Le Sénégal ambitionne de gagner le pari de l’emballage pour soutenir les industries qui transforment des produits à pouvoir exporter en respectant les normes internationales. C’est dans ce sens que le Salon international de l’emballage s’est tenu à Dakar, du 19 au 22 mars 2019, sous la houlette de Sisemi Sénégal. Cette agence visait à mettre en relation les entreprises qui fabriquent des emballages et les sociétés de production. Les promoteurs des industries de transformation restent confrontés à d’énormes problèmes d’emballage de leurs produits et de pouvoir les exporter en respectant les normes requises.
Le directeur général du Sisemi, Maguèye Seck, par ailleurs organisateur du Salon international pour l’alimentation et l’emballage (SeneFood & SenePack), souligne qu’au Sénégal, il n’existe pas d’entreprises spécialisées dans l’emballage, notamment en verre. Les femmes transformatrices des produits locaux (sirop) sont obligées de se regrouper en centrale d’achats. Celle-ci les achète avant de les céder aux Gie parce qu’une seule structure ne peut pas, souligne-t-il, « se payer le luxe d’acheter un container d’emballages en verre ».
SeneFood & SenePack constitue, aux yeux de M. Seck, une opportunité pour les entreprises sénégalaises ou les Gie de nouer des partenariats avec des spécialistes étrangers dans ce domaine (verre). « Ce salon vise à aider nos industries qui transforment des produits à pouvoir exporter en respectant les normes internationales », ajoute-t-il. Cette initiative, la 7ème du genre, à pour but, selon lui, « de faciliter le partenariat entre les acteurs des deux secteurs (alimentation et emballage) avec comme objectif principal d’apporter de la technologie aux entreprises sénégalaises et de leur permettre de faire des joint-ventures avec d’autres partenaires étrangers ».
Pour lui, SeneFood & SenePack offre beaucoup d’opportunités au secteur privé sénégalais. La présence des entreprises étrangères spécialisées dans ce sous-secteur constitue un pas décisif pour résoudre le problème d’emballage au Sénégal. D’ailleurs, ces entreprises, déjà installées au Sénégal, exportent dans la sous-région. « Vous vous rendez compte donc qu’il s’agit d’un problème sous-régional », avance Maguèye Seck pour qui « notre pays dispose d’un potentiel qui est en train d’être exploré et exploité ». Serigne Amar, directeur d’une structure intervenant dans l’alimentation et l’emballage, prend part, pour la première fois, au Salon SeneFood & SenePack. Avec ses partenaires turques, il croit pouvoir résoudre le problème de l’emballage verre au Sénégal et à moindre coût.
Pour ce faire, il veut collaborer avec des acteurs locaux afin de leur faciliter l’acquisition de ces produits. En attendant de trouver d’éventuels partenariats, il vend les emballages en verre à un prix abordable. Dans un premier temps, il a ouvert une entreprise spécialisée dans la consommation dans la banlieue dakaroise. Sa société représente également une entreprise turque spécialisée dans l’emballage de la fabrication de bouteilles en verre destinées à la conservation des tomates, des jus locaux, etc.
L’ADAPTATION, PREMIERE EPREUVE DE L’ETUDIANT DE KAFFRINE
Nostalgiques de leurs terroirs d’origine, les étudiants du campus de Kaffrine de l’Université du Sine-Saloum El Hadji Ibrahima Niass (Ussein) éprouvent des difficultés à s’adapter à leur nouvelle vie.
Nostalgiques de leurs terroirs d’origine, les étudiants du campus de Kaffrine de l’Université du Sine-Saloum El Hadji Ibrahima Niass (Ussein) éprouvent des difficultés à s’adapter à leur nouvelle vie. Pour faire face, chacun y va avec ses recettes.
Les alentours du campus de Kaffrine de l’Université du Sine Saloum El Hadji Ibrahima Niass (Ussein) dégagent une atmosphère vide, froide, voire glaciale. Le paysage est dégarni. Aux abords, pas la moindre demeure. L’entrée présente un aspect tout aussi pondéré. Un bus de transport « Tata » guette la sortie des apprenants. Elle est prévue d’une minute à l’autre.
