Lala Camara, une sunugaalienne de 26 ans a été tué samedi nuit dans un appartement de Denton court, à Denton (grand Manchester). deux hommes, des sunugaaliens (selon les précisions d’un parent de la victime réagissant sur Rfm) sont soupçonnés de l'assassinat de leur compatriote. Les deux hommes, âgés de 21 et 25 ans, ont été arrêtés à l'adresse de Denton après que des équipes d'ambulances eurent appelé la police samedi à 22h35. ils sont toujours en garde à vue pour interrogatoire. «Une autopsie doit maintenant avoir lieu pour identifier la cause du décès de la femme», a déclaré l'inspecteur Dan Clegg, de la police du grand Manchester. «Tout d'abord, mes pensées vont à la famille et aux amis de la femme en cette période dévastatrice. nous ne négligerons aucun effort pour leur donner les réponses qu'ils méritent», ajoute-t-il. Visez la suite… …
A Manchester
«Nous ne connaissons pas encore la cause de la mort de la femme, mais les circonstances dans lesquelles elle a été retrouvée nous portent à croire que sa mort est malheureusement suspecte. Nous appelons toutes les personnes qui sont au courant de son décès à prendre contact le plus rapidement possible. Toute information, aussi minime soit-elle, pourrait être essentielle à notre enquête», souligne le policier. Quant aux voisins de Denton court, où la sombre découverte a été faite, ils ont exprimé leur choc devant cette nouvelle. L'un d'entre eux, Cameron Wood, 23 ans, est rentré chez lui tard pour trouver des services d’urgence au bloc appartements. il a déclaré au Manchester Evening news: «il y avait deux ambulances et deux voitures de police. J'ai déjà vu cette fille mais je ne la connais pas. Je n'ai pas réalisé ce qui s'était passé avant ce matin. Je suis assez choqué d'apprendre ce qui s'est passé. vous ne penseriez pas que cela se produirait ici. C’est plutôt calme et tout le monde s'entend bien»
BINETTE SECK DISTINGUEE EN SUEDE
Binette Seck, originaire du Sénégal, vient d’être distinguée par Orten.io, une des plus importantes organisations suédoises dans l’entrepreneuriat, parmi les 33 femmes qui font avancer les innovations technologiques en Suède.
Le prix qui vient d’être décerné par l’organisation Orten.io, spécialisée dans l’entrepreneuriat, à Binette Seck, récompense des femmes qui changent l’image de la scène technologique suédoise, notamment des fondateurs de grands groupes, des entrepreneurs, des employés et des investisseurs. Ces acteurs engagés bousculent l’ordre établi qui, jusqu’ici, réservait le leadership dans l’univers des nouvelles technologies aux hommes.
Dans une note d’information qui nous est parvenue, les organisateurs précisent que cette distinction vise à reconnaître et à élever ces leaders féminins inspirants, mais aussi à montrer la diversité du secteur technologique suédois. Mme Seck, « première sénégalaise » à recevoir ce prix, travaille à l'Académie royale suédoise des Sciences de l'ingénierie et se passionne pour la technologie durable par la compétence. Elle s’attèle, au quotidien, à établir des ponts entre le monde universitaire, des affaires et politique.
La lauréate est également dotée d’une « riche expérience » dans la formation des jeunes entrepreneurs, l'évaluation, l'encadrement, le management de projet et le coaching. Elle a également travaillé dans la gestion des exportations, notamment en étant spécialiste des marchés asiatique (Chine, Malaisie et Inde) et africain. Consciente que l’avenir de l’Afrique ne pourra se bâtir sans les nouvelles technologies, son rêve est de contribuer à l’érection, au Sénégal, d’un secteur des nouvelles technologies fort, en particulier avec une place de choix réservée aux femmes. Des siècles de retard pourront, selon elle, être rattrapés en quelques décennies grâce à un fort investissement dans les nouvelles technologies, qui trouvent des applications dans tous les domaines : santé, éducation, agriculture, commerce, industrie, etc. Mme Seck pense que les gouvernants n’ont pas le droit de passer à côté de cette « formidable » opportunité. Bon sang ne saurait mentir, d’après l’adage. Elle dit avoir hérité sa passion pour les technologies de son père, arrivé à Stockholm dans les années 80, avec en poche deux diplômes d'ingénieur et de finances obtenus à Paris. Ce pionnier du secteur de l’automatisation dans la compagnie de transport en commun de la capitale suédoise n’avait d’ailleurs d’autre ambition que de construire une infrastructure similaire de haute technologie dans son Sénégal natal. Elevée dans cet environnement où se mêlent savoir et curiosité, c’est naturellement que Mme Seck a pris passion pour l’ingénierie et tout ce qui touche aux nouvelles technologies.
A l’instar de sa ville de naissance, Stockholm, Mme Seck rêve de voir Dakar capitale des nouvelles technologies en Afrique, un véritable hub qui sera la locomotive de l’économie numérique africaine. Pour ce faire, elle travaille sur de nombreux projets qui visent à construire des ponts entre les entrepreneurs suédois et sénégalais, mais également à attirer des entreprises suédoises à investir dans le développement des nouvelles technologies au Sénégal. Son vœu le plus cher est de contribuer à l’essor, au Sénégal, d’une nouvelle génération à l’avant-garde des nouvelles technologies, en particulier de jeunes femmes qui contribueront au développement du Sénégal et de l’Afrique.
LE COUD ANNONCE UNE PLAINTE CONTRE DES ETUDIANTS
Le Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) annonce une plainte pour tirer au clair l’attaque dont a fait l’objet le siège de la direction générale, hier, de la part d’un groupe d’étudiants.
Ces derniers qui seraient membres de la faculté des lettres et sciences humaines de l’Université Cheikh Anta Diop réclament leur part des quotas de chambres réservés comme l’indiquent les règles aux amicales issues des élections des facultés, écoles et instituts de l’université.
« C’est un petit groupe d’étudiants de la faculté des Lettres se réclamant de l’opposition qui s’est attaqué au Coud pour revendiquer leur part dans le quota des chambres affectées à ladite faculté », a indiqué le chef du département de la gestion des cités universitaires, Khalifa Ababacar Diagne. Il précise que le Coud va saisir la justice d’une plainte pour que les responsabilités soient situées.
Concernant les dégâts occasionnés, la hiérarchie du Coud déclare avoir saisi un huissier pour le constat avant le dépôt de la plainte. Selon le président des amicales des écoles et instituts de l’Ucad, Diène Ngom, ces étudiants ont commis une faute car « les règles universitaires indiquent que seuls les groupes d’étudiants qui ont remporté les élections dans les amicales ont droit à piloter l’attribution des chambres universitaires dans les différents campus ». « Ils ne sont pas en règle », estime Diène Ngom.
COMMENT LE FOPICA FINANCE LES PROJETS?
‘’Le Fopica ne finance pas en fonction de la tête du porteur de projet mais en fonction de la qualité du projet’’ - Les éclairages de Abdoul Aziz Cissé
Sur les 7 films sénégalais qui ont été sélectionnés à la compétition officielle de la 26e édition du Fespaco, 4 ont été financés par le Fonds de promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuelle (Fopica). «Une place dans l’avion» de Khadidiatou Sow qui a reçu 20 millions de francs Cfa, soit 60% de son budget, «Ordur» de Momar Talla Kandj avec 10 millions de francs Cfa, Cheikh Diallo et Angèle Diabang qui ont chacun reçu respectivement 25 millions de francs Cfa pour «Garmi» et «Un air de kora». Sur ces 4 films, 2 sont revenus du Fespaco avec des trophées.
Un bilan jugé satisfaisant par certains. Mais avant le Fespaco, l’absence de long métrage fiction sénégalais de la compétition avait provoqué un tollé. Dans cette interview réalisée à Ouagadougou durant le Fespaco, Abdoul Aziz Cissé, le Secrétaire permanent du Fopica, dresse le bilan des 5 ans d’existence du Fonds, définit les challenges et rappelle surtout la nécessité de rendre ce fonds autonome et stable.
Le Fopica a soutenu cette année beaucoup de jeunes réalisateurs qui ont participé au Fespaco et qui ont valu au Sénégal quelques récompenses. Qu’est-ce qui explique le choix porté sur les jeunes ?
L’objectif principal du Fopica, c’est de structurer l’industrie cinématographique et audiovisuelle. Qui parle de structuration, parle de la préparation de la relève. C’est ce qui fait que le Fopica, depuis le début, a mis l’accent sur le financement des projets de jeunes au Sénégal. Que cela concerne les jeunes femmes ou les jeunes hommes. Et le résultat est en train d’apparaître. Il y a vraiment eu un appui financier de manière globale. Mais derrière aussi, il y a un appui, un accompagnement par rapport au développement de certains projets.
Pour rappel les films de Angèle Diabang, de Khadidiatou Sow, Cheikh Diallo et Momar Talla Kandj ont tous été soutenus par le Fopica et 2 ont été récompensés au Fespaco .Comment voyez-vous cela ?
Nous nous en félicitons. Le Sénégal est présent aujourd’hui massivement sur ce cinquantenaire du Fespaco et cette présence se remarque parce qu’il y a 13 films sénégalais présents à ce Fespaco. Et sur ces 13 films, 7 sont sur la sélection officielle et 6 sont dans des secteurs connexes. Et ces secteurs sont aussi des secteurs à compétition. Je peux citer le film Sandale man de Inna Thiam, Blanc sur noir de Samba Diao et il y en a beaucoup d’autres. Ça montre qu’il est en train de se passer quelque chose dans le cinéma sénégalais aujourd’hui.
Cette année il y a eu beaucoup de cacophonie. Certains ne s’expliquent pas l’absence de long métrage fiction au Fespaco. En tant que Secrétaire permanent du Fopica, comment expliquez-vous cela ?
Il y a deux choses pour expliquer cela. Effectivement, le Fopica a connu des ponctions entre 2017 et 2018. Mais ce n’était pas la première fois. Parce que depuis 2014, la première année de fonctionnement du fonds, il y a eu une ponction de 800 millions.
