Oumar Youm, directeur de cabinet du président Macky Sall est au micro de Baye Omar Gueye de (Sud Fm) dans l'émission Objection.
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LE GRAFFITI POUR REDONNER DES COULEURS À LA MÉDINA
Pour redonner un coup de fouet aux murs ternes et écaillés de quartier populaire de Dakar, des graffeurs ont décidé d'exposer leur art au détour des rues et sur les habitations, en accord avec leurs propriétaires
Pour redonner un coup de fouet aux murs ternes et écaillés du quartier de la Médina à Dakar, des graffeurs ont décidé d'exposer leur art au détour des rues et sur les habitations, en accord avec leurs propriétaires.
Reportage de M. Chevance et C. Berthe, commentaire de L. Sanchez de TV5 Monde Afrique.
KARA MBOJI AMER
L'ex de Diambars n’est plus appelé par Cissé depuis le Mondial et la menace de sa non-participation à la CAN 2019 pointe - Le vice-capitaine rappelle son dévouement à l'équipe et laisse filtrer de l'amertume quant à sa situation actuelle avec les Lions
Titularisé avec Nantes samedi lors de la défaite face au PSG (1-0), Kara Mbodji n’a pas à rougir de sa prestation pour ce dernier match avant la trêve et les vacances à Dakar. Malgré son statut de remplaçant, «sans explications», lors des cinq précédents matches des Canaris, le défenseur central sénégalais prend les choses avec philosophie et « continue à travailler ». Par contre, ses non-convocations avec l’équipe du Sénégal commencent lui peser. Le joueur formé à Diambars n’est plus appelé depuis la Coupe du monde 2018 et la menace de sa non-participation à la prochaine CAN pointe. Kara Mbodji, vice-capitaine, rappelle son dévouement à sa sélection et laisse filtrer une certaine amertume avec sa situation actuelle avec les Lions.
RFI: Kara, vous avez été titulaire pendant les trois premières victoires de Nantes après l’arrivée de Vahid Halilhodzic, après, on ne vous a plus revu sur le terrain jusqu’à aujourd’hui (samedi 23 décembre) et cinq matches plus tard. Que s’est-il passé ?
Kara Mbodji: Honnêtement, je ne sais pas ce qui s’est passé. J’ai joué trois matches avec lui (Ndlr : coach Vahid), au quatrième, il m’a dit qu’il était satisfait de mes performances, mais que je n’allais pas débuter. Depuis, effectivement je n’ai pas joué jusqu’à ce match-là contre le PSG. Mais, je ne pose pas de questions, l’objectif que j’avais c’était de revenir à mon meilleur niveau après mes deux opérations du genou. Cela n’a pas été facile, mais, je pense que je suis sur la bonne voie.
Comment vous vous-êtes senti sur ce match contre le PSG ? Vous avez eu du mal à vous remettre dans le rythme ?
Non pas du tout même si ce n'était pas évident, de rester cinq matches sans jouer et revenir pour disputer une rencontre face à l’une des cinq meilleures équipes au monde en ce moment. J’ai déjà joué contre le PSG en Ligue des champions (avec Anderlecht), aujourd’hui Cavani, Mbappé, Neymar, qui n’est pas là, font partie des meilleurs attaquants au monde.
Comment jugez-vous votre première partie de saison avec Nantes que vous avez rejoint cet été ?
Bilan positif pour quelqu’un qui est resté six mois sans jouer. La première étape était de travailler pour revenir. C’est ce que j’ai fait. Je me suis senti bien ce soir (samedi). Physiquement bien et mon genou était top. On a perdu, c’est dommage pour nous, mais je pense qu’il y avait de la place pour faire quelque chose. Je suis content et satisfait de ma performance. Là, j’ai joué six matches (5 titularisations), après, il y a un coach qui fait ses choix, à moi de voir ce qui va se passer en seconde partie de saison, mais j’ai envie de jouer le plus souvent possible.
« J’ai trop de choses dans le cœur… »
Qu’est ce qui se passe avec l’équipe du Sénégal ? Vous avez été appelé pour la Coupe du monde 2018 alors que vous reveniez de blessure et depuis vous ne faites plus partie des listes alors que vous avez repris la compétition…
Je ne sais pas…J’ai vu que cela fait pas mal de matches que je ne suis pas appelé… Je n’ai rien à dire sur ça. L’essentiel est que j’aime mon pays et j’ai tout donné à cette équipe nationale, j’ai toujours honoré le maillot national, je n’ai jamais déçu. Je pense que j’ai toujours donné satisfaction quand j’ai été aligné. Ce qui se passe, je ne sais pas, je ne comprends pas. Moi, je travaille, après on verra.