A côté, de jeunes gens discutent. A l’intérieur, quelques rares étudiants, assis sur des bancs en dur, échangent sur les cours. D’autres déambulent. Il est midi passé. Le campus est presque vide. Le décor contraste avec celui surpeuplé des autres universités publiques du Sénégal. Ici, les rares étudiants trouvés sur place échangent et observent, de temps à autre, une pause, s’esclaffant parfois. L’ambiance est apparemment détendue. Au loin, un groupe palabre. Aboubacar Diop, 18 ans, en fait partie. Ce ressortissant de la région de Tambacounda est en première année de Zootechnie et Santé animale. Une aubaine pour lui, car il a toujours manifesté un intérêt particulier pour les animaux. « Je ne demandais pas mieux. J’aime la compagnie des animaux.
D’ailleurs, j’en élève chez moi. Lorsque j’ai été orienté en Zootechnie, je me suis véritablement réjoui de cela », soulignet-il, tout content. Sous l’emprise de l’euphorie, le jeune homme relègue au second plan une donne essentielle : la distance. En effet, Tambacounda, sa région d’origine, et Kaffrine, son lieu d’orientation, sont séparées de 213 kilomètres. Une fois sur place, le nouvel étudiant vit le dépaysement. « Les deux premiers jours étaient particulièrement difficiles. Je ne connaissais personne, je me débrouillais seul », confie-t-il. Au troisième jour, il rencontre celui qui, depuis, est devenu son « inséparable camarade ». Souleymane est son nom. A notre passage, les deux jeunes étaient assis côte à côte. Parmi les centaines d’étudiants orientés au campus de Kaffrine de l’Ussein, rares sont ceux qui sont originaires du terroir. La majorité est confrontée au dépaysement. Certains tentent de positiver cette nouvelle situation en exploitant les canaux d’intégration. Amadou, âgé aussi de 18 ans, est originaire de la région de Matam. Il conte sa petite mésaventure : « Quand j’ai débarqué, je me suis senti perdu, je me cherche encore ».
Tout le contraire d’Aboubacar qui a déjà réussi à tisser des relations à Kaffrine. « Mon père m’avait recommandé un de ses amis qui m’a accueilli dans sa maison dès mon arrivée », dit-il. Hélas, l’environnement n’est pas à son goût. Mais, avec la chambre qu’il a pu trouver avec certains camarades étudiants au quartier Diamaguène, notre interlocuteur s’adapte de mieux en mieux dans sa nouvelle vie. Pour d’autres pensionnaires de ce campus, étudier loin de chez soi, c’est quitter son environnement familial, des amis et des proches. « C’est une rupture qui est difficile à supporter, surtout à l’occasion de certains évènements marquants, tels que les cérémonies familiales, où tous les parents se retrouvent. Mais, nous sommes tenus d’admettre la nouvelle réalité et de faire avec », explique Diarra qui vient, lui, de Guinguinéo.
Des amicales pour promouvoir la solidarité estudiantine
Pour venir à bout de la solitude, des étudiants se forment en amicales et louent une maison entière, informe Aliou Niome, originaire de Saint-Louis. Cet étudiant en Anthropologie et Développement rural est membre de l’Amicale des étudiants ressortissants de Saint-Louis. Leur structure compte plus d’une centaine de membres. L’objectif de ces amicales est de faciliter la cohésion sociale et la solidarité estudiantine et de combattre la passivité. « Nous bannissons l’isolement et restons en bloc dans un esprit d’enracinement et d’ouverture », raconte Aliou. La même organisation est rencontrée chez les autres ressortissants des régions. Awa Kane, 20 ans, inscrite en première année de Communication, partage aussi son logement avec une copine. D’ailleurs, habiter à deux est considéré même comme un confort pour nombre d’étudiants du campus, confirme Samba, étudiant en Agroalimentaire. « Je m’entends bien avec ma co-locatrice, c’est l’essentiel », fait savoir Awa. Signalons que ces étudiants bénéficient de l’appui financier de leurs parents pour pouvoir louer des chambres.
