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16 juin 2025
UNE COMPAGNIE EN ZONE DE TURBULENCE
Endettée, menacée de saisie et confrontée à des problèmes opérationnels récurrents, la compagnie nationale est au bord du gouffre. Alors que la liaison Dakar-New York est sur le point d'être interrompue, le gouvernement promet un plan de sauvetage
A défaut de paiement d'une dette de 10 millions de dollars envers la société américaine Carlyle Aviation qui a obtenu de la justice américaine une ordonnance immobilisant quatre appareils loués par la compagnie nationale sénégalaise, en passe d’interrompre sa liaison de Dakar-New York (JFK) à compter du 19 septembre 2024, soumis à des retards constants et une qualité de service qui suscite réflexion, Air Sénégal traverse mille et une turbulences. Dans la nasse depuis sa création, le fleuron aérien national tarde à prendre véritablement son envol. Une situation que les nouvelles autorités entendent corriger en adoptant une nouvelle stratégie et un nouveau plan d'affaires, en accord avec leur politique de souveraineté.
Créée en 2016 à la suite de la défunte compagnie Sénégal Airlines, la nouvelle compagnie Air Sénégal est depuis quelque temps confrontée à des ennuis interminables qui sapent l’élan bien enclenché depuis 2018 avec l’acquisition d’une flotte composée de deux ATR72-600. Courant mai 2024, en l’espace de deux semaines, la compagnie Air Sénégal a rencontré des difficultés susceptibles de l’anéantir, voire de la conduire au dépôt de bilan si l’on tient compte de son surendettement, de ses mauvais choix stratégiques et surtout de ses investissements massifs dans des Airbus flambant neufs qui ne sont jamais remplis. À cela, s’ajoutent des retards interminables déplorés par les clients tant pour les vols internes qu’externes, ainsi que les coûts élevés des vols, les détours par divers pays et des escales de plusieurs heures sur le continent africain. Une situation handicapante pour bon nombre de concitoyens qui avaient nourri l’espoir de voir cette énième compagnie sauver l’honneur des nombreuses tentatives précédentes et ainsi sortir définitivement des échecs sans fin.
Pour rappel, dans la nuit du 8 au 9 mai dernier, la compagnie Air Sénégal a frôlé de justesse un crash d’un avion de Trans Air loué par la compagnie, en partance pour Bamako. Quelques jours plus tard seulement, des passagers d’Air Sénégal en provenance de New York à destination de Dakar sont restés bloqués aux États-Unis à cause d’une panne survenue sur la piste de l’aéroport John Fitzgerald Kennedy (JFK).
Là encore, les passagers du vol HC 408 d’Air Sénégal, immatriculé 9HSOL, à destination de Dakar, ont eu une grosse frayeur. Réagissant à cet incident, la compagnie nationale avait indiqué qu’il s’agissait d’une « perturbation opérationnelle » qui serait résolue dans les heures suivantes.
Quand sauver Air Sénégal devient un impératif…
Consulté sur les ennuis d’Air Sénégal, le technicien supérieur et expert aéronautique Al Hassane Hane déplore amèrement la situation que vit la compagnie depuis un certain temps. À l’en croire, « Air Sénégal est notre fleuron national et un outil de souveraineté ». De ce point de vue, « les nouvelles autorités doivent impérativement et dans les meilleurs délais reprendre tout le processus de création de cette compagnie ». Autrement dit, revoir tout le processus du plan d’affaires de mise en place de cette compagnie, à travers un cabinet d’audit avec des experts locaux pour corriger tous les dysfonctionnements y afférents. Et cela « est bien possible », précise l’expert aéronautique
Convaincu que le Sénégal dispose de l’expertise nécessaire, il met en avant l’ancienne compagnie des années 60, 70, 80, 90, voire 2000, dénommée Air Sénégal Sonatra, qui était très compétitive à l’époque d’Air Afrique. À la dissolution d’Air Afrique International, le Sénégal a mis en place, avec le concours du Maroc, une nouvelle compagnie appelée Air Sénégal International (ASI). Cette dernière n’a cependant pas duré. Pour bâtir une compagnie digne de ce nom, l’expert aéronautique conseille aux nouvelles autorités d’adopter une approche graduelle pour monter en puissance. En clair, « la compagnie Air Sénégal doit avancer à petits pas, d’abord couvrir le territoire national, puis la sous-région, la région et enfin l’international. Chacune de ces étapes servira d’expérience pour progresser », a-t-il conseillé.
