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7 juin 2025
LA CROISADE JUDICIAIRE QUI POLARISE LE PAYS
La "reddition des comptes" lancée par le nouveau gouvernement soulève autant d'espoirs que de questions sur ses méthodes. L'initiative, qui rappelle l'affaire Karim Wade, met à l'épreuve l'équilibre entre volonté populaire et respect de l'État de droit
(SenePlus) - Le nouveau gouvernement, dirigé par le président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko, intensifie ses efforts pour enquêter sur la gestion de l'ancien régime de Macky Sall. Cette démarche, baptisée "reddition des comptes", suscite cependant des inquiétudes quant à ses méthodes et sa légalité.
Le Premier ministre a récemment adopté un ton ferme, déclarant : "S'il faut les tirer par les orteils, nous le ferons pour qu'ils reviennent. Dans les jours à venir, c'est par dizaines qu'ils vont rendre compte." Cette rhétorique s'est traduite par des mesures concrètes, notamment des interdictions de sortie du territoire pour plusieurs anciens hauts responsables.
Cependant, le flou entourant ces procédures est dénoncé par l'opposition. Omar Youm, cadre de l'ancien parti au pouvoir, s'indigne dans les colonnes du journal Le Monde : "Ces personnes empêchées de voyager ne savent même pas si elles sont formellement visées par des enquêtes judiciaires. Il y a de fortes chances que ces restrictions graves ne reposent sur aucune base légale."
Le parallèle avec l'affaire Karim Wade en 2014 est inévitable. Alioune Tine, fondateur du Think tank AfrikaJom Center, souligne : "Tout le monde s'accorde à dire que le procès du fils de l'ancien président Abdoulaye Wade avait été entaché par le non-respect des droits à la défense. Et cela avait fait du mal à la lutte contre la corruption. Cette fois, les nouvelles autorités doivent faire mieux."
Face à ces critiques, le gouvernement se défend. Le ministère de la justice interrogé par par Le Monde, justifie les interdictions de sortie du territoire en affirmant "qu'au moins cinq personnes mises en cause ont déjà disparu dans la nature". Ayib Daffé, secrétaire général du parti au pouvoir, Pastef, insiste : "La population veut cette reddition des comptes. En vérité, la rue nous dit qu'on ne va pas assez vite, pas assez durement. Mais on veut faire les choses comme il faut."
Pour renforcer la légitimité de cette démarche, le gouvernement a mis en place un nouveau pool judiciaire financier, remplaçant l'ancienne Cour de répression de l'enrichissement illicite (CREI). Ce nouveau dispositif prévoit notamment la possibilité de faire appel et met fin au renversement de la charge de la preuve, répondant ainsi à certaines critiques formulées lors de l'affaire Karim Wade.
PASTEF ANNONCE LES MODALITÉS DE CANDIDATURE POUR LES LISTES DÉPARTEMENTALES
Selon le secrétaire général du parti, les candidatures pour les postes de députés seront ouvertes du vendredi 20 septembre au dimanche 22 septembre 2024, à minuit.
Le parti Pastef a publié, vendredi, un communiqué pour informer ses membres des modalités et conditions de candidature pour les élections législatives prévues le 17 novembre 2024.
Selon le secrétaire général du Pastef, les candidatures pour les postes de députés seront ouvertes du vendredi 20 septembre au dimanche 22 septembre 2024, à minuit.
« Les Coordonnateurs départementaux doivent convoquer des réunions départementales d’investiture le samedi 21 septembre 2024 ou le dimanche 22 septembre 2024 pour proposer au parti les hommes et femmes investis en qualité de titulaires et de suppléants au niveau de leur département », informe le communiqué.
Après les réunions, un procès-verbal sera envoyé au Secrétariat général du parti au plus tard le lundi 23 septembre, précisant les décisions prises et les éventuels désaccords. Pour les sections de la diaspora, des procédures similaires sont prévues pour garantir leur participation.
Le communiqué mentionne également qu’une annexe précise les critères d’éligibilité et la composition du dossier de candidature, afin d’assurer que tous les candidats répondent aux exigences du parti.
Enfin, la mise en œuvre de ces mesures sera assurée par plusieurs membres du bureau exécutif du parti, y compris le Secrétaire général et d’autres responsables.
SERIGNE MBAYE THIAM NOMMÉ ENVOYÉ ET CONSEILLER DE HAUT NIVEAU DU PARTENARIAT MONDIAL POUR L'ÉDUCATION
Cette nomination vient reconnaître l'engagement de l''ancien ministre de l'Éducation et de l'Eau et de l'Assainissement en faveur de l'éducation et son expérience sur la scène internationale.