Ce qui fait que nous qui avions pris la précaution d’anticiper et de lancer l’appel à projet en 2013, pour pouvoir être fonctionnels dès la mise en place du budget en 2014, on s’est retrouvé dans une situation où on a été obligé de décaler sur 2015, affin de pouvoir financer les projets. Nous avons donc fonctionné sur 2015, 2016 également.
Et 2017, rebelote, ponction de 750 millions de francs Cfa, parce qu’il fallait financer la retransmission par la Rts des matchs de foot. En 2018, ponction aussi. Ce qui fait qu’on ne peut toujours pas publier les résultats de l’appel à projet qui a été lancé depuis 2017. Les résultats ont déjà été faits contrairement à ce qui a été dit. Les collèges de lecteur ont été mis en place et chaque collège de lecteur a fini son travail. Les résultats ont été compilés. Il se trouve juste que le premier comité de gestion est arrivé en fin de mandat en 2017.
Donc, il fallait procéder au renouvellement de ce comité de gestion. L’arrêté a été signé, mais le comité n’a pas été installé. Ce qui fait que jusqu’à présent nous attendons l’installation de ce comité de gestion. Mais il faut reconnaître que le travail a été retardé par les ponctions qui ont fait que si l’argent n’est pas disponible, on ne peut pas publier les résultats. Les cinéastes se sont beaucoup plaints de ce retard Généralement, le travail se fait à temps. Mais tant que le budget n’est pas mis en place, on ne peut pas courir le risque de publier les résultats.
Parce que ce sont des engagements financiers qui sont pris. Quel est le second élément d’explication ?
Le second élément d’explication est beaucoup plus lié au fait que pour la plupart de ceux qui ont beaucoup tiré sur le Fopica, en réalité, ce sont des gens qui avaient déposé des projets et dont les projets n’ont pas été sélectionnés. Il y avait une sorte de frustration. Il y avait quelque chose contre le Fopica et ils ont sauté sur l’occasion pour tirer. Mais tous les fonds de financement au monde sont confrontés à ce problème. En 2017, j’ai été au Cnc (le centre national de cinéma et de l’audiovisuel français) et j’ai rencontré la patronne de l’aide sélective qui s’appelle Raphaelle Garcia et la première question qu’elle m’a posé c’est : comment vous faites avec vos grands cinéastes qui déposent des projets et qui ne sont pas financés.
Donc ce n’est pas parce qu’on est un grand cinéaste qu’on va bénéficier de financement du Fopica ?
Le Fopica ne finance pas en fonction de la tête du porteur de projet mais en fonction de la qualité du projet. Et pour évaluer cette qualité, il y a toute une série de critères qui ont été mis en place. Et on fonctionne exclusivement sur la base de ces critères. C’est ce qui explique que les films qui sont déjà produits, ont cet accueil favorable du public. Parce qu’on se rend compte que la sélection n’a pas été faite par hasard ou sur la base d’un copinage comme certains l’ont dit.
On essaye d’être rigoureux dans le travail qu’on fait parce qu’on sait que le cinéma sénégalais en a besoin. Ce cinéma est aujourd’hui à un tournant décisif de son évolution et il nous faut faire un effort sur nous-mêmes pour que chacun propose un bon projet, qui peut nous aider à faire avancer davantage ce cinéma. Mais on ne peut pas rentrer dans des compromissions ou des affaires de copinage. Si on le fait, le fonds disparaît et le cinéma sénégalais va de nouveau entrer en crise. Et cela, il faut l’éviter parce que nous avons fait une traversée du désert qui a duré plus d’une décennie.
Ailleurs le ministre de la Culture disait que ce n’est pas à l’Etat de financer les cinéastes. Et que l’Etat n’a pour rôle que d’appuyer ces cinéastes. Etes-vous de cet avis ?
Il a parfaitement raison. En réalité, il n’y a pas un seul fonds de financement du cinéma au monde qui finance exclusivement ou intégralement un projet de film. Tous les fonds qui existent au monde, donnent une partie du financement et demandent au porteur de projet d’aller trouver des financements additionnels ailleurs. C’est ce qui se passe au Sénégal et on nous a dit : oui le Burkina a donné de l’argent, pourquoi le Fopica ne l’a pas fait ?
Mais le Burkina n’a pas financé intégralement les projets de film. Le Burkina a donné une partie conséquente c’est vrai, mais les cinéastes ont été obligés d’aller trouver des financements additionnels HORIZON Abdoul Aziz Cissé, Secrétaire permanent du Fopica Sur les 7 films sénégalais qui ont été sélectionnés à la compétition officielle de la 26e édition du Fespaco, 4 ont été financés par le Fonds de promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuelle (Fopica). «Une place dans l’avion» de Khadidiatou Sow qui a reçu 20 millions de francs Cfa, soit 60% de son budget, «Ordur» de Momar Talla Kandj avec 10 millions de francs Cfa, Cheikh Diallo et Angèle Diabang qui ont chacun reçu respectivement 25 millions de francs Cfa pour «Garmi» et «Un air de kora».
Sur ces 4 films, 2 sont revenus du Fespaco avec des trophées. Un bilan jugé satisfaisant par certains. Mais avant le Fespaco, l’absence de long métrage fiction sénégalais de la compétition avait provoqué un tollé. Dans cette interview réalisée à Ouagadougou durant le Fespaco, Abdoul Aziz Cissé, le Secrétaire permanent du Fopica, dresse le bilan des 5 ans d’existence du Fonds, définit les challenges et rappelle surtout la nécessité de rendre ce fonds autonome et stable. «Le Fopica ne finance pas en fonction de la tête du porteur de projet mais en fonction de la qualité du projet»
La plupart de ceux qui ont beaucoup tiré sur le Fopica, en réalité, ce sont des gens qui avaient déposé des projets et dont les projets n’ont pas été sélectionnés. Aujourd’hui, le grand problème du cinéma sénégalais, c’est que le Fopica dans les lois qui l’organisent, à l’article premier, il est dit que le Fopica est destiné à financer des entreprises de production.
Quand on parle d’entreprise de production, ça veut dire qu’on est dans une logique de professionnalisation et de structuration. On ne va pas installer les producteurs dans cette facilité en leur disant, amenez vos projets on finance intégralement. Parce que c’est leur rendre un mauvais service. La question, c’est comment il faut parvenir à professionnaliser ces producteurs pour qu’à chaque fois que le Sénégal apporte une première mise, qu’ils soient en mesure d’apporter les financements additionnels pour que les films puissent se faire.
On s’interroge aussi sur le fait que de grands cinéastes comme Moussa Touré par exemple n’aient pas bénéficié de financements conséquents du Fopica. C’est quelqu’un qui a reçu des distinctions et contribué à faire la renommée du cinéma sénégalais. Où se situe le problème ?
Peut-être que ça peut ressembler à de la provocation. Mais un cinéaste vivant n’est pas un grand cinéaste. Je reformule. Chaque projet est un recommencement. Ce n’est pas parce qu’on est un grand cinéaste, que forcément, le projet qu’on porte est un bon projet. Le projet est bon quand il est suffisamment développé. Quand on arrive avec un premier jet du projet, juste une écriture, il ne faut pas s’étonner que ça ne marche pas. Quand tu es en compétition avec des gens qui ont passé 10 à 15 ans à écrire et réécrire leur projet et que l’on fasse la comparaison, la différence saute aux yeux.
On n’a pas voulu rentrer dans la logique de récompenser certains ou dans une logique de partage de gâteau. Nous sommes dans un processus, une procédure de sélection de projet. Chaque gestion, nous lançons un appel à projet public, par voie de presse et tous ceux qui sont intéressés viennent déposer. Si le projet n’est pas abouti, il ne peut pas être sélectionné. Généralement nous recevons plus d’une centaine de projets à chaque appel. Si le projet n’est pas abouti, mais que les différents collèges de lecteurs estiment que le projet est intéressant, nous asseyons d’accompagner le projet par une aide au développement.
C’est ce qui a été le cas avec certains cinéastes qui ont déclaré que nous leur avons donné un financement de 3 millions de francs Cfa. Mais ce montant n’était pas destiné à la production du film. C’était pour lui permettre de mieux développer le projet affin de revenir avec un projet amélioré pour pouvoir entrer à nouveau en compétition.
C’est cette compétition qui dérange parce que certains ne veulent pas entrer en compétition. Ils veulent juste venir parce qu’ils sont reconnus, qu’on leur donne l’argent. Mais si on le fait, c’est la meilleure manière d’hypothéquer l’existence du fonds. Parce qu’on n’aura pas des films de bonne qualité. Aujourd’hui la question, c’est de miser sur les projets et non sur les hommes.
Et pourtant il y en a qui ont reçu des financements pour leur long métrage fiction et qui ne sont pas parvenus à faire aboutir leur film. Ce qui fait même qu’on se retrouve cette année sans long métrage fiction dans la compétition du Fespaco ?
Les longs métrages fictions prennent très souvent du temps pour se faire. Parce qu’il faut boucler le budget. Et si on ne parvient pas à le faire, il faut lever suffisamment de financement pour pouvoir engager la production. Certains avaient déjà commencé à tourner. Avant le Fespaco, il y a au moins 4 projets qui sont revenus pour nous demander de leur faire une rallonge budgétaire pour pouvoir finaliser leurs films et les présenter au Fespaco. Mais à cause des ponctions budgétaires qu’on a connues en 2018, nous n’avons pas été en mesure de répondre favorablement à leur requête.
C’est la raison pour laquelle le Sénégal n’a pas présenté de long métrage fiction. Mais les projets sont en train de se faire et un projet, comme un enfant, a sa personnalité. Et je pense que ce qui est le plus intéressant ou le plus raisonnable, c’est d’essayer d’accompagner ces personnes qui sont en train de porter les projets pour les faire aboutir. Parce que, par expérience, je sais que c’est extrêmement difficile de porter un projet de film. Je l’ai vécu et en même temps je vis avec eux au quotidien. Je sais les problèmes auxquels ils sont confrontés. Les aider à avoir un peu plus de sérénité peut être important pour l’aboutissement de projet de film de qualité.