Un nouveau plan d’affaires en vue pour Air Sénégal
Surendettée à cause de ses mauvais choix stratégiques et de ses investissements massifs dans des Airbus flambant neufs généralement remplis à moitié, la compagnie sénégalaise est aujourd’hui sous menace de saisie de quatre de ses avions pour un défaut de paiement d’une dette de 10 millions de dollars envers la société américaine Carlyle Aviation. À noter que le 22 août 2024 à 16H00, la firme Carlyle Aviation, qui réclame près de 10 Millions USD (environ 6 Milliards CFA) à Air Sénégal, a obtenu de la justice américaine une ordonnance immobilisant quatre appareils loués par la compagnie nationale sénégalaise. Une décision qui intervient alors qu’une mission d’Air Sénégal séjourne actuellement discrètement à Miami, selon Africa Intelligence. D’après certaines sources, Air Sénégal va d’ailleurs interrompre sa liaison de Dakar-New York (JFK), à compter du 19 septembre 2024.
En réponse à cette injonction de paiement, le ministre El Malick Ndiaye a indiqué qu’Air Sénégal n’était pas en bon état comme il a aussi tenu à préciser : « Nous travaillons actuellement sur un plan de sauvetage pour tout revoir, y compris la gestion, et aussi pour changer la stratégie. Nous avons besoin d’une nouvelle stratégie et d’un nouveau plan d’affaires pour la remettre sur pied. »
Se voulant rassurant, le ministre a ajouté qu’il était de son devoir de sauver la compagnie parce qu’il s’agissait de souveraineté nationale, compte tenu des défis auxquels sont confrontées les compagnies africaines, liés aux « coûts très élevés des vols, aux nombreux détours par plusieurs pays et aux escales interminables de plusieurs heures », a-t-il évoqué, non sans souligner que la compagnie aérienne est liée à l’image du pays.
Par Moussa DRAME
LE LEVIER DU LEVIATHAN ATTENDU POUR EVITER LA JUSTICE POPULAIRE
Montée de la violence extrême au Sénégal - La bonne réputation du Sénégal de pays de l’hospitalité («Teranga») souffre de la montée vertigineuse de la violence inouïe et disproportionnée au sein de la société.
La bonne réputation du Sénégal de pays de l’hospitalité («Teranga») souffre de la montée vertigineuse de la violence inouïe et disproportionnée au sein de la société. Ce qui installe un climat de peur et de terreur ambiante dans presque toutes les Collectivités territoriales du Sénégal. Les dernières scènes de carnage et de justice populaire corroborent la profondeur de ce mal viscéral en l’homme «senegalensis». La pauvreté maladive, le manque d’éducation et l’emprise des drogues sont les forces réactives de cette boucherie humaine. Entre mesures structurelles et retour de la peine capitale, la puissance publique est ardemment attendue sur le sujet pour abréger la hantise des citoyens qui n’arrivent plus à dormir poings fermés.
Ôter la vie à son semblable par voie de décapitation renvoie à une scène d’horreur difficilement admise par l’imaginaire à plus forte raison de poser le regard sur une telle cruauté d’un autre âge. Le constat est choquant et heurte la conscience collective. Et pourtant, cette montée de la violence extrême est devenue banale dans nos sociétés, comme en attestent les descriptifs sur les réseaux sociaux des plus jeunes aux plus âgés. Les derniers épisodes survenus à Thiès et à Pikine Technopole suffisent comme baromètre pour mesurer le degré de méchanceté et de lâcheté d’une société en déliquescence. La contagion ne date pas d’aujourd’hui et traverse toutes les collectivités du pays, sans perspective immédiate d’un éventuel affaiblissement de la tendance. En d’autres termes, le curseur de la paix sociale reste planqué sur la tête de chacun, sous la hantise d’être la prochaine cible. Convenons-en sans naïveté coupable ; l’affaire est grave et écorne l’image du Sénégal dans le concert des nations, avec son étendard de pays de la «Teranga».
Intéressons-nous aux mobiles socio-anthropiques de cette montée de la violence caractérisée. Des sociologues présentent un tableau de pauvreté grandissante, accentuée par les inégalités et injustices sociales ; mais la voie de l’abîme est surtout creusée par l’usage des stupéfiants. Très vite l’emprise de la drogue chance les règles d’une conduite normative et élève le délinquant au rang de superman guidé par le démon du mal à accomplir son forfait sans cœur ni heurt et parfois sous le regard coupables de passant plus enclins à prendre des photos et vidéos plutôt qu’à s’interposer.
Ce chanteur n’a-t-il pas vraiment raison de poser la question de savoir «est-ce que ce monde est sérieux ?» Dans tous les cas, l’Etat doit prendre les choses au sérieux, en faisant tout simplement prévaloir ses obligations de garant de la sécurité publique. La proactivité en amont et les sanctions idoines en aval y compris l’ensemble des mécanismes et instruments de répression apparaissent comme un impératif catégorique au Léviathan.