L’ancien ministre de l’Education, Serigne Mbaye Thiam, a été nommé envoyé et conseiller de haut niveau du Partenariat mondial pour l’Education (GPE), ”un engagement commun à mettre fin à la crise mondiale de l’apprentissage, a appris l’APS, vendredi.
Ancien ministre de l’Eau et de l’Assainissement, Serigne Mbaye Thiam, qui a précédemment occupé les fonctions de vice-président du Conseil d’administration du GPE, a été nommé en même temps que Ruth Kagia, l’ancienne directrice adjointe de cabinet et conseillère principale auprès de l’ancien président kenyan Uhuru Kenyatta.
‘’Nous sommes ravis d’accueillir à nouveau Serigne Mbaye Thiam et Ruth Kagia dans la famille du GPE en tant que nos premiers envoyés et conseillers de haut niveau pour l’éducation”, a déclaré Laura Frigenti, directrice générale du Partenariat mondial pour l’éducation, sur le site officiel du GPE.
Selon elle, ”ils ont tous deux démontré un engagement sans pareil pour l’avancement de l’éducation dans leurs pays respectifs et sur la scène internationale, en plaidant en faveur de 12 années d’éducation de qualité pour tous les enfants”.
Leur nomination intervient à un moment critique marqué par une crise de l’apprentissage qui s’intensifie ainsi qu’une réduction des budgets consacrés à l’éducation’’, tandis qu’à l’’’échelle mondiale, sept enfants sur dix ne sont pas capables de lire et de comprendre un texte simple à l’âge de 10 ans, a expliqué ainsi Laura Frigenti.
Pour sa part, Serigne Mbaye Thiam se dit à la fois ”honoré d’accepter le rôle d’envoyé et conseiller de haut niveau du GPE’’ et ’’impatient de mettre à profit son expérience, notamment au sein du GPE et en tant que ministre de l’Éducation, pour faire progresser l’éducation dans le monde”.
Entre janvier 2013 et décembre 2014, M. Thiam a été membre du Conseil d’administration du GPE, représentant 18 pays francophones d’Afrique. En outre, de février 2014 à décembre 2015, il a présidé le Comité de gouvernance, d’éthique, du risque et du financement du Conseil d’administration.
Depuis 1996, il a occupé divers postes dans l’administration sénégalaise, notamment en tant que député et ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. M. Thiam a également représenté le Sénégal au Conseil exécutif de l’UNESCO. Il est aussi membre de la Commission Internationale de l’UNESCO sur les futurs de l’éducation.
Le Partenariat mondial pour l’Education (GPE) est ”un engagement commun à mettre fin à la crise mondiale de l’apprentissage”. Il mobilise des partenaires et des fonds pour ”aider 90 pays à faible revenu à transformer leurs systèmes éducatifs afin que chaque fille et chaque garçon puisse recevoir l’éducation de qualité dont il a besoin pour réaliser pleinement son potentiel et contribuer à la construction d’un monde meilleur”.
LÉGISLATIVES, ABDOUL MBAYE ACCUSE LE RÉGIME DE MANŒUVRES DILATOIRES
"Le peuple sénégalais mérite-t-il sa classe politique ? L’espoir était de mise en avril 2024. Jamais je n’aurais imaginé le PASTEF dans une continuité du ‘Njucc Njacc’ (magouille) pour organiser le recul démocratique au Sénégal", écrit-il.
Après la publication du calendrier électoral pour les élections législatives du 17 novembre 2024, les acteurs de l’opposition ont dénoncé, d’une voix, la volonté du régime actuel de vouloir maintenir le flou dans le processus électoral afin d’obtenir la majorité à l’Assemblée nationale.
A ce titre, le leader de l’ACT, Abdoul Mbaye a accusé le parti au pouvoir de faire dans le dilatoire.
«Le peuple sénégalais mérite-t-il sa classe politique ? L’espoir était de mise en avril 2024. Jamais je n’aurais imaginé le PASTEF dans une continuité du ‘Njucc Njacc’ (magouille) pour organiser le recul démocratique au Sénégal », a-t-il déclaré.
A noter que l’ATEL, une alliance d’opposition regroupant quasiment tous les partis et mouvement d’opposition, a été mise en place pour exiger la transparence dans le processus électoral. Elle compte à cet effet, organiser un rassemblement pacifique le 27 septembre à la Place de la Nation.
LA VÉRITÉ SUR LES MILLIARDS DE LA PRIMATURE
L'affirmation de Madiambal Diagne selon laquelle la Primature aurait dépensé 12,12 milliards de francs CFA en seulement trois mois sous Sonko est erronée. Ce montant correspond aux dépenses cumulées sur les six premiers mois de l'année 2024
Une récente polémique sur les réseaux sociaux concernant les dépenses de la Primature a été démentie par des vérifications factuelles. Selon la rubrique de fact-checking du quotidien Le Soleil, l'affirmation selon laquelle la Primature aurait dépensé 12,12 milliards de francs CFA en seulement trois mois est erronée.