Il y a eu un retard dans l’octroi des financements pour l’exercice 2018. Les résultats ne sont toujours pas publiés. Quand est-ce que les financements seront disponibles ?
Les collèges de lecteurs ont fini de faire leur travail. Nous attendons l’installation du nouveau comité de gestion pour que le travail de sélection puisse continuer. Mais il y a aussi la mise en place des crédits. Si les crédits sont mis en place, tout de suite, au bout d’un mois ou deux, les résultats pourraient sortir.
Aucune date n’est retenue pour la publication de ces résultats ?
Nous avons donné plusieurs fois des dates. Et nous n’avons pas été en mesure de respecter ces délais parce qu’il y avait des facteurs qui ne dépendaient pas de nous. C’est la raison pour laquelle on ne veut pas s’engager à donner de date. Mais ce que je peux dire pour rassurer tout le monde, c’est que tout le travail de sélection a été fait. Et nous attendons juste ces deux éléments : l’installation du nouveau comité de gestion. Et la mise en place effective des crédits pour publier les résultats.
Le Fopica existe depuis 2014. Qu’est-ce qui a été fait depuis ?
Le Fopica est un vieux fonds. Les gens ont l’impression que c’est un nouveau fonds mais il a été créé depuis 2002 par une loi votée par l’Assemblée nationale. Et en 2004, le président de la République a signé le décret d’application du fonds. Mais entre 2004 et 2014, l’Etat n’a pas mis un rond dans le fonds. C’est à partir de 2014 qu’il a décidé d’alimenter ce fonds et c’est à partir de ce moment que le Fopica a commencé à fonctionner. C’est donc vous dire qu’il est extrêmement important de se battre pour que ce fonds continue à exister. Parce que c’est grâce à lui que le Sénégal est reconnu dans le monde du cinéma et de l’audiovisuel à travers le monde entier.
Et l’autre aspect, c’est qu’il y a des dimensions stratégiques pour ne pas dire politiques. Parce que tous les pays africains sont en train de nous observer et de voir ce qu’on va faire de cet instrument. Beaucoup d’entre eux n’ont pas un fonds comme le Fopica. Beaucoup d’entre eux sont en train de se battre parce que le Sénégal a réussi à faire fonctionner son fonds.
Beaucoup d’entre eux sont en train de se battre pour mettre en place la même chose chez eux. Donc le Sénégal ne peut pas se permettre de laisser péricliter un pareil instrument. Nous sommes suivis par tout le monde. C’est une question d’honneur et de dignité de continuer à faire fonctionner ce fonds.
Depuis 2014 que ce fonds a été alimenté, combien de projets ont obtenu des financements ?
Nous avons eu 68 projets globalement. Et sur ces 68 projets, il y a eu 37 projets de films. Le Fopica n’a pas seulement pour vocation de financer des projets de films. Son rôle est de structurer l’industrie cinématographique et c’est la raison pour laquelle nous sommes obligés d’intervenir sur tous les maillons de la chaîne. C’est d’abord la formation qui permet l’émergence de cette nouvelle génération. C’est la production, la distribution, l’exploitation. C’est aussi les secteurs connexes comme la recherche sur le cinéma, l’innovation… C’est un fonds qui brasse large et qui pour le moment n’a pas assez d’argent par rapport aux missions qui lui ont été assignées par l’Etat du Sénégal. Mais nous nous battons aussi pour la diversification des sources de financement afin de mieux stabiliser le fonds.
Quels sont les challenges que se fixe le Fopica pour l’avenir ?
Notre principal défi c’est la stabilisation du Fopica. Au bout de 5 ans d’existence, nous nous rendons compte que le fonds n’est toujours pas stabilisé. Il est logé au Trésor public, le ministère des Finances effectue des ponctions chaque fois que bon lui semble. Nous avons le sentiment d’être en face d’une situation où quelqu’un est obligé de te donner de l’argent mais refuse que l’argent sorte de sa poche et se réserve le droit d’utiliser cet argent comme il le veut, quand il le veut sans même te demander ton avis. C’est une situation assez inconfortable.
Parce que nous sommes confrontés aux attentes multiples des cinéastes du Sénégal et aux espoirs et aspirations des cinéastes africains qui voient que le Sénégal est en train de reprendre l’initiative et son rôle de leader dans ce secteur. Il ne faut pas que tout cet espoir tombe par terre. Il faut qu’on se batte pour stabiliser le fonds. L’autre défi c’est la diversification des sources de financement. Parce que jusqu’ici, c’est l’Etat qui donne de l’argent et ce que l’Etat donne, ne semble pas suffisant par rapport aux attentes et besoins.
La question, c’est de trouver d’autres mécanismes qui permettent de renforcer et d’augmenter le volume financier pour permettre au fonds d’assurer la mission qui lui a été confiée par l’Etat du Sénégal. En réalité le fond de la question, c’est que l’argent est logé au Trésor public et fonctionne sur la base de l’année budgétaire qui est définie par l’Etat du Sénégal. Alors qu’un projet cinématographique ne peut pas fonctionner sur la base d’une année budgétaire. Je pense que la stratégie c’est de tout faire pour que l’Etat nous permette de pouvoir loger le Fopica dans une banque de la place ou à la caisse de dépôt et de consignation, ou ailleurs.
Mais qu’on sorte le Fopica du Trésor public, parce que tant qu’il y sera logé, nous serons confrontés à ces difficultés. Et je le dis et le répète, le monde du cinéma a ses spécificités, les projets mettent plus de temps à se faire. Au bout de 5 ans d’existence, nous nous rendons compte que le fonds n’est toujours pas stabilisé. Il est logé au Trésor public, le ministère des Finances effectue des ponctions chaque fois que bon lui semble. Ce n’est pas parce qu’on est un grand cinéaste que forcément, le projet qu’on porte est bon.
PERTES ET PROFITS D’UN COUPLAGE POUR MACKY SALL
Des élections législatives anticipées vont mettre en jeu la forte majorité de BBY à l’Assemblée et le poste de Président du Parlement pour mettre en orbite le successeur de Macky Sall.
Réélu au premier tour de l’élection présidentielle du 24 février 2019 avec 58,26 %, le président de la République pourrait surfer sur son plébiscite pour sortir victorieux des élections locales de décembre 2019 et des législatives, en cas de couplage. Seulement, des élections législatives anticipées mettraient en jeu sa forte majorité à l’Assemblée nationale devant une opposition sortie ragaillardie du dernier scrutin présidentiel.
L’idée est agitée, au lendemain du scrutin présidentiel du 24 février 2019. Néo transhumant, c’est le leader du mouvement Oser l’avenir qui met sur la place publique cette proposition. Depuis, le débat se pose avec acuité dans le landerneau politique sénégalais et chacun y va de son propre commentaire et de ses intérêts du moment. Dans la coalition de la mouvance présidentielle Benno Bokk Yaakaar, les avis sont partagés. Si, au sein de l’Alliance pour la République (Apr) au pouvoir, l’idée d’un couplage des élections locales de 2019 avec les législatives de 2022 ne déplait pas, au Parti socialiste d’Ousmane Tanor Dieng et à l’Alliance des forces de progrès de Moustapha Niasse, on considère qu’elle est prématurée et inopportune. “Il est vrai que certains agitent la possibilité de coupler les locales de 2019 avec les législatives de 2022. Nous au Ps, nous estimons que c’est vraiment très prématuré de poser ce débat qui est à la fois inutile et inopportun. Puisque nous venons de sortir de l’élection présidentielle il n’y a même pas une semaine. Le président de la République sortant n’a même pas encore prêté serment qu’on veuille poser ce débat sur la place publique. C’est inopportun’’, a déclaré le porte-parole adjoint du Ps, jeudi dernier, à l’issue de leur Secrétariat exécutif national.
Selon Me Moussa Bocar Thiam, le Ps a l’habitude de discuter de choses concrètes, de débats sérieusement posés. Donc, souligne-t-il, il est inopportun de tout de suite enchainer sur des questions électorales et politiques qui n’ont pas leur objet en ce moment. “Pour nous, ce n’est pas encore à l’ordre du jour’’, soutient-il. Pour sa part, le chargé des élections de l’Afp, Bouna Mouhamed Seck, estime qu’un couplage des élections pourrait certes contribuer à harmoniser le calendrier républicain, mais serait lourd de conséquences politiques. “La dissolution de l’Assemblée nationale peut être un outil pour harmoniser le calendrier républicain, mais elle peut être également périlleuse, dans la mesure où les citoyens deviennent de plus en plus exigeants’’, avertit le directeur de cabinet de Moustapha Niasse. On peut comprendre cette position des socialistes et des progressistes et des alliés de l’Apr qui risquent d’être mis à rude épreuve, en cas de législatives anticipées, vu l’appétit vorace des “apéristes’’ qui voudront leurs piquer leurs postes à l’hémicycle qui ne sont pas loin de la portion congrue (voir ailleurs). Si, en plus de cela, il leur faudra également défendre les mairies qu’ils occupent actuellement, cela fait beaucoup. Ils n’ont aucun intérêt à une recomposition qui risque de se faire à leur détriment. Puisque de nombreux transhumants frappent à la porte des postes et prébendes.