APPEL D’OFFRES CIVIQUE
La convocation d’une « mobilisation générale » pour forger « l’image d’un Sénégal nouveau », un Sénégal plus propre dans ses quartiers, ses villages, ses villes, et l’appel d’offres civique au projet d’un Sénégal « zéro déchet » lancés par le président Ma
La convocation d’une « mobilisation générale » pour forger « l’image d’un Sénégal nouveau », un Sénégal plus propre dans ses quartiers, ses villages, ses villes, et l’appel d’offres civique au projet d’un Sénégal « zéro déchet » lancés par le président Macky Sall, au moment de sa première adresse à ses compatriotes à l’orée de son deuxième mandat, font partie des préalables à « l’accélération » annoncée des réformes pour articuler les acquis du premier mandat à la phase II du Pse.
Plus que tous les indicateurs économiques, son histoire, le talent de ses artistes, sa puissance diplomatique et militaire ou son rayonnement culturel, le cadre de vie est un baromètre fiable de la confiance qu’un pays a de lui-même. Prendre soin de soi-même, de ses alentours, s’aimer sans narcissisme, vouloir le meilleur pour soi-même et pour ses appartenances, prétendre à mieux, avoir l’ambition de « grandir » sont des signes indéniables de confiance. Or, pour reprendre Emile de Girardin, cette confiance, « elle s’acquiert, elle ne se demande pas : qui la mérite n’a pas besoin de la demander ».
Introspection donc… Le ton martial du président Macky Sall au moment d’évoquer « la troisième priorité » de son quinquennat – cadre de vie, habitat décent, sauvegarde de l’environnement, répression de la spéculation foncière – et sa promesse de prendre sans délai « des mesures rigoureuses » dans ce sens, dans un contexte particulier de forte audience internationale devant un parterre de chefs d’Etat, laissent deviner que la séquence qui a débuté hier, pour cinq ans, aura vraisemblablement sa part de coercition, son exigence de rigueur et ses impératifs de discipline. Sinon comment trouver une réponse à cette demande nationale « d’ordre et de propreté » alors que le confort de l’habitude et l’adaptation à l’anormal entretiennent le statu quo jusqu’à forger une identité rétive au progrès ?
Pourquoi Dakar ne serait-elle pas propre à l’instar de plusieurs villes du continent qui ont fait de leur propreté un label ? Pourquoi, en 2019, devrions-nous en être encore à nous pincer les narines au passage dans certaines de nos rues ? Pourquoi l’indiscipline généralisée et le sentiment d’impunité devraient-ils prospérer au détriment de l’intérêt général ? Pourquoi, en dépit des lois, décrets et arrêtés, l’espace public, surtout dakarois, se dégrade-til sous nos yeux impuissants ? L’invite lancée par Macky Sall est d’abord celui du combat contre la fatalité, contre l’indolence, contre le refus de prétendre à mieux.
Mentalités
A l’instar de la mendicité des enfants dans la rue, certains de nos « retards », pas nécessairement conditionnés par l’argent, ne peuvent être rattrapés qu’en additionnant une plus-value citoyenne aux lois et règlements en vigueur, en stimulant des changements de comportements individuels pour obtenir une somme d’engagement collectif. Ce sera l’affaire de l’Etat, mais surtout des autorités territoriales et locales, et des mouvements associatifs et citoyens, ainsi que l’a souligné le chef de l’Etat. La saleté dans nos rues, l’indiscipline des automobilistes, l’insécurité, le viol des réglementations, la spéculation foncière dans les zones agricoles, les constructions anarchiques jusque dans les zones inondables, les mafias de la coupe clandestine de bois dans nos dernières forêts, comme de mauvaises herbes, poussent sur le terreau de l’abandon des responsabilités dans une large part et de la cupidité entretenue par l’argent facile sur une longue chaîne de responsabilités, d’autre part. Que le président de la République évoque ouvertement la salubrité de nos agglomérations devant ses hôtes chefs d’Etat, et à un moment aussi chargé, renseigne sur la volonté politique ainsi exprimée de rompre la dysharmonie entre les ambitions affichées par un pays dans les sillons de l’Emergence et le laisser-aller qu’offre notre environnement au quotidien et l’indiscipline.
Véhiculée par la pédagogie et l’exemplarité des dirigeants, la discipline n’est point un luxe. Si la pensée occidentale l’a formalisée par sa rationalité et sa mystique du travail, elle est au cœur des « miracles » en Asie du Sud-est et dans tous les pays montrés en exemple. C’est dire qu’elle est devenue « notre » problème. Pont entre les objectifs et les accomplissements, la discipline, « toile de fond de tous les exploits », sera le fil conducteur de cette nécessaire révolution des mentalités, quitte à la mener au forceps.
