministère de faire des économies substantielles. Ainsi, Mamadou Fall dénonce ‘’un acharnement’’ et ‘’une volonté manifeste de nuire’’.
« L’HISTOIRE DE NOTRE PARTI EST FAITE DE SCISSIONS, DE DIVISIONS, DE RETROUVAILLES »
Le dialogue est un impératif - Il faut être d’accord sur le principe qu’on devrait se voir et une fois qu’on se voit, les termes de référence vont être examinés et discutés
Le dialogue est un impératif. De ce point de vue, l’opposition, tout comme la majorité, doivent faire un pas pour se rencontrer et toutes les questions dont on veut discuter, il faut être d’accord sur le principe qu’on devrait se voir et une fois qu’on se voit, les termes de référence vont être examinés et discutés.
Ceux qui voudront que telle ou telle question soit à l’ordre du jour, c’est l’occasion de le faire. Mais ce qui n’est pas bon, c’est le refus par principe de dialoguer, parce que notre pays, depuis Léopold Senghor, est un pays de dialogue, de ‘‘disso’’, comme on dit en wolof. C’est pourquoi on doit tout faire pour nous rencontrer et échanger. Même si c’est pour consacrer des accords, on se sera parlé. Je suis convaincu que sur un certain nombre de questions, comme celle relative aux élections, on peut en discuter et trouver des compromis dynamiques.
On l’avait fait en 1992 avec feu Kéba Mbaye. Moi, j’y étais et je crois à cela. On doit faire des efforts de part et d’autre pour nous rencontrer. Je dis à mes camarades qu’il faut faire preuve de tolérance, de générosité, et l’histoire de notre parti est faite de scissions, de divisions, de retrouvailles. Mais malgré cela, un noyau dur reste là et convaincu qu’il faut rassembler tous ceux qui le souhaitent pour que nous nous retrouvions pour mener les combats futurs ensemble. J’appelle tout le monde, il n’y a pas d’exclusion.
C’est un appel inclusif que je lance à l’ensemble des socialistes de cœur et de raison, adhérents et même ceux avec qui nous avons eu de graves problèmes. Je crois qu’il faut en discuter pour nous retrouver. (La libération de Khalifa Sall) relève de la compétence exclusive du président de la République, mais, on ne souhaite la prison à personne, surtout quelqu’un avec lequel on a cheminé pendant longtemps. Lui, c’est le président Abdou Diouf qui me l’avait confié. C’est avec déchirement que je le vois dans cette situation.
MACKY SALL INSISTE
C’est tout un cérémonial qui a entouré, hier, la prestation de serment du président de la République Macky Sall. Mais aussi tout un tas d’appels du pied à l’opposition pour une pacification de l’espace politique sénégalais.
C’est tout un cérémonial qui a entouré, hier, la prestation de serment du président de la République Macky Sall. Mais aussi tout un tas d’appels du pied à l’opposition pour une pacification de l’espace politique sénégalais. C’est d’ailleurs pourquoi il n’a pas manqué de réitérer son appel au dialogue à l’ensemble des différents segments de la société sénégalaise.
“En vertu du serment que je viens de prêter, je serai le président de tous les Sénégalais. Je renouvelle, par conséquent, mon appel au dialogue sans exclusive, un dialogue constructif et ouvert à toutes les forces vives du pays, à toutes les forces politiques, aux forces économiques et sociales’’, a déclaré le président Macky Sall. Le président Macky Sall a, par ailleurs, profité de sa prestation de serment pour renouveler son engagement et son dévouement à se consacrer exclusivement au service des populations.
“A la tête de l’Etat, je mesure pleinement la responsabilité et la gravité de la charge. Elle rappelle que la démocratie et la République consacrent l’égale dignité des citoyens et que le mandat électif n’établit aucun privilège au profit du mandataire sur les mandants, mais plutôt une mission au service du bien commun. Il s’agit de servir et non de se servir. C’est donc avec humilité et détermination que je me remets au service du peuple sénégalais’’, a déclaré le président Macky Sall. Qui invite l’ensemble des segments de la société à rester fidèles aux générations passées et dignes des générations futures, en maintenant notre cher pays dans les eaux calmes de la paix, de la stabilité et du développement solidaire et inclusif. “Notre histoire commune nous le commande. Notre destin partagé nous le demande’’, estime-t-il.
