EXCLUSIF SENEPLUS - Votre stratégie de la terre brûlée va accélérer la déconfiture du parti que vous avez créé - Choisissez le moins mauvais des candidats de l’opposition ou n’en choisissez aucun, mais retirez votre appel à l’autodafé du matériel de vote
On a connu le « Pape » du Sopi qui incarna la volonté du changement durant les décennies 80-90, voire 2000. Il professa alors la parole libératrice, unificatrice d’un changement devenu inévitable.
On a connu le quasi « Messie » qui annonça l’inévitabilité de l’alternance et la mise à la retraite du régime socialiste usé par le temps, les affaires : bref une fin de règne qui ne pouvait plus être différée.
On a connu le rusé « ndiombor » que Senghor vous affubla. En vérité, vous étiez juste un redoutable manœuvrier politique rompu aux coups de poker tordus, mais qui déstabilisaient vos adversaires.
Mais là, Maître, vous nous montrez un visage qu’on n‘aurait jamais voulu voir, connaître : celui d’un père aveuglé par un amour paternel et quasi maladif, revêtu des habits d’un gourou qui mène ses troupes dans un suicide collectif.
Qu’êtes-vous devenu pour montrer le chemin des enfers (de Dante) aux quelques milliers de partisans qui vous sont restés encore fidèles. Il s’agit de quelques caciques blanchis sous le harnais qui rêvent d’un retour aux affaires, mais qui ne se feront pas « hara-kiri » pour un projet plus patrimonial que politique. Ils font semblant de faire montre d’une fidélité de façade, alors qu’en réalité, ils ne rêvent que d’une retraite méritée et une fin de vie sans douleur. La majorité ne vous suivra pas dans ce baroud qui n’a rien d’honorable, parce que vêtu du manteau d’un règne héréditaire.
Les plus lucides ne vous suivront pas dans cette odyssée suicidaire et solitaire pour la gloire d’un fils qui se planque dans des lambris dorés de quelques palais paradisiaques du désert, refuge des nouveaux riches et des héritiers sans mérite. Ce fils qui n’a pas le courage de venir prendre la tête de troupes « pour défendre ses droits », « accomplir son rêve de président ».
Oui Maître, dites à ces fils de parents tout aussi amants et aimés que vous, dites leur pourquoi ils devraient brûler leurs cartes d’identité et d’électeurs, alors que le vôtre sera au frais, là-bas dans un désert domestiqué ? Pourquoi ils n’useraient pas de leur bulletin de vote pour choisir qui réalisera leurs rêves, ou juste, donner un léger mieux à leur vie de galère, que même vos douze ans de gouvernance n’avaient pas amélioré.
Maitre, ce jeudi soir-là, devant le siège de votre parti, face à vos milliers de fidèles, vous avez sabré le président sortant-candidat et ses proches collaborateurs. Vous avez dit du président sortant, Macky Sall, qu’il était « un voleur ». Il vous aurait dérobé quelques 7 milliards de nos CFA, que son frère s’est livré à des entourloupes financières avec notre pétrole etc. Mais Maître, pourquoi ce déballage aujourd’hui, en 2019 en pleine campagne électorale de laquelle votre fils est exclu ? Pourquoi vous n’avez pas fait ces « révélations » depuis sept ans que vous traversez le désert politique ? Que votre fils subit les coups du sabre tranchant de votre successeur ? Même au plus fort de ses déboires judiciaires et de son incarcération. Puis de son incroyable exfiltration vers Doha ?
Y aurait-il un deal non respecté ? Des négociations non abouties ? Bref, des protocoles auraient-ils été déchirés par l’une quelconque des parties ? On se posera ces questions et beaucoup d’autres. Parce que tout de même, pourquoi quelqu’un qui veut diriger un pays se planquerait-il et voudrait envoyer au casse-pipe ses troupes ? Quand les généraux désertent, la troupe a le droit de mettre bas le fusil.
Ce que je crois Maître, c’est que votre stratégie de la terre brûlée va accélérer la déconfiture du parti que vous avez créé et chéri ; aggraver le sauve qui peut des cadres et autres militants. Bref, ils choisiront en majorité la « realpolitik », autrement dit, voter « utile » pour les candidats issus de votre galaxie éclatée. Bien sûr, il y aura quelques rares « fédayins » et autres « bayfall » de votre obédience, pour tenter quelques actions désespérées pour honorer votre passé glorieux, mais ils n’iront pas loin. Ils ne réaliseront pas vos fous rêves de mettre par tous les moyens votre fils à la tête de ce pays. Quitte à brûler le pays. Parce que voyez-vous, quand on a le droit de choisir entre le pire et le moindre mal, on choisit rarement l’irréparable. C’est ce qu’on appelle l’instinct de survie. Ou tout simplement, l’instinct de vie. Qui choisira la mort quand il ou elle a toutes les raisons de vivre ?