Ceux qui pensent soigner le mal par le mal prônent déjà le retour à la peine capitale au cas par cas d’un crime capital, étant entendu que celle-ci a été abolie au Sénégal par la loi constitutionnelle du 23 février 2007.
Dans tous les cas, il faut dans l’absolu trouver une solution structurelle donc durable car la paix se définit comme une absence de peur et de besoin dans un pays où tout ou presque se conjugue à l’impératif. A défaut et la nature ayant horreur du vide, c’est une justice populaire qui va s’installer, à l’image du supposé voleur/agresseur lynché à Thiès. Les tenants de l’état de nature, selon la perspective de Thomas Hobbes, qui s’abreuvent à l’offrande de l’anarchie, n’attendent que çà pour déclencher la bataille de chacun contre chacun. Et chacun doit y réfléchir avant que ce ne soit tard car, plus tard, ce sera trop tard et une tare pour la nation.
LE JARAAF ASSURE, TENGUETH FC CALE
Victorieux à l’aller, le Jaraaf a assuré à domicile en Coupe Caf en exerçant une large domination sur les Sierra Léonais de East End Lions FC (3-0).
Les clubs sénégalais ont connu des fortunes diverses au premier tour des préliminaires des compétitions interclubs. Victorieux à l’aller, le Jaraaf a assuré à domicile en Coupe Caf en exerçant une large domination sur les Sierra Léonais de East End Lions FC (3-0). L'aventure s’est toutefois terminée prématurément pour Teungueth FC. Les Rufisquois ont éliminé samedi au stade Lat. Dior, par le Stade d'Abidjan (4-5 TAB) en match retour du 1er tour préliminaire de la Ligue africaine des Champions.
Le Jaraaf de Dakar a validé sa qualification pour le deuxième tour préliminaire de Coupe CAF en remportant le duel qui l’a opposé hier, dimanche 25 août au stade Lat Dior à l’équipe sierra léonaise de East End Lions FC. Après sa courte victoire à l’aller, les « Vert et Blanc » se devraient de confirmer devant leur public. Ils ne se sont pas loupés puisqu’ils se sont largement imposés (3- 0). Avec son triplé, Souleymane Cissé a été le grand artisan du large succès des Dakarois. L’attaquant « Vert et Blanc » a d’entrée montré la voie en ouvrant le score dés la première minute de la rencontre. Après ce but matinal, les hommes de Malick Daff vont corser l’addition. Souleymane Cissé revient à la charge en inscrivant le deuxième but de son équipe sur un penalty obtenu à la 19e minute par le virevoltant Ababacar Sarr. Le buteur du Jaraaf prendra le soin de clôturer la marque sur un débordement du même Ababacar Sarr sur le côté gauche suivi d’un centre au premier poteau. Souleymane Cissé, encore lui, va surgir pour envoyer du plat de pied la balle au fond des filets (45e minute). Le Jaraaf résumera le match en un mi-temps et fait le job. Qualifiée pour le deuxième tour préliminaire, l’équipe du président Cheikh Seck affrontera les Ivoiriens du Racing Club d’Abidjan.
SORTIE PREMATUREE DU CLUB RUFISQUOIS
En revanche, en Ligue des Champions africaine, l’aventure est déjà terminée pour Teungueth FC, l’autre représentant du Sénégal. Les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. Après avoir arraché le nul contre le Stade d’Abidjan (1-1) à l’aller du 1er tour préliminaire, les Rufisquois étaient dans l’obligation de s’imposer sur la plus petite des marques ce samedi 24 août lors de la réception du club ivorien. Les hommes de Sidath Sarr se sont toutefois compliqués la tâche dès la première période. Menés au score (0-1), Teungueth FC réussit à égaliser en seconde mi -temps (1-1). Contraints aux tirs au but, les champions du Sénégal seront cependant moins en réussite. Ils devront finalement s’incliner sur le score de but (4-5 TAB).
LE SENEGAL RATE LA DERNIERE MARCHE FACE A LA HONGRIE
Les Lionnes du coach Otis Hughley se sont inclinées à Kigali (Rwanda), face à la Hongrie (63-47).
Après un sans- faute inédit avec trois victoires d’affilée suivies d’un probant succès en démi-finale face au Rwanda, le Sénégal a raté la dernière marche en s’inclinant hier, dimanche en finale du tournoi pré qualificatif pour le Mondial 2026. Les Lionnes du coach Otis Hughley se sont inclinées à Kigali (Rwanda), face à la Hongrie (63-47).
La voie qui mène à la Coupe du monde 2026 s’est refermée, hier, dimanche 25 août, pour l’équipe du Sénégal qui faisait face à la Hongrie lors de la finale du tournoi de pré-qualification du Mondial Dames disputée à la salle du BK Arena de Kigali. Après trois succès de rangs et un sans-faute plein de promesses, les Lionnes avaient réussi à faire un pas ferme en arrachant une probante victoire face au Rwanda en demi-finale, elles sont tombées face aux Hongroises (63-47).
