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15 septembre 2025
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, SERIGNE SALIOU GUÈYE
LETTRE OUVERTE AU PREMIER PRÉSIDENT DE LA COUR SUPRÊME
EXCLUSIF SENEPLUS - Des décisions de justice dictées par l’exécutif finissent par se muer en vérités irréfragables, accompagnées d’événements tragiques qui peuvent plonger le pays dans une période dantesque
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 20/01/2019
A chaque échéance présidentielle, le débat sur les questions afférentes à la justice réapparaît, et dans ces moments-là on assiste à une prédominance d’analyses plus ou moins objectives et sincères. La justice étant rendue au nom du peuple sénégalais, par conséquent tous les citoyens sont en droit de savoir ce que font leurs juges et pourquoi, puis de donner leur avis sur la qualité du travail accompli. Et c’est dans ce cadre-là, monsieur le premier Président de la Cour Suprême, que nous nous adressons humblement à vous. Excusez-nous si vous trouvez dans les propos suivants impertinents qui s’échappent d’un justiciable insignifiant l’once d’un mot qui pourrait s’apparenter à une attaque en règle contre la justice, notre justice.
Lors de la rentrée solennelle des cours et tribunaux de cette année, vous avez prononcé dans votre mercuriale cette phrase lapidaire : « Les magistrats sauront résister à toute pression et intimidation d’où qu’elles viennent » qui me renvoie au Principe I du Guide pour les magistrats de la Belgique qui dit : « Les magistrats exercent leurs fonctions juridictionnelles en toute indépendance, à l’abri des influences extérieures. Cette indépendance les conduit à appliquer le droit, au vu des éléments du dossier particulier, sans céder à la crainte de déplaire ni au désir de plaire à toute forme de pouvoir (que ce soit le pouvoir exécutif, législatif, politique, hiérarchique, des intérêts économiques, les médias ou l’opinion publique). Le magistrat se doit également de veiller, dans ses fonctions juridictionnelles, à rester indépendant, y compris à l’égard de ses collègues et de groupes de pression en tous genres ».
En effet, les magistrats surtout les juges ne doivent subir des pressions ni des politiques, ni des lobbies, ni de l’opinion publique, ni des médias. Ils doivent ainsi être équidistants et impartiaux. Pour autant, chaque magistrat est avant tout un membre de la société, donc un citoyen ayant des convictions politiques personnelles. Mais son devoir est de tout faire pour que ses convictions personnelles ne déteignent pas sur la bonne exécution de son action judiciaire. Mais permettez-nous, M. le Président, avant de donner notre opinion sur la pression itérative exercée sur les juges, de vous dire en tant que citoyen épris de justice et vouant un culte l’autorité judiciaire, nous avons toujours suivi depuis les années 80 avec intérêt cette audience solennelle de rentrée des Cours et Tribunaux, car les discours de donne facture qui y sont prononcés sont d’une importance et d’une beauté inégalables. Nous suivions religieusement avec nos transistors les discours d’usage qui sont prononcés lors cette auguste rencontre qui regroupe le gratin judiciaire et politique et notabilités coutumières et religieuses. Mais pour dire vrai, moi comme beaucoup d’autres Sénégalais, avons vu cet intérêt s’effilocher tant la justice telle que pratiquée depuis assez longtemps dans notre pays ne cadre pas avec nos impératifs et exigences démocratiques. Comme elle est loin cette image d’Epinal d’une Justice juste et équitable.
Dire que « les magistrats sauront résister contre toute pression et intimidation d’où qu’elles viennent » révèlent en réalité que des pressions et intimidations s’exercent sur les juges à cause du contexte électoral bouillonnant. Mais ces pressions ne datent pas d’aujourd’hui. Elles sont consubstantielles au pouvoir politique qui nomme Garde des Sceaux et magistrats et qui doit faire face à une opposition. En démocratie, le champ politique est divisé en deux entités : la majorité exécutive et l’opposition. Et les arbitres neutres légitimés à réguler le jeu politique sont les juges. Ils doivent en être les maitres prêts à sanctionner tout acte d’antijeu qui remettrait en cause ses principes fondamentaux. Malheureusement nous avons constaté depuis longtemps, que les règles du jeu ne sont favorables que pour le camp de celui qui gère la carrière et la nomination des magistrats. Alors la fameuse phrase de Solon, un des fondateurs de la démocratie athénienne, trouve au Sénégal toute son actualité et toute son acuité : « Les lois sont comme des toiles d’araignées, elles arrêtent les faibles et les petits, les puissants et les riches les brisent et passent au travers. »
Monsieur le Président, moi et plusieurs de mes compatriotes souffrons de voir ce Sénégal où, depuis le procès arbitraire de Mamadou Dia de 1963, la Justice roule à deux vitesses parce que subissant sans cesse des pressions de l’exécutif même si des magistrats valeureux et vertueux ont marqué ou continuent de marquer d’un sceau indélébile l’histoire de la magistrature sénégalaise grâce à leur indépendance et leur équidistance vis-à-vis des hommes politiques. Je m’en vais vous citer trois exemples de magistrats qui servent encore de parangon à une justice neutre et équitable. Isaac Forster, Premier président de la Cour suprême du Sénégal, lors de la rentrée des Cours et Tribunaux de 1960-1961, avait alerté le Président Senghor sur toute tentative de pression sur la justice en ces termes : « Nous refuserons de cautionner toute loi qui soit anticonstitutionnelle ».