LES DÉFIS DES BOURSES DE SÉCURITÉ FAMILIALE
À l’aube du second mandat du Président Macky Sall, ce programme de lutte contre la pauvreté, fera face à certains défis dont celui de sa pérennité, entre autres
Les bourses de sécurité familiale constituent une «réussite», selon la Banque mondiale. Mais à l’aube du second mandat du Président Macky Sall, ce programme de lutte contre la pauvreté, fera face à certains défis dont celui de sa pérennité, entre autres.
La Banque qualifie d’«impressionnant» l’impact du Pro - gramme national des bourses de sécurité familiale (Pnbsf). Dans un rapport publié hier sur les filets sociaux dans 46 pays d’Afrique, l’institution de Bret - ton Woods a salué ce programme mis en place depuis 2013 et allouant 25 mille francs CFA par trimestre a chacun des 300 mille ménages ciblés. «Le Programme national des bourses de sécurité familiale est un programme qui a une des couvertures les plus grandes en Afrique, alors qu’il est très récent. C’est un programme qui a réussi à atteindre les ménages dans tous les villages du pays. C’est une grande réussite», a déclaré Aline Coudouel, économiste à la Banque mondiale.
Cependant, des multiples défis se dressent devant le Pnbsf, une des mesures sociales phare du septennat du Président Macky Sall. «Son grand défi, c’est de continuer à s’inscrire dans la durée, c’est d’assurer sa pérennité, levant les barrières institutionnelles, fiscales ou financières. Il faut s’assurer que les outils sur lesquels ce programme s’appuie soient solidifiés, renforcés en permanence», a indiqué M. Coudouel. Pour elle, ce programme qui s’appuie sur le Registre national unique (Rnu) pour identifier ses bénéficiaires, il est donc essentiel qu’il «soit mis à jour de manière régulière afin de s’assurer que les ménages vulnérables ou en situation de pauvreté y soient bien inscrits». Il est aussi relevé l’absence de coordination des actions au niveau central dans la mise en œuvre de ce programme. Selon la Banque mondiale, le Sénégal présente des avantages démographiques pour l’éradication de la pauvreté par les filets sociaux. «La grande force d’un pays comme le Sénégal, c’est sa population, sa croissance économique y dépend. Donc, il est essentiel d’avoir une population bien formée, productive. Les ménages les plus pauvres, s’ils ne sont pas en mesure d’avoir des enfants en bonne santé, bien nourris, capables de bien apprendre à l’école et devenir des acteurs productifs de la société, c’est un manque à gagner terrible pour le Sénégal. Ce serait une perte épouvantable que de ne pas réaliser le potentiel de cette population», a soutenu la Banque mondiale dans un rapport.
Sur le plan africain, la Banque mondiale se félicite de la mise en place de filets sociaux par les Etats. Cependant, note le rapport, les cibles ne sont pas toujours atteintes. Les réussites se nomment Ghana, Kenya, Séné - gal et Tanzanie dans un continent où «la plupart des programmes restent encore à une échelle beaucoup moins importante».
Ibrahima Ndiaye Chita a senti la terre s’écrouler sous ses pieds en apprenant la mort du 2e gardien de l’Equipe nationale de Beach soccer, Abdoul Karim Samba, victime d’un malaise après s’être entraîné avant hier. «Je n’ai pu contenir mon émotion.