L'origine de cette controverse remonte à un tweet du journaliste Madiambal Diagne, publié le 17 septembre, qui a rapidement circulé sur les réseaux sociaux. Cependant, une analyse approfondie du rapport trimestriel d'exécution budgétaire du deuxième trimestre 2024 révèle une réalité différente.
Le montant de 12,12 milliards de francs CFA correspond en fait aux dépenses cumulées sur les six premiers mois de l'année 2024, soit de janvier à juin, et non sur un trimestre comme initialement suggéré. L'économiste Abdoulaye Seck, cité par Le Soleil, a clarifié ce point en soulignant que le rapport fait état de la situation au 30 juin 2024.
Pour déterminer les dépenses réelles de la Primature sur une période de trois mois, deux méthodes de calcul ont été proposées par des experts économiques. La première consiste à calculer la différence entre les dépenses du premier et du deuxième trimestre, aboutissant à un montant de 3,33 milliards de francs CFA pour le deuxième trimestre 2024. La seconde méthode, utilisée par Soleil Check, soustrait les dépenses du premier trimestre. (8,79 milliards) du total au 30 juin (12,12 milliards).
Il est important de noter que le premier trimestre 2024 a vu se succéder deux Premiers ministres : Amadou Ba et Sidi Kaba, ce dernier ayant pris ses fonctions le 6 mars 2024. Les chiffres révèlent que les dépenses combinées de ces deux anciens Premiers ministres dépassent largement celles de l'actuel Premier ministre, Ousmane Sonko.
MABOUBA DIAGNE ANNONCE UN CHAMPIONNAT NATIONAL AGRICOLE ANNUEL
Cette initiative, selon le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, est destinée à récompenser les communes qui se distingueront par leurs performances en production agricole.
Ouonck (Bignona), 20 sept (APS) – Le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire compte organiser chaque année ‘’un championnat national agricole’’, dans le but de récompenser les meilleures communes qui auront atteint un certain niveau de production, a appris l’APS de source officielle, jeudi.
‘’ (…) chaque année, on va organiser un championnat national agricole, et les meilleurs maires seront récompensés’’, a annoncé le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire.
S’exprimant lors d’une visite à Ouonck, dans le département de Bignona (sud), Mabouba Diagne a précisé que cette démarche vise à créer une compétition entre les maires.
Le ministre de l’Agriculture a entamé par cette commune, une tournée de deux jours dans la région de Ziguinchor.
Mabouba Diagne a expliqué que ce ce championnat sera un contrat agricole entre les maires et le ministre de l’Agriculture.
‘’Vous me dites Monsieur le ministre je suis en mesure de produire tant de tonnes de riz, tant de tonnes de blé, tant de tonnes de ceci, de cela. Mais, en contrepartie partie, je souhaiterais que vous me fassiez ça’’, a-t-il indiqué.
Le ministre de l’Agriculture affirme que ce sera une opportunité pour son département de susciter une ‘’émulation agricole’’ entre les différentes communes du département de Bignona, voire des autres contrées du pays.
Dans cette perspective, il a exhorté les maires du département de Bignona à se regrouper en coopératives agricoles, communales, intercommunales et départementales.
‘’J’invite les maires des communes environnantes à se rassembler et à mettre sur pied une coopérative intercommunale. Et si vous me faites une coopérative intercommunale au niveau départemental, je vais vous donner un tracteur ’’, a promis Mabouba Diagne.
Le ministre de l’Agriculture a tenu toutefois à préciser que ce sont des tracteurs subventionnés nécessitant une certaine contribution des bénéficiaires.
Mabouba Diagne a annoncé que son département est en train de réfléchir avec des partenaires techniques et financiers pour voir comment positionner des motoculteurs et des tracteurs dans les 557 communes du Sénégal.
‘’C’est dire que pour la coopérative agricole intercommunale, voire départementale, il faut un plan d’affaires très bien défini de 2024 à 2029 avec des objectifs, que ce soit sur la riziculture, l’arachide, le maïs, le blé, etc.’’, a-t-il affirmé.
‘’Regroupez-vous et faites un plan d’affaires quinquennal de 2024 à 2029’’, a lancé M. Diagne aux maires et aux élus du département de Bignona.
Selon lui, il y a trois facteurs de réussite en agriculture : la formation, la formalisation et le financement.
‘’Si on a un plan d’affaires bien défini, il y aura 50 mille manières de vous financer à travers d’abord les programmes, la banque agricole, la DER/FJ, la Délégation générale à l’entrepreneuriat rapide des jeunes et des femmes, etc.’’, a-t-il déclaré.