Vous avez eu une explication de la part du sélectionneur Aliou Cissé ?
Non !
Le Sénégal est qualifié pour la CAN 2019. Est-ce que ce serait une déception de ne pas y être après avoir disputé les CAN 2015 et 2017 ?
Non ! J’ai joué deux CAN et j’ai été parmi les meilleurs Sénégalais. Je suis prêt pour mon pays, si on ne m’appelle pas, il y a d’autres joueurs qui vont faire le travail. Je suis un compétiteur et j’ai envie de faire quelque chose pour mon pays, mais ce n’est pas moi qui décide…
…On sent une certaine amertume…
…L’essentiel est qu’en sélection, j’ai toujours tout donné. J’ai toujours mis les intérêts du Sénégal en avant. Il s’est passé des choses… J’ai trop de choses dans le cœur que je ne peux pas dire. Je ne vais pas rentrer dans les détails.
PAR THOMAS DIETRICH
MACRON AU TCHAD, UNE FAUTE MORALE ET POLITIQUE
Le chef de l'Etat français, qui se rend à N'Djamena samedi et dimanche, doit cesser tout pacte avec le président tchadien Déby et, plus généralement, avec l’ensemble des tyrans d’Afrique francophone, coupables d'atteintes répétées aux droits de l'homme
Libération |
Thomas Dietrich |
Publication 22/12/2018
Ce week-end, Emmanuel Macron sera au Tchad. Il rendra visite aux soldats hexagonaux de la force Barkhane, dont la majorité des 4 500 hommes sont stationnés à N’Djamena, la capitale tchadienne. Ce sera certainement beau, ce sera on ne peut plus émouvant. Il y aura des discours plein de mots pompeux, des levers de drapeaux et des Marseillaises chantées la gorge étreinte d’émotion. Il y aura un arbre de Noël constellé de la poussière du Sahel, des repas partagés au mess, dans une simple gamelle, des rires francs et des poignées de mains viriles, beaucoup de poignées de mains et aussi quelques franches accolades. Personne ne peut décemment reprocher à un président de rendre visite à ses troupes déployées à l’étranger et qui, quelle que soit la légitimité de leur présence, mènent des opérations difficiles, entre éloignement, réduction de moyens et menaces sans cesse renouvelées.
Mais il est une France en laquelle nous croyons, une France qui, exempte de tout néo-colonialisme ou paternalisme, demeurerait «une figure secourable pour tous les Hommes», comme l’écrivait André Malraux. Et cette France qui nous est chère ne tolérera jamais une autre poignée de main, celle qu’ira donner samedi prochain Emmanuel Macron à Idriss Déby, au pouvoir au Tchad depuis 28 longues années. Selon le magazine The Economist, Idriss Déby est le pire dictateur du continent africain. Il a pourtant de très sérieux challengers, entre Omar el-Béchir et Denis Sassou-Nguesso. Mais qu’importe, il trône au sommet de ce classement sinistre, régnant en maître sur un pays perclus de peurs et de misères.
Enlèvements et exécutions
Toutes les organisations de défense des droits de l’homme, d’Amnesty International à la FIDH, ont unanimement condamné le régime tchadien pour ses atteintes répétées aux droits de l’homme. En 2008, le leader de l’opposition démocratique, le professeur de mathématiques à l’université d’Orléans, Ibni Oumar Mahamat Saleh, a été enlevé à son domicile par la garde présidentielle de Déby. Nous sommes restés sans nouvelles de lui depuis lors. En 2016, plus de 40 militaires ont été nuitamment exécutés. Leur seul tort ? Avoir voté aux élections présidentielles pour un autre candidat que le satrape local, le vote s’effectuant sans isoloir. A l’occasion de ces mêmes élections, des leaders de la société civile, dont le secrétaire général de la Convention tchadienne pour la défense des droits de l’homme, Mahamat Nour Ibedou, ont été arbitrairement arrêtés et détenus sans inculpation pendant d’interminables semaines. A l’heure actuelle, une répression féroce se déroule contre les populations de l’extrême Nord du pays, coupables d’avoir réclamé leur dû dans l’exploitation de l’or dont regorge le sous-sol de leur région, le Tibesti.
Le Tchad est béni des dieux, pourtant. Le pétrole coule à flots nourris au Sud et des centaines de milliers de têtes de bétail empruntent chaque année les couloirs de transhumance, dégageant un nuage de poussière qui bientôt, pour les éleveurs, se changera en espèces sonnantes et trébuchantes. Toutefois, ce pays, qui a vu naître le premier Homme, Toumaï, se traîne dans les bas-fonds des classements internationaux en matière de développement (186e sur 189 à l’indice de développement humain de l’ONU). La faute à une captation systématique de la richesse produite par l’élite au pouvoir, au détriment de l’immense majorité de la population. Pendant la quasi-totalité de l’année 2018, une grève générale a secoué le pays, les fonctionnaires protestant contre la réduction de leur salaire de 10 % à 40 % et la corruption endémique. Et les élèves ne purent se rendre en classe pour étudier, et les malades rentrèrent mourir chez eux, faute d’hôpitaux fonctionnels pour les soigner.