En 1967, le procureur de la République Thiès Basile Senghor, neveu du président Senghor, avait refusé de présenter le meurtre du ministre de la Jeunesse et des Sports Demba Diop comme un acte prémédité tel que le lui enjoignait l’establishment socialiste. « Le Procureur de Thiès soutenait à l’endroit de ses supérieurs que l’acte dont était responsable Abdou Ndaffa Faye ne s’analysait pas en crime mais en coup ayant entrainé la mort sans intention de la donner. La résistance à la pression de hiérarchie lui valut d’être relevé de ses fonctions », j’ai cité Me Wagane Faye.
Lors de la rentrée des cours et tribunaux de 1991-1992, le président de la Cour suprême d’alors, l’intrépide magistrat Assane Bassirou Diouf, avait martelé qu’« il n’y a avait en réalité de pouvoir judiciaire et que le seul pouvoir, c’était l’exécutif qui a reçu l’onction populaire ». La même année quand on lui a demandé ce qu’il ferait en cas de défaite d’Abdou Diouf à l’élection présidentielle, le très charismatique Président de la Cour suprême répondit sans circonlocutions : « Je proclamerai les résultats favorables à son concurrent. » Le magistrat Assane Bassirou montrait par là sa résistance à toute velléité de pression en cas de défaite du Président Diouf à la présidentielle de 2013. Mais la Cour suprême fut supprimée après cette rentrée des Cours et Tribunaux et son désormais ex-président exilé du pays comme ambassadeur.
Ces valeureux magistrats susnommés ont su faire leur cette pensée de Jean Jaurès qui dit que « le courage, c’est de ne pas livrer sa volonté au hasard des pressions, des impressions et des forces ; le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire».
M. le Président, force est de constater malheureusement, dans notre République, l’existence d’une justice pour chaque chef d’Etat et une autre pour ses opposants. On donne systématiquement raison à sa Majesté, on l’encense, on l’auréole de tous les qualificatifs mélioratifs. Quant aux opposants, ils perdent pour la plupart dans nos cours et tribunaux, ils ont tous les torts parce qu’ils n’ont pas de magistrats. Ils n’ont presque jamais raison devant un juge, même lorsqu’ils ont raison, parce qu’ils n’ont aucun moyen de coercition. Pour beaucoup de Sénégalais, la justice est très clémente pour ceux qui bénéficient de la protection de l’exécutif mais ultra-expéditive pour ceux qui rament à contre-courant de la politique gouvernementale. Ainsi la justice se présente chez nous comme une autorité d’application soumise aux autorités de conception que sont les pouvoirs exécutif et législatif. Pourtant Dominique Rousseau, professeur à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, précise que « l’exécutif et le législatif sont des pouvoirs de l’État, la justice est un pouvoir de la société. Cette justice n’est pas une autorité d’application chargée de faire passer la politique de l’État via ses jugements ». Son rôle primordial est alors de protéger les citoyens contre les abus des gouvernements, et non de relayer leur politique.
Mais depuis l’arrestation programmée dans l’agenda présidentiel de Karim Wade et de Khalifa Sall, nous n’avons vu pareil acharnement juridique contre les hommes politiques de l’opposition ou contre des citoyens qui ne partagent les mêmes schémas de pensée avec le pouvoir régnant. Nous nous sommes rendu compte que la boussole de la justice ne s’oriente que du côté de l’opposition. Les escrocs, les corrupteurs, les corrompus, les détourneurs de deniers publics, les prévaricateurs, les concussionnaires, les blanchisseurs d’argent sale, les auteurs de faux et usages de faux, les enrichis illicitement, les démons ne se trouvent ou se retrouvent que dans la « pègre » oppositionnelle. On retrouve les vertueux, ceux qui préfèrent la patrie au parti, les mains immaculées, les anges dans la « maison de verre » du pouvoir. Pourtant du côté de ces soi-disant vertueux, on y retrouve moult directeurs généraux, PCA, ministres épinglés par des rapports de corps de contrôle. Mais jamais, ils n’ont été convoqués par le procureur de la République, ne serait-ce que pour les entendre sur le contenu de ces rapports qui les éclaboussent. Au contraire, la camarilla présidentielle n’hésite pas à foudroyer tout élément d’un corps de contrôle ou tout magistrat qui aurait le toupet d’interroger un collaborateur du chef de l’Etat.
N’a-t-on pas vu un ministre de la République traiter les vaillants magistrats de la Cour des comptes d’ectoplasmes avant de qualifier leur majestueuse institution de Cour de règlement de comptes ?