Après une première confrontation en phase de poule, soldée par une victoire étriquée en leur faveur (63-61), les Lionnes ont buté sur une formation plus tranchante lors de ces retrouvailles sur le parquet de BK Arena de Kigali. Les Sénégalaises ont pourtant eu une bonne entame en collant aux basques de l’équipe Magyars à la fin du premier quarts-temps (13-12). Menées au score (20 à 14), les Sénégalaises vont se rebiffer. Elles parviennent à égaliser et prendre un court avantage (17-16). Mais, il sera de courte durée puisque les Hongroises vont aller à la pause avec une avance de 7 points (33-26). Au retour des vestiaires, les coéquipières de Cirera Dillard (6 points) et de Dioma Kane (18 points, 6 rebonds) marquent vite le pas. La faible réussite sur les lancer francs et les tirs extérieurs seront fatals lors de la deuxième période. L’équipe hongroise va accentuer son avance en le portant à15 points (49-34à et à 20 points (54-34 ; 2e). Ce qui leur permettra de terminer en roue libre et de larguer les Lionnes à16 points à la fin de la rencontre (63-47). Le Sénégal échoue sur la dernière marche menant à la dernière étape du tournoi de qualification pour le Mondial dame prévue en 2026 en Allemagne. A l’heure du bilan, le Sénégal après avoir enchaîné trois victoires, devant la Hongrie, le Brésil (69-59) et les Philippines (87 à 62) en matchs de groupe et face au Rwanda (68 à 65) en demi-finale, termine sur un bilan plus que satisfaisant.
Après l’absence des joueuses chevronnées, telles qu’Aya Traoré, Coumba Sarr « Toch » et autre Fatou Dieng, la relève semble assurée. Sous la direction de Otis Hughley depuis quelques semaines, Yacine Diop, Ndioma Kane, Fatou Pouye et autres Cierra Dillard, entre autres joueuses clés de l’équipe féminine du Sénégal se projettent de la meilleure des manières vers la l’Afrobasket prévu en 2025 en Côte d’Ivoire. Cette CAN sera celle de la seconde chance puisque ce sont les 4 meilleures équipes de la compétition qui sont qualifiées pour le Mondial allemand prévu en avril 2026.
Par Mademba AAS NDIAYE
PATHÉ DIAGNE, BOOBA AK LÉEGI…
Je n’ai pas la finesse intellectuelle de Alioune Sall «Paloma» que la disparition de son oncle, le 23 aout 2023, a profondément touché.
Je n’ai pas la finesse intellectuelle de Alioune Sall «Paloma» que la disparition de son oncle, le 23 aout 2023, a profondément touché. Il avait su pourtant trouver les mots pour exprimer ce que représente Pathé Diagne pour un intellectuel comme lui et comme tous les universitaires présents, ce jour du 24 aout 2023, pour un dernier hommage à cet immense intellectuel qui, jamais, n’a voulu être sous les feux de la rampe.
Je n’ai pas non plus la capacité de puiser dans l’amour que voue une fille à son père pour, comme Mbisin, chanter son père, au nom de Ngiseli, Bunaama et Penda-Fari : « Diagne Babacar Marianne, Yerim Dieye, Coumba Gaye, Buri Wade, Sokhna Diop, Maram Xoor, Buur bu yaxul Mbiloor, sa jaan wacc na. »
Je n’ai pas la plume de Abdourahmane Cissé, ami de Pathé qui, en 1972, dénonça dans sa Lettre Fermée, “une attitude néocoloniale la plus pernicieuse” qui consiste en la liquidation programmée du linguiste Pathé Diagne, lequel devra grossir bientôt les rangs des interdits d’université́ dont les plus célèbres sont Cheikh Anta Diop, Abdoulaye Ly et Amady Aly Dieng, tous enseignants africains », comme le rappelait feu Moussa Paye, un autre admirateur de Mame Pathé. Senghor lui en voudra au point d’interdire son journal !