PAR MAMADOU BAMBA NDIAYE
LE SILENCE EST LE ROI DES AVEUX
Sall n’a qu’une formule fétiche à la bouche : « je suis le président de tous les Sénégalais » - La répétition frénétique de cette expression révèle le malaise de celui qui passe du statut de « président par défaut » à celui de "président par des faux"
Le maire Barthélémy Diaz a fourni des informations pointues sur les procédés utilisés pour bourrer le fichier électoral de faux électeurs dont le « vote » a permis de donner à Macky Sall, un deuxième mandat. Plus d’une semaine après sa conférence de presse, la seule réponse des accusés qu’il a nommément cités est le silence. Silence total sur les fichiers d’état-civil falsifiés, les faux numéros d’enregistrement créés, les mineurs irrégulièrement inscrits comme électeurs. Par milliers et par milliers.
On comprend pourquoi le ministre de l’Intérieur et le président de la Cena avaient refusé en son temps l’application de l’article L48 du Code électoral reconnaissant aux partis politiques un droit de regard et de contrôle sur la tenue du fichier. L’opposition n’ayant pas pu prendre à temps des contre-mesures efficaces, le forfait a pu être accompli. Mais un crime n’est jamais parfait. Les premières analyses du fichier ont fait sortir les gros cafards que le maire a montrés. Il y en aura d’autres, plus gros encore, qui confirmeront ce que l’atmosphère de deuil national ayant suivi la proclamation des « résultats » a déjà révélé : un candidat minoritaire, rejeté par la population, s’est auto-élu « techniquement ».
C’est d’abord sur cette question de la légitimité douteuse de son élection que Macky Sall était attendu hier par les (trop ?) nombreux invités de sa cérémonie de prestation de serment. A cette occasion, le président du Conseil constitutionnel a dénigré l’opposition et encensé la Première dame, reprenant ainsi la structure binaire du discours marron-beige orthodoxe. A sa suite, Macky Sall a choisi de nier l’évidence de la contestation de son « élection » par tous les quatre autres candidats. Les réactions qui ont suivi son discours montrent qu’il était également attendu sur la question du « troisième mandat en 2024 », possibilité que des juristes émérites l’ont accusé d’avoir introduit dans la révision constitutionnelle de 2016. Son silence sur la question donne le feu vert à ses partisans qui brandissent déjà l’argument-massue de tous les apprentis dictateurs : « si le peuple l’accepte, pourquoi pas ? ».
Président par défaut, président par des faux
Ces silences traduisent l’incapacité d’articuler un contre-argumentaire consistant. Il ne reste alors que le recours à la rhétorique de Diouf après son accession à la présidence suite à un putsch constitutionnel et une succession de coups d’État électoraux. Comme le Diouf de 1983 et 1988 en effet, Sall n’a qu’une formule fétiche à la bouche : « je suis le président de tous les Sénégalais ». La répétition frénétique de cette expression révèle le malaise de celui qui passe désormais du statut de « président par défaut » à celui de « président par des faux ». Un traumatisme dont les appels cosmétiques et propagandistes à un « dialogue national » sans ordre du jour concerté ni mécanisme consensuel de prise de décision pourront difficilement provoquer la guérison.
Mamadou Bamba Ndiaye est ancien député, Secrétaire général du Mps/Selal
Par Sidy DIOP
POURQUOI L’OPPOSITION DOIT PRENDRE PART AU DIALOGUE
On lui a reproché d’avoir opté pour la politique de la chaise vide lors du processus d'adoption de la loi sur le parrainage, on ne comprendrait pas qu’elle passe à nouveau à côté de cette occasion de mettre sur la table ses points de désaccords
C’est, en effet, le 5 mars, aussitôt après la validation de sa réélection par le Conseil Constitutionnel, que Macky Sall a lancé cet appel, clamant sa volonté d’accorder une oreille attentive à tous ces Sénégalais « qui ont fait un autre choix ». Cet appel a été confirmé hier après sa prestation de serment. Il reste à en définir les modalités. Le Sénégal y gagnerait grandement. Nombre de voix se sont fait entendre pour éviter que ledit dialogue soit emprisonné dans son volet politique. C’est une posture défendable, mais il se trouve que l’aspect politique détermine tout le reste. Après une série d’élections marquées par un certain nombre de dysfonctionnements et la contestation qui a suivi la dernière présidentielle, il est grand temps qu’un consensus fort se dégage sur le processus électoral ainsi que sur ces questions politiques prises en charge par la Constitution depuis le référendum du 20 mars 2016.