Revenez-nous Maître avec le bon sens de votre planète en danger. Choisissez le moins mauvais des quatre candidats de l’opposition ou n’en choisissez aucun, mais retirez votre appel à l’autodafé du matériel de vote. Parce que j’ose espérer, que même à 90 ans passés, on n’est pas forcément atteint de la démence sénile.
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - Il s’agit de la consacrer comme l’économie du devenir humain et de l’ériger au rang de priorité nationale par la qualité de croissance induite et des nombreux emplois qu’elle recèle
#Enjeux2019 - L’économie sociale et solidaire est généralement définie comme l’ensemble des activités économiques à finalité sociale. Elle est une niche d’emploi et de cohésion sociale qui émerge à contre-courant de l’économie de type capitalistique. En effet, elle se distingue d’une focalisation de la rente économique peu importe les moyens et l’éthique relationnelle. De nombreux désastres comme la corruption, l’exclusion de nombreuses couches sensibles, les différences notoires des salaires et, entre autres, l’accaparement des dividendes par une minorité, ne sont que des effets logiques de l’économie mercantiliste.
L’écologie en subit un coup tellement dur que désormais d’année en année la conférence mondiale sur les changements climatiques se réunit sans être à même d’amener les décideurs à joindre l’acte à la parole. Autant dire que l’agenda écologique se heurte aux intérêts des multinationales qui se trouvent privilégiées par les Etats prédateurs. Le chômage connait une proportion grandissime tandis que le sous-emploi plonge de nombreuses couches sociales dans la précarité.
A cela s’ajoutent les modes de constructions énergivores et les modes de consommation voraces influencés par l’offre des supermarchés privilégiant des produits issus des organismes génétiquement modifiés (OGM). Même les instruments de mesure des progrès économiques (PIB, PNB, etc) ne reflètent pas la qualité des dépenses mais plutôt le volume des dépenses comme si nous sommes restés dans l’ère de reconstruction post seconde guerre mondiale.
Et, pourtant, l’économie n’est pas réductible à ce mode capitalistique. A l’origine, l’activité économique s’incarne dans ce que Karl Polanyi a appelé son « encastrement [1]» dans le social. Au regard de cette logique originelle, l’activité économique vise l’épanouissement des acteurs sociaux ainsi que la cohésion des sociétés. Cette contribution vise à montrer en quoi l’Economie sociale et solidaire, niche génératrice d’emplois populaires, réconcilie l’économie avec sa vocation originelle.
- Une autre manière de créer et de partager les richesses -
L’Economie Sociale et Solidaire propose des modèles d’entreprises se caractérisant par leur convivialité avec la nature, le management de type démocratique, la solidarité comme règle de vie en commun, la répartition des dividendes à la hauteur de l’apport en valeur travail et plaçant, ainsi, l’Homme au centre du processus de création et de jouissance des richesses. Les démarches, principes et finalités de l’Economie Sociale et Solidaire trouvent de profondes racines dans les sociétés africaines quoique le concept a davantage émergé sous la houlette des mouvements sociaux mutualistes dans les pays occidentaux.
L’Economie Sociale et Solidaire (ESS) est un modèle qui repose sur, entre autres, l’associativité, la coopérativité, l’humanité et la mutualité, supports qui caractérisent amplement nos sociétés traditionnelles. En effet, dans la charte de Mandé, il est apparu l’idée d’un modèle de société communautaire bâtie sur la gestion participative, la solidarité, le respect des droits humains, le patriotisme, l’altruisme, le travail et, entre autres, la liberté. Ces valeurs sociétales, instituées depuis 1236[2] au pays Mandé, reste aujourd’hui celles que poursuit l’ESS.
Il en va de même au Fouta Toro où la constitution de l’Almamy Ceerno Sileymani Baal inspire la liberté dans la vie de communauté, promeut l’intérêt général, exhorte la protection des couches sensibles et institue la gestion démocratique[3]. En cela, la révolution torobé de 1776 a jeté les premiers jalons de l’ESS au Sénégal. En outre, l’idéologie du travail communautaire est un mode de vie dans nos sociétés où le travail est perçu comme moyen de socialisation, d’accomplissement de l’individu et d’acquisition de la personnalité. Dans les champs se développe une organisation solidaire singulière à travers ce qu’il conviendrait d’appeler la Tontine du travail.
Par cette forme d’organisation coopérative, les paysans se témoignent solidarité mutuelle en se regroupant, à tour de bras, pour travailler champs après champs. Ce travail rotatif ou « sociétés de travail » cher aux travailleurs sénégalais, galvanise le tissu social et garantit l’efficacité et la productivité. On peut aussi relever la sécurité sociale à travers les garderies d’enfants tenues par les grands-mères près des champs, la prise en charge collective de cérémonies funéraires, de mariage, de baptême, etc. L’identité individuelle se construit par l’entremise de la régulation de groupe.