6 élections en 7 ans
A l’analyse des rapports de force en présence dans le landerneau politique sénégalais et des résultats issus du scrutin présidentiel du 24 février dernier, l’on se poserait légitimement la question de savoir que peut exactement gagner ou perdre le régime, en dissolvant l’Assemblée nationale et en convoquant des élections législatives anticipées. D’abord, il est indéniable qu’un couplage des élections locales de décembre 2019 avec les législatives de 2022 contribuerait à régulariser le calendrier républicain déréglé avec le prolongement du mandat présidentiel de 5 à 7 ans par le président Macky Sall qui, en 2016, a renoncé à sa promesse faite en 2012 de faire un mandat de 5 ans. Il permettrait ainsi de coïncider le mandat présidentiel avec celui des maires et des députés pour, non seulement revenir à l’orthodoxie, mais aussi éviter au pays d’être dans une perpétuelle campagne électorale, comme c’est le cas depuis 2012 avec la présidentielle et les élections législatives de la même année, les locales de 2014, le référendum de 2016, les législatives de 2017 et enfin la présidentielle de 2019. Ce qui veut dire qu’en sept ans, le Sénégal sous Macky Sall a organisé 6 élections, compte non tenu des élections du Haut conseil des collectivités territoriales en septembre 2016. Il apporterait ainsi plus de visibilité et de lisibilité dans le calendrier républicain. Aussi, le couplage des élections dans un contexte préélectoral serait bénéfique pour le régime en place. Plébiscité à l’issue du scrutin présidentiel du dimanche 24 février 2019 avec 58,26 % des suffrages valablement exprimés, le président de la République Macky Sall a jusqu’ici le vent en poupe. Il dispose davantage de marge de manœuvre qui lui permet, d’ici aux élections couplées, de surfer sur son plébiscite, de consolider sa victoire, d’élargir les bases de sa coalition à d’autres forces politiques et d’affiner sa stratégie pour aller à la conquête des 42 % autres Sénégalais qui n’ont pas voté pour lui en 2019. La nature des élections législatives aidant avec le système du “raw gaddu’’, Macky Sall pourrait rafler les sièges dans les 40 départements où il est arrivé premier à l’issue du scrutin présidentiel du 24 février 2019. Fort aujourd’hui de plus de 500 maires qui vont jouer leur survie politique aux prochaines locales de décembre 2019, Macky Sall pourrait également peser sur la balance, en engageant la bataille lui-même dans les zones où il a été défait, comme dans le Baol, désormais sous le contrôle d’Idrissa Seck, et dans certaines parties du sud du pays tombées dans l’escarcelle d’Ousmane Sonko. Aussi, aurait-il la possibilité, en cas de couplage des élections, de mettre en jeu le poste de président de l’Assemblée nationale qu’occupe depuis 2012 le leader progressiste Moustapha Niasse. Un dauphin à cette station pourrait être mieux préparé pour le positionner en perspective de la présidentielle de 2024. Puisqu’il ne fait aucun doute que les responsables en vue lorgnent sur ce poste pour servir leurs desseins présidentiels
Majorité confortable
D’un autre côté, on peut voir qu’aucun prétexte ne milite aujourd’hui en faveur d’un couplage des élections. Au sein de l’hémicycle, lieu par excellence du débat politique et républicain, aucune situation de nature à entraver l’application des politiques publiques par une opposition quelconque ne se pose. Le président de la République nouvellement réélu dispose jusqu’ici d’une écrasante majorité, à la limite mécanique, qui lui sert de bras armé et qui lui permet, en toute circonstance, de faire passer les lois qu’il désire appliquer. Sur les 165 députés qui siègent à l’Assemblée nationale, le président Macky Sall contrôle les 120 renforcés récemment par les récents ralliements notés à l’hémicycle. Encore que, sur ces 129 députés que compte désormais la galaxie Benno Bokk Yaakaar, l’Apr se taille la part du lion, avec 88 députés, loin devant ses alliés dont le Ps qui en compte 14, l’Afp 6 seulement, la Ld 1, le Pit 1, le Rsd/Tds 2, Bunt bi 1 et le mouvement de Mously Diakhaté 1, entre autres partis alliés. C’est dire que, contrairement à la 12e législature où le parti présidentiel était complètement dépendant de ses alliés du Ps et de l’Afp pour faire fonctionner sa majorité, le président Macky Sall dispose à lui seul d’une forte majorité dans la 13e législature. Itou au sein des collectivités locales où, sur les 557 maires, la coalition de la majorité contrôle les 500 dont plus de la moitié sont de l’Alliance pour la République.
Idrissa Seck et Ousmane Sonko dans une tendance montante
Dans le fond comme dans la forme, un couplage des élections municipales et législatives à venir pourrait beaucoup contribuer à harmoniser le calendrier républicain et faire coïncider le mandat présidentiel avec celui des députés et des maires des différentes collectivités locales du pays. Mais il pourrait être lourd de conséquences politiques, si on sait que le président de la République nouvellement réélu va, dans ce cas, mettre en jeu cette majorité confortable, que ce soit au sein de l’hémicycle ou à la base dans les collectivités locales. Surtout que, s’il devait y avoir couplage des élections, il interviendrait dans un contexte où il faut faire très attention avec les chiffres sortis des urnes, compte tenu du parrainage qui a conduit à 5 candidatures, les absences de Khalifa Sall et Karim Wade et le boycott de Me Abdoulaye Wade. Bien qu’il soit réélu avec 58,26 % des suffrages valablement exprimés, le président Macky Sall, en termes de pourcentage, fait moins que l’élection présidentielle de 2012, au sortir de laquelle il a été élu avec 65 % des suffrages des Sénégalais, à l’issue du second tour. Macky Sall a vu son électorat s’effriter d’abord aux élections législatives de la même année avec 53,06 %, puis en 2017 où il a eu un peu plus de 49 % devant une opposition qui, malgré l’exil de Karim Wade et l’emprisonnement de l’ancien maire de Dakar Khalifa Ababacar Sall, s’est ragaillardie et a vite repris du poil de la bête. De 2017 à 2019, Macky Sall a fait un bond d’un peu plus de 9 points qui se traduit en suffrage à 2 555 426 voix contre 1 637 761 voix aux législatives de 2017. Soit, plus 917 665 voix. Toutefois, Idrissa Seck réalise une meilleure progression, passant de 7,8 % en 2012 (212 853 voix), à 20,50 % en 2019 (899 556 voix), soit un bond de plus de 13 points en sept ans. Idem pour Ousmane Sonko qui, au sortir de sa première participation à une élection présidentielle, a fait mieux qu’Idrissa Seck en 2007, avec 15,67 % de l’électorat sénégalais. Si ces tendances se maintiennent jusqu’en décembre 2019, Idrissa Seck et Ousmane Sonko pourraient faire mieux qu’en février 2019. Encore qu’en cas de couplage des élections en décembre prochain, ils pourraient maintenir intact la configuration de leurs coalitions respectives qui ont d’ailleurs de fortes chances de se renforcer davantage. Mieux, le Pds, qui a observé une neutralité à l’élection présidentielle qui a plus profité à Macky Sall qu’à ses challengers, pourrait constituer sa coalition et aller à la conquête du suffrage des Sénégalais pour être représenté une nouvelle fois à l’Assemblée nationale et essayer d’engranger le maximum de mairies possible, afin de se positionner pour 2024. Aussi, le retour d’exil de Karim Wade et la libération de Khalifa Sall, posés comme préalable par l’opposition pour répondre à l’appel au dialogue national émis par le président de la République, changeraient-ils complètement la donne et pourraient affaiblir davantage la coalition Bby dont la survie politique dépend du positionnement des uns et des autres en perspective de 2024 où, en principe, Macky Sall n’est pas candidat. Enfin, au sortir des dernières élections législatives, l’opposition déclarait avoir retenu les leçons de son retentissant échec dû à son émiettement.
Jurisprudence Chirac
Quoi qu’il en soit, le président de la République semble aujourd’hui guetté par le syndrome Jacques Chirac. L’ex-président français qui, en début de septennat, a, à la surprise générale, décidé de la dissolution de l’Assemblée nationale où il avait pourtant une majorité confortable. Jacques Chirac, estimant à l’époque que les réformes dont la France avait besoin, nécessitaient "une majorité ressourcée et disposant du temps nécessaire à l'action" a, deux ans après son entrée à l'Elysée, dissout la majorité parlementaire qui soutenait le gouvernement d'Alain Juppé, parce que tout simplement, celle-ci est divisée. Les conséquences de cette dissolution surprise de l’Assemblée nationale française se sont soldées par un revers à l’issue des élections législatives. Ce qui a abouti à une cohabitation qui lui a mené la vie difficile tout au long de son septennat, avant qu’il ne soit sorti d’affaire par Jean-Marie Le Pen, à l’issue du second tour de l’élection présidentielle de 2002 où il était donné perdant.
LE TEMPS DES REGLEMENTS DE COMPTES
C’est un secret de polichinelle que les démons de la division sévissent dans les rangs de la coalition Benno Bokk Yaakaarà Thiès.
Aux lendemains de la cuisante défaite face au leader de la coalition Idy2019, Idrissa Seck, voici le temps des règlements de comptes
Rien ne va plus au sein de la coalition Benno Bokk Yaakaar, à Thiès. La défaite de la coalition présidentielle dans le département de Thiès, accuse-t-on, a été préparée et planifiée pendant longtemps par les responsables locaux. Car, avant et pendant la campagne électorale, un vent de scission a soufflé dans les rangs de Bby. Une division payée cash et qui a permis au leader de la coalition Idy2019, Idrissa Seck, de renforcer sa mainmise sur la commune de Thiès et de reprendre le contrôle du département qu’il a perdu en 2017. Un camp veut tenir Siré Dia pour responsable de cette déroute. Mais les partisans du directeur général de La Poste ne s’en laissent pas conter. Ils ont tenu, hier, une conférence de presse pour faire le bilan et l’évaluation du scrutin. De ce fait, ils réfutent cette thèse et mettent tout sur le dos des poids lourds de la coalition au pouvoir. Certains indexent le coordonnateur départemental de l’Alliance pour la République, le ministre des Forces armées et maire de la commune de Fandène, Augustin Tine, et le député Abdou Mbow. Cependant, pour mieux analyser cette claque nocturne du 24 février dernier, il faut faire deux pas en arrière. Tout a commencé bien avant la campagne électorale, avec l’installation des comités électoraux.