C’est le cas, par exemple, de la modernisation du rôle des partis politiques et du renforcement des droits de l’opposition et de son chef. L’espace de dialogue qui sera mis en place pourra, en outre, évaluer l’application du parrainage et corriger ce qu’il y a lieu de l’être et, pourquoi pas, aborder l’épineuse question du financement des partis politiques. Ce sont là des questions essentielles dont le règlement pourrait aider notre démocratie à franchir un nouveau pas. Le processus électoral ne doit pas être enfermé dans une logique majoritaire mais, plutôt, s’adosser à une démarche consensuelle. C’est pourquoi l’opposition a grand intérêt à prendre part à ce dialogue. On lui a reproché d’avoir opté pour la politique de la chaise vide au moment du processus qui a conduit à l’adoption de la loi sur le parrainage, on ne comprendrait pas qu’elle passe à nouveau à côté de cette occasion de mettre sur la table les points de désaccords qu’elle juge susceptible d’améliorer et de fixer dans le marbre le code électoral.
Le « dialogue » et l'«inclusion » sont essentiels à la culture démocratique. Le dialogue doit tenir compte des différents points de vue. L'absence de dialogue inclusif fait le lit de la frustration et, lentement mais sûrement, du rejet et de la révolte. L’acceptation de ce dialogue doit aussi être une posture commune. On ne peut pas y aller avec des a priori ou des préjugés. Objecter déjà que le président de la République ne respectera pas sa parole ou fera fi des conclusions qui sortiront de ces échanges est la meilleure manière d’entretenir la passion qui entoure l’organisation des élections dans notre pays. Or, la passion ouvre souvent la porte à de regrettables dérives. Une culture politique qui ne repose que sur la confrontation serait grosse des mêmes dangers qui ont failli mettre à terre certains de nos voisins. Vivement donc un consensus fort pour dépasser la querelle politique permanente.
Par Malick CISS
ÉVITER UN NOUVEAU PARTAGE DE L’AFRIQUE
L’enjeu aujourd’hui, c’est éviter une seconde ruée vers l’Afrique après la conférence de Berlin pour le partage du continent - Tous ceux qui investissent chez nous le font d’abord pour leurs propres intérêts
Pourtant, pour certains économistes, il y avait de quoi désespérer de cette région où sévissait de façon chronique la pauvreté, la famine, l’analphabétisme, les guerres, les coups d’Etat… Comme par compassion, l’Occident avait arrosé le continent de milliards de dollars sous prétexte d’aide au développement. En plus de 40 ans de perfusion financière, certains pays réussissaient à peine à sortir du coma économique grâce au remède de cheval des programmes d’ajustement structurel. On avait beau essayer toutes les solutions, la cause semblait perdue d’avance.
Les afro-pessimistes oubliaient, dans leurs sombres théories, que les Africains n’étaient pas les seuls responsables de leur triste sort, après des siècles d’esclavage, de colonisation, de pillages de leurs ressources. Mais, à l’heure du bilan, les Africains étaient les seuls coupables de ce que le journaliste américain Stephen Smith assimile à « un suicide assisté », dans son livre « Négrologie : pourquoi l’Afrique meurt ». Bref, tout cela, c’est une vieille histoire à ranger dans les annales de ce continent à la résilience hors du commun, après tant de vicissitudes. Il ne sert à rien de pleurer sur son sort, il faut agir. Petit à petit, des bouleversements se sont opérés, la démocratie a pris racine progressivement, fermant la triste parenthèse des coups d’Etat récurrents, une classe moyenne très courtisée est apparue, des capitaines d’industrie ont fait comprendre aux Africains qu’il est possible de faire bouger les choses dans le bon sens.