L’après indépendance a vu se développer en milieu rural des mouvements coopératifs pour rompre avec la dépendance des agriculteurs, éleveurs, pécheurs, forestiers, etc. par rapport aux intermédiaires classiques qui s’appropriaient le gros de la rente commerciale. La lancinante crise agricole a inexorablement contraint des ruraux à l’exode vers les villes et, les a amenés à développer des formes collectives d’entreprendre. Les liens d’origine comme l’ethnie, la famille, la confrérie, etc. sont le moyen le plus employé pour créer collectivement des niches d’opportunités qui ont abouti à ce que l’on appelle aujourd’hui l’économie populaire ou informelle. Cette forme d’économie s’est imposée au fil des années pour devenir le lieu d’impulsion de l’économie nationale grâce au développement de plusieurs entreprises sociales dans tous les secteurs.
Par ailleurs, dans nos sociétés, la valeur de la richesse accumulée tient de la noblesse de ses moyens d’acquisition qui doivent être respectueux de la dignité humaine. Autrement dit, la richesse dans l’entreprise s’acquiert dans des conditions socialement dignes, exemptes de toute exploitation de l’homme par l’homme, garantissant un climat de confiance et l’épanouissement de tous. D’où la formule « derem ak ngerem[4] » de Serigne Cheikh Anta Mbacké qui illustre le rapport très étroit entre l’organisation de la société sénégalaise et les principes l’économie sociale et solidaire.
- L’ESS, pour reconnecter l’économie au social -
L’ESS est une économie du peuple qui se réalise à l’échelle locale par l’entremise de toutes les couches sociales. Elle est donc ancrée dans les territoires et comble de déficit d’accessibilité géographique qui fait défaut dans l’économie capitalistique caractérisée par sa segmentation et la concentration des pauvres dans des quartiers et régions périphériques, donc éloignés des opportunités[5]. L’économie sociale et solidaire ré-encastre l’économie dans le social en battant en brèche l’idée selon laquelle l’initiative privée, l’entreprenariat ainsi que la production de richesse, restent l’apanage des individualités ou des classes aisées.
Elle est porteuse d’une croissance inclusive en ce sens qu’elle fraie le chemin à l’éclosion économique des couches sensibles et se trouve représentative de tous les secteurs d’activités économiques. L’ESS regroupe habituellement les entreprises collectives et les entreprises sociales qui sont des formes d’entreprises très connues des sociétés africaines en général.
- L’entreprise collective : une économie coopérative et associative -
Louis Favreau définit l’entreprise collective par quatre composantes : i) l’équilibre entre des finalités sociales et des finalités économiques, ii) des acteurs qui s’associent pour entreprendre autrement, (iii) des structures et des règles orientées vers la participation démocratique, iv) des activités collectives à caractère entrepreneurial[6].
Les entreprises collectives constituent une part importante de l’économie sociale et solidaire et favorisent la participation inclusive. Elles jouent un rôle primordial dans la réduction de la pauvreté et des exclusions sociales par ses procédés démocratiques, transparents et participatifs. Elle est la réponse qui semble se dessiner pour l’Afrique face aux besoins de développement de bassins d’emplois massifs et de qualité. De tels emplois devraient permettre de contenir le doublement du nombre d’actifs qui se dessine durant les 20 prochaines années.
Compte tenu de la fibre solidaire qui s’est véritablement manifestée au sein des entreprises collectives, il s’agit maintenant d’analyser comment le potentiel d’emplois de ce secteur pourrait mobiliser le grand nombre d’actifs et devenir des emplois décents et attrayants.
Deux secteurs sont considérés principalement : les coopératives ou autres associations à finalités sociales, ensuite, les finances solidaires.
- Les coopératives -
L’histoire du mouvement coopératif sénégalais remonte au début de l’indépendance. Le président Mamadou Dia en est l’inspirateur à partir de l’expérience des pays de l’Europe de l’Est. Le projet de société qui l’accompagne est socialisant et patriotique. Le mode coopératif est demeuré la forme d’organisation la plus opérationnelle tant dans les filières habituelles arachidières où elle a connu ses balbutiements que dans les filières horticoles, fruitières, artisanales, etc. Dans le domaine de l’habitat, elle est positivement perçue comme une réponse moderne à un besoin collectif. Il en est pareil des coopératives funéraires qu‘on retrouve nombreuses dans les villes en particulier chez les citadins ou migrants souhaitant être enterrés dans leur milieu d’origine.