Dans toutes les communes (Est, Ouest et Nord), les responsables locaux ont étalé leur division dans les rues de la capitale régionale du Rail. Pour un poste de mandataire ou encore de coordonnateur d’un simple comité électoral, ils se sont écharpés au Nord et à l’Ouest. Ainsi, après bien des péripéties, les installations ont été faites. Après cette étape houleuse, on pensait les démons de la division définitivement enterrés. Il fallait donc travailler à accueillir leur commandant en chef, le candidat Macky Sall. Le 17 février, jour du méga meeting de la coalition Benno Bokk Yaakaar à Thiès, ils ont réussi le pari de la mobilisation. Mobilisation qui a fasciné le chef de l’État sortant. Macky Sall a tour à tour remercié ses généraux, colonels, capitaines, lieutenants, adjudants-chefs, etc. Augustin Tine, Alioune Sarr, Ndèye Ramatoulaye Guèye Diop, Abdou Mbow, Fatou Sène, Talla Sylla, Charles Emile Ciss, Pape Siré Dia, Seynabou Ndiéguène, Pape Amadou Ndiaye… ont tous bénéficié des remerciements de Macky Sall. Devant une telle foule, le candidat de la majorité avait déclaré que “Thiès est tombée et qu’il peut cesser de battre campagne’’. Malheureusement, ce moment qui devait permettre de sceller l’unité retrouvée, a laissé entrevoir la scission devant Macky Sall. Puisque le directeur général de La Poste, Pape Siré Dia, a été rayé de la liste de ceux qui devaient prendre la parole. Mais il n’a rien dit, ni fait d’esclandre. Tout juste il dira : “Je ne veux pas développer pour ne pas casser la dynamique unitaire en cette période de campagne.’’ Un épisode qui a laissé entrevoir les failles dans l’unité affichée.
“Pape Siré Dia est combattu...’’
Toujours est-il que les lendemains de défaites sont douloureux dans les rangs de l’Apr. Personne ne veut en endosser la responsabilité. D'après le secrétaire général du Cadre de concertation pour le développement de Thiès, certains responsables “rament toujours à contre-courant des intérêts de Thiès’’. Ils créent des réseaux, recrutent des Thiessois, ditil, pour salir l’image de Siré Dia. “Ils le tiennent pour responsable de la défaite de Benno Bokk Yaakaar dans le département. Ces personnes sont celles-là qui avaient demandé que la directrice de l'Agence nationale des affaires maritimes (Anam), Ndèye Tické Ndiaye Diop, et Pape Siré Dia soient zappés durant les prises de parole, lors du meeting de la coalition présidentielle à Thiès. Je puis vous jurer que Pape Siré Dia est combattu, tout simplement pour avoir commis le crime de réduire le taux de chômage des jeunes’’, fulmine Edouard Latouffe. Revenant sur la défaite de la coalition au pouvoir dans le département de Thiès au sortir de la présidentielle du 24 février dernier, le secrétaire général du Cadre de concertation pour le développement de la cité du Rail rappelle d’abord que le Dg Siré Dia s’était imposé face à Idrissa Seck, lors des législatives du 30 juillet 2017. Bby avait pris une sérieuse option, devançant ainsi de 30 000 voix le président du Conseil départemental de Thiès. Pour le combat présidentiel, il soutient que les enjeux n’ont pas été les mêmes. “Si Idrissa Seck a repris le contrôle du département de Thiès, c’est parce les Thiessois lui ont exprimé toute leur affection. Ils voulaient tout simplement qu’un fils de Thiès puisse accéder à la magistrature suprême. Siré Dia avait, en face de lui, la grande coalition d’Idrissa Seck et même des responsables de la coalition de la majorité. Voilà les raisons qui ont conduit à la défaite de Benno Bokk Yaakaar dans le département de Thiès’’, analyse et accuse Edouard Latouffe. Le président du mouvement And Suxali Thiès, Habib Niang, de pointer un doigt accusateur en direction de quelques responsables de l’Alliance pour la République, tout en excluant du lot le Dr Augustin Tine, son attaché de cabinet ainsi que le directeur de La Poste, Pape Siré Dia, des personnalités qu’il juge de bonne foi et très engagées au sein de la coalition. A ses yeux, il y a toujours dans les rangs de l’Apr “un esprit malsain qui se résume à des coups fourrés, de divisions, de manque de cohésion notoire entre les alliés’’. Aussi, ajoute-t-il que le président Macky Sall “s’est désormais rendu compte de la division des responsables et alliés à Thiès’’
“Les Thiessois doivent arrêter le vote affectif’’
Faisant lui aussi la lecture et le diagnostic du revers présidentiel de leur coalition dans le département, le récent mandataire du comité électoral de la commune de Thiès-Ouest essaie de minimiser la gifle que leur a infligée le président du parti Rewmi. Tout comme Edouard Latouffe, le Dr Pape Amadou Ndiaye, responsable Apr dans la commune de Thiès-Ouest, estime que le vote affectif a été le seul élément déterminant dans la victoire d’Idrissa Seck. “L’élection présidentielle est une élection particulière. C’est un homme qui va à la rencontre des populations. Et quand on sait qu’un des candidats de l’opposition est natif de la ville de Thiès. Donc, il y a eu un vote affectif, identitaire et de proximité. C’est ce qui peut expliquer la victoire du candidat Idrissa Seck. Malgré ce vote affectif, nous avons pu limiter les dégâts et avons eu des résultats relativement acceptables. Les Thiessois doivent arrêter le vote affectif’’, lance le président du Conseil d’administration du Fongip qui, par la même occasion, magnifie le travail abattu par les responsables de Benno Bokk Yaakaar à Thiès.
DJINAKY, SANCTUAIRE REBELLE, A L’EPREUVE DE LA PRISE EN CHARGE SANITAIRE
C’est en réponse au déficit profond de prise en charge des soins de santé dans la commune de Djinaky, notamment la “Zone des palmiers’’ qui a longtemps été sous le joug des indépendantistes, qu’a été mis en place un réseau des acteurs de la santé.
Située dans la commune de Djinaky, la “Zone des palmiers’’ a longtemps été un no mans land, du fait de la présence de nombreux sanctuaires rebelles. Estampillée “Zone rouge’’, cette partie du département de Bignona aux pistes sinueuses menant à une mosaïque de 12 villages perdus dans la forêt, porte encore les stigmates de la crise en Casamance. Les populations de ce labyrinthe continuent de sombrer, silencieusement, dans la souffrance, alors que la contrée regorge de potentialités naturelles évidentes.
“Les combattants du Mfdc ont pris l’engagement de maintenir l’accalmie’’
Là-bas, “Atika’’, la branche armée du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc) montaient ses propres check-points. Une quasi-autonomie encouragée par l’absence de l’Etat. Seule l’action humanitaire constituait l’unique espoir de survie pour ces populations qui avaient fini d’épouser l’idéologie irrédentiste. Mais, à la faveur de la longue accalmie en cours en Casamance, ces dernières, qui ont longtemps été abandonnées à leur propre sort, semblent sortir de la torpeur profonde dans laquelle elles étaient plongées, consumées qu’elles ont été par tant d’années de conflit fratricide. “Les combattants du Mfdc que nous avons rencontrés ont pris l’engagement de tout faire pour que l’accalmie que nous connaissons en Casamance soit maintenue. Les combattants de la “Zone des palmiers’’, qui ont toujours refusé d’accueillir des projets de l’Etat dans les villages, semblent être sur une dynamique d’amorcer une politique de désenclavement de la zone. Mieux, ils (les combattants du Mfdc) ont pris l’engagement de rencontrer les différents chefs de village de la zone pour discuter des projets de construction des pistes de production pour désenclaver cette zone’’, avait confié Robert Sagna, le président du Groupe de réflexion pour la paix en Casamance (Grpc) au sortir d’une rencontre à huis clos de près de cinq tours d’horloge tenue à Birkamanding, avec les différents factions rebelles de la zone. Depuis, la situation semble évoluer positivement. Mais les problèmes qui ont pour noms enclavement et absence criarde d’infrastructures de base demeurent. “Nous sommes oubliés du gouvernement. Vous nous demandez de voter pour vous. En retour, vous ne faites rien pour nous’’. (...) “Nos villages sont oubliés. Il n’y a pas d’infrastructures réalisées par l’Etat. Notre école de 3 classes a été construite par les populations. Nous ne disposons pas de pistes et d’infrastructures de base. C’est comme si nous ne sommes pas des Sénégalais’’. Ces cris du cœur sont respectivement de la présidente du Groupement de promotion féminine, Tening Sonko, et de Landing Badji, le président du Congrès du village de Balonguine situé à une dizaine de kilomètres de Djinaky, sur la route nationale n°5 qui mène à Diouloulou.
Grossesses précoces, pandémie du sida…
Frontalière avec la Gambie, la “Zone des palmiers’’ fait face aux questions liées aux grossesses précoces, à la pandémie du sida, mais également à l’inscription des naissances à l’état civil, du fait notamment de l’enclavement, mais aussi de la quasi-absence de l’Etat et de ses démembrements. Les multiples cris du cœur, de détresse et les nombreux appels du pied émanant de cette localité ne tombent pas toujours dans l’oreille d’un sourd. Très sensible aux problèmes de santé dont souffrent les populations de cette partie du département de Bignona et conscient de l’importance de la place de la santé dans le développement local, le Réseau des acteurs de la santé de Djinaky a décidé d’agir. C’est donc en réponse à cette lancinante question de santé qu’elle a organisé la première édition des 72 heures de Balonguine. Le choix de ce village pour abriter la manifestation ne relève pas du hasard. Son semblant d’accessibilité vis-à-vis des autres villages de la “Zone des palmiers’’ justifie, en partie, ce choix. Mieux vaut prévenir que guérir ! Cette option du Réseau des acteurs de la santé de Djinaky se traduit, sur le terrain, à travers un vaste programme d’information, d’éducation et de communication au profit des populations, notamment les jeunes et les femmes qui sont considérés comme des couches vulnérables. Pour la présente édition, les questions liées aux grossesses précoces et à l’inscription à l’état civil ont rythmé la manifestation, 72 heures durant. “Non aux grossesses précoces’’, “Oui à l’état civil’’, pouvait-on lire sur les nombreux tee-shirts et les banderoles conçus à cet effet. Cette édition a enregistré la présence des populations venues des 12 villages de la “Zone des palmiers’’ et d’autres de la commune.