‘’Ce qui est d’abord extrêmement important, c’est la formalisation. Regroupez-vous, faites-nous des plans d’affaires’’, a-t-il suggéré aux maires et élus de Bignona.
Il a indiqué que les jeunes veulent aujourd’hui un accompagnement pour la formation, le financement, la formalisation et la transformation.
Le ministre de l’Agriculture a dans le cadre de cette visite dans les Kalounayes remercié la jeunesse, les femmes et les producteurs pour leur accueil.
‘’Mention spéciale aux femmes à qui j’ai dédié cette année dans le cadre de la campagne agricole 20% des semences et des engrais’’, a-t-il déclaré. Il dit avoir pris acte des doléances émises par les populations locales.
AMSATOU SOW SIDIBÉ PLAIDE POUR UNE MEILLEURE EXIGIBILITÉ DES DROITS HUMAINS
La présidente de la Commission nationale des droits de l’homme du Sénégal a réaffirmé l’importance de rendre les droits humains réellement applicables à tous les niveaux de la société, avec une attention particulière pour les femmes et les enfants.
Dakar, 20 sept (APS) – La Commission nationale des droits de l’homme du Sénégal veut arriver à faire en sorte que les différents niveaux de la société soient davantage imprégnés de l’idée que “les droits humains sont des droits exigibles, spécialement quand il s’agit des femmes et des enfants”.
“Il s’agit d’inculquer à tous les niveaux dans nos sociétés l’idée que les droits humains sont des droits exigibles, spécialement quand il s’agit des femmes et des enfants”, a déclaré sa présidente, l’universitaire Amsatou Sow Sidibé.
Elle prenait part à l’assemblée générale de la Commission panafricaine des leaders pour les droits de l’homme, de la femme et de l’enfant, vendredi, à Dakar.
Selon Mme Sidibé, la Commission panafricaine pour les droits de l’homme, de la femme et de l’enfant inclut “tous les droits humains, spécialement les droits des femmes et des enfants”.
“C’est une commission qui comporte des membres venant d’un peu partout en Afrique, surtout en Afrique francophone, et qui veut unir ses efforts pour que la culture des droits des femmes et des enfants soit une réalité”, a indiqué l’enseignante-chercheure à la faculté de droit de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.
“Il s’agit d’une organisation qui veut asseoir le leadership transformationnel, parce que nos communautés elles-mêmes doivent être sensibilisées sur l’importance de l’humain en général, et sur l’importance des femmes et des enfants”, a expliqué Amsatou Sow Sidibé.
Les institutions nationales des droits de l’homme représentent “une interface” entre l’État, les populations la société civile, a-t-elle avancé.
“Nous allons les soutenir, les appuyer, parce que tout ce que nous recherchons, c’est l’effectivité des droits humains. Que ces droits humains qui sont dans les textes, dans les conventions, dans la Constitution, soient une réalité partout, dans les maisons, dans les quartiers, partout dans nos pays”, a-t-elle dit.
Interpellée sur les voies et moyens de rendre effectif le respect des droits humains, Mme Sidibé a répondu : “Nous voulons le vécu maintenant. Nous voulons la pratique dans les droits humains. Et nous voulons toujours rappeler à l’État, à nos États, qu’ils ont pris des engagements internationaux en matière de droits humains, il suffit de les respecter pour que le peuple vive sa dignité”.
“Le mot dignité doit être devant nous, devant l’État, devant la société civile, devant les populations, devant les femmes, devant les enfants. La dignité humaine, c’est de ça qu’il s’agit”, a-t-elle insisté.
Pour Mamadou Salif Diallo, président de la Commission panafricaine des droits de l’homme, de la femme et de l’homme, “il faudrait prendre des dispositions en tant qu’Africain, en tant que leader africain, pour pouvoir remédier à ces situations” de non respect des droits humains.
“Il s’agit pour nous de prendre des dispositions pour trouver des solutions afin de remédier” à ces situations, a ajouté Mamadou Salif Diallo.
“La première disposition que nous avons prise, c’est d’abord la mise en place de cette commission. C’est la première étape. La deuxième étape, nous sommes en train de mobiliser des leaders africains avec eux, nous allons apporter notre expérience et les accompagner pour que les droits des femmes et des enfants soient pris en compte”, a-t-il expliqué.
Silèye Gorbal Sy, initiateur de cette rencontre, estime que la Commission panafricaine, en adoptant ses textes statutaires et réglementaires, est appelée à jouer “un rôle capital” pour la promotion des droits de l’homme, en particulier des femmes et des enfants, à travers ses leaders “dans tous les domaines de la vie économique et sociale de notre continent”.