Les coopératives ont montré un champ ouvert et dynamique de l’entreprenariat populaire qui propulse durablement des groupes sociaux sur le marché, créent des richesses redistribuées, bâtissent des institutions qui s’éprouvent et se développent, font de la solidarité le moteur du pouvoir citoyen d’agir. Désormais, tous les secteurs de la vie économique sont investis par le mouvement coopératif. C’est pour couronner ce renouveau coopératif qu’en 2010/2011 l’Acte uniforme des sociétés coopératives est adopté par l’OHADA[7] consacrant ainsi une loi supranationale à l’échelle africaine.
Le secteur agriculture est à coup sûr le terreau fertile du mouvement coopératif. Ceci est le fruit de l’histoire. Mais ferons-nous l’économie de l’historique de mouvement coopératif pour partir directement d’exemples de coopératives. L’exemple du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (CNCR) est éloquent d’illustration. Il est un regroupement de vingt-huit membres (26 membres affiliés et 2 membres associés) actifs dans au moins une des filières agricoles suivantes : agriculture (riz, arachide, coton, etc.), horticulture (horticulture ornementale, maraîchage, tomate, oignon, banane, etc.), pêche, élevage (poulet, bétail, apiculture) et foresterie[8]. Il a engagé le combat pour la reconnaissance de l’exploitation agricole familiale comme base de l’agriculture et du développement rural.
Par ailleurs, le sous-secteur sylvicole voit ses immenses défis portés en grande partie par l’Union Nationale des Coopératives des Exploitants Forestiers du Sénégal (UNCEFS). Cette dernière porte le plaidoyer des exploitants nationaux contre la voracité des gros exploitants, la déforestation, le trafic non réglementé de bois surtout dans les zones frontalières. L’horticulture compte principalement la Coopérative Fédérative des Acteurs de l’Horticulture au Sénégal (CFAHS). Depuis 2010, elle fédère 76 unions coopératives horticoles du Sénégal. Le plaidoyer de la CFAHS a substantiellement influencé l’adoption, par l’Etat du Sénégal, d’une politique protectionniste dans certaines filières agricoles faisant qu’on importe que lorsque la production locale est épuisée. Le sous-secteur horticole s’est alors hissé à la grande échelle créant une nouvelle vague d’emplois dans la production, la transformation et la distribution des produits horticoles.
Le Réseau des Organisations Paysannes et Pastorales du Sénégal (RESOPP) avec 37 unités coopératives dont 9 coopératives mères et une mutuelle d’Epargne et de Crédit est une union de coopératives rurales créée en 2002. Il est un instrument d’appui technique pour ses institutions membres en vue promouvoir des innovations technologiques en faveur du développement de l’Agriculture. Le RESOPP a joué un rôle important dans la mise en place de la Confédération des Sociétés Coopératives et Mutualistes du Sénégal (CSCM). Cette confédération est membre de l’Alliance Internationale de la Coopérative.
A côté de l’agriculture, l’habitat reste le secteur le plus investi par les coopératives qui sont le plus souvent le recours de la classe moyenne pour accéder aux logements. L’Association nationale des coopératives d’habitat et, entre autres, l’Union Régionale des Coopératives de Construction et d'Habitat de Thiès (URCCHT) font figures d’instruments efficaces d’appui pour la création d’immobilier social.
Les regroupements associatifs et coopératifs sont très représentatifs dans le sous-secteur de la pêche en tant que cadres de maintien des rapports communautaires et de solidarité. Depuis 2016 neuf groupements d’envergure se sont mis en synergie autour du conseil interprofessionnel de la pêche artisanale au Sénégal (CONIPAS). La filière élevage n’est pas en reste avec ses coopératives et Groupements d’Intérêt Economique (GIE) existants et créant des cadres d’échanges d’expériences entre acteurs venus d’horizons divers.
Les groupements féminins et les associations religieuses (daayira) entrent aussi en ligne de compte. Ils sont des cadres sociaux de création et de redistribution des richesses. Les daayira sont l’espace d’expression des coopératives funéraires.
- Les finances solidaires -
Les finances solidaires sont des institutions qui rendent accessibles les services financiers aux populations défavorisées. Elles sont des fibres financières guidées par l’éthique et la solidarité envers les nécessiteux et envers les générations futures. Au Sénégal, l’entreprise dénommée Finsocial s’investit dans le financement de l’entreprenariat social et solidaire avec un fonctionnement démocratique. Les Sociétés coopératives de cautionnement mutuel (S C M) sont adoptées. Mieux, la fédération des associations de développement communautaire (FADEC) s’est muée en mutuelle et devient MEC-Fadec. Sen’Finance est un instrument de microfinance qui vient en aide aux personnes vulnérables non prises en charges par les grands investissements.
Notons également le waqf qui est un instrument de finance islamique opératoire reposant sur deux principes fondamentaux que sont : l’autonomie financière et l’inaliénabilité des biens. Il constitue un dispositif de relance économique en tant que moyen d’incitation à l’investissement, au financement du secteur social et à la création d’emplois.