Véritable outil de mobilisation sociale, les 72 heures de Djinaky ont aussi vu la participation d’infirmiers, de sages-femmes et de médecins de la région, mais aussi en provenance de Dakar qui ont procédé à des consultations gratuites et à des dons de médicaments aux patients, grâce à l’appui de bonnes volontés, parmi lesquelles Ibrahima Sagna de l’Anacim de Ziguinchor, parrain de la manifestation, par ailleurs responsable de l’Afp à Bignona. Les responsables de ce Réseau des acteurs de la santé de Djinaky sont unanimes. La pérennisation de cette mobilisation sociale, qu’ils tiennent à organiser régulièrement pour combler ce profond déficit de prise en charge des soins de santé des populations de la “Zone des palmiers’’, réside dans la mobilisation de moyens, notamment financiers. Raison pour laquelle ils appellent à la générosité des autorités locales de l’Etat, mais également de donateurs. Les 72 heures participant, selon eux, de la consolidation de la paix dans cette partie du département de Bignona qui renait peu à peu de ses cendres, après tant d’années de conflit fratricide.
LE PDS DOIT ETRE RESTRUCTURÉ ET PROJETÉ VERS L'AVENIR
Plus loin avec... Lamine Bâ, membre de la Fédération des cadres libéraux
Lamine Bâ souhaite que des réformes soient apportées au Parti démocratique sénégalais (Pds) en vue des prochaines échéances électorales. Ce membre du Comité directeur et de la Fédération des cadres libéraux estime qu’il faut évaluer et «refaire un nouveau parti plus attractif» parce que le Pds «ne peut plus continuer à fonctionner avec une telle organisation».
Comment jugez-vous les résultats du scrutin présidentiel ayant abouti à la réélection de Macky Sall dès le premier tour, que l’opposition continue d’ailleurs de contester ?
Je ne peux avoir d’appréciation particulière parce que je suis dans un parti politique qui s’y était déjà prononcé, qui avait dit que les conditions de transparence et de sérénité n’étaient pas de mise. Nous avions dit également que le processus a été biaisé et le Pds qui a mené pendant toute son existence un combat démocratique ne saurait s’engager dans une telle élection. Qu’on ne vienne pas donc nous faire porter une quelconque responsabilité. Nous avons été très tôt responsables. D’autres ont jugé nécessaire d’y aller. Ils l’ont fait, nous le respectons.
Donc, vous validez la victoire du Président Sall ?
Ce n’est pas à nous de valider ou d’invalider une victoire. Parce que nous n’avons pas été dans le processus. Donc, nous sommes des Sénégalais qui devrons aujourd’hui profiter de cette occasion même pour clore une page du combat politique que nous avons mené. Nous avons décidé de nous engager vers une nouvelle direction, un nouveau cap et avec de nouveaux objectifs. Cela passe par la mise en place d’un comité de restructuration et d’organisation du parti avec une lettre de mission et une feuille de route claires. Mais surtout de l’organisation d’une tournée nationale pour aller remercier, encourager et réorienter les militants.
Le Secrétaire général du Pds, Me Abdoulaye Wade, va-t-il accepter la main tendue du chef de l’Etat qui l’invite à prendre part au dialogue politique en même temps que le Président Diouf ?
Il faut attendre que Wade se prononce. Est-ce qu’il a été saisi ? Est-ce que c’est par la presse qu’il faut saisir le Président Wade ? Je ne sais pas, c’est à lui d’apprécier. Ce que je peux vous dire en tant que militant du parti, c’est que nous avons été toujours pour le dialogue. Nous avons hérité d’un système qui repose sur le dialogue, que nous avons consolidé jusqu’à notre départ. Aujourd’hui, on fait appel à un dialogue, cela prouve que quelque chose s’est cassé. Et je pense que la finalité d’un dialogue c’est d’arriver à lui définir un objectif, un objet clair, net et précis. Sans cela, il n’y a pas de dialogue. Et l’objectif de ce dialogue, c’est arriver à la paix comme dit le président de la République, à la stabilité et à la cohésion nationale. Mais tout cela ne doit pas se limiter à de vains mots. Il faudra que cela soit matérialisé par des actes surtout que c’est lui (Macky Sall) qui a été en quelque sorte au premier plan de la responsabilité qui nous a conduits à cela.
Comment se porte le Parti démocratique sénégalais ?
Les instances sont en léthargie, à commencer par la Fédération nationale des cadres libéraux dont je suis membre. Je pense que pour aller dans le sens de la construction, il est arrivé le temps de nous arrêter, d’évaluer, de réfléchir pour redéfinir un nouveau cap, refaire un nouveau parti, essayer de faire en sorte que notre parti puisse aujourd’hui aller dans le sens des attentes populaires. Le Pds est quand même un parti de masse. Tout cela constitue une problématique assez substantielle pour nous amener aujourd’hui à nous arrêter. Le Président Abdoulaye Wade n’a jamais eu le temps de s’occuper du parti parce qu’avec la gestion du pouvoir, ce n’était pas facile. Après douze ans, le parti était dans une guerre, en phase de résistance avec les difficultés que Wade a connues. Tout cela appelle aujourd’hui à une introspection objective pour redéfinir de nouvelles orientations surtout que certains sont partis. Mais il y a une bonne frange de jeunes de ce pays qui portent une ambition nouvelle pour ce parti, qui ont envie de s’exprimer dans une nouvelle organisation et qui collent aux aspirations des Sénégalais. C’est l’occasion pour moi de remercier tous les militants du parti ainsi que les mouvements de soutien qui ont su se battre pendant sept ans et qui ont su marquer d’une empreinte indélébile cet épisode de résistance que nous avons traversée. Bon nombre d’anciens frères nous ont quittés. Le Pds doit être restructuré, réorganisé et projeté vers l’avenir.
Réclamez-vous le départ de votre Secrétaire général dont l’âge assez avancé plaide pour une retraite politique ?
Non ! Pas forcément. Je ne réclame le départ de personne, au contraire c’est une Assemblée constitutive qui a désigné le Secrétaire général. Mais je vous rappelle qu’il y a une lettre de mission qui lui a été donnée par le Congrès de 2013 qui l’avait investi comme Secrétaire général jusqu’après l’élection présidentielle. Je pense que cela doit être renouvelé pour qu’on trouve une solution. On ne peut plus continuer à fonctionner ou à espérer des résultats avec une organisation telle que nous l’avons. Nous avons besoin de lui. Son âge ne doit pas poser problème et ne doit pas faire l’objet de débat. Par conviction, nous avons encore besoin de lui. Et les militants qui sont aujourd’hui partout dans le monde voient Wade comme leur leader, leur guide, leur père. On ne peut trouver un Secrétaire général meilleur que Wade. Le débat n’est pas de changer telle ou telle autre personne. Le débat réside dans la transformation de l’organisation que nous avons en un appareil attractif, ouvert, adapté aux aspirations nouvelles, prêt à reconquérir le pouvoir en 2024.
Accepteriez-vous que votre Secrétaire général continue d’imposer son fils comme son seul potentiel successeur à la tête du parti ?
Wade n’a jamais voulu que son fils soit dedans. Nous, militants du Pds, avons choisi librement Karim Wade comme notre candidat. Maintenant l’élection présidentielle est derrière nous, et nous avons d’autres échéances. Il nous faut renouveler le projet de société, c’est-à-dire créer une nouvelle offre politique qui tirerait sa substance de la vision de Wade, du bilan du Pds et de notre aspiration démocratique pour un Sénégal nouveau.
Avez-vous saisi le Président Wade pour lui faire cas des réformes que vous souhaitez pour votre parti ?
On lui a dit ce qu’on pense. Le Président Wade est dans une phase de réflexion. Mais il doit intégrer cela dans sa réflexion, écouter tout le monde, parler à tout le monde. Les Locales, les Législatives sont des échéances sur lesquelles le parti devrait se prononcer. On doit s’y préparer en conséquence. Sans cette organisation, on ne peut avoir les objectifs escomptés. Il nous faut engager la réflexion pour mettre le parti dans la posture d’un parti moderne, conséquent, orienté vers la conquête démocratique du pouvoir.
Mamadou Lamine Massaly a annoncé son départ du Pds en qualifiant Wade de «traitre». Qu’en dites-vous ?
Je n’ai pas de réponse à donner à cela. Je n’ai pas de commentaire à faire. Depuis que nous avons perdu le pouvoir, le parti a connu beaucoup de départs.
Partagez-vous la position de Modou Diagne Fada qui plaide en faveur d’une amnistie pour Karim Wade ?
Je n’aime pas parler des personnes. Est-ce que Karim a demandé une amnistie ? Je pense qu’on rendrait mieux service au Président Macky Sall en l’aidant à aller vers le sens de respecter les droits des Sénégalais. C’est ce qu’on lui charge de faire. Tout autre discours est politicien, opportuniste et démagogique. Karim a été investi pour une élection passée. Il a tout fait pour venir, mais il n’a pas pu. Ce que je regrette, c’est que tout ce qu’on a déployé pour en arriver là. Karim Wade mène un combat pour la liberté. Il a engagé beaucoup de fronts au niveau international. Ce combat, il le mènera jusqu’au bout. Tout ce qu’il réclame c’est qu’on le réhabilite dans ses droits.
10 MILLIONS DE TONNES DE GAZ ATTENDUS DES 2022
Les projections de la compagnie Kosmos Energy prévoient jusqu’à 10millions de tonnes de gaz annuels au premier semestre de 2022, pour la consommation mondiale et l’usage domestique au Sénégal et en Mauritanie.