En effet, l’Afrique bouge, même si certains l’ont senti un peu tard. « Une nouvelle Afrique a émergé des cendres du passé et prend de l’ampleur. Beaucoup semblent avoir pris un peu connaissance de cette révolution silencieuse qui déferle sur l’Afrique. Il y a un optimisme croissant partout », déclarait le magnat nigérian et Africain le plus riche, Aliko Dangote. Lorsque la clameur des armes s’est tue, le monde s’est, petit à petit, réveillé avec une image positive qui se dessine au fur et à mesure. Comme si on avait oublié que 60 % des terres arables se trouvent dans le continent de la « famine », sans compter ses immenses réserves de cuivre, de cobalt, de manganèse, de pétrole, etc. Jadis délaissé ou exploité par les puissances occidentales, le continent attire, depuis 2000, de plus en plus, aujourd’hui, les puissances émergentes, renouant avec la croissance. Chine, Inde, Brésil, Turquie, ont occupé le vide laissé par les Occidentaux en développant de nouvelles relations avec l’Afrique.
Les investissements directs étrangers, même s’ils sont toujours insuffisants, bondissent de façon vertigineuse, passant d’à peine 8,3 milliards de dollars en 1998 pour tout un continent (1,3 % du montant global) à 42 milliards de dollars en 2017. Il fait maintenant bon d’investir sous cette partie des tropiques, riche de sa classe moyenne de plus de 300 millions de personnes, de sa jeunesse. La Cncuced y incite d’ailleurs, estimant qu’ « il y a des affaires à faire en Afrique, avec des taux de retour sur investissement supérieurs même à ce qu’ils peuvent être dans d’autres parties du monde ». L’enjeu aujourd’hui, c’est éviter une seconde « ruée vers l’Afrique » après la conférence de Berlin de 1884 pour le partage de l’Afrique. Tous ceux qui investissent chez nous le font d’abord pour leurs propres intérêts, la philanthropie ayant peu de place dans le monde du business. Il est temps que le secteur privé africain adopte un nouvel état d’esprit en jouant sa partition dans ce dynamisme économique, sous peine de voir les grandes entreprises occidentales lui ôter le pain de la bouche. Ceci afin que l’Afrique profite enfin à l’Afrique.
LE SENEGAL ENGAGE LA BATAILLE CONTRE LES PESTICIDES
Il s'agit pour l'Etat de renforcer la gestion des pesticides par la mise en œuvre effective des réglementations
Dakar a abrité, hier, l'atelier annuel de Croplife Afrique moyen Orient. Réuni autour du thème : "renforcer la gestion des pesticides par la mise en œuvre effective des réglementations", ce cadre a pour entre autres missions d'assurer l'homologation et l’harmonisation des différents systèmes nationaux ou sous régions. Se conformant à ces piliers, le Sénégal tente d'assurer la disponibilité, à temps, de produits de qualité conformes aux normes internationales et adaptés aux réalités locales.
C'est sous ce rapport qu'Ibrahima Dièye, directeur technique et commercial de la Société des produits industriels et agricoles (SPIA), soutient : "Nous pensons qu'il faut actualiser tout ce qui a été fait dans ce domaine, notamment tout ce qui est homologation des produits phytosanitaires, tout ce qui est lutte contre la fraude et produits illégaux, contrefaits. Nous travaillons pour assainir ce milieu, et dans le cadre du comité sahélien nous sommes dans le travail de l'homologation des produits phytosanitaires, pour que tous les produits vendus au niveau du Sénégal, soient homologués".
En réconfortant sa thèse, M. Diéye ajoute : " Néanmoins par rapport à la particularité du Sénégal avec la production maraichère qui est assez dense, il y a des produits qui ne sont pas encore homologués et qui le sont dans d'autres pays. Nous essayons de faire profiter à nos agriculteurs de ces produits. Il faut voir comment faire pour que les gens n'utilisent que des produits homologués, c'est cela la bataille".