Par ailleurs en termes de microcrédits et micro-financements des femmes, il faut noter l’importance des tontines qui regroupent souvent des réseaux de femmes à l’image des pèlerines-commerçantes, les femmes d’affaires, les femmes de ménage même à revenus précaires, etc. Elles sont doublement pertinentes en ce sens qu’elles sont, d’une part, démocratiques, horizontales et ouvertes à toutes les couches et, d’autre part, elles sont de réels canaux de redistribution de l’économie populaire eu égard au rôle de pilier familial que les femmes assument fortement.
L’entreprenariat collectif est donc une réalité forte qui mobilise de façon horizontale l’épargne locale selon le principe connu et mis au point par Norbert Elias « de la contrainte sociale à l’autocontrainte »[9]. « S’associer pour entreprendre » épouse de nombreuses formes et traduit la vitalité de l’économie du peuple. Au-delà des coopératives et mutuelles, c’est toute l’associativité tournée vers l’économique qu’il convient de considérer au sein d’une économie plurielle.
- Créer des richesses utiles socialement et protectrices des biens communs -
Les entreprises sociales (ES) sont généralement les petites et moyennes entreprises qui se sont distinguées par la double exigence de la viabilité économique et de la poursuite des finalités sociales et/ou environnementales. Elles investissent plusieurs secteurs d’activités au premier rang desquels l’agro-industrie, l’éco-tourisme, l’éco-construction, la gestion des déchets, les services innovants, le suivi scolaire, etc. Au regard du profil établi par LEGS Africa et le LARTES-IFAN (2018) pour une entreprise sociale au Sénégal, il est apparu que 11,5 à 12,2 % des PME sénégalaises correspondraient au profil d’une entreprise sociale. A cet égard, le sous-secteur de l’entreprenariat social mobiliserait une part non négligeable des unités de productions que compte le pays avec plus de 1/10 des entreprises au Sénégal et des PME en particulier.
A la lumière des données fournies par le Recensement Général des Entreprises, le nombre d’entreprises sociales s’élèverait, à bien des égards, à 45 000 unités. A l’aune de ces données, on s’aperçoit que les entreprises sociales réalisent globalement un chiffre d’affaires de 382,5 milliards de francs, Cfa soit environ 4,5% du PIB sénégalais (LEGS Africa et LARTES-IFAN, 2018). Si on prenait en considération les formes traditionnelles d’entreprises sociales, leur mise de fonds dans l’économie nationale pourrait fortement rehausser.
Les entreprises sociales se spécifient par leur gouvernance participative, leur lucrativité limitée et leurs desseins sociaux et/ou environnementaux. Elles sont un bassin massif d’emplois. Les jeunes et les femmes sont les couches sociales qui se livrent le plus aux activités afférentes à l’entreprenariat social. Les entreprises sociales regroupent une large gamme d’activités économiques à finalité sociale : les entreprises de l’économie circulaire c’est-à-dire les entreprises de recyclage d’ordures et autres, les Start–up qui sont des entreprises d’innovation, les entreprises sociales de types Waqf, les institutions de formation, de suivi scolaire et d’assistance sanitaire, les entreprises transformatrices de produits locaux, les services de proximité, les entreprises de décoration, d’art et d’artisanat, le tourisme social, solidaire et écologique, les technologies numériques, la consommation responsable, le commerce équitable et la promotion de l’accès aux biens communs.
Selon l’étude 2018 relative aux entreprises sociales au Sénégal par LEGS Africa et le LARTES, 37% des chefs d’entreprises sociales sont des femmes contre 18,9% dans les PME en général[10]. Cela est prometteur et doit, par conséquent, inciter l’autorité publique et le secteur privé, soucieux du développement humain durable, à davantage compter l’entreprenariat social dans leurs priorités. Car les investissements consacrés aux femmes impactent fortement le mieux-être des populations du fait qu’il est avéré que les femmes sont de réelles porteuses de la redistribution des richesses. Lorsqu’elles exercent l’autorité dans l’utilisation des ressources, une portion importante du budget est consacrée à l’éducation, la santé et à l’alimentation des groupes vulnérables. L’intérêt que suscitent les entreprises sociales auprès des jeunes, souvent avec un niveau d’étude élevé, explique l’émergence de plus en plus de projets innovants portés par les startups dans divers secteurs.
Les finalités sociétales peuvent donc être le principal mobile de l’entreprenariat privé porté par des individualités, conscientes des enjeux de leur époque et engagés à entreprendre, à créer des richesses tout en promouvant l’intérêt général. L’éthique en entreprenariat n’est pas que collective, elle peut être individuelle et s’inscrire dans un projet de société équitable. Considérer les entreprises collectives et les entreprises sociales sous l’enveloppe fédératrice de l’économie sociale et solidaire participe d’une vision intégratrice qui fait société.