L’ÉTAT REMET LE VOILE
Le ministre de l'Éducation s'apprête à publier un arrêté crucial sur le port du voile dans les établissements scolaires. L'initiative portée par le Premier ministre, vise selon les autorités, à garantir une éducation inclusive
Ousmane Sonko est un homme qui ne renonce pas. Pris dans une polémique au mois d’août après sa déclaration en marge de la remise des prix du Concours général sur l’interdiction du port du voile dans certains établissements scolaires, le Premier ministre ne semble pas abandonner le sujet. Si la réunion interministérielle sur la rentrée scolaire comporte 30 points, le 8 est très explicite sur la question qui déchaîne des passions : «Afin d’assurer les conditions d’une éducation inclusive, garantissant le libre accès de tous les enfants à l’école, sans distinction aucune, notamment portant sur le port vestimentaire, le ministre de l’Education nationale devra soumettre, au plus tard le 27 septembre 2024, un arrêté invitant les établissements scolaires à conformer leurs règlements intérieurs aux dispositions de la Constitution.»
Comment y arriver ? Dès l’éclatement de la polémique, le Directeur diocésain de l’Office national de l’enseignement catholique du Sénégal (Odec) de Dakar avait envoyé une lettre adressée aux directeurs et chefs d’établissement pour leur demander de mettre à jour le Règlement intérieur des écoles. Et de souligner dans son document : «Nous voulons toujours promouvoir le vivre-ensemble dans nos écoles, et par rapport à cet objectif, personne ne devrait nous distraire. Alors, comme nous l’avions fait en 2019, nous vous demandons de mettre à jour le règlement intérieur de nos écoles pour nous prémunir contre toute provocation et d’éventuels conflits sur la question du voile.»
Ainsi, l’Abbé Diouf leur demande, dans le règlement intérieur, d’insister «sur les comportements à proscrire parce que portant atteinte au vivre-ensemble». Pour lui, il est bon «que tous les règlements intérieurs de nos écoles soient clairs sur la question et insistent sur la dimension éducative plutôt que toute autre chose. Il n’est pas donc opportun de parler explicitement de voile dans le règlement intérieur, mais de tout ce qui constitue un frein au vivre-ensemble».
Pour rappel, le Premier ministre Ousmane Sonko, lors d’une rencontre avec les lauréats du Concours général 2024 au Grand Théâtre national Doudou Ndiaye Coumba Rose de Dakar, a menacé les écoles et instituts qui imposent des interdictions sur le port du voile aux filles. Le chef du gouvernement avait clairement annoncé que l’Etat ne tolérera plus de telles restrictions. Il avait insisté sur le fait que les écoles qui continuent de refuser l’accès aux élèves voilées s’exposent à des sanctions sévères.
LE PS EN QUÊTE D'ALLIANCE
À deux mois des législatives anticipées, les socialistes annoncent leur intention de rejoindre l'opposition pour former une large coalition. Cette décision marque un tournant pour le parti, longtemps allié au pouvoir au sein de Benno Bokk Yaakaar
Le parti socialiste est engagé pour la formation d’une large coalition de l’opposition sans exclusive en perspective des législatives anticipées du 17 novembre prochain. À cet effet, un mandat a été donné aux responsables d’établir des contacts avec les forces politiques. Déjà, les verts font partie de ceux qui composent l’alliance pour la transparence des élections (Atel).
Une question s’imposait pour le parti socialiste après avoir tranché celle portant sur sa participation aux législatives anticipées convoquées le 17 novembre prochain. Il s’agissait de répondre à la question du : Comment. Puisque la coalition Benno Bokk Yaakaar dans laquelle il était engagé depuis 2012 a été dissoute par son président Macky Sall après la perte du pouvoir. Ainsi, lors d’une réunion de son Secrétariat exécutif national, tenu le 18 septembre, soit à pile 2 mois avant le scrutin du 17 novembre, les verts ont décidé de s'engager avec l’opposition pour des élections libres, transparentes et inclusives.
Mieux, Aminata Mbengue Ndiaye et ses camarades se sont engagés à constituer avec l’opposition une large coalition en perspective des Législatives anticipées 2024. A cet effet, le parti socialiste dit tendre la main à toutes les forces politiques. «Notre ouverture en direction de toutes les forces socialistes, de toutes les forces de gauche, républicaines et démocratiques, sera sans défaut et sans fausseté », avait déclaré, le porte-parole du parti, Abdoulaye Wilane, lors de la réunion du 18 septembre qui parle d’un «engagement sincère pour sauver le Sénégal». «Nous ferons tout pour une coalition qui rassure, motive et mobilise les Sénégalais», a-t-il ajouté.