Je n’ai pu retenir mes larmes en apprenant le décès de Abdou Karim Samba», a réagi le manager de l’Equipe nationale de Beach soccer, après avoir assisté hier à l’enterrement au cimetière de Yoff de Abdou Karim Samba qui évoluait au Beach Foot Association (Bfa) dont le président n’est autre que Chita
Ayant guidé les premiers pas du défunt portier international dans l’univers du Beach soccer qu’il a intégré depuis deux ans, Chita souligne que «Abdoul Karim Samba est quelqu’un très bien éduqué et très attentif aux critiques que je lui faisais. Il incarnait l’avenir en tant que gardien international de l’Equipe de Beach soccer. C’est quelqu’un qui savait jouer avec ses pieds. Et en Beach soccer, le premier relanceur c’est le gardien. Son père me l’avait confié. Sa mort constitue une grosse perte. Feu Abdou Mbaye, qui jouait à Ouakam et à Yoff, est son grand père», informe l’ancien international de football.
Après avoir été recalé lors de la dernière Can par le staff technique national qui l’a sanctionné pour avoir joué les Navétanes, Abdou Karim Samba a été réhabilité en faisant partie des joueurs choisis pour défendre les couleurs nationales à la Coupe du monde aux Bahamas. C’est la seule compétition disputée par ce gardien de 25 ans arraché à l’affection des siens et qui avait disputé le match de poule contre la Suisse en suppléant le titulaire Al Seyni Ndiaye suite à son exclusion. Avant de disputer son premier match en tant que titulaire en quart de finale de la Coupe du monde contre l’Italie. «C’est un garçon qui ne se décourageait jamais», témoigne notre interlocuteur.
Les conclusions de l’autopsie révèlent une «mort naturelle», selon le manager des Lions qui dit que Abdou Karim Samba avait réussi à convaincre de son talent en si peu de temps dans les buts de Bfa.
LE SERMON DE PAPE OUMAR SAKHO
Le président du Conseil constitutionnel n’a pas dérogé à la règle des discours qui seront inscrits dans la page d’histoire des prestations de serment - Il n’a pas dit que les Sénégalais sont fatigués, mais a quand même appelé à «un moment d’introspection»
Il était attendu, comme nous l’écrivions dans notre édition d’hier. Le président du Conseil constitutionnel n’a pas dérogé à la règle des discours qui seront inscrits dans la page d’histoire des prestations de serment. Il n’a pas dit que les Sénégalais sont fatigués, mais a quand même appelé à «un moment d’introspection». Dans cette salle du Centre des expositions de Diamniadio, Pape Oumar Sakho a fait valoir une voix claire, une diction correcte, un ton solennel. Parfois dans le sens d’un rappel à l’ordre aux politiques de façon générale, des allusions à l’opposition qui critique la gestion du parrainage, une leçon sur les enjeux démocratiques, économiques, sociaux, de sécurité… Macky Sall a prêté serment. Pape Oumar Sakho a prêté… sermon.
«Cette consultation électorale n’a donné lieu à aucune contestation»
«Le 24 février 2019, à l’issue du premier tour de scrutin de l’élection présidentielle, vous avez recueilli 2 555 426 voix, soit plus de 58% des suffrages exprimés, ce qui vous a permis d’obtenir la majorité absolue requise pour être élu au premier tour. En vous réélisant avec cette forte majorité, dans un scrutin marqué par un taux de participation rarement égalé, plus de 66% des électeurs ayant accompli leur devoir civique, le Peuple sénégalais souverain vous a renouvelé sa confiance. Cette consultation électorale, qui s’est déroulée dans des conditions de transparence telles qu’il n’a été relevé aucun fait ni aucune irrégularité de nature à altérer la sincérité et la crédibilité du scrutin, n’a, du reste, donné lieu à aucune contestation. En conséquence, le Conseil constitutionnel, en application de l’article 35 de la Constitution, vous a proclamé élu président de la République.» «En cette journée du 2 avril 2019, dans cette séance publique et solennelle, le Conseil constitutionnel, conformément à l’article 37 de notre Loi fondamentale, va recevoir votre serment et vous installer dans vos fonctions. Par cette cérémonie rituelle, il vous incombe de prendre un engagement à la fois juridique et moral, celui de tout mettre en œuvre pour la réalisation des rêves de bonheur, de prospérité, de justice et de sécurité de vos concitoyens. Vous êtes appelé à prendre cet engagement dans un contexte mondial où même les vieilles démocraties sont en proie à une crise profonde des valeurs républicaines, à travers la résurgence des idéologies obscurantistes et extrémistes, qui ont fini de décomplexer le discours suprématiste racial, le repli identitaire et l’intolérance religieuse. Vous êtes aussi appelé à prêter ce serment dans un contexte africain encore marqué par l’instabilité politico-militaire, l’extrémisme violent et les conflits ethnico-religieux, et dans un
contexte national où des clivages de tous ordres se font jour.»