Ériger l’économie sociale et solidaire au rang de priorité nationale -
En somme, l’économie sociale solidaire est une forme d’économie qui s’abreuve des ressources locales pour créer des niches d’opportunités qui poussent les classes moyennes et pauvres à se réaliser et à s’épanouir par le travail et la reconnaissance sociale. Elle défait l’idée d’une économie réductible à la seule recherche du profit et place l’humain au cœur de la création et la jouissance des richesses. L’ESS replonge l’activité économique dans ses finalités originelles qui ne mènent qu’au mieux-être de l’humain. Au Sénégal, elle semble avoir un écho favorable auprès de l’autorité publique qui l’inscrit désormais dans l’agenda des politiques publiques avec notamment un ministère qui lui est dédié.
Il apparaît indispensable de lever quelques écueils car les entreprises sociales buttent néanmoins sur des obstacles liés entre autres aux fiscalités surélevées pour une entreprise dont la finalité est sociale, les complications liées aux procédures administratives et la faiblesse de l’accompagnement sous la forme de fonds dédiés et d’incubateurs d’entreprises pour booster leurs capacités techniques, de gestion et de croissance soutenue.
Plus globalement, il s’agit de consacrer l’économie sociale et solidaire comme l’économie du devenir humain et de l’ériger au rang de priorité nationale par la qualité de croissance induite et des nombreux emplois qu’elle recèle dans les services de proximité, l’artisanat, l’industrie de transformation, les innovations écologiques, numériques, sociales et agricoles dans le sens large du terme.
Pr Abdou Salam Fall est Sociologue. Riche d’une expérience de plus de 30 ans en études de développement, il dirige depuis 12 ans la formation doctorale “Sciences Sociales appliquées au Développement”. Il a publié de nombreux articles et une dizaine de livres au sein des maisons d’éditions internationales dont “Bricoler pour survivre” à Paris, Karthala; « L’Afrique qui se refait », Presses de l’Université du Québec, 393 p., « Cités Horticoles en Sursis » CRDI, Ottawa, avec Dr Safiétou Touré Fall, « Urbain-Rural : L’hybridation en marche » avec Dr Cheikh Guèye à l’Edition ENDA, entre autres.
Références documentaires
Elias N. (1993), Engagement et distanciation. Contributions à la sociologie de la connaissance, traduit de l’allemand par Michèle Hulin, avant-propos de Roger Chartier, Paris, Fayard.
Fall A.S. et Guèye C. (2003). Derem ak ngerem Le franc, la grâce et la reconnaissance, Les ressorts d’une économie sociale et solidaire en Afrique de l’Ouest. Chaire de recherche du Canada en développement des collectivités (CRDC), Série Recherche no. 26, Université du Québec en Outaouais (UQ)
Fall A.S. (2012). L’économie sociale et les cadres internationaux de développement, Chaire de recherche du Canada en développement des collectivités (CRDC), Série R 42.
Favreau L., (2008), Entreprises collectives. Les enjeux sociopolitiques et territoriaux de la coopération et de l’économie sociale, Presses de l’Université du Québec, 332 p.
Favreau L. Fall A.S., (2007), L’Afrique qui se refait. Initiatives socioéconomiques des communautés et développement en Afrique noire, Presses de l’Université du Québec, 393 p.
Polanyi K., (1983), La grande transformation : aux origines politiques et économiques de notre temps, Paris, Gallimard, 419 p.
LEGS-Africa et LARTES-IFAN., (2018), Les entreprises sociales au Sénégal, étude économique et juridique. Rapport 88 p.
Sall. M.Y., (2014), Ceerno Sileymani Baal, Fondateur de l’Almaamiyat (1776-1890). Presse universitaire de Dakar,72 p.
[1] Polanyi K., 1983, La grande transformation : aux origines politiques et économiques de notre temps, Paris, Gallimard, 419 p.
[2]http://modibokeita.free.fr/ « La charte du nouveau Manden » traduite en français par le professeur Youssouf Tata Cissé
[3] Sall. M.Y « Ceerno Sileymani Baal, Fondateur de l’Almaamiyat (1776-1890). Presses universitaires de Dakar, Octobre 2014.
[4] Derem ak ngerem a été forgé en langue wolof pour désigner les attributs d’une grande personnalité de la confrérie musulmane mouride (Serigne Cheikh Anta Mbacké) qui a été l’un des premiers disciples ayant connu une réussite exceptionnelle dans les affaires. Sa richesse et sa générosité étaient légendaires dans la perception de ses contemporains. On dit qu’il possédait des sacs de billets et de pièces d’or stockés et aimait les distribuer avec faste. Derem vient sans doute de la monnaie arabe le dirham mais il est localement employé couramment pour dire le franc et ngerem veut dire reconnaissance en wolof. Nous avons traduit par le franc, la grâce et la reconnaissance. (voir Fall A.S. et Guèye C., 2003).