N’a-t-on pas vu un responsable politique de l’APR dans le département de Mbour et Directeur des transports routiers au ministère des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, être inculpé par le juge d’instruction du 1er cabinet sis au tribunal de grande instance de Louga pour complicité de concussion, complicité de corruption et recel et placé sous mandat de dépôt le 31 mars 2016 et être libéré provisoirement sur intervention de bras politiques haut placés le 07 avril 2016 avant d’être nommé président du Conseil d’administration du Fonds d’entretien routier autonome du Sénégal (Fera) par décret présidentiel n°2016-985 le 13 juillet 2016 ?
N’a-t-on pas vu dans l’affaire des élèves-maîtres, 40 godillots adopter un projet de résolution de soutien au ministre de l’Education nationale Serigne Mbaye Thiam ignorant du coup l’arrêt de la Cour suprême qui avait annulé l’arrêté du ministère de l’Education nationale excluant les 690 élèves-maitres de la formation dans les Centres régionaux de formation du personnel enseignant (CRFPE) ?
N’a-t-on pas entendu, en novembre 2010, le Président Abdoulaye Wade dire, à l’occasion du 53e congrès de l’Union internationale des magistrats (UIM) à Dakar que « les juges ne veulent pas s’affranchir de la tutelle de l’exécutif. On peut tout faire pour que le magistrat soit indépendant mais, psychologiquement, les magistrats ne veulent pas être indépendants, c’est comme des esclaves. On les libère, ils font 200 mètres et ils reviennent pour dire: je ne sais où aller». Ces propos qui nous ont tant formalisé semblent avoir laissé de marbre les magistrats du Sénégal. Aucun membre de la famille judiciaire n’a élevé la voix pour s’offusquer de cette avanie gravissime ! Certains de vos collègues heurtés ont préféré moufter dans le confort douillet de leur bureau. Toutefois, nous aurions aimé que les figures de proue du pouvoir judiciaire élevassent la voix pour marquer leur indignation devant ce manque de considération vis-à-vis de la justice.
Quand le Président François Hollande parlant de la justice française avait déclaré dans un livre que « cette institution est une institution de lâcheté... Parce que tous ces procureurs, tous ces hauts magistrats se planquent et jouent les vertueux... », Bertrand Louvel et Jean-Claude Marin, les deux plus hauts magistrats de l’ordre judiciaire en France (le premier président et le second procureur général près de la Cour de cassation) se sont immédiatement invités à l’Elysée. Et l’Union syndicale des magistrats a demandé que « les propos sur la lâcheté de l’institution judiciaire soient infirmés ou retirés ». Sous le feu des critiques, le Président français dans une lettre datée du 14 octobre 2016 et envoyée au Conseil supérieur de la magistrature, avoue « regretter profondément ses déclarations qui sont sans rapport avec la réalité de sa pensée ».
Combien de magistrats probes et propres dont les décisions ne plaisent pas ont été dessaisis de certains dossiers ou affectés arbitrairement par le Garde des Sceaux, chef suprême des Procureurs, sans aucune réaction de la famille judiciaire ? L’affectation récente du Procureur de la République Mbour, Alioune Sarr, à la Cour d’Appel de Saint-Louis comme avocat général sonne comme une sanction punitive. Pour avoir résisté aux pressions des hommes politiques proches du pouvoir, pour avoir fait librement et impartialement son travail, pour avoir fait arrêter des militants du parti au pouvoir et des parents d’hommes et de femmes politiques "apéristes" pour vol de documents administratifs, le rigoureux et très professionnel procureur de Mbour quitte la Petite Côte dix mois seulement après sa prise de fonction. Aucune voix autorisée de la hiérarchie judiciaire n’a réagi contre cette décision abusive du ministre de la Justice.
Aujourd’hui, vous dites que vous ferez face à toute pression et intimidation. Pourtant ces manques de considération, tous ces pieds de nez faits à la justice sont une forme de pression à laquelle la famille judiciaire n’a jamais résisté. Comme dans tous les pays du monde, il apparait que les magistrats ne sont pas en effet à l’abri de toute pression dans leur fonctionnement quotidien, qu’elle émane de leur hiérarchie ou du pouvoir exécutif. Mais il leur incombe de résister à toute influence ou confluence, de ne jamais privilégier la consigne sur la conscience.