Laboratoire de la Françafrique
Le Tchad a toujours été le laboratoire de la Françafrique. Déjà, dans les années 80, l’Etat français a soutenu sans réserve Hissène Habré dans sa guerre contre la Libye, se rendant complice des exactions de masse que le dirigeant tchadien faisait subir à sa propre population. Les services de la DGSE ont favorisé l’accession au pouvoir d’Idriss Déby en 1990 et, depuis lors, il a été ardemment soutenu, jusqu’au plus haut sommet de l’Etat. A deux reprises, en 2006 et en 2008, les hélicoptères de l’armée française sont intervenus pour mettre en déroute des rebelles qui menaçaient le palais présidentiel. Malgré sa promesse de rompre avec la Françafrique, François Hollande a rendu visite à Déby en 2014. Son ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, aujourd’hui ministre des Affaires étrangères d’Emmanuel Macron, a même qualifié le dictateur tchadien d'«ami personnel», interrompant ses vacances pour se rendre à son investiture après les élections présidentielles de 2016. Certes, l’armée du pays de Toumaï a été d’un grand secours dans la lutte contre les jihadistes au Mali, se battant vaillamment contre Aqmi et subissant de lourdes pertes. Il n’empêche : la nécessaire lutte contre le terrorisme islamiste au Sahel ne peut être, pour Déby et les autres dictateurs de la région, un blanc-seing pour opprimer leur peuple. Car, depuis l’apparition de la menace terroriste, les droits de l’homme et la bonne gouvernance sont sacrifiés sur l’autel de la politique du tout-sécuritaire. Or, le principal terreau de la haine ne sera jamais rien d’autre que la misère. Si Boko Haram a fait de la région du lac Tchad un de ses bastions, c’est en raison de l’extrême pauvreté qui y règne. A cause de la disparition de 90 % de la surface du lac et de l’absence de toute politique étatique, les pêcheurs kanouri, n’ayant plus de poissons à pêcher, finissent par se jeter dans les bras des jihadistes.
La visite d’Emmanuel Macron au Tchad ne nous paraît donc pas opportune, d’autant qu’elle intervient en plein mouvement des gilets jaunes. Elle n’honore ni la France ni ses principes qui ont fait d’elle un «soldat de l’idéal», à mille lieues de toute realpolitik. Il est de notre devoir de s’interroger sur des éléments pour le moins troublants qui entourent ce déplacement présidentiel. Tout d’abord, le séjour à N’Djamena début décembre d’Alexandre Benalla, qui a rencontré le frère d’Idriss Déby, Oumar Déby, directeur de la Direction générale de la réserve stratégique, chargée des achats d’armes. Ensuite, un prêt de 40 millions d’euros et un don de 10 millions ont été consentis par l’Elysée au Tchad il y a quelques jours, afin que le régime puisse payer le salaire des fonctionnaires pour le mois de décembre. Quand on sait le degré de corruption qui règne au sommet de l’Etat, il n’est pas dit que cet argent public bénéfice directement aux populations. Enfin, la Centrafrique, plongée au cœur des ténèbres depuis 2012, sera au menu des discussions entre Macron et Déby. Or, le Tchad a joué un rôle plus que néfaste dans la crise centrafricaine, armant et soutenant ouvertement la Seleka, une horde de mercenaires qui a semé et sème encore le chaos, alimentant les tensions interconfessionnelles tout en pillant les richesses du sous-sol.
Nous appelons donc Emmanuel Macron à cesser ce pacte de Faust avec Idriss Déby et, plus généralement, avec l’ensemble des tyrans d’Afrique francophone. Par ailleurs, nous demandons à ce que l’opération militaire Barkhane au Sahel, la plus grande OPEX française, fasse l’objet d’une évaluation afin de déterminer si son action est véritablement efficace contre le terrorisme islamique ou, si en plus de poser un évident problème de souveraineté, elle permet le maintien au pouvoir d’autocrates qui n’ont cure de la souffrance de leur peuple.