[5] Fall Abdou Salam., 2012, « L’économie sociale et les cadres internationaux de développement » Chaire de recherche du Canada en développement des collectivités (CRDC). P. 6
[6] Favreau L., 2008, « Entreprises collectives. Enjeux sociopolitiques et territoriaux de la coopération et de l’économie sociale. Presse universitaire du Québec. 332 p.
[7] Organisation des Droits des Affaires en Afrique (OHADA) dont le siège est à Yaoundé au Cameroun.
[9] Elias N. (1993), Engagement et distanciation. Contributions à la sociologie de la connaissance, traduit de l’allemand par Michèle Hulin, avant-propos de Roger Chartier, Paris, Fayard.
[10] « Les entreprises sociales au Sénégal, étude économique et juridique » Rapport Réalisée en 2018 par LEGS-Africa en partenariat avec le Laboratoire de Recherche sur les Transformations Economiques et Sociales Lartes-IFAN
L'INVITATION À L'ÉMEUTE NE PASSERA PAS
Les déclarations incendiaires d’Abdoulaye Wade - toutes punies par notre Code pénal - traduisent l’état d’esprit d’un homme en déliquescence, affaissé et rompu aux pratiques insurrectionnelles - COMMUNIQUÉ DE BBY
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué de BBY, reçu le 8 février 2019, condamnant la sortie de l’ancien président Abdoulaye Wade, qui appelle à empêcher la présidentielle.
« Décidément, Dieu aime le Sénégal. Les déclarations incendiaires d’Abdoulaye Wade, invitant ses concitoyens à l’émeute, à brûler les urnes et à déchirer leur carte d'identité nationale ont choqué les Sénégalais, toutes catégories sociales confondues. Le plan de guerre ourdi par Abdoulaye Wade pour la non-tenue de la présidentielle le 24 février 2019 est donc voué à l’échec.
En répondant sans équivoque à ces messages d’un autre âge par le dédain, les Sénégalais ont remercié Dieu d’avoir, après 12 années d’épreuves, préservé leur pays d’un homme qui fait appel constamment aux instincts les plus bas de son peuple pour le gouverner. Abdoulaye Wade connait la plus vieille leçon de l’humanité : les passions sont toujours plus fortes que la raison, et que les basses et noires passions sont de plus loin, plus fortes pour mobiliser que l’amour, le respect et la volonté de construire.
En procédant à des déclarations incendiaires, cet homme, d’un certain âge, et de surcroît ancien chef de l’Etat, a fait le choix mortifère et désespéré de diviser le pays, d’opposer les Sénégalais. Le thème est certes électoralement puissant pour mobiliser, mais mortel pour le pays, puisque l’unité et la paix civile constituent la première condition du redressement.
L’homme n’a pas changé. Il déteste la retenue qui sied aux grands hommes, aux hommes d’Etat, tout simplement. Il voulait construire son Sénégal, à lui, fait à son image : obsédé par les biens matériels, avide d’argent et indifférent à l’histoire. Il avait, en douze ans, fait de la peur son moyen, de l’argent sa fin et, du spectacle son théâtre de mise en scène. Il a porté jusqu’au cinglant verdict des Sénégalais, le projet absurde d’une monarchie fondée sur le sang, en voulant coûte que coûte, imposer son fils biologique à la tête de notre pays. Son drame est connu : il ignore que la fonction d’ancien président de la République, pour commander le respect, l’oblige à l’exemplarité, la hauteur et la noblesse. Qui eût imaginé SENGHOR, ou Abdou DIOUF ou Macky SALL lancer des appels à l’émeute !
Les faits concernant Abdoulaye WADE sont têtus. Adepte de la démesure et de l’excès, il avait accusé le régime du président Abdou DIOUF de tous les péchés inimaginables ; l’ancien président du Sénat et ancien camarade de parti, de pratiquer des sacrifices humains. Le discours de WADE lors de sa dernière sortie en France, avant de venir dans notre pays, et sa délectation morbide d’atrocités commises dans des régimes dictatoriaux, constituent une véritable tragédie. La raison en est encore plus triste : vouloir imposer à la tête de notre pays, son fils, condamné pour détournement de deniers publics, et résidant dans les palaces de Doha.
Les déclarations incendiaires d’Abdoulaye WADE – toutes punies par notre Code pénal - traduisent l’état d’esprit d’un homme en déliquescence, affaissé et rompu aux pratiques insurrectionnelles. Un homme qui n’a pas encore digéré sa défaite électorale. Son acharnement inouï sur le Président Macky SALL est symptomatique d’une obsession maladive, d’un refus de considérer que le peuple sénégalais a décidé, depuis le 25 mars 2012, de mettre fin à sa longue et sulfureuse carrière politique.