Les Socialistes veulent une coalition avec tous ceux avec qui ils ont déjà eu à échanger avec «respect et dignité». Ainsi, le parti socialiste a décidé de la mise en place, au sein de ses instances, d’un comité national de réflexion, de pilotage et de gestion des opérations électorales pour l’aboutissement dans les meilleurs délais d’une coalition pour sauver le Sénégal. A cet effet, le PS a engagé sa Secrétaire générale et ses responsables à s’ouvrir à toutes les forces politiques, socialistes et de gauche, républicaines et démocratiques, sociales et syndicales pour l’avènement de la coalition.
D’ailleurs, en marge de la réunion, il a été donné un mandat aux responsables préposés à la tâche d’établir des contacts avec les acteurs politiques. Peu importe, selon le porte-parole du parti socialiste, l’essentiel, c’est de se mettre ensemble sans exclusive pour le Sénégal. En outre, il a été aussi recommandé aux militants du parti socialiste de s’engager dans cette nouvelle dynamique. Il leur a été aussi demandé de privilégier tous ceux qui ont cheminé avec eux dans le passé, qu’ils aient été au parti socialiste, avoir été engagés dans une campagne avec le parti socialiste ou militants de la gauche.
Sans attendre, les mandataires du parti socialiste ont pris contact avec l’Alliance pour la transparence des élections (Atel). Selon toujours nos informations, les verts sont membres de cette nouvelle initiative de l’opposition sous la houlette de leur ancien camarade et ancien maire de Dakar, Khalifa Sall. Dans cette nouvelle dynamique, le PS va se retrouver avec ses anciens camarades de l’Alliance pour la république avec qui il partageait la défunte coalition Benno Bokk Yaakaar.
CE QUI SE PASSE DANS NOTRE SOCIETE DEPASSE PARFOIS L’ENTENDEMENT
PALABRES AVEC… Zaccaria GUEYE, Ecrivain- Chercheur - Dans cet entretien, l’écrivain revient sur son parcours, sa vision de l’écriture et les thèmes abordés dans ses livres.
Entretien réalisé par Alassane S GUEYE et El Hadji Ibrahima FAYE |
Publication 20/09/2024
Ecrivain et chercheur, M. Zaccaria Gueye a déjà signé une riche production littéraire. Discret et bourré d’un grand talent de conteur, ses œuvres s’apprécient par la qualité de l’écriture et son ancrage sur les réalités sociologiques africaines. Son dernier roman, « L’appel de…la mère » aborde la question de l’émigration irrégulière. Dans cet entretien, l’écrivain revient sur son parcours, sa vision de l’écriture et les thèmes abordés dans ses livres.
Qui est Zaccaria Gueye ?
Zaccaria Gueye est un écrivain et chercheur qui est né à Saint-Louis où il a fait ses études élémentaires et secondaires et une partie de ses études supérieures.
M. Gueye, en quel moment vous vous êtes dit que vous allez écrire un livre ?
Je crois que l’idée est venue d’un ami (il va se reconnaître) avec qui je discutais. Après avoir écouté son histoire, je lui ai, à mon tour, raconté quelques épisodes de ma vie. Séduit et impressionné par mon récit, et surtout par la sérénité avec laquelle je déroulais mon histoire, il m’a suggéré l’idée de l’écrire, étant convaincu que cela allait faire un bel ouvrage.
Et comment écrit-on son premier ouvrage ?
La question est d’autant plus pertinente que tous ceux qui ont envie d’écrire se posent souvent cette question. Je crois qu’au début c’était très simple puisque j’ai suivi les conseils de mon ami, c’est-à-dire me raconter ma propre histoire. Personne n’est mieux placé que soi-même pour se raconter sa propre histoire.
Quel a été le procédé pour arriver à un roman ?
Une fois qu’on a la trame de fond, le reste est une question d’amélioration, mais aussi de modifications et d’adaptation pour éviter de tout centrer sur sa propre personne. Bien sûr, il faut aussi connaître les aspects propres au genre que l’on a choisi, ici le roman, et s’y conformer.
Qu’est-ce que tout cela a donné ?
Cela a donné naissance à « Miroir en vertige », mon premier roman. Mais je dois aussi préciser que cela a été un travail très laborieux auquel ont pris part beaucoup de personnes à qui je rends un hommage mérité, notamment pour la relecture, la correction, la mise en forme, les suggestions, etc.
Dans votre deuxième roman, « Le Gouverneur de Diorbivol », l’ouvrage est traversé par le personnage de l’enseignant intransigeant ‘Cekuta’. Pensez-vous que cette espèce est encore en cours dans nos écoles ?
Ah, oui, bien sûr. Ce roman était le lieu pour rendre hommage à tous ces hommes de l’ombre qui, dans tous les secteurs de la vie professionnelle, abattent un travail de titan sans tambour ni trompette. Ils sont partout ces citoyens rigoureux et consciencieux, pétris de compétence et d’expérience, mais discrets et juste motivés par le goût du travail bien fait.