L’objectif affiché et proclamé en 2013 d’un système éducatif stable et performant n’est malheureusement pas atteint - Le contraste entre le discours officiel et les actes posés prouve que l’éducation est loin d’être la priorité du gouvernement
À la suite des deux concertations sectorielles tenues en 2013 dont les objectifs déclarés étaient de diagnostiquer le système éducatif sénégalais et de proposer des solutions de sortie de crise, les annonces gouvernementales laissaient croire à une volonté politique de changer la donne par un investissement massif dans l’école, l’enseignement supérieur et la recherche. Cinq ans plus tard, les grèves récurrentes, les faibles taux de réussite aux examens, les mauvaises conditions de travail des enseignants mettent profondément en doute les engagements présidentiels.
En 2013, le système éducatif sénégalais a été diagnostiqué dans son ensemble dans le cadre de deux grandes concertations sectorielles : la Concertation nationale sur l’avenir de l’enseignement supérieur (CNAES) et les Assises de l’éducation. Menées de façon incohérente (la CNAES avait précédé les Assises sur l’éducation), ces deux concertations nationales s’étaient tout de même assigné comme objectif principal de refonder le système éducatif sénégalais de sorte à le rendre non seulement plus stable, mais également plus performant[1]. Avec une participation inclusive de tous les acteurs du secteur et de tous les segments de la société, l’espoir était permis de sortir enfin de la situation de crise profonde dans laquelle l’école et l’université sénégalaises étaient plongées depuis quelques décennies. Du diagnostic fait par les acteurs sur les causes de cette crise sont ressorties, pour chaque sous-secteur, des recommandations prises en compte au plan politique et institutionnel par des décisions présidentielles[2].
Le besoin d’investissements publics massifs pour construire l’école de la réussite
Pour le sous-secteur de l’élémentaire et du moyen secondaire, il a été fondamentalement question – tout en élargissant son accès à tous les enfants du pays – de passer d’une école de l’échec à une école de la réussite à l’horizon 2020. Et pour atteindre cet objectif fondamental, il a été fortement recommandé d’augmenter considérablement les investissements publics, de relever le niveau de formation des enseignants et surtout de les motiver en revalorisant leur métier déprécié et de fait non attractif. Quant au sous-secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche, il a été fortement recommandé de réorienter le système vers les STEM (Sciences, Technologies, Engineering and Mathematics) et les formations professionnelles courtes tout en renforçant et en démocratisant leur accès.
En accord – du moins en apparence – avec le diagnostic qui a été fait dans le cadre de ces deux concertations sectorielles qu’il avait lui-même suscitées, mais également avec les solutions de sortie de crise proposées, le gouvernement du Sénégal a alors pris l’engagement public de pourvoir aux investissements nécessaires pour un système éducatif stable et performant. C’est ainsi qu’il s’est engagé, pour les cycles élémentaire, moyen et secondaire, à fournir le financement nécessaire à l’avènement d’une école de la réussite. Celle-ci n’est du reste possible que si, prioritairement, on forme et motive les enseignants. Quant à l’enseignement supérieur et la recherche, le gouvernement s’est engagé à y investir 430 milliards entre 2013 et 2018. Ce qui, clamait-il tout haut, représente 2,5 fois l’investissement total dans le sous-secteur entre 1960 et 2012.
Entre le discours et les actes, un contraste saisissant
Au sortir de ces deux concertations sectorielles, il était donc permis d’espérer en finir avec la situation de crise dans le secteur éducatif sénégalais à partir de 2018 au plus tard. Mais qu’en est-il exactement aujourd’hui ? À l’examen des faits, on constate que l’objectif affiché et proclamé en 2013 d’un système éducatif stable et performant n’est malheureusement pas atteint. Qu’il s’agisse de l’enseignement élémentaire, moyen et secondaire ou du sous-secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche, la crise reste toujours profonde comme en attestent les longues grèves des personnels enseignants et des étudiants, les faibles taux de réussites aux examens nationaux qui nous éloignent toujours de ce qu’est une véritable école de la réussite, des conditions de travail très difficiles dans les universités à cause de la massification créée par un déficit criant d’infrastructures, etc. Avec un tel constat, il est permis de douter de la volonté du gouvernement sénégalais de mettre en œuvre les conclusions des deux concertations. Il semble aussi qu’il n’ait pas investi autant d’argent qu’il le proclame à chaque manifestation publique en rapport avec ledit secteur. Les enseignants de l’élémentaire et du moyen secondaire sont régulièrement en grève parce que très mal payés et déconsidérés.