La seule légitimité – imprescriptible cependant - dont je peux me parer, pour renouveler mes prières en ce jour anniversaire du rappel à Allah de Pathé Diagne, provient du fagot - bien moins dense que celui de son neveu Souleymane Bachir - de ma mémoire : Pathé Diagne adorait ses sœurs, dont l’une fut ma mère. Yalla na Yalla yërëm sama nijaay Paate, te xare ka Ajjana. Ayant piqué dedans pour me faire un titre, je me permets de terminer avec ce texte – véritable tagge – écrit le jour anniversaire du décès du Pr Pathé Diagne par Dr. Samba Buri Mbuup :
Bàyyi ginnaaw mbetteel ak wéetaay wu tar ak metiit ak naqar
Ñu di la fàttliku di la sargal di la ñaanal bés ni ki tey, bés ci bés yi bésub Màggal, weeru Safar
Yàlla na suuf wéy di wayaf di sedd ci yaw
Sunu Boroom sàng la malaanum yërmande, saxal la Àjjana
Sa cëslaay di sa jëf ju taaru, dëggu ak sa xol bu rafet
Bàyyi nga nu ak wéetay ak nammeel ak tiis
Waaye gàcce ngaalaama yaw, sunu Sëb gu Law
Guy gi nu daan keral, daan nu dundël laalo ak cifaayu xamxam aki ferñeent aki garab yu nu daan fajoo ka dëgërlóo
Jërëjëf Jaañ sunu sëriñ, sunu doomu-ndey, sunu xarit
Par Vieux SAVANÉ
« YES, SHE CAN ! »
Après le désistement de Joe Biden négocié avec tact et fermeté par les ténors du parti démocrate américain, voilà désormais la vice-présidente Kamala Harris officiellement investie, jeudi dernier, candidate à l’élection présidentielle du 5 novembre 2024
Déroutante tout de même la vie que de voir ainsi l’histoire s’emballer, basculer et changer de trajectoire, avec une dose d’imprévu et de soudaineté dont elle a le secret. Après le désistement de Joe Biden négocié avec tact et fermeté par les ténors du parti démocrate américain, voilà désormais la vice-présidente Kamala Harris officiellement investie, jeudi dernier, candidate à l’élection présidentielle du 5 novembre 2024.
Face à elle l’ex-président Donald Trump, orphelin de son adversaire préféré Joe Biden, qu’il raillait à tout bout champ pour son âge avancé, sa mémoire défaillante et dont le désistement, par un juste retour des choses, met à nu le vieil homme (78 ans) qu’il s’évertuait à masquer sous ses airs de bretteur. C’est désormais d’autant plus criant qu’en face de lui se dresse droitement une femme de 59 ans portée par l’ambition subversive de changer la vie et d’aller à l’assaut de toutes les formes de conservatisme avec un rire conquérant, ravageur, franc et massif. Avec Trump qui ne « savait pas que Kamala était noire », il faudra toutefois s’attendre à tous les coups fourrés. Sauf que l’ancienne procureure générale de Californie est bien parée pour riposter avec la maîtrise et le sang-froid qui siéent à une femme qui s’est construite à la sueur de son front. Sous des tonnerres d’applaudissement Michelle Obama avait d’ailleurs posé avec humour la question de savoir « qui va lui dire (à Trump) que l’emploi qu’il recherche actuellement pourrait bien être l’un des emplois réservés aux Noirs ? », laissant entendre qu’il l’apprendra certainement à ses dépens.
En attendant, il apparaît complètement désarçonné par la tournure des évènements avec le désistement d’un Joe Biden fragilisé qui a pu accuser le coup et faire montre d’un sens élevé du devoir en s’adressant à ses concitoyens en des termes empreints de simplicité et de sincérité. « J’aime le job ( de président), mais j’aime davantage mon pays », leur a-t-il confié. Une manière de signifier que ceci l’oblige, contrairement à un Donald Trump enfermé dans un narcissisme mortifère, incapable de reconnaître une victoire autre que la sienne. Aussi, ne sachant plus sur quel pied danser, Kamala Harris, lui ayant volé la vedette au niveau des médias, ce qui l’insupporte au plus haut point, ayant perdu la boussole, l’injure à la bouche, il verse dans une misogynie abjecte avec une violence qui en dit long sur son désarroi, son absence de tenue et de retenue.
Après s’être moqué de « Kamala la rigolarde « laffin’Kamala »), il la dépeint comme une dangereuse communiste en l’affublant du sobriquet de « Camarade Kamala » quand il ne la traite pas en privé de garce (« bitch »). A son grand désespoir, rien de ses outrances n’accroche, glissant sur sa rivale comme la pluie sur des ailes de canard.
« LA MOITIE DU CIEL »
Qu’on le veuille ou non ce qu’il se passe en ce moment en Amérique est absolument inspirant. Une femme est possiblement en passe de devenir la première femme à présider la première puissance du monde.