Quand nous regardons l’élimination anti-démocratique de certains candidats à cette prochaine présidentielle sénégalaise, nous revivons l’atmosphère délétère qui a précédé la tempête post-électorale de 2010 et qui a débouché sur une boucherie mortifère en Côte d’Ivoire. L’alors président de la Cour suprême, Tia Koné, avait rendu l’arrêt N° E0001-2000 de la Chambre constitutionnelle de la Cour suprême disant que « le candidat Alassane Ouattara ne réunissait pas toutes les exigences légales pour être candidat à l’élection présidentielle 2000, et qu’en conséquence il importait de ne pas faire figurer ses nom et prénom sur la liste définitive des candidats à l’élection présidentielle du 22 octobre 2000 ». Un tel arrêt se fondait sur la base de l’article 35 de la Constitution ivoirienne du 23 juillet 2000 qui stipulait : « tout candidat à la présidentielle doit être ivoirien d'origine, né de père et de mère eux-mêmes ivoiriens d'origine…, il doit avoir résidé en Côte d'Ivoire de façon continue pendant cinq années précédant la date des élections et avoir totalisé dix ans de présence effective » est resté 13 ans pour reconnaitre que cette « disposition était inique et absurde ».
Profitant de l’installation du sous-préfet de Gbagbégouiné, le samedi 9 février 2013, dans le département de Biankouma située à environ 700 km au nord-ouest d'Abidjan, Tia Koné mélangeant excuses et regrets a déclaré sans vergogne ceci : « Il n’était point question dans cette pathétique entente de rejeter ipso facto de nos rangs un fils du pays, un ancien Directeur général adjoint du FMI, pouvant de toute évidence, être cet artisan du regain de notre dignité et de notre grandeur nationale en perdition. (…) J’affirme qu’il n’a jamais été dit dans l’arrêt du 6 octobre 2000 que M. Alassane Ouattara n’est pas Ivoirien. Cet arrêt à notre grand regret, a causé un tort au concerné, à sa famille et à bien des Ivoiriens. Je m’excuse devant la nation entière. Aujourd’hui, la preuve est faite que le Président de la République est un Ivoirien qui a un profond amour pour sa patrie et qui engage en ce moment même notre pays sur de nombreux chantiers de développement en vue de faire de la Côte d’Ivoire, une nation de Paix et de prospérité ». Mais cette déclaration lâche intervient tardivement après que des dizaines d’Ivoiriens pro-Ouattara, contestant la légitimité du Président Gbagbo nouvellement élu, eurent trouvé la mort dans des conditions atroces. Dans la même foulée, le président du Conseil constitutionnel ivoirien, Paul Yao Ndré a déclaré le 3 décembre 2010 Laurent Gbagbo vainqueur de la présidentielle de 2010 avant de se rétracter cinq mois plus tard. Mais au prix de plus de 3 000 morts.
Si j’ai fait ce petit rappel dramatique M. le Président, c’est pour vous dire que certaines décisions de justice dictées par les pressions de l’exécutif fortement contestées par les populations finissent par se muer avec le temps en vérités irréfragables mais accompagnées souvent d’une kyrielle d’événements tragiques qui peuvent plonger le Sénégal dans une longue période dantesque. Aujourd’hui le parrainage, l’article 57 modifié visant uniquement Karim Wade ont été attaqués par les membres de l’opposition. Mais tous les Sénégalais savaient a priori que jamais le Conseil constitutionnel ne remettrait en cause ces tripatouillages du code électoral par les députés de sa Majesté. L’on ne compte pas le nombre de recours rejetés par les « Sages ». Il en est de même pour les pourvois introduits par l’opposition au niveau de la Cour suprême. Aujourd’hui, il est malheureux de constater que, par la seule volonté du chef de l’Etat, 22 candidats ont été écartés de la présidentielle à cause d’une loi taillée sur mesure pour éliminer des adversaires politiques redoutables. Pourtant en matière électorale, la règle démocratique, c’est l’inclusion et l’exception c’est l’exclusion. Aujourd’hui, il est indubitable que bon nombre de Sénégalais se sont mithridatisés contre plusieurs décisions de justice derrière lesquelles ils subodorent toujours la main pressante et contraignante de l’exécutif. Sur la base de cela, nous ne dirons pas comme l’actuel ministre de la Justice qui déclarait en janvier 2012 que « le Conseil constitutionnel sénégalais est comme la Tour de Pise qui se penche toujours du côté du pouvoir » mais les membres de cette institution juridico-politique nous donnent l’impression que jamais l’opposition ne peut avoir raison devant les régimes en place. Je ne dirai pas non plus comme l’ex-Garde des Sceaux français Robert Badinter, parlant de la justice de son pays, que la nôtre « est proche du dépôt de bilan » parce que je suis béatement optimiste de voir un jour notre justice être citée en exemple dans plusieurs démocraties. Mais la justice se doit toujours de transcender les contingences partisanes. Elle est intemporelle et impersonnelle. Il ne serait pas surprenant que le parrainage, adopté aujourd’hui comme une loi salvatrice rationnalisante, soit déclarée, dès changement du régime, scélérate et inconstitutionnelle avec toutes les autres modifications afférentes.
Pour conclure cette lettre dont nous nous excusons de la prolixité sachant que vos charges républicaines ne vous donnent pas assez de temps pour lire la contribution ennuyante d’un citoyen lambda, nous allons évoquer le Procureur général français Denis Jacomet qui, appréhendé par les militaires allemands le 6 mars 1915, déclarait aux forces ennemies : « Ma conscience ne me reproche rien ; si je dois être exécuté, je saurais mourir la tête haute, en véritable magistrat français ». Un véritable brevet de courage et de civisme face aux pressions qui doit inspirer tout homme de justice.