Les universités publiques ‒ dont l’autonomie est remise en cause avec la création de conseils d’administration dirigés et constitués majoritairement par des personnels non académiques ‒ n’arrivent pas à stabiliser leurs années académiques parce qu’aucun des grands chantiers (Université Amadou Mahtar Mbow, Université El Hadji Ibrahima Niasse du Sine Saloum, centres délocalisés des universités Assane Seck de Ziguinchor et Gaston Berger de Saint-Louis, etc.), démarrés pour la plupart depuis au moins 2013, n’a été livré à ce jour. En lieu et place de ces infrastructures qui auraient constitué la meilleure réponse au problème de la massification, le gouvernement a inventé en toute irresponsabilité l’Université virtuelle du Sénégal (UVS). Pédagogiquement inadaptée à des étudiants de Licence, celle-ci serait, aux yeux du gouvernement, la solution miracle pour caser les dizaines de milliers de bacheliers du pays.
Dans le même temps, il opère des choix dont le caractère prioritaire est très discutable. Par exemple, le budget de la présidence de la République est supérieur à ceux de toutes les universités réunies. Entre 2013 et 2018, le gouvernement a commencé et terminé les constructions d’infrastructures de très grande envergure comme le Centre de conférence internationale Abdou Diouf (CCIAD) qui a coûté 80 milliards de francs CFA, l’Arène de lutte de Pikine (30 milliards), l’Arena stadium de Diamniadio pour les Jeux olympiques de la jeunesse (50 milliards) et le train express régional (entre 1200 et 1600 milliards).
Ce contraste, entre le discours officiel et les actes posés au quotidien depuis 2013, prouve éloquemment que l’éducation est loin d’être la priorité du gouvernement du Sénégal. Au mouvement syndical enseignant donc de le contraindre, par une lutte appropriée et efficace, à faire de l’éducation la priorité fondamentale du pays. Le SUDES a conscience de l’urgence à mener ce combat et invite toutes les autres organisations syndicales enseignantes du pays à se joindre à lui pour sauver l’école et l’université sénégalaises.
[1] Voir les rapports généraux de la Concertation nationale sur l’avenir de l’enseignement supérieur (CNAES) d’avril 2013 et des Assises de l’éducation du Sénégal d’août 2014.
[2] Voir les onze décisions présidentielles relatives à l’enseignement supérieur d’août 2013 et les décisions présidentielles sur les Assises de l’éducation d’août 2015.
Oumar Dia est Secrétaire général national du Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal/Enseignement supérieur et Recherche (SUDES/ESR).
LES ENFANTS MALADES DE LA COMMUNAUTÉ
Le Togo et Guinée Bissau, entre autres, cristalliseront l’attention de l’opinion ouest-africaine au 54è sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO ouvert ce week-end à Abuja, au Nigeria
Le 54e sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO se tient ce samedi 22 décembre à Abuja au Nigeria. Au menu du conclave, la situation sécuritaire et surtout les crises politiques dans certains pays de la sous-région. Si aucune décision majeure n'est attendue, la position des chefs sur certains sujets, notamment la situation au Togo ou en Guinée Bissau, cristallisera l’attention de l’opinion ouest-africaine.
Les chefs d'Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) sont en conclave ce samedi 22 décembre à Abuja, au Nigeria, où se tient le 54e sommet ordinaire de l'organisation. Plusieurs chefs d'Etat ouest-africains prennent part à la rencontre qui va se pencher sur plusieurs sujets d'importance majeure notamment des questions politique, économique, sociale, culturelle et institutionnelle.
Selon un communiqué de l'organisation, au cours de cette rencontre d'une journée, « les dirigeants ouest-africains examineront une série de rapports relatifs à la situation politique aussi bien en Guinée-Bissau, au Togo que dans la région, à la Task force présidentielle sur le Schéma de libéralisation des échanges commerciaux de l'organisation régionale, à la monnaie unique communautaire et aux infrastructures ».
Ils auront également à apprécier le rapport final de la 41ème réunion ordinaire du Conseil de médiation et de sécurité, celui de la 81ème session ordinaire du Conseil des ministres de la CEDEAO, de même que le Rapport annuel 2018 du président de la Commission, Jean-Claude Kassi Brou. Par ailleurs, il est également prévu la signature des actes et décisions de la Communauté notamment l'accession du Cap-Vert au programme du corridor Praia-Dakar-Abidjan avec l'introduction du volet maritime, une déclaration politique sur la position commune de la CEDEAO sur le retour des biens culturels en Afrique ainsi que le choix de la date et du lieu du 55ème sommet ordinaire de la Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement.
Les leaders ouest-africains suivront également le discours du représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel, Mohamed Ibn Chambas, ainsi que celui du président du Fonds international de développement agricole, Gilbert Houngbo, en plus d'une intervention à l'ouverture, du président de la Commission de l'Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat. En marge des travaux, se tient également une table ronde sur l'interconnexion énergétique pour le développement durable en Afrique se tiendra en marge de ce sommet.