«Vous avez assurément pris la mesure de l’ampleur de la tâche, puisqu’après sept années à la magistrature suprême, vous avez décidé de vous présenter à nouveau devant vos concitoyens avec, comme principal argument, vos réalisations et votre vision de l’avenir déclinée dans le «Plan Sénégal Emergent». En vous renouvelant leur confiance, vos concitoyens ont, pour le moins, validé votre bilan et adhéré à votre projet de société. Le Conseil constitutionnel vous exprime, par ma voix, ses très chaleureuses et sincères félicitations. Le Sénégal vient encore une fois, à travers ce processus électoral, de marquer son attachement aux valeurs démocratiques qui constituent les fondements de la République. Cependant, si l’élection présidentielle est, comme indiqué tantôt, le moment du bilan, pour le président de la République sortant, elle constitue, également, un moment d’introspection générale au plus profond de notre «moi» collectif et un critérium pertinent, permettant de mesurer la maturité de nos institutions républicaines, de notre conscience citoyenne, et aussi l’ancrage de nos élites politiques et intellectuelles dans ce qu’il convient d’appeler «une culture de l’Etat de droit.»
«Trouver un minimum de consensus sur les questions essentielles, notamment en matière électorale»
«Le pacte démocratique et l’Etat de droit supposent, en effet, un rapport positif à la loi et aux institutions, c’est-à-dire, pour reprendre le mot de François OST, une «inclination à la civilité» républicaine. Ils supposent, en outre un respect mutuel et un esprit de dépassement entre les acteurs du jeu politique, en vue de surmonter la suspicion entre adversaires politiques, afin de trouver un minimum de consensus sur les questions essentielles, notamment en matière électorale. Ils supposent, enfin, la participation active à la vie de la Cité, de personnalités indépendantes et suffisamment équidistantes des parties qui pourraient se trouver en situation de conflit, pour se donner la légitimité d’arbitres ou de médiateurs impartiaux, en vue de la pacification de l’espace social et politique. Il semble bien que des efforts soient encore nécessaires en la matière.» «L’histoire politique du Sénégal n’a certes pas été un long fleuve tranquille. Parfois, elle a, en effet, mis en présence des adversaires irréductibles. Ces derniers ont cependant toujours su prendre suffisamment de hauteur, pour s’asseoir autour d’une table, afin de trouver des points d’équilibre improbables et des consensus inédits, en vue d’aller toujours plus avant dans notre longue marche sur le chemin de la démocratie. Force est de constater aujourd’hui, une mutation des mœurs politiques à travers la substitution au dialogue fécond, des monologues parallèles, faits d’invectives et de calomnies dans les médias et les réseaux sociaux. C’est fort de ce constat que le Conseil constitutionnel, malgré le caractère non public et non contradictoire de ses procédures, mais conscient que sa mission de sauvegarde de la volonté de l’électeur et de garantie de la sincérité du scrutin doit s’appuyer sur une démarche empreinte de transparence, a ouvert ses activités à la présence des représentants des candidats et à des personnalités sans affiliation connue à une entité politique. Ce choix se justifiait par le souci d’instaurer un climat apaisé, non pas au sein de la société dont la sérénité n’a jamais été prise à défaut, mais entre les différents acteurs politiques.»