Tout en vous remerciant de toute l’attention que vous voudrez bien accorder à cette si lettre, nous vous prions de croire, Monsieur le premier Président de la Cour suprême, en notre plus haute considération.
DE L’URGENCE D’UNE LOI POUR L’ACCÈS À L’INFORMATION
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - Le combat pour une presse libre et non conditionnée par l’agenda étatique demeure - L’idée d’une véritable démocratie sans des médias auxquels les lois assurent le droit d’accéder à l’information publique est inconcevable
#Enjeux2019 - Celui qui présidera aux destinées du Sénégal pour le prochain quinquennat, devra, dès ses premiers mois au palais de la République, doter le pays d’une loi pour l’accès à l’information publique, fondamentale pour une démocratie digne du nom.
Parce que « la presse est le baromètre de la démocratie dans un pays » – formule empruntée au journaliste béninois Jérôme Carlos – le prochain chef de l’Etat du Sénégal aura le devoir pressant d’établir une garantie juridique pour l’accès à l’information publique, élément vital pour des médias efficients et, globalement, pour une société véritablement démocratique.
Si on sait que l’idée de cette loi est évoquée depuis quelques années et que les gouvernants disent y travailler, il faut dire qu’il urge, à plusieurs égards, de disposer de ce texte d’ailleurs subséquent aux recommandations de la Constitution sénégalaise en son Article 8 : « S’instruire sans entrave aux sources accessibles à tous ».
Que nous sachions, la Constitution est la règle la plus élevée de l’ordre juridique d’un pays et le rôle d’instruction des médias n’est pas discutable. Tout comme le droit du public à une information plurielle et transparente. Voici donc une loi que le président sénégalais des cinq années à venir devra s’empresser d’édicter : son rôle n’est-il pas de faire respecter la Constitution ?
- Pour une presse libre -
En novembre 2018, le Sénégal et onze autres pays signaient la Déclaration internationale sur l’information et la démocratie dont le droit à l’information en est le principe premier. Mais comment s’engager à le garantir sans un appareil juridique propice pour ce faire ?
« Le contrôle politique sur les médias, l'assujettissement de l’information à des intérêts particuliers, l’influence croissante d’acteurs privés qui échappent au contrôle démocratique, la désinformation massive en ligne, la violence contre les reporters et l’affaiblissement du journalisme de qualité, menacent l’exercice du droit à la connaissance. Toute tentative de limiter abusivement cet exercice, par la force, la technologie ou le droit, est une violation du droit à la liberté d’opinion », est-il alors écrit dans cette Déclaration qui veut que l’espace de l’information et de la communication soit organisé à dessein de permettre l’exercice des droits et de la démocratie.
Au baromètre de la liberté de la presse établi par Reporters Sans Frontières, qu’on se réjouisse ou pas des rangs et des scores du Sénégal durant le mandat présidentiel qui s’achève – 76e avec 26 points en 2012 ; 59e avec 26,19 points en 2013 ; 62e avec 26,68 points en 2014 ; 71e avec 27,77 points en 2015 ; 65e avec 27,99 points en 2016 ; 58e avec 26,72 points en 2017 ; 50e avec 25, 61 points en 2018 – le combat pour une presse libre et non conditionnée par l’agenda étatique demeure. Seule une loi effective pour l’accès à l’information publique viendra résoudre ou apporter un début de solution à ce problème.
L’idée d’une véritable démocratie sans des médias auxquels les lois assurent le droit d’accéder à l’information publique est inconcevable.
- Pour le peuple sénégalais -
Il faut souligner que la pertinence et l’utilité de cette loi ne se limitent pas à la seule presse. Là encore, la Déclaration internationale sur l’information et la démocratie, dont le Sénégal s’est engagé à observer les recommandations, stipule que « la connaissance est nécessaire aux êtres humains pour développer leurs capacités biologiques, psychologiques, sociales, politiques et économiques. L’accès à la connaissance, en particulier celle de la réalité, est un droit fondamental ».
Nous espérons alors que ceux qui ont apposé leur signature sur ce document, au nom du peuple sénégalais, en ont cerné le sens. Logiquement, le premier engagement pour l’information et la démocratie doit être l’édiction et la mise en application d’une loi permettant à quiconque d’accéder sans ambages à l’information publique. Ceci dit, au-delà de la presse, cette loi ici réclamée est vitale pour l’école, la recherche et la nation sénégalaise.
Chaque prétendant à la plus haute fonction de la République fait valoir (ou le fera) l’importance qu’il accorde à la démocratie. C’est donc l’occasion de leur signaler que cette loi est une des conditions sine qua non du jeu démocratique ; elle est synonyme de transparence et de liberté. Rappelons-leur, dès à présent, qu’un accès limité à l’information publique ou son contrôle par le gouvernement empêche la participation permanente du citoyen aux affaires publiques.