Terrorisme et élections
C'est le président du Nigeria, Muhammadu Buhari, président en exercice de la conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de l'organisation, qui a présidé la cérémonie d'ouverture du sommet. Dans son allocution, le chef d'Etat nigérien a traduit sa satisfaction de retrouver ses pairs, ainsi que les efforts individuels de chacun d'entre eux pour la stabilité et le développement dans la sous-région. Muhammadu Buhari qui a aussi salué la bonne tenue des élections au Mali et en Sierra-Léone au courant de l'année, et dans la perspective des élections présidentielles dans son pays le Nigeria en 2019, s'est engagé à garantir la tenue d'élections transparentes.
« Des avancées importantes ont été faites grâce à notre effort collectif en vue de la résolution des crises politique et institutionnelle en Guinée Bissau.Dans le cadre de notre solidarité régionale, nous avons aidé les gouvernements du Togo et du Mali à trouver des solutions aux problèmes politique et sécuritaire tout en agissant également sur les défis sécuritaires auxquels certaines localités de notre sous-région étaient confrontées. Nous avons également apporté un appui et une assistance électorale à plusieurs pays et avons agi de façon proactive à neutraliser certains conflits potentiels à travers une diplomatie préventive afin que ces crises n'éclatent.
Malgré ces succès, la CEDEAO reste confrontée à de nombreux défis. La sous-région continue à connaitre des difficultés dans les domaines de l'économie, de la gouvernance, de la paix, de la sécurité et de l'humanitaire. Ces menaces appellent de notre part une réaction collective si nous voulons véritablement les éliminer toutes, de façon efficace et définitive », a déclaré le président en exercice de la Cédeao, Muhammadu Buhari, à l'ouverture du Sommet.
De son côté, le président de la Commission de la CEDEAO, Jean Claude Kassi Brou a abordé les questions concernant le schéma de libéralisation des échanges et la libre circulation des personnes, fondement du marché commun. Il a ensuite abordé les perspectives économiques de la sous-région, estimant qu'en 2018, la croissance économique est en hausse et l'état des finances est stable. Cependant, en dépit de ces avancées, la Communauté doit faire face à l'extrémisme et au terrorisme.
Le représentant spécial du Secrétaire général et chef du Bureau des Nations unis pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel, Mohamed Ibn Chambas, a lui salué la tenue d'élections dans la sous-région et assuré du soutien des Nations unis pour poursuivre les efforts de stabilité. Il n'a pas manqué d'exhorter les chefs d'Etat et l'organisation, «à l'intensification des efforts dans le combat contre le terrorisme et à la poursuite de la coopération avec le G5 sahel dans son combat contre le terrorisme ».
Après la cérémonie inaugurale publique, les chefs d'Etat se sont retrouvés à huis clos pour poursuivre leurs travaux. Le Sommet sera sanctionné par la lecture d'un communiqué final et si aucune décision majeure n'est attendue, la position des chefs d'Etat sur certains sujets brûlants de l'actualité sous régionale suscitera un grand intérêt. C'est le cas de la crise politique au Togo, où la CEDEAO mène la médiation, avec le boycott par l'opposition des élections législatives qui se sont tenues le jeudi 20 décembre. En Guinée Bissau également, la situation politique reste toujours pleine d'incertitudes malgré les efforts de la CEDEAO.
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TRUMP ENTRE DEUX FEUX
EXCLUSIF SENEPLUS - AFRICAN TIME - Dame Babou fait le point de l'actualité aux Etats-Unis, marquée par une nouvelle démission au sein du gouvernement et l'entrée du pays en période de « shutdown », faute d'accord avec le Congrès sur le budget
L'actualité aux Etats-Unis reste aussi aléatoire que son président. Jeudi dernier, le ministre de la Défense James Mattis démissionnait, pour cause de désaccord avec Donald Trump. Depuis ce vendredi à minuit, c'est tout le pays qui se trouve paralysé par un nouveau « shutdown », résultant du manque de compromis entre la Maison Blanche et le Congrès.
Dame Babou, spécialiste de la politique américaine décrypte tous ces sujets, au micro d'AfricanTime, média partenaire partenaire de SenePlus à New-York.
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L'ACTUALITÉ DE LA SEMAINE AVEC PAPE NDAO
EXCLUSIF SENEPLUS - AFRICAN TIME - La chronique hebdomadaire diffusée en wolof tous les week-end depuis New-York
Pape Ndao revient sur les faits marquants de la semaine, dans sa traditionnelle chronique, au micro d'AfricanTime, partenaire de SenePlus à New-York.