Après Barack Obama, natif d’Hawaï, d’une mère blanche du Kansas et d’un père Kenyan qui avait émigré pour ses études, voilà qu’avec Kamala Harris dont les parents ont été deux étudiants étrangers qui se sont rencontrés à l’université de Berkeley en provenance d’Inde et de Jamaïque, ils rendent compte de la complexité du monde et de leurs parcours respectifs qui font d’eux l’incarnation du rêve américain. Qu’elle devienne la prochaine présidente serait un puissant message adressé aux hommes et aux femmes, à savoir une fois pour toute que, hormis leurs différences biologiques, ils sont des êtres humains qui se valent, ayant les mêmes droits et devoirs. Doug Emhoff, le mari de Kamala Harris, l’a d’ailleurs bien compris en l’accompagnant avec ferveur dans son ambition politique. Ainsi n’a-t-il pas hésité après 30 ans de carrière, à démissionner de son cabinet d’avocats pour éviter d’éventuels conflits d’intérêts.
Fier de soutenir la carrière de son épouse (qu’importe laquelle du reste), il l’a suivie à Washington. Aussi, ce qu’il est en train de se jouer devrait-il nous interpeller au Sénégal où souffle avec une tranquillité désarçonnante un vent de régression, relativement à la place des femmes dans les sphères de décision politique. Alors qu’elles brillent à l’école et partout ailleurs dans les sciences et techniques, le management, la gouvernance, le Sénégal opère étrangement une rupture régressive, à rebours de ce mouvement d’émancipation, avec notamment la nomination d’un gouvernement composé de 21 hommes et 4 femmes seulement. Oubliant que rien de grand et de pérenne ne saurait se construire sans la participation massive de cette « moitié du ciel » qui vote depuis 1945*, il persiste dans sa voie et continue de reléguer les femmes en arrière-plan dans les nominations en cours.
Au même moment au Rwanda le nouveau gouvernement du Président Paul Kagame compte onze ministres femmes sur vingt. Et à Madagascar 12 femmes font partie du nouveau gouvernement, soit près de la moitié de la nouvelle équipe gouvernementale du Président Andry Rajoelina.
PROCHAINE ETAPE
Il va donc falloir, comme l’a rappelé Hillary Clinton à propos de l’histoire des femmes dans la politique américaine, continuer de se battre pour approfondir le chemin emprunté avec le droit de vote acquis en 1920, lequel s’est poursuivi par la candidature de Géraldine Ferraro, première femme candidate à la vice-présidence des EtatsUnis en 1984 sur le ticket du démocrate Walter Mondale opposé à Ronald Reagan, celle de Mme Clinton contre Trump et celle de Kamala aujourd’hui, pour emporter la victoire et parachever ce combat pour la gent féminine.
Conscient qu’il s’ouvre une véritable fenêtre d’opportunité, Barack Obama a transformé pour l’occasion « YES, WE CAN ! », son slogan qui avait fait florès, en « YES, SHE CAN ! ». Aujourd’hui en effet tout le parti démocrate est derrière elle jusqu’à quelques dissidents républicains qui, au regard des enjeux, lancent un appel en direction de leur camp. A l’instar de Geoff Ducan, ancien lieutenant-gouverneur de Géorgie, Etat-pivot dans lequel Donald Trump avait tenté d’inverser les résultats de la présidentielle de 2020, qui leur fait savoir qu’à ses yeux, « voter pour Kamala Harris en 2024 ne fait pas de vous un démocrate mais un patriote ». Il s’y ajoute le choix bien inspiré de Tim Walz comme colistier. Issu de milieu populaire et modeste, ancien enseignant, ancien coach de football américain, le gouverneur de Minnesota apporte une nouvelle corde à son arc.
Même si rien n’est gagné, tout étant possible, les crocs en jambes, la survenue d’évènements qui viennent perturber le cours des choses, il se dessine que l’enthousiasme a changé de camp, porté par l’énergie qui enfante l’espoir et ouvre les possibles. Et voilà que Kamala Harris a su saisir son moment, se révélant telle qu’en elle-même : brillante, flamboyante, pugnace. Aussi a-t-elle bouleversé la tonalité de la campagne démocrate qui donnait l’impression d’être partie pour s’embourber durablement sur le terrain glissant des errements de la vieillesse en y injectant de la fraîcheur, de l’enthousiasme, de l’intelligence et de la joie. Ne s’interdisant rien, son ambition en bandoulière, brisant un à un an les plafonds de verre, suivant en cela les conseils de sa mère qui lui disait : « Ne te plains pas d’une injustice, mais fais quelque chose pour y remédier ». Femme elle est. Femme noire. Femme indienne. Femme américaine tout simplement. Première femme Procureure générale de Californie. Première femme vice-présidente. Première femme présidente des Etats-Unis ?
Avec Kamala Harris, il se passe décidément quelque chose qui donne le sentiment de « voir une nation prête à franchir la prochaine étape de l’incroyable aventure qu’est l’Amérique ». Même si la campagne électorale sera brève, livrant son verdict dans moins de 3 mois, elle emporte avec elle un sentiment puissant, comme un slogan qui se décline en énergie triomphante. « YES, SHE CAN ! » car comme souligné par Hillary Clinton, il est certainement venu « le temps de parachever le combat de plusieurs générations. » Et « l’avenir », prévient Kamala Harris, « vaut toujours qu’on se batte ».