«Le tiers des produits de pesticides sur le marché africain sont frauduleux»
Abondant le même sujet, Emile Victor Coly, directeur de la protection des végétaux, a indiqué : " Les pesticides frauduleux engendrent des risques financiers pour les producteurs car c'est eux qui achètent des pesticides qui ne sont pas conformes aux normes. Il y a des risques environnementaux parce qu'on ne connait pas ce qui est dans ces pesticides, on ne connait pas les matières. Les risques pour les consommateurs parce qu'ils vont consommer des produits traités avec ces pesticides dont on ne connait pas les matières actives, nous nous devons de combattre ces pesticides illégaux". Cette volonté découle du fait que le tiers des produits sur le marché sont frauduleux nous apprend Steven Haggblade.
Le professeur de l'université de Michigan a souligné que "c'est très variable selon les pays et marchés. C'est en fonction des niveaux de contrôle effectués sur les marchés. Le Sénégal est bien doté avec trois laboratoires qui sont accrédités ou en voie d'accréditation. Donc le Sénégal est mieux servi que les autres pays, le Mali où j'ai effectué l'étude il n'y a aucun laboratoire accrédité et cela pose un problème fondamental. En général, les cadres existent ce qui contraint c'est les équipements et les budgets de fonctionnement car même les bons cadres ne peuvent pas travailler sans budget". Interpellé sur l'impact de ces pesticides, le chef du département agriculture et ressources économiques souligne : "Aux Etats Unis, on utilise le glyphosate depuis 40 ans et si c'était cancérigène ?, il y aurait eu beaucoup de morts dans les zones agricoles or en les a pas vus.
A mon avis cela ne pose pas de problème grave. Ce qui pose de très grands problèmes par contre c'est les insecticides qui sont extrêmement toxiques aux mammifères. L'impact se fait ressentir par les producteurs parce que les produits frauduleux sous dosés qui sont de dosage très variable. Car avec la même marque il y a une variabilité de qualité et cela pose problème pour le paysan parce que lui il n'arrive pas à calibrer son dosage". D'après le spécialiste, il y a des risques de santé humaine lorsqu'il y a infiltration dans les flacons d'eau et si on boit cela peut poser problème. Pour le glyphosate cette question est très contestée, là on voit beaucoup plus de problèmes c'est en zone cotonnière et en zone maraichère où on utilise beaucoup d'insecticide, les nématicides qui sont très toxiques. On le fait dans les maraichers à côté des fleuves où les gens vont boire après s'il y a des insecticides et des poisons dans l'eau cela peut poser un très grand risque.
«L’OPPOSITION DEVRA MENER LA BATAILLE DU GAZ OU DISPARAITRE»
Le président du mouvement «Tekki» Mamadou Lamine DIALLO s’intéresse de nouveau au dossier des ressources naturelles dans sa question économique de la semaine.
«Pour rappel, Franck Timis est venu insulter l’opposition sénégalaise en 2017. Comme par hasard, celle-ci a abandonné la bataille sur la transparence de la gouvernance du pétrole pour soi-disant s’occuper du processus électoral sans résultat. Or, l’opposition a gagné une seule bataille contre Macky Sall, c’est l’annonce de la démission formelle de son frère Aliou Sall de Petrotim Sénégal le 13 octobre 2016 à la veille de notre manifestation», indique le député Mamadou Lamine Diallo.
Selon lui, «Macky Sall n’a eu qu’un vrai mandat populaire de 5 ans qui s’est achevé en 2017. Depuis lors, il cherche à mettre en place des alliances politicoreligieuses pour la distribution de la rente gazière et pétrolière en organisant des scrutins frauduleux. Pour jouir de la rente gazière avec ses parrains dont Franck Timis, Macky Sall cherchera à effacer le passé, détruire les patriotes et dompter les affidés».
Et d’ajouter : «Ainsi, il ajuste son gouvernement de temps en temps, ce sera le cas début avril 2019. Franck Timis est resté fort et a pu rester présent pendant la période électorale et s’assurer que ses intérêts seront gardés. Le nouvel état-major gouvernemental de Macky Sall lui sera favorable». Toujours d’après M. Diallo, «pendant que Macky Sall et ses parrains occidentaux fêtent leur victoire administrative avec l’aide de la justice et de la gendarmerie ce deux avril (hier), l’opposition se ressource chez Serigne Bamba à l’occasion du Kassu Rajab pour préparer la prochaine bataille».