Jamais le Président Macky SALL n’abaissera la fonction présidentielle en lui répondant. Abdoulaye WADE fera seul, avec ses épigones, son colloque intérieur. Me Abdoulaye WADE appartient au passé de notre pays. En se comportant comme il a fait, il s’est résolument et définitivement détaché de la galaxie des hommes et des femmes qui ont écrit les plus belles pages de notre longue histoire politique, sociale et spirituelle.
Pendant ce temps, Dieu merci, le Sénégal se construit. Il se construit à la suite du redressement le plus spectaculaire de notre histoire qui nous a sauvés du gouffre dans lequel le régime de Abdoulaye WADE avait plongé le Sénégal. Presque dans tous les secteurs de la vie économique, les réalisations du mandat de redressement du Président Macky SALL ont été plus salutaires que tout ce que notre pays a réalisé depuis son indépendance : défense, infrastructures, équipements des terroirs, services sociaux de base. Pour la première fois dans notre histoire, le Sénégal rétablit la continuité de son territoire national, lance une grande politique de gratuité et d’assistance aux couches sociales les plus défavorisées. Même l’amélioration du bien-être spirituel a connu un bon avec le soutien de l’enseignement confessionnel.
Mais l’irrépressible marée humaine qui accompagne le candidat Macky SALL partout dans notre pays et qui laisse l’opposition désespérée, se justifie par les promesses de sens du prochain mandat ; un mandat qui va transformer radicalement notre pays, en le modernisant, tout en consolidant la paix et la sécurité grâce à un voisinage géostratégique mieux maitrisé.
Contrairement à ceux qui divisent notre pays et opposent les uns aux autres, le candidat Macky SALL sait que l’unité nationale est la première condition du redressement et de la transformation de notre pays. Il la recherche, sans polémiquer, dans le respect, la politesse et la courtoisie. A l’image du vrai Sénégal qui, décidément, lui ressemble !
La déferlante de Macky SALL traduit la détermination des Sénégalais et leur choix clair de continuer à lui confier le destin de notre pays.
C’est pourquoi, l’Alliance pour la République invite les militants et sympathisants de la Coalition Benno Bokk Yaakar, de la Grande coalition de la majorité présidentielle et de la Plateforme des forces de l’émergence, à continuer à expliquer, auprès du peuple, le bilan et le programme du candidat Macky SALL ; à éviter la provocation des forces d’invective et de la haine, et à se mobiliser pour traduire sans équivoque, notre suprématie électorale au soir du 24 février 2019. »
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IL FAUT REPRENDRE LA SOUVERAINETÉ
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - Le pouvoir a choisi la solution facile de l'endettement excessif au lieu de mener des réformes - Nous devons rompre cette culture de l'entre-soi qui favorise un groupe au détriment du pays - SANS DÉTOUR AVEC BOUBACAR CAMARA
#Enjeux2019 - Pas de développement possible sans souveraineté. C'est le discours prôné par Ousamane Sonko, selon le superviseur général de sa campagne Boubacar Camara. A en croire l'invité de Sans Détour, le Sénégal a un gouvernement paresseux qui privilégie l'endettement au lieu de mener des réformes pour maximiser les revenus. Au nombre des leviers à actionner à ce propos selon l'ancien patron des Douanes, figure entre autres, l'augmentation de l'assiette fiscale.
Il propose au plan agricole, plusieurs mesures dont : la réforme du statut juridique de la terre, l'amélioration du réseau routier de manière à favoriser l'écoulement des productions, la mise en place d'un plan de stockage, le développement d'une agriculture urbaine afin d'inciter la jeunesse à retourner à la terre. "Nous avons tout au Sénégal", déclare Boubacar Camara quant aux financements de ces différents programmes.
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LE MESSAGE DE WADE COMMENTÉ PAR DES ÉTUDIANTS
EXCLUSIF SENEPLUS - Entre une frange de la jeunesse mitigée et une autre engagée derrière le pape du Sopi, l'adresse de l'ancien chef de l'Etat lors de son retour au pays jeudi, est sur toutes les lèvres
Rokhaya Bassène et Youssouf Ba |
Publication 08/02/2019
Une arrivée des plus attendues, un discours surprenant. Plusieurs sentiments animaient les Sénégalais, au lendemain du retour mouvementé d'Abdolaye Wade au pays. Après sa déclaration hier, il a suscité plusieurs débats. Entre une jeunesse mitigée quant à ce discours et des partisans qui comptent suivre ses instructions à la lettre, le peuple est comme secoué par la venue de "Guorgui".