*Alors que le droit de vote a été accordé en 1944 aux seules Françaises de souche, les colons prétextant de leur illettrisme pour écarter les femmes sénégalaises, notamment celles issues des Quatre communes. Ces dernières qui étaient citoyennes françaises ont organisé sous la houlette de Ndèye Yalla Fall, Soukeyna Konaré et autres Anta Gaye, Magatte Camara, Touty Samb, des manifestations à Dakar et SaintLouis pour l’extension du droit de vote aux femmes. Des hommes politiques comme Lamine Guèye vont mettre la pression sur le ministre français des Colonies, lequel craignant une tournure violente des manifestations, accepte d’étendre le droit de vote aux femmes sénégalaises. Le 6 juin 1945 un nouveau décret octroyant le droit de vote aux femmes des Quatre Communes est promulgué.
Mme Fatou Sarr Sow note par ailleurs qu’après s’être mobilisées en 1945 pour arracher le droit de vote, les femmes sénégalaises « se sont impliquées dans la lutte pour les indépendances. Certaines femmes membres du premier Parti communiste, le Parti africain pour l’indépendance (PAI), se sont particulièrement illustrées. Leur rôle dans la grève des cheminots de 1947 a été magnifié par l’écrivain et cinéaste Sembène dans un roman intitulé Les Bouts de bois de Dieu, paru en 1960 » (in Loi sur la parité au Sénégal : une expérience « réussie » de luttes féminines.)
Baadoolo - Jub-jubeul-jubbanti... ak jublu si liggey bi
Magal jeexna. Yallah na Yallah saafara lepp si barké borom 18 Safara. Retour à la fenêtre politique qui s’ouvre entre la majorité présidentielle et la majorité parlementaire sur la dissolution et la traque des biens mal acquis. Mais, qu’est-ce que Badio Camara et Cie «Conseil» à Diomaye ? Le Sénégal est suspendu à un avis dont on ne connait même pas l’objet. Les députés de Benno aussi se préparent au chômage avec une rupture anticipée de leur Cdd de 5 ans. Ndeysaan ! Pour ce match de basket, le meneur Sonko est attendu sur le panier de la ménagère. Il faut un autre suffixe à «Jub» : jublu si liggey bi.
Mort de Aziz Dabala et Waly Gano Le présumé meurtrier arrêté, Nabou Lèye aussi
Le présumé auteur du double meurtre survenu dans un appartement à Pikine Technopole est tombé à Touba, a annoncé Seneweb, samedi. Il a été arrêté par les éléments de la Brigade spéciale de Touba, au quartier Dianatou Mahwa dans la nuit du Magal. Les gendarmes de cette unité de Compagnie de la ville sainte ont reçu un renseignement relatif à la présence du bourreau présumé de Aziz Dabala et Boubacar Gano alias Waly à Touba. Ainsi, note la même source, la descente inopinée effectuée à Dianatou Mahwa a permis d’interpeller le suspect, M. L. D. alias Modou Lô qui est passé aux aveux. Le maçon domicilié à Pikine Guinaw Rail a même déroulé le film du crime dans les moindres détails. La danseuse Nabou Lèye également, connue sous le nom de Soukeyna, qui était proche de Aziz Dabala, a été placée en garde à vue après plusieurs heures d’audition.
Cote d’alerte du fleuve Sénégal dépassée Risques d’inondation à Bakel et Matam, les populations appelées à la vigilance
Si à Kidira la situation «revient progressivement à la normale», après que le plan d’eau a commencé à baisser, s’éloignant ainsi de la cote d’alerte qui y est de 10 mètres, le ministère de l’Hydraulique et de l’assainissement informe, cependant, que «la tendance haussière du niveau de l’eau se poursuit à Bakel où la cote d’alerte de 10 mètres est désormais à 10,22 mètres». En fin de journée de ce dimanche, le ministère a indiqué qu’à Matam aussi la cote d’alerte de 8 mètres est «désormais atteinte». «Des débordements pourront survenir par endroit dans ces zones de la Vallée du fleuve Sénégal ; ce qui appelle une vigilance maximale de la part des populations environnantes. Du côté du Gouvernement, la situation est suivie de près et toutes les mesures requises sont prises au moment opportun», lit-on dans le communiqué n°6 des services de Cheikh Tidiane Dièye.