«Ces institutions si souvent prises à partie aujourd’hui, sont pourtant celles qui ont permis deux al ter nuances démocratiques»
«Le Conseil constitutionnel ne se faisait cependant pas d’illusions, car la contestation principielle de la loi sur le parrainage et la confiscation du débat citoyen avaient pour conséquences logiques, la contestation de la mise en œuvre de ladite loi et, au-delà, la contestation des institutions. Ces institutions si souvent prises à partie aujourd’hui, sont pourtant celles qui, en l’espace de douze années, ont permis deux alternances démocratiques. C’est pourquoi il faut rendre hommage aux forces de défense et de sécurité, à l’administration chargée des élections, à la Commission électorale nationale autonome, au Conseil national de Régulation de l’Audiovisuel, à la Commission nationale de recensement des votes, aux commissions départementales de recensement des votes et aux délégués de la Cour d’appel, pour avoir, encore une fois, avec discrétion et efficacité, permis aux citoyens d’exercer leur droit de vote dans un cadre organisé, transparent et sécurisé. C’est aussi le lieu de saluer la maturité des électeurs qui, à nouveau, ont fait preuve de responsabilité et de discernement, pour la préservation de nos acquis démocratiques.»
«Il faut apprendre à respecter les électeurs et à compter avec eux»
«Ces électeurs, composante anonyme et laborieuse de la société, n’ont fait ni vœu de contestation systématique ni allégeance inconditionnelle à quelque chapelle politique que ce soit. Ils savent cependant que leur voix compte, et attendent patiemment le jour du scrutin pour exprimer leur choix. Il faut apprendre à les respecter et à compter avec eux. En allant massivement aux urnes, ils ont su préserver la paix sociale par leur comportement civique, renouvelant ainsi leur confiance aux institutions républicaines impliquées dans le processus électoral. Le discours politique gagnerait à s’élever à la hauteur de la conscience citoyenne de ce Peuple, afin que le Sénégal reflète enfin et pour toujours, l’image de la démocratie mature et apaisée qu’il est réellement. Si cette élection du 24 février 2019 a été si particulière, c’est aussi et, peut-être surtout, parce que de nouvelles perspectives économiques semblent s’ouvrir pour notre pays. Elles en ont décuplé les enjeux et exacerbé les passions. Les Sénégalais sont conscients qu’ils entrent dans une nouvelle ère. Ils l’appréhendent autant qu’ils l’espèrent, car ils savent qu’elle sera, en fonction de ce que nous en ferons, une bénédiction ou une malédiction. L’expérience, c’est en effet ce qu’on fait de ses propres erreurs, mais c’est aussi les leçons que l’on tire des erreurs des autres. En vous faisant dépositaire de leur confiance, vos compatriotes vous confient surtout leur espoir de paix, car la paix est aux Etats ce que la santé est aux hommes : sans elle, rien n’est possible. On ne le sait, souvent, qu’après l’avoir perdue. Ils vous confient aussi leur espoir de cohésion nationale, afin que dans ce monde plein d’épines, le Sénégal reste un espace de paix d’où seraient bannis les affres de la division et la violence, sous toutes ses formes. Les Sénégalais vous confient enfin l’avenir de la jeunesse exposée au fléau de la migration clandestine, afin qu’elle ne se mue plus jamais en Argonautes des temps modernes, errant à travers déserts et océans, dans une odyssée où, elle ne rencontre que désillusion, intolérance et humiliation. Il s’agit certes d’un phénomène complexe et difficile à éradiquer, mais, s’agissant d’une question qui engage notre dignité d’Africains, le difficile, c’est ce qui doit être fait tout de suite, l’impossible devant juste prendre un peu plus de temps. Au nom du Conseil constitutionnel, je vous souhaite un paisible et fructueux quinquennat. J’associe à ces vœux Madame Marième Faye Sall, votre épouse sans la sollicitude et l’action de laquelle, votre mission n’aurait gagné qu’en complexité. A vos honorables invités, chefs d’Etat, chefs de gouvernement et éminentes personnalités, le Conseil constitutionnel exprime sa haute considération ainsi que ses remerciements, pour l’honneur et l’amitié que, par leur présence, ils font au Sénégal. A compter de ce jour et pour les cinq années à venir, il vous incombe, incarnant la Nation et symbolisant la République et ses valeurs, d’assumer à nouveau la plus haute charge de l’Etat du Sénégal. Que Dieu Le Tout-Puissant vous y aide.»