Il est nécessaire de dire que cette loi, que nous voulons imminente, ne doit pas être limitée à sa présence dans nos textes juridiques pour servir d’écran de fumée ou connaître la même infortune que la loi sur l’interdiction des sachets plastiques, votée en 2016 et dont l’application semble impossible.
Cette loi pour l’accès à l’information publique est un impératif logique et notre plaidoyer demande qu’elle soit effective aussitôt qu’elle aura été votée.
Valdez Onanina est journaliste pour Africa Check, la première organisation de fact-checking en Afrique, dont le bureau francophone est basé à Dakar. Il observe les stratégies d’influence et la désinformation dans les médias.
PAR BOSSE NDOYE
PRÉSIDENT, NOUS NE SOMMES PAS AMNÉSIQUES !
Ne serait-ce que par respect au peuple, Macky doit cesser de nous gaver de "Léeb" - La balle se trouve désormais dans le camp du peuple, qui, espérons-le, sera très réaliste et vigilant dans le choix de son prochain dirigeant
Dans cet extrait de son discours - aux allures de gaaruwaale, à la teneur d’autoglorification et aux odeurs de compagne électorale -, tenu lors de l’inauguration folklorique et non moins politique de la mosquée Souleymane Baal à Guédiawaye ce 18 janvier, le président Macky Sall semble vouloir se démarquer de ses camarades politiciens et surtout de ses prédécesseurs – accusés implicitement d’incompétents et de beaux parleurs - par la « véracité de son langage » et le soi-disant respect de la parole donnée : « Lii ñuy wax du ay géente, du ay digle. Man du ma digle. Lépp lu ma léen wax rekk, fekk na ñu étudier ko, xool ko, xayma ko. Ba am alal ji koy liggéey. Koon day wuute ak façon yi nga xamne moom lañu ñu tàmmaloon fii si Senegaal. Di wax rekk, di léeb rekk, di léeb rekk. Man du ma politike noonu. Lu ñu fi wax rekk, fekk na ñu étudier ko, gëstu ko, wuut alal ji siy dem[1]... »
Le mot qui nous intéresse dans ce discours est Léeb. Polysémique, dans son sens premier il signifie raconter une ou des histoires. C’est ce qu’a très bien fait Birago Diop dans ses fameux contes d’Amadou Koumba. Il peut aussi dire raconter des histoires, mais cette fois-ci pour étaler des contre-vérités et/ou des affabulations. C’est cette seconde signification qui nous importe dans ce texte.
Passons dès lors au peigne fin quelques-uns des événements ayant eu lieu sous la présidence de Macky Sall pour jauger ses propos à l’aune de la réalité des faits.
Ayant promis urbi et orbi de réduire la durée de son mandat de 7 à 5 ans, notre président a fait montre d’un wax-waxeet légendaire, qui à coup sûr, marquera à jamais l’histoire politique de notre pays. N’avait-il pas aussi promis une gouvernance sobre et vertueuse ?
Les multiples scandales survenus lors de son mandat le contredisent. La justice a été souvent aux ordres de l’exécutif. Son application a été fréquemment partiale, partielle et parcellaire – pour utiliser les mots d’Aimé Césaire – dans bien des dossiers. Par conséquent elle a été à maintes reprises plus clémente envers certains de nos concitoyens riches et connus qu’à l’égard des « petites gens » anonymes. La présence complaisante de l’ancien colonisateur n’a jamais été aussi grande et visible dans le pays. Les affaires Bictogo, Pétrotim, et plus récemment, Prodac et Mamour Diallo, pour ne citer que celles-là, ont fait très mal à nos maigres deniers publics.
Le président n’avait-il pas affirmé dans le journal Jeune Afrique les propos suivants : « Je ne mêle jamais ma famille à la gestion du pays. Si mon frère a été amené à être cité dans des affaires de sociétés privées, c’est parce je lui avais justement indiqué très clairement, dès ma prise de fonctions, qu’il ne bénéficierait jamais de ma part d’un décret de nomination, notamment en raison de l’histoire récente du Sénégal [Wade père et fils] et parce que je ne voulais pas être accusé de népotisme[2]. » Pourtant il a nommé son frère, Aliou Sall, directeur général de la Caisse des Dépôts et de Consignations.
Quid des promesses d’un gouvernement de 25 ministres, de la création de 500 000 emplois et de la primauté de la patrie sur le parti ? La liste des promesses non tenues est loin d’être exhaustive.
Donc, ne serait-ce que par respect au peuple, le président doit cesser de nous gaver de Léeb. La pratique de la politique chez nous devrait être plus que "le moyen par lequel deshommes sans principes dirigent des hommes sans mémoire," pour paraphraser Voltaire. Surtout à l’approche de l’élection présidentielle où la prudence doit être de mise. La balle se trouve désormais dans le camp du peuple, qui, espérons-le, sera très réaliste et vigilant dans le choix de son prochain président.