A côté de Cekuta, son ami Baka qui incarne exactement les valeurs contraires et qui pourtant semble passer à travers les mailles du filet.
C’est ça aussi malheureusement notre société. Les personnes qui ont pour seules armes la ruse, l’éloquence et l’audace parviennent à imposer leur vision, si l’on peut parler de vision, à la société et en déterminer les grandes orientations. Mais il faut reconnaître que ceci n’est pas le propre de notre communauté. Ce sont malheureusement les mêmes règles qui régissent les relations internationales. Cependant, il faut remarquer que la ruse, la roublardise et la malhonnêteté qui les sous-tend, ne peuvent mener que vers une impasse.
L’univers que vous décrivez dans vos romans dévoile souvent un environnement quasi surréaliste avec certaines pratiques peu recommandables.
Affirmatif. C’est effectivement comme disait l’autre, je crois que c’est Stendhal, « le roman est un miroir que l’on traîne le long d’une société ». J’ai essayé le plus possible d’attirer l’attention sur des faits qui, à force d’être banalisés, acceptés et même glorifiés, deviennent le socle même de nos actions quotidiennes.
On peut donc assimiler vos romans à un procès de la société sénégalaise.
Sauf que je ne juge pas, je ne condamne pas. On me reproche même le fait de ne pas prendre position à travers mes personnages. Mais c’est une option que j’assume. J’essaie de présenter des faits, réels ou imaginaires, et laisser au lecteur le soin de juger et d’en tirer les conclusions.
Vous confirmez donc que les faits que vous décrivez ont bien cours dans nos sociétés ?
Vous savez, le roman est pièce de fiction certes, mais il part de la réalité qu’il peut amplifier, exagérer, manipuler, mais il finit par revenir à la réalité. Dans mes romans, la fiction est parfois en deçà de la réalité, car pour éviter de choquer mes lecteurs, je reste à la limite du pudique. C’est aussi un choix de parfois atténuer la réalité, mais ce qui se passe dans notre société dépasse parfois l’entendement.
Est-ce donc étonnant de voir ces mêmes pratiques jusqu’au cœur de nos centres de décisions ?
Je rappelle que l’éducation c’est d’abord un comportement, par les parents, les membres de la famille, les proches, les voisins et enfin, l’école. L’environnement de l’enfant détermine son être, sa personne, sa personnalité. Et l’environnement socio-professionnel n’est qu’un lieu de mise en œuvre de ce formatage préalable.
C’est certainement ce qui explique cette crise généralisée de nos valeurs
On peut le dire ainsi, mais en partie seulement. Je pense aussi que les leaders d’opinion, quelque bord qu’ils appartiennent, ont la plus grande responsabilité dans cette crise. S’ils n’en sont pas la cause, ils en tirent les profits. Et même si ce n’est pas le cas, il y a des moments où le mutisme ne s’explique pas.
Mais vos romans restent quand-même un appel à la paix dans un monde en déconfiture
C’est cela. Malgré l’apparent relent de pessimisme, les personnages restent toujours persuadés de la possibilité d’une issue heureuse. Des amis me reprochent de ne pas donner cette chance à mes héros, mais de les laisser plutôt à la merci de la société. Pourtant, il y a toujours ce brin de lumière, un peu diffus certes, mais que l’on peut, avec un peu de vigilance, déceler.
Parmi vos ouvrages, Tuutaan, la légende du dernier pharaon et les Secrets de l’Obélisque qui laissent entrevoir chez vous un talent de conteur. Pourquoi et pour qui écrivez– vous ces contes et légendes ?
Dans ces deux ouvrages, une sorte de relecture de notre histoire à travers ses mythes fondateurs. A travers le mythe d’Isis et d’Osiris, le premier raconte le Saa Njaay (odyssée) de nos ancêtres depuis leur départ de Sanaar jusqu’à la fondation de l’empire du Jolof par Njaay Jaan Njaay.
Tuutaan est-il vraiment le dernier pharaon de l’Egypte ancienne ?
Pas précisément. Dans la réalité l’Egypte a compté plus de trente dynasties, et l’histoire se passe exactement à la dix-huitième dynastie. Le fait inédit est que pour une fois dans l’histoire de la royauté, l’héritier est le grand père du défunt. Ainsi, avec la mort de Tuutaan, c’est le pouvoir qui perd tout son lustre. Et le grand père de Tuutaan lui-même a été remplacé par le général Horemheb qui marque la naissance de la dynastie des Ramsès, mais aussi le retour en force Seth.