Pour la phase 1, ce sera initialement 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié (Gnl) par an, en moyenne. Une fois le projet complété, ce ne sera pas moins de 10 millions de tonnes annuels qui devraient sortir des entrailles de Grand Tortue Ahmeyim (Gta). Ce projet gazier, dont le gisement est à cheval entre le Sénégal et la Mauritanie, a suscité les pronostics optimistes d’Andrew Inglis, Pdg de la compagnie américaine d’exploration sous-marine Kosmos Energy, à la fin février 2019. En décembre dernier, Kosmos (28 %) et ses partenaires (la britannique Bp est l’opérateur leader avec 61 % ainsi que les deux sociétés nationales d’hydrocarbures mauritanienne et sénégalaise) ont annoncé qu’une décision d'investissement finale (Fid) pour la phase 1 du projet Greater Tortue Ahmeyim avait été approuvée. Ceci après que les deux gouvernements ont paraphé un accord d’unitisation sur ce gisement transfrontalier où le partage de la production est à 50-50. La première extraction de gaz dans le cadre du projet devrait survenir dans le premier semestre de 2022, et cette phase 1 du développement passera ensuite à celle plus avancée de conception et de construction, avec l’attribution de contrats d’ingénierie, d’approvisionnement, de construction et d’installation (Epci). L’exécution de cette partie du projet devrait démarrer dans ce premier trimestre.
En outre, Gta produira du gaz provenant d’un système sous-marin en eaux profondes et d’une unité flottante de production, de stockage et de déchargement mi-profonde, qui traitera le gaz et en éliminera les composants lourds en hydrocarbure. Le gaz sera ensuite transféré vers une installation flottante de gaz naturel liquéfié (Flng) dans un centre innovant sur le littoral, à la frontière maritime entre la Mauritanie et le Sénégal. C’est cette Flng qui est conçue pour fournir environ 2,5 millions de tonnes de Gnl annuels, en moyenne. Le total des ressources en gaz dans le champ est estimé à 15 trillions de pieds cubes. Ce projet est le premier d’envergure dans le secteur du gaz à atteindre le stade de Fid.Il devrait fournir du Gnl destiné à l’usage domestique en Mauritanie et au Sénégal ainsi qu’à l’exportation mondiale.
301,4 millions de dollars de revenus pour 2018
Kosmos, qui détient 28 % de participations, a annoncé également son intention de céder environ 10 % de ses parts sur le gaz de Gta. En dehors de ces énoncés prévisionnels sur la production de gaz, la compagnie d’exploration américaine a obtenu des résultats financiers et d’exploitation assez positifs pour l’année qui vient de s’écouler. Si Kosmos a accusé une perte nette ajustée de 39,4 millions de dollars pour le quatrième trimestre de 2018, elle a annoncé des revenus globaux de 301,4 millions de dollars au quatrième trimestre 2018, contre 187,1 millions de dollars au même trimestre de 2017. ‘‘2018 a été une année de transformation, car Kosmos a évolué pour devenir une société d’E & P à cycle complet’’, a expliqué le Pdg Andrew G. Inglis, lors de la dernière présentation des états financiers, le 25 février dernier. ‘‘Nous avons finalisé une acquisition stratégique dans le Golfe du Mexique, déclaré Fid dans le cadre de notre projet de développement en phase 1 de Tortue et généré un flux de trésorerie net de plus de 250 millions de dollars. Des actions émises dans le cadre de l’acquisition. Kosmos a organiquement remplacé plus de 130 % de la production sur une base nette et prouvée, marquant la sixième année consécutive avec plus de 100 % de remplacement de la production’’, a analysé le boss de la junior américaine.
Pour lui, les perspectives sont encourageantes. ‘‘Kosmos est désormais bien placée pour accroître ses flux de trésorerie, ses réserves prouvées et sa production, grâce à une combinaison d'activités d'exploitation, de développement, d'exploration dirigée par une infrastructure et d'exploration d'ouverture de bassin. Kosmos est plus fort que jamais et la confiance que nous avons en les perspectives d'avenir de la société est illustrée par le versement d'un dividende pour 2019, le premier de son histoire’’, at-il conclu.
“IL FAUT TRANSMETTRE, SI ON VEUT CHANGER LES CHOSES’’
Patronne de Boul Faalé Images, Rama Thiaw veut inviter des femmes d’ici et d’ailleurs, du 19 au 24mars prochains, à échanger autour de diverses thématiques, mais surtout transmettre. C’est ainsi que sont nés les “Sabbars artistiques’’.
Rama Thiaw revient, dans cet entretien, sur quelques grandes lignes de cet évènement. Elle donne son avis sur l’organisation du Fespaco et l’initiative “Noir n’est pas monétiser’’
Vous préparez les ateliers réflexives. C’est quoi exactement ?
D’abord, ça s’appelle les “Sabbars artistiques’’. Je suis partie des “Sabbars’’ qui sont des réunions de femmes sénégalaises autour des percussions, au cours desquelles elles peuvent échanger, danser. Ce sont des moments entre elles, un moment de féminité. C’est pourquoi ça s’appelle les “Sabbars artistiques’’. Pourquoi ateliers réflexives ? Parce que la réflexivité est un concept philosophique qui englobe à la fois la réflexion, mais aussi l'émotion et la transmission. Donc, ce n’est pas que je dirais des ateliers où on va penser, analyser et élaborer des théories. C'est d'une part ça, mais c'est aussi, d'autre part, l'émotion. Cette dernière est l’intelligence première pour pouvoir penser, analyser, changer les choses. Si vous ne ressentez pas une émotion envers quelqu’un, une musique ou même envers une injustice, vous n’allez pas pouvoir la changer. Enfin, il y a l’aspect transmission, puisqu’il nous semble important, si on veut changer les choses, qu’il faut transmettre. Ces “Sabbars’’ sont là aussi pour que les femmes transmettent leurs savoirs entre elles.
Mais, dans ce concept philosophique de la réflexivité, il existe, si je ne m’abuse, le masculin, et d’où vient l’idée d’organiser ces Sabbars ?
C’est la réflexivité, cela ne change pas. Donc, ce sont les ateliers réflexives. Parce que si on met réflexif, ça fait référence à la réflexion. Cette question, j’y ai droit huit fois sur dix. Le point de départ, c’est que depuis quelques années, il y a ce que j’appelle les “afromachins’’. On a les afro-féministes, les afro ceci, les afro cela. A un moment, j’avais écrit un article en disant trop d'afro tue l’afro. C’était un peu un texte satyrique où je disais : si notre combat de lutte des femmes est réduit à une coupe… Bien sûr que afro-pop n'englobe pas que la coupe, mais c'était satirique de dire si on est réduit à une coupe de cheveux, où est-ce qu’on va. Mais ça, c'était plus, je dirais un ras-le-bol que j'avais. Après, quand j’ai montré mon film en Belgique aux Beaux-Arts qui est le centre d’art contemporain de Bruxelles, j’ai rencontré les créatrices du livre qui s’appelle “Crions post colonie’’ qui ont demandé à des artistes congolais et belges de se raconter en tant qu’artistes qui venaient du Congo et qui devaient créer en Belgique. Il y avait beaucoup d’artistes comme Jean Bofane, Monique Feba et même des philosophes et des chercheurs qui se sont exprimés sur cette question et on a eu encore cette discussion entre l’afro-féminisme et le fait que moi je ne me reconnaissais pas du tout dedans et que j'avais l'impression que ces mouvements-là qui sont très bien et doivent exister en Europe, accaparent la parole qui venait du continent.
Pourquoi vous ne vous reconnaissez pas dans le discours de ces mouvements ?
C'est comme s’il n'y avait jamais eu de féminisme africain sur le continent. Et médiatiquement aujourd'hui, cette jeune femme, qu'elle soit afro-descendante ou de la diaspora ou même noire européenne, pour moi, on est soit afro-descendant, soit on est noir européen. Aujourd’hui, afro-féminisme, par exemple, c’est entendu comme des jeunes femmes noires européennes. Mais donc pourquoi l'appeler afro ? Puisque afro fait référence à afro-africain. Elles vont nous dire que ça vient du “Black feminisum’’, donc c'est comme les Afro-Américaines. Oui, mais dans le Black féminisum, et lorsqu'on parle d’Afro-Américaines, on fait aussi référence à l'esclavage. Donc, ce sont des descendants de cette histoire-là. Or, aujourd'hui, les femmes noires européennes ne sont pas issues de l’esclavage. Elles ont une autre histoire de la colonisation, de l’émigration. Certaines n’ont pas envie de revendiquer cette histoire-là, parce qu’elles sont soit françaises, soit belges, soit suisses, soit allemandes. Pourquoi alors toujours les ramener à l’histoire de leurs grands-pères sur des choses qu’elles ne vivent pas culturellement ? Etre africaine, ce n’est pas seulement être noire. Il y a des Africains de type maghrébins, il y a des Africaines blanches en Afrique du Sud, en Zambie. Réduire le terme afro à une couleur de peau me gêne profondément. Après, réduire ces luttes européennes aux femmes du continent est aussi un paradoxe qu'il faut soulever et enlever. J’ai dit pour une fois on va organiser des ateliers, des rencontres culturelles. Pour une fois, ce sont les femmes du continent qui vont recevoir leurs consœurs du monde entier.
Qui sont ces femmes attendues à ces ateliers ?