LES AXES D'UN QUINQUENNAT
Lutter contre la spéculation foncière et l’insalubrité, la construction de 100 mille logements sociaux et la réforme de l’Administration sont, entre autres, les priorités du président de la République
Lutter contre la spéculation foncière et l’insalubrité, la construction de 100 mille logements sociaux et la réforme de l’Administration sont, entre autres, les priorités du président de la République à l’aube de son second mandat.
Lutte contre la spéculation foncière et 100 000 logements sociaux
Ce n’était pas le 3 avril, mais le président de la République a annoncé ses grands axes pour ce quinquennat. Après sa prestation de serment, Macky Sall a décliné un programme de construction de 100 mille logements durant ce mandat. Son objectif est de faire en sorte que «progressivement, chaque famille sénégalaise, quels que soient ses revenus, puisse avoir accès à un logement décent, à un coût accessible». Dans le même sens, il a promis de mener une lutte «ferme» contre la spéculation foncière à Diamniadio, au Lac Rose et dans la zone des Niayes. «Je voudrais dire, solennellement, que je ne laisserai pas la frénésie de la spéculation foncière détruire cette zone (des Niayes) d’intérêt vital pour les producteurs agricoles et pour la Nation tout entière», a prévenu le chef de l’Etat.
Zéro déchet
De plus, l’amélioration d’un cadre de vie par la promotion d’un cadre décent pour tous et la sauvegarde de notre environnement constituent une des grandes lignes de la gouvernance Macky II. Pour cela, le Président estime qu’«il y a urgence à mettre fin» à l’encombrement urbain, à l’insalubrité, aux occupations illégales de l’espace public et aux constructions anarchiques dans des zones inondables comme le Technopole de Dakar. «J’appelle à une mobilisation générale pour forger un nouveau Sénégal, un Sénégal plus propre dans ses quartiers, ses villages, ses villes… en un mot : un Sénégal avec zéro déchet. Je ferai prendre sans délai des mesures vigoureuses dans ce sens», a-t-il promis.
Administration plus accueillante et plus performante
En outre, Macky Sall a de nouveau déploré les lenteurs dans l’Administration sénégalaise. Pour lui, «l’Administration doit aujourd’hui épouser les réalités de son temps et s’adapter à ses missions devenues plus nombreuses, plus diversifiées, plus complexes, donc plus exigeantes». Pour cela, il a indiqué : «Dans la nouvelle dynamique que je compte imprimer à la conduite des affaires publiques, j’ai la ferme intention d’inscrire toutes les actions de l’Etat en mode fast-track. Nous l’avons déjà réussi pour des projets et initiatives majeurs. Il nous faut généraliser ces meilleures pratiques. Quand on aspire à l’émergence et qu’on est tenu par l’impératif de résultats, l’urgence des tâches requiert qu’il faille accomplir avec diligence le travail qui nous attend. Ce qui doit être fait aujourd’hui ne peut être remis à demain.»
En effet, le mode Fast-Track permet d’accélérer le planning projet, en démarrant certaines tâches avant d’autres, même si celles-ci se chevauchent et devraient normalement se concevoir en séquence. «Nous attendons de l’Administration qu’elle soit un peu plus accueillante à notre endroit et performante dans ses résultats. J’engagerai donc des réformes sans tarder, visant à simplifier et à nationaliser nos structures, réformer nos textes là où c’est nécessaire et dématérialiser nos procédures et formalités administratives», a conclu le président de la République.