Dethie Fall, membre du parti Rewmi est au micro de Maodo Faye dans l'émission dominicale "Diano-bi" (Wolof) sur Sud FM.
KEMI SEBA VA CRÉER UN PARTI POLITIQUE
Il avait toujours affirmé ne pas vouloir participer à la vie politique - Mais le leader d'urgences panafricanistes a décidé de changer de fusil d'épaule
La Nouvelle Tribune |
Sam Boton |
Publication 20/01/2019
Kemi Seba, puisque c’est de lui qu’il s’agit n’est pas un inconnu de la scène médiatique africaine. Il avait fait la une de la presse après ses déboires avec le gouvernement de Macky Sall au Sénégal. Bien avant cela, Kemi Seba s’était illustré en France dans la défense de la communauté noire, au point de se créer des ennemis. Si au départ, il était virulent et abordait des thèmes polémiques, il s’est depuis calmé et arpente désormais les villes africaines afin de sensibiliser les jeunes à la cause africaine. Mais il avait toujours affirmer qu’il ne comptait pas faire de la politique.
Changement de stratégie
Au Bénin, lors d’un rassemblement organisé ce samedi 19 janvier avec les sympathisants de son mouvement, Kemi Seba a fait une grande annonce: la création de son parti politique qui aura pour mission d’éveiller la population, mais aussi de représenter le panafricanisme dans les différentes institutions politiques béninoises : “Est-ce qu’aujourd’hui vous avez l’impression qu’il y a du panafricanisme au sein de l’Assemblée nationale? à l’intérieur de la Marina ? (…) Il est peut-être important qu’aujourd’hui le panafricanisme rentre en scène. “
Dénonçant le mépris des autorités politiques béninoises (toutes tendances confondues) qui ne sont pas sensibles à la cause panafricaniste, il affirme qu’il est temps que l’ONG urgences panafricanistes se transforme en parti politique; seul moyen pour lui de faire avancer la cause. Le Parti panafricaniste béninois est ainsi né !
EN AFRIQUE, 200 COUPS D'ÉTAT EN 70 ANS
Le putsch raté du 7 janvier dernier au Gabon n'a rien fait pour libérer l'Afrique de sa mauvaise réputation en matière de stabilité politique - Depuis 1950, pas moins de 204 coups d'État y ont été commis
Radio Canada |
Bernard Barbeau |
Publication 20/01/2019
Le putsch raté du 7 janvier dernier au Gabon n'a rien fait pour libérer l'Afrique de sa mauvaise réputation en matière de stabilité politique. Depuis 1950, pas moins de 204 coups d'État y ont été commis; de ce nombre, près de la moitié ont permis à leurs auteurs d'atteindre leur objectif, au moins temporairement.
C’est ce qu’indiquent les données compilées sur une base continue par les politologues Jonathan Powell, de l’Université de Floride centrale, à Orlando, et Clayton Thyne, de l’Université du Kentucky, à Lexington, auxquelles nous avons ajouté l’information relative à la récente attaque contre l'autorité du président gabonais Ali Bongo, hospitalisé au Maroc.
Les deux chercheurs définissent les coups d’État comme des « tentatives illégales et manifestes de l'armée ou d'autres élites au sein de l'appareil d'État de renverser le pouvoir en place ». Ainsi, l'armée n'a pas à être l'instigatrice de l'opération pour qu'il s'agisse d'un coup d'État.
« L'aspect illégal est important, car c'est ce qui différencie les coups d'État des pressions politiques, qui sont courantes lorsque les citoyens sont libres de s'organiser », soutiennent-ils.
Et, pour MM. Powell et Thyne, on peut parler d'un putsch réussi quand il permet un changement de main du pouvoir de plus de sept jours.
Exactement 100 coups d’État survenus en Afrique depuis 1950 répondent à ces conditions.
Il y a eu neuf coups d'État réussis dans les années 1950. Puis, dans les années 60, 70, 80 et 90, ce sont une quarantaine de tels soulèvements qui ont été comptabilisés par décennie.
C’était une période de mouvance qui suivait l’accession à l’indépendance de plusieurs pays, souligne Jonathan Powell. « Les conditions menant fréquemment à des coups, comme la pauvreté et une faible performance économique, y étaient réunies », note-t-il aussi.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le président américain Franklin D. Roosevelt et le premier ministre britannique Winston Churchill avaient négocié la Charte de l’Atlantique, qui jetait les bases du monde de l'après-guerre. Celle-ci stipulait que les colonies d’Afrique – un continent que les puissances européennes s’étaient partagé à la fin du 19e siècle – devaient devenir autonomes. Le droit à l'autodétermination des peuples avait également été inclus dans la Charte des Nations unies.
Parallèlement, plusieurs leaders africains, dont l’éducation avait été assurée par les puissances impériales, avaient entrepris de militer en faveur de la souveraineté de leurs nations. Plusieurs avaient été sensibilisés à cette idée en étudiant dans des universités occidentales.