Vous considérez Akhenaton, le père de Tuutaan comme le premier à avoir revendiqué l’unicité de Dieu et dénoncé la pratique du polythéisme dans l’Égypte ancienne…
En effet, d’abord son père Aménophis Trois, puis lui-même Aménophis quatre, surnommé justement Akhenaton le renégat à cause de cette conviction. Mais le plus important à cet effet, est le démenti apporté à ceux qui pensent que les religions révélées sont des religions importées en Afrique. C’est exactement le contraire, sinon comment expliquer cette similarité entre les principaux concepts de la spiritualité égyptienne (Kâ, Râ et Bâ) et les concepts clés de l’Islam, par exemple (Raka, Kaba, Baka, etc.), alors que le prophète de l’Islam, analphabète, n’a jamais mis les pieds en Egypte.
Vous semblez aussi trouver des liens très forts entre l’Egypte ancienne et la civilisation Wolof.
Affirmatif. Mais je précise que le précurseur incontestable dans ce domaine est le Professeur Cheikh Anta Diop.Je donnerai néanmoins quelques exemples très simples : Xèpp (humide en Wolof), pour désigner le Nil ; Ayy (conflit en Wolof), le grand-père et successeur de Tuutaan qui était au cœur de tous les contentieux ; Tuutaan, lui-même, ainsi surnommé parce qu’intronisé à l’âge de neuf ans, etc. Et les exemples foisonnent dans le livre.
Après Tuutaan, vous avez publié les « Secrets de l’Obélisque », pouvez-vous nous en parler ?
On peut dire que c’est la suite et la fin de l’Odyssée, avec toujours une relecture des mythes fondateurs. La particularité dans cet ouvrage est que l’histoire se poursuit sur la période post-mythique et implique des personnages clés de notre histoire culturelle et même politique.
Votre dernier roman s’intitule « l’appel de…la mère », un titre assez évocateur.
En effet. Ce roman relate le phénomène quasi dramatique qui hante le sommeil de tous les humanistes en général, des Africains, en particulier. Ce qui peut pousser des dizaines, des centaines, voire des milliers de jeunes à affronter la mer sur des embarcations de fortune, voilà le mystère que cherche à « dévoiler » le roman.
Avec la différence que dans ce roman vous semblez proposer une solution.
Si tant est que l’on peut parler de solution. Je parlerais plutôt d’une alternative aux initiatives suicidaires. Mais il faut le dire la tentation est trop forte et l’exemple de ceux qui ont réussi la traversée ne rend pas service à ceux qui aspirent à partir.
Qu’est-ce que vous voulez dire par là ?
Si deux ou trois mois après son arrivée en Occident, le jeune immigré commence à envoyer des centaines de mille à sa famille ; un an ou deux après, il commence à construire un château, alors que, je ne parle même pas du sans emploi, mais même le salarié de l’Etat, après vingt ans de service, vit encore en location. Vous voyez ce que cela fait !
Pourtant votre roman ne milite pas en faveur de cette option.
Loin de là. Ce que je viens d’évoquer n’est que la partie visible de l’iceberg. Si, sur dix personnes qui prennent les embarcations quatre arrivent à destination ;sur ces quatre personnes, deux trouvent un travail décent et sur ces deux personnes, une seule arrive à fonder une famille stable, imaginez… Donc, il fallait bien faire voir que le bonheur n’est pas seulement l’accumulation de richesses au détriment de l’épanouissement de soi et des siens. Sans parler de la participation au développement de son pays.
Ainsi, vous êtes l’auteur de cinq ouvrages, lequel vous parait le plus abouti ?
Je dirais que chacun d’entre eux est spécifique dans son genre et dans son contenu. Ils ont, cependant, comme point commun la relecture des fondements mythiques de nos sociétés, sauf peut-être avec « Le Gouverneur de Diorbivol ». Cela ne veut pas dire qu’il est de moindre envergure, loin de là.
Justement dans cet ouvrage publié depuis 2013, vous parlez des jeunes patriotes : hasard, prémonition, vision ?
C’est aussi cela le roman, je l’ai déjà évoqué un peu plus haut : partir de la réalité, se projeter, mais toujours revenir à la réalité. Le déploiement des jeunes patriotes sur la scène politique, fait partie de ces projections. Souhaitons tout simplement que cette vision ne se réalise pas à cent pour cent.
Cinq ouvrages et presque inconnu, ou peu connu du public. C’est la qualité des ouvrages ? La nature de la personne ? Un choix délibéré ?
Peut-être les trois. Je crois que l’écriture est une passion, une profession pour certains, mais la promotion du livre et de la lecture aussi est un métier qui n’est pas forcément celui de l’écrivain.
Et pour l’avenir ?
Juste un souhait : que la chaîne des valeurs du livre et de la lecture soit mieux valorisée.