PAR SOULEYMANE LY
L'ÉLÈVE QUI DÉPASSE LE MAÎTRE
Il m’arrive de rire sous cape quand j’entends certains leaders politiques demander à Macky de nommer une personnalité neutre à la place d’Aly Ngouille Ndiaye - Quel stratège politique lui aurait conseillé d’accéder à cette demande ?
A l’entame, je tiens à préciser que je ne serai pas dans ces histoires d’éthique, de morale, de règlements, de lois…et que sais-je encore. Je voudrai rester dans des constats, des actes posés et vécus par tous pour ensuite donner une opinion là-dessus.
Ceci étant dit, je rappelle que la politique est un jeu pratiqué par ceux qui nous gouvernent, par ceux qui ont cette prétention ou qui l’ont eue, par ceux aussi qui n’ont pas (ou n’ont plus) leurs chances mais continuent de s’accrocher. Faire de la politique, c’est entrer en compétition pour participer à la conduite des affaires publiques. C’est chercher coûte que coûte à exercer le pouvoir, pour décider, trancher, organiser, prévoir, pour être le chef. C’est nécessairement vouloir être sous la lumière, être connu et reconnu, estimé, du moins respecté et, à défaut, être craint. Or le jeu politique comporte un nombre remarquable de participants mais relativement peu de places disponibles. Imaginez jouer aux chaises musicales avec dix fois plus de joueurs que de sièges…
Dans ces conditions, il est nécessaire de jouer des coudes, de marquer les esprits, de réussir des coups d’éclat. La politique est un panier de crabes, un vase clos au sein duquel tout est bon pour arriver à ses fins. Faire un coup politique est donc une tentation permanente, mise à toutes les sauces, en tous points du globe, à toutes les époques.
Le coup politique est une action forte, positive ou négative, qui vise à produire un effet notable,voire spectaculaire dans le domaine politique. Idéalement, c’est un acte soudain, brillant et réussi, dont l’objectif n’est autre que d’« avoir » l’adversaire. C’est le « gotcha » anglais, littéralement « je t’ai eu », qui désigne familièrement un piège tendu, celui qui permettra de damer le pion aux rivaux. L’impact que le coup va produire sur l’opinion publique, l’empreinte qu’il va laisser, compensera en outre un précédent échec ou dégagera l’avenir. Dans la conscience collective en effet, le coup politique reste la marque du chef, qui met en évidence son envergure, mesure sa stature et suscite l’admiration secrète des foules comme des adversaires.
Le coup politique est l’action ou la manœuvre, généralement inventive et risquée, qui vise à obtenir, dans la compétition politique, un avantage significatif, voire décisif sur ses adversaires (gagner une élection, obtenir un poste, retourner l’opinion, reprendre le pouvoir).
Le Président Macky Sall, comme tous les hommes politiques d’ailleurs, en est adepte. Et c’est de bonne guerre !
Senghor a quitté le pouvoir le 30 Décembre 1980 et non plus tard grâce à un coup politique réussi par son entourage. Sa démission a été précipitée ! Le Président poète n’a jamais prévu cette date mais il n’a rien vu venir.
Le premier coup de génie du Président Sall a été de refuser de démissionner de son poste à l’Assemblée nationale et d’engager le combat contre Wade. Enervé, ce dernier a accumulé les erreurs dans sa stratégie de destitution du Président de l’Assemblée d’alors. Qui l’eut cru ? Tenir tête au tout puissant Abdoulaye Wade, Macky l’a fait. Il aurait présenté sa démission, le « sopiste » en chef l’aurait bouffé cru.
C’est ce même coup tactique qui a fait de Sonko l’homme politique qu’il est aujourd’hui : Se battre à l’interne, refuser de partir de son propre gré et attendre d’être démis pour avoir le statut de « victime d’une injustice » même si pour celui-là, le coup n’a pas été exploité à fond.
Après le vote de la loi Sada Ndiaye réduisant le mandat du Président de l’Assemblée Nationale à un (1) an, Macky claque la porte et se départis de tous ses postes électifs. Ce coup étant réussi et bien réussi, Macky Sall mit en place son parti politique, l’Alliance pour la République (APR), avant d’aller sillonner le pays au contact des populations outrées par ce que Wade lui a fait subir. Réfléchi, il laisse les autres partis perdre un précieux temps à la Place de l’Obélisque.
Durant la campagne, il suit Wade au pas. Chaque fois que ce dernier sort d’une ville, il y entre pour « démolir » tout son discours. L’on se rappelle de leur télescopage à Gossas où les forces de l’ordre ont été obligés de bloquer le cortège de Macky attendant que Wade termine son meeting. Il avait compris que la meilleure stratégie contre Wade était de déconstruire son discours avant qu’un autre jour ne se lève.