Elles viennent de tous les champs possibles. Il y a à la fois des chercheuses, des universitaires, des femmes politiques, des femmes au foyer, des commerçantes, des étudiantes. L’idée, c’était d’avoir toutes les classes sociales afin que toutes les voix soient représentées. Je n’avais pas envie de faire un énième atelier, évènement pour une certaine élite, que pour des intellectuelles, comme si le reste des femmes n'existaient pas et n'avaient pas non plus leur mot à dire sur ces questions de féminité. Aussi, l'autre point, c’est que toutes ces femmes-là ne vont pas parler uniquement d'histoires de féminité. Elles vont aussi parler de luttes politiques parce que, très souvent, on laisse ce champ-là aux hommes, comme si nous n’étions pas capables d'énoncer une idée politique, alors que c'est nous qui vivons la politique au jour le jour. Il y aura à ces rencontres des Sénégalaises, des Africaines, des Noires européennes, des Noires américaines, des Caribéennes. C’est une première édition, on n’a pas beaucoup d’argent, même si on a l'impression qu'on a dix mille sponsors parce que c'est toujours la même chose quand il s'agit d’évènements de femmes. On est sous-financé. Je tiens à remercier d'ailleurs des femmes qui sont dans les institutions qui nous ont soutenues, mais malheureusement comme elles ne sont pas nombreuses dans les institutions, on n’a pas eu le financement qu'on aurait dû avoir. C'est dommage, c'est vraiment dommage. Donc, j'espère qu'il y aura une autre édition et que là, tout le monde sera au rendez-vous et qu’on aura notre Etat qui va nous soutenir. On a besoin qu’à un moment, nos Etats soutiennent les évènements culturels, mais aussi les évènements qui sont créés par des femmes. On ne peut pas toujours soutenir les mêmes évènements qui sont là depuis X années. Pourquoi, en plus, il faut nous soutenir ? Quand on fait un évènement culturel, on crée des emplois dans d'autres secteurs comme le tourisme, le transport, la communication, l’imprimerie, la mode, la restauration, etc. Dès qu’on fait un évènement culturel, il y a plusieurs corps de métier, plusieurs industries qui se mettent en branle. Donc, pourquoi on ne nous soutient pas dans cette création d’emplois ? C’est la première chose et la seconde, c’est que si, à chaque fois, on est là à se plaindre, en train de dire comment on va faire pour développer nos pays, il faut soutenir les entreprises basées ici et plus celles dirigées et créées par des femmes. Parce qu’elles n’ont pas les relations, les moyens de convaincre les organismes financiers qui croient que les femmes sont incapables de gérer. Les mécènes privés et l’Etat doivent, à un moment, prendre le risque d’investir dans ces industries parce que, finalement, c’est nous qui créons les emplois.
Vous êtes établi en Europe…
(Elle coupe) Non, je suis établie ici. Tout le monde pense que je vis en Europe. Mais non, j’ai créé ma boite ici il y a 11 ans, Boul Faalé Images. Ce qui est dommage, et c’est aussi une des raisons pour laquelle je fais ces Sabbars, c’est qu’on pense que quelqu’un qui est cultivé, forcément, ne vit pas ici. Je viens d’un milieu très modeste. Je viens de Pikine. Je suis la seule, dans ma famille, à avoir fait des études universitaires. Pourtant, les gens, quand ils me voient, pensent que soit je viens des milieux favorisés, soit je suis fille de diplomate ou je ne sais quoi. Non. J’ai dû apprendre et me battre pour faire des études en économie, en sociologie et en cinéma à Paris 1. Ce n’est pas parce que je m’exprime bien que je ne suis pas une Pikinoise. Cela voudrait dire qu’une femme de Pikine ne peut pas avoir cette intelligence et cette capacité. Moi, cela me choque. On n’arrive pas à nous projeter et avoir confiance en nous-mêmes et dire qu’on est capable juste d’être intelligentes. C’est quoi la femme des milieux populaires au Sénégal ? C’est une vraie question.
Vous suivez tout de même l’initiative “Noir n’est pas mon métier’’. Qu’en pensez-vous ?
C’est bien que cela existe en France. C’est bien que les Françaises noires, à un moment, s’accaparent de cette question-là. Mais moi, ce que j’ai envie de dire, c’est qu’Africaine n’est pas mon métier de la même manière. J’en reviens encore à cette question : qu’est-ce qu’être une Africaine, une femme noire issue des milieux populaires ? Si vous êtes noir, quel que soit le continent d’où vous venez, vous êtes déjà discriminé. Si vous êtes une femme, vous êtes discriminée deux fois. Mais si vous êtes noire africaine, vous êtes trois fois plus discriminée. Imaginez que vous venez des milieux pauvres, vous êtes quatre fois plus discriminée. On ne parle jamais de cette double discrimination. Même faire un métier comme le cinéma qui, soi-disant est un métier de prestige, souvent on vous dit vous n’avez pas les capacités artistiques. Vous n’êtes pas assez intelligente pour pouvoir le faire. C’est cela aussi que ça sous-entend. Certains vous disent : “Mais vous êtes ambitieuse.’’ Alors que si c’est un homme qui a le même projet que vous, on dit : “C’est génial, fantastique.’’ J’ai donc envie de dire “Africaine n’est pas mon métier’’, parce que les nombreuses fois où je suis allée dans des festivals présenter mon film “The revolution don’t be televised’’, on ne me parle pas de cinéma. La première question qu’on me posait, c’est comment ça se passe en Afrique sur le plan politique, comme si j’étais journaliste, historienne et que je vais connaître l’histoire politique des 55 pays et leur faire un compte-rendu en 10 minutes. C’est très rarement que les gens posent des questions autour de la forme, de l’esthétique et autres. Alors que le cinéma, c’est un art. On se bat pour faire un art et non pas pour parler de la situation économique, politique de nos pays.
Pourquoi vous n’êtes jamais allée au Fespaco en 2017 avec votre film “The revolution don’t be televised’’, alors que quelques mois auparavant, il était aux Journées cinématographiques de Carthage (Jcc) ?
J’ai fait mon film en 2016 ; il a été sélectionné à Berlin (la Berlinale) à la section Forum. Je tiens à préciser que c’était la première fois qu’un film sénégalais, produit à 80 % par une société sénégalaise, accédait à un festival de cette catégorie-là. On a eu deux prix au Forum. Je tiens à préciser cela, parce que, très souvent, on parle de films sénégalais, or ils sont majoritairement produits par des sociétés françaises. C’était la première fois que c’était l’inverse. Après Berlin, on pensait qu'on irait au Fespaco. On s’est inscrit comme tout le monde. Aux Jcc, j’ai rencontré le directeur du Fespaco, M. Ardiouma, qui m’a personnellement donné sa carte de visite et il m’a dit quelque chose qui m’a semblé très étonnant. Il m’a dit : “Ecoutez, que vous soyez sélectionnée ou pas, appelez-moi, on fera en sorte que vous veniez.’’ Sur le coup, je n’ai pas réagi. Je me disais qu’il n’y avait pas de raison. On a eu le prix du jury, cette année-là. Je me rappelle d’un autre compatriote cinéaste, Alassane Sy, qui, lui, je crois, avait eu le premier prix court-métrage. On était tous les deux et on se disait qu’on allait se revoir au Fespaco. On n’a pas été sélectionné. Ils ont sélectionné d’autres films, d’autres cinéastes. On a été plusieurs jeunes cinéastes africains qui n’étaient pas là. Je n’étais pas la seule. Il y avait beaucoup d’autres très bons cinéastes, que ce soit dans le documentaire ou la fiction qui n’étaient pas là. Il y a un problème au niveau de la sélection. Si ceux qui sont chargés de cela ne connaissent pas le cinéma, ne s’y intéressent pas, comment voulez-vous déjà qu’ils puissent sélectionner des cinéastes de qualité ? On ne sait pas qui fait la sélection. On a de vagues soupçons que ce soit des gens de l’administration et pas du tout du monde du cinéma. Aussi, je ne vois jamais de programmateurs du Fespaco aller dans d’autres festivals chercher de jeunes talents. Tous les autres festivals au monde ont un programmateur ou directeur artistique qui va dans d’autres festivals et essaie de voir quel est le jeune talent qui émerge. Je pense aussi qu’un festival de cinéma ne peut pas être dirigé, organisé par des fonctionnaires d’Etat. C’est complètement absurde. Ce n’est pas le même métier. Je me demande également pourquoi le Fespaco est le seul festival au monde qui tient sa conférence de presse sur un autre continent. Quand même ! Ce festival a 50 ans. Soixante ans après les indépendances, on va dans le continent du colon faire nos conférences de presse. Pour moi, c’est le pire aveu de défaite. On est capable d’organiser une conférence de presse sur notre continent. N’avons-nous pas de bons journalistes ? N’avonsnous pas les moyens de le faire ? Imaginez que le festival de Cannes fasse sa conférence de presse au Japon ou en Amérique du Sud ! J’ai énoncé quelques grandes lignes ici. Ce festival a des financements. Cette année, ils ont invité 600 personnes. Je ne connais aucun festival au monde qui invite 600 personnes. Si on a de l’argent pour inviter 600 personnes, on de l’argent pour faire un festival qui tienne. Regardez le site du festival, mais c’est une honte. Regardez les affiches, chaque année, on a envie de pleurer. N’avons-nous pas des graphistes de talent ? Quand j’en parle, je le fais avec le cœur, parce que c’est l’image du cinéma du continent. Même pas de l’Afrique, parce qu’il y a les Jcc, Durban. Mais on a l’impression qu’en Afrique francophone, il n’y a que le Fespaco. Il n’est pas la vitrine du cinéma panafricain, africain, mais celle du cinéma africain francophone. D’ailleurs, cette année, beaucoup des invités anglophones n’ont pas reçu leurs billets. Durban a beaucoup de problèmes, mais est mieux organisé que le Fespaco. A un moment, il faut arrêter de dire que parce que c’est nous africains que les choses se passent ainsi. Il faut qu’on se remette en cause parce que c’est à nous cinéastes que cela fait du tort. Les gens, à l’international, ont ce mépris en disant que ce sont des Africains, c’est pour cela que l’organisation est de mauvaise qualité. On a des films institutionnels qui sont en compétition et ça renforce les clichés qu’on a sur nous et contre lesquels on se bat. On n’a pas de financement parce qu’on pense qu’on aura les mêmes choses que ce qu’on voit au Fespaco. Il faut que cela change. Je profite de cette occasion pour féliciter les Sénégalaises primées cette année : Khadidiatou Sow qui a le Poulain d’argent et Angèle qui a le Poulain de bronze et est Meilleure réalisatrice de la Cedeao.