La conviction du leader de «Tekki» est faite que «l’opposition devra mener la bataille du gaz ou disparaître. Un point, c’est tout». Sur un autre registre, Mamadou Lamine Diallo estime qu’«une loi d’amnistie de type Ezzan financier est inacceptable». «En 2008, à la tête de l’Assemblée nationale, Macky Sall a fait voter la loi Ezzan et effacer les crimes politiques. Je m’en souviens, j’étais à l’Assemblée nationale soutenir Me Ndeye Fatou Touré avec Moussa Ndiaye, dont ce fut l’une des dernières apparitions publiques. Macky Sall peut être tenté de recommencer en faisant porter le chapeau à M. Niasse avec l’objectif de nouer des alliances politiques pour le partage de la rente gazière», affirme-t-il. A son avis, «on peut amnistier des crimes de sang sous le bénéfice du pardon et de la réconciliation», mais pas «des crimes financiers».
HALTE AU PÉRIL ETHNICISTE AU MALI !
Nous invitons la CEDEAO et l’UA à faire de la question malienne une priorité et demandons aux Etats de développer des initiatives majeures d’échanges culturels et de partage entre les différentes composantes de nos nations - DÉCLARATION DE LA LD-DEBOUT
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration de la LD-Debout, datée du 2 avril 2019, relative à la situation sociopolitique au Mali.
"Le Secrétariat Exécutif National (SEN) de la LD Debout, réuni en session ordinaire le 1er avril 2019, s’est profondément ému de la tuerie de 160 habitants du village d’Ogossagou au Mali.
La LD Debout condamne fermement ce crime odieux contre notre humanité, qui vient s’ajouter à une longue liste de tueries intercommunautaires dans ce pays frère, et exprime sa solidarité à tout le peuple malien.
Le SEN soutient les mesures fortes prises par le Président malien Ibrahim Boubacar Keïta, et invite les autorités maliennes, ainsi que l’ensemble des forces vives du peuple frère malien, à lutter férocement contre le développement des sentiments et dérives ethnicistes et communautaires qui conduisent toujours à la destruction des fondements d’une nation.
La LD-Debout appelle l’ONU à renforcer la Mission des Nations-Unies au Mali (Minusma) pour mieux soutenir les efforts du Gouvernement malien de restauration de l'État de droit sur tout le territoire national, et demande à l’ensemble de la communauté internationale à soutenir l’amélioration de la situation économique et sociale du pays.
Enfin, la LD-Debout invite la CEDEAO et l’Union africaine à faire de la question malienne une priorité, et au-delà, demande aux Etats africains et à tous les organismes sous-régionaux et régionaux de développer des initiatiatives majeures d’échanges culturels et de partage entre les différentes composantes de nos nations et entre nos peuples, en mettant un accent particulier sur la jeunesse, pour que le péril ethniciste soit enfin éradiqué de l’Afrique."
«NOUS ALLONS DISCUTER AVEC L’ENSEMBLE DES FORCES POLITIQUES POUR VOIR S’IL Y A DES CORRECTIONS A APPORTER»
Je ne pouvais pas répondre personnellement. Tout ce que je sais, c’est que j’ai pris toutes les dispositions pour que les candidats malheureux reçoivent leurs cartons d’invitations et également d’autres forces vives qui n’étaient pas candidats qui étaient dans l’opposition. Des partis politiques connus reçoivent leurs invitations en même temps que tous les autres sénégalais. Donc, c’est à eux d’expliquer pourquoi ils ne sont pas venus.
Pour le moment, c’est difficile de dire ce qu’il faut changer. Vous savez, le processus électoral, c’est beaucoup de choses. Ce qui est sûr et important, nous venons de sortir d'une élection, et dans cette élection, il y a eu des changements. Le changement principal qu’on avait eu, c’est le parrainage. Aujourd'hui, il va falloir qu'on s'assoit et qu'on apprécie pour voir s'il faut continuer le parrainage dans cette forme actuelle, ou est-ce qu'il faut apporter des modifications, parce que nous allons vers d’autres élections qui nécessiteront également le parrainage. Il s’agit des élections locales et législatives. Nous allons certainement discuter avec l’ensemble des forces politiques et trouveront ensemble des solutions pour voir, éventuellement, s’il y a des corrections à apporter.