Pour éviter un hold-up électoral avec la sortie de Serigne Mbacké Ndiaye annonçant Wade vainqueur à 55%, le candidat de l’APR d’alors fait une sortie musclée pour couper l’herbe sous les pieds des libéraux. Il refait le même coup au second tour fermant toutes les portes de tripatouillage des résultats poussant Wade à l’appeler et le féliciter.
Dès les premiers mois de la seconde alternance, le camp présidentiel confine Wade dans un énervement sans borne avec des soupçons de tapis volés, de souvenirs dérobés…Wade n’a plus le temps de décocher ses dernières flèches contre son élève devenu Président ; Il s’occupe de faire des sorties pour se blanchir pendant que son successeur travaille à payer les salaires et continuer l’œuvre du maître. Rappelons que le Pape du Sopi avait déclaré que s’il quittait le pouvoir les salaires ne seraient pas payés et que ses chantiers allaient s’arrêter. Macky Sall s’est employé à lui prouver le contraire.
Karim en prison dans le cadre de la traque des biens mal acquis devient tout de suite une patate chaude. Wade s’énerve, fait des sorties maladroites allant même jusqu’à traiter le Président de tous les noms d’oiseaux. Celui-ci se tait et ne dit rien ! L’opinion est prompte à prendre la défense de celui qui garde le silence alors qu’il est attaqué.
Le Président Macky fait bénéficier Karim d’une grâce partielle : coup de maitre ! Il n’est pas amnistié et s’en va avec autour du cou la corde bien serrée de la condamnation financière : 138 milliards ; Une grosse somme ! Physiquement le fils de Wade est libre mais des charges financières pèsent toujours sur lui ; Ce qui continue de le maintenir loin du pays.
Le cas Khalifa Sall, on en parle. Loin des considérations judiciaires, nous resterons dans la lecture politique. Soit il sera candidat, soit il ne le sera pas. A supposé qu’il le soit, l’ancien Maire de Dakar ne battra pas campagne si sa condamnation est en même temps confirmée par la cour suprême. Cheikh Bamba Dièye et Barthélemy iront pour lui au contact des électeurs. L’un et l’autre ne pourront absolument pas permettre à Khalifa d’engranger un grand score. On ne fait pas une campagne par procuration, en tout cas ici au Sénégal dans le cadre d’élections présidentielles. Khalifa absent du terrain, les autres ne pourront rien faire d’autant plus que Cheikh Bamba Dièye n’a plus un parti bien structuré à l’intérieur du pays.
Aujourd’hui, sans tambour ni trompette, le candidat de Benno Bokk Yaakaar, multiplie les coups politiques et les réussit pour la plupart avec brio. Il a su maintenir sa coalition électorale sachant que son parti seul a des limites objectives. Il a eu l’intelligence de pas le structurer, en tout cas dans sa verticalité même si dans son horizontalité certaines structures existes. Il sait qu’il a besoin de l’organisation du parti socialiste et de l’AFP pour maintenir la colonne vertébrale de sa grande structure politique qui va au-delà de l’APR.
Concernant l’organisation des élections de Février 2019, il m’arrive de rire sous cape quand j’entends certains leaders politiques demander à Macky Sall de nommer une personnalité neutre à la place d’Aly Ngouille Ndiaye. Quel est le stratège politique qui lui aurait conseillé d’accéder à cette demande ?
Abdou Diouf a nommé une personnalité neutre pour les élections de 2000 en la personne du Général Lamine Cissé et le voilà qui perd les élections ; Wade l’a fait en 2012 avec Cheikh Gueye et on sait ce qui s’en est suivi.
Pourquoi penser que Macky va le faire ? Ne dit-on pas qu’il n’y a « jamais deux sans trois » ? Qui l’aurait fait à sa place dans ce contexte actuel ?
Le candidat à sa propre succession, Macky Sall, on peut l’aimer ou ne pas l’aimer, mais personne ne peut lui dénier son intelligence politique.
Aujourd’hui, force est de constater que l’élève est entrain de dépasser le maître. Wade a toujours été un fin tacticien politique, ce qui lui a valu le sobriquet de « Ndjomboor » (l’animal le plus intelligent) mais là il est en train d’être dérouté par son ancien élève. Ce dernier est même trop loin devant ses propres responsables politiques. Il fait à lui seul la vie de la coalition Benno Bokk Yaakaar. S’il ne bouge pas, personne ne le fait !
Le Président Macky Sall a très tôt compris que les « coups » politiques sont autant utiles à la conquête qu’à l’exercice du pouvoir et qu’il faut avoir le fameux « coup d’œil », dont Max WEBER faisait la « qualité psychologique déterminante de l’homme politique ».