Le mouvement s’est véritablement amorcé en 1956 avec le Soudan, même si quelques pays d’Afrique étaient déjà souverains. La Tunisie, le Maroc, le Ghana et la Guinée ont suivi de 1956 à 58. Et dans la seule année 1960, 17 autres nations, la plupart des colonies françaises, accédaient à l’indépendance. Au tournant des années 80, une cinquantaine de pays étaient décolonisés.
Depuis le début du millénaire, de moins en moins de putschs ont lieu en Afrique.
Vingt-deux sont survenus dans les années 2000, et 16 jusqu’ici dans les années 2010.
Le rôle crucial de l'armée
Les forces militaires ont souvent joué un rôle actif lors de ces passations forcées du pouvoir. Mais ça ne signifie pas qu'ils en étaient nécessairement les instigateurs.
"Si ce sont souvent des membres civils d’un gouvernement qui commencent un coup d’État, l’armée joue un rôle plus tard, en acceptant ou non de suivre les nouveaux dirigeants."Jonathan Powell et Clayton Thyne, politologues.
« Par exemple, la tentative de putsch de 1962 dirigée par le premier ministre sénégalais Mamadou Dia [contre le président de la République Léopold Sédar Senghor] a échoué parce qu’il a été incapable d'obtenir le soutien de l'armée », illustrent Jonathan Powell et Clayton Thyne dans un article publié dans le Journal of Peace Research.
Le soutien des militaires est donc crucial. Ça n'implique cependant pas pour autant que c'est chaque fois un régime militaire qui s'installe.
« Le coup d'État de 2005 en Mauritanie, par exemple, a conduit à des élections auxquelles il a été interdit aux militaires de se présenter, rappellent MM. Powell et Thyne. Ainsi, bien que ce soient les actions de l'armée qui ont entraîné la chute du régime de [Maaouiya Ould Sid'Ahmed] Taya, celle-ci n'a pas mis en place un gouvernement de son choix. »
À l'opposé, instaurer un régime militaire est exactement ce qu'a voulu faire le capitaine Amadou Haya Sanogo au Mali en mars 2012. Il a dirigé un putsch militaire contre le président Amadou Toumani Touré et s'est emparé du pouvoir. Toutefois, sous les pressions internationales, il a cédé les rênes du pays au président de l'Assemblée nationale, Dioncounda Traoré, moins de deux semaines plus tard.
475 coups d'État en 70 ans
Dans le monde entier, 475 putschs réussis ou ratés sont survenus depuis 1950.
Si l’Afrique domine largement le palmarès des continents, à ce chapitre, elle est suivie de l’Amérique du Sud, avec 95 tentatives de prise du pouvoir par la force, dont 40 réussies.
La Bolivie, au centre de ce continent, est le pays qui compte le plus grand nombre de coups d'État au monde depuis 1950, soit 23; 11 ont occasionné un changement de leadership qui a tenu pendant au moins une semaine.
Dans l'ensemble des Amériques, on parle de 145 coups d'État, dont 70 ont réussi.
Toutefois, aucun coup d’État n’y est survenu depuis celui du Venezuela en 2002. L’attaque contre la présidence d’Hugo Chavez avait alors échoué.
ESCALADE VERBAL ENTRE POUVOIR ET OPPOSITION
Les sages du Conseil constitutionnel vont publier ce dimanche la liste définitive des prétendants à la présidentielle, alors que les passes d’armes se multiplient entre les candidats et le camp présidentiel
Pouvoir et opposition sont à couteaux tirés dans la presse sénégalaise. Il y a d’abord les propos du président Macky Sall en marge de l’inauguration d’une mosquée vendredi. En parlant de l’opposition, le président a estimé que « le bruit était inévitable, car on ne peut pas battre quelqu’un et lui interdire de pleurer ».
Dans la nuit Le Front de résistance nationale, lié au Parti démocratique sénégalais, publie un communiqué très virulent. Le texte évoque des arrestations « ciblées » et « arbitraires » de jeunes militants dans tout le pays. Des arrestations commises par des « apprentis dictateurs », selon les mots du document.
Les craintes de la société civile
Autant dire que les accusations sont graves. Pour la société civile, il s’agit d’une escalade dangereuse pour la démocratie. Ses membres ont rencontré l’opposition ce samedi.
Aux côtés d’Alioune Tine, Babacar Gueye préside le collectif de la société civile pour les élections. « Pour le moment, c’est une escalade verbale. En tout cas, nous souhaitons nous, au sein de la société civile, qu’il soit mis un terme très rapidement à cette escalade verbale et qu’on puisse instaurer à nouveau une discussion entre les deux partis parce qu’il faut qu’ils se parlent. Seul le dialogue peut permettre de déboucher sur des solutions qui préservent la paix ».
Un climat tendu bien avant le démarrage officiel de la campagne électorale, le 3 février 2019.
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Le consultant bancaire est l'invité de Baye Oumar Guèye