En moto pour Touba - Le lutteur Brise de mer décédé dans un accident
Les routes vers Touba ont fait une dizaine de morts. Parmi les victimes, il y a le lutteur Brise de mer décédé dans la matinée du vendredi. Il avait pris une moto afin de rallier la ville sainte de Touba pour les besoins du grand Magal. Malheureusement, il a fait un accident à hauteur de Sébikotane avant de rendre l’âme. Le Groupe Emedia Invest présente ses sincères condoléances à sa famille et au monde de la lutte.
Relève des cadres de l’entreprise Dangote Sénégal «cimente» la formation de stagiaires de l’Afrique francophone
Dans le cadre de son programme de recrutement de stagiaires francophones, pour assurer la relève de la crème de l’entreprise, Dangote Cement-Sénégal a accueilli une cohorte de stagiaires en provenance de pays francophones. Venus précisément de Dangote Cement Group (Cameroun, CongoBrazza, Côte d’Ivoire, et Sénégal), ces 80 jeunes diplômés, retenus sur la base d’une sélection rigoureuse, vont se perfectionner au niveau de la filiale de Dakar. «Le Sénégal a été choisi parce que Dangote Cement-Sénégal (Dcs) est, surtout, pour les pays francophones, un centre d’excellence au sein du groupe Dangote. Cette politique a été mise en place par le groupe pour préparer l’avenir et trouver parmi ces jeunes gens nos futurs leaders», explique Chigioke Nwobi, un des cadres Rh Zone francophone de Dangote Cement Group. Le Directeur général de Dangote Cement Sénégal, Ousmane Mbaye, ajoute que cette initiative importante vise à «préparer de jeunes diplômés à des fonctions de responsabilités à travers une formation complète, un apprentissage pratique, des opportunités de développement personnel».
Licenciement «abusif» de deux journalistes de Senego La Convention des reporters s’indigne contre les «pratiques moyenâgeuses» dans les Rédactions
La Convention des jeunes reporters du Sénégal (Cjrs) dit avoir été surprise d’apprendre le licenciement des journalistes Thierno Malick Ndiaye et Ankou Mawuegnegan Sodjago par la direction de Senego. Dans un communiqué, Migui Marame Ndiaye et ses camarades se sont indignés contre «ces pratiques moyenâgeuses, qui tendent à dénier tous droits aux travailleurs du secteur de la Presse», plongé dans une crise sans précédente. La Cjrs reste convaincue que leur licenciement n’est que la résultante de leur engagement à défendre, contre vents et marrées, leurs droits et la dignité des travailleurs de leur entreprise en tant que délégué et secrétaire général du syndicat. Les jeunes reporters invitent l’État à «clarifier définitivement cette question des contrats de prestation de service, une pratique illégale institutionnalisée dans la plupart des rédactions». La structure entend commettre un avocat sur ce dossier de Senego.
par Pascal Bianchini
MOMAR COUMBA DIOP, LE MILITANT DU SAVOIR
EXCLUSIF SENEPLUS - Le consensus ne peut que se faire autour de l’étendue et de la rigueur des études qu'il a coordonnées. Il demeurera comme un auteur éclectique et prolifique pour les sciences sociales au Sénégal
Le 7 juillet dernier, s’est éteint Momar Coumba Diop dans un hôpital parisien, des « suites d’une longue maladie ». Momar Coumba était né le 6 décembre 1950 à Ouarkhokh, dans le département de Linguère. Après avoir suivi des études primaires effectuées dans sa région d’origine, il a effectué ensuite sa scolarité secondaire au lycée Blaise Diagne. En 1971, ll s’est inscrit comme étudiant au département de philosophie à l’université de Dakar. Ayant obtenu sa maîtrise, il est parti en France, en 1976, à Lyon II pour s’inscrire en doctorat de troisième cycle. En 1980, il a soutenu sa thèse intitulée : La confrérie mouride : organisation politique et mode d’implantation urbaine. De retour au Sénégal, après un bref passage au Conseil économique et social, il est recruté en 1981 à l’Université de Dakar, comme enseignant de sociologie au sein du département de philosophie (Remarque : le département de sociologie fermé après 1968 n’a été ré-ouvert qu’à la fin des années 1980). Cependant, à la suite d’une opération chirurgicale très importante, il n’a pu continuer à faire cours et a été affecté à l’IFAN sur un poste de chercheur. En 2015, il est parti à la retraite, dans la plus grande discrétion.
En dépit d’une trajectoire de carrière qu’il faut bien qualifier d’ordinaire, Momar Coumba Diop demeurera comme un auteur éclectique et prolifique pour les sciences sociales au Sénégal. Il a su mettre le doigt sur des questions importantes, en apportant des matériaux empiriques solides tout en ayant lu et assimilé la littérature existante sur les sujets qu’il abordait.
Ainsi, avec sa thèse, il a été le premier à mettre en évidence la dynamique urbaine du mouridisme alors que, jusque dans les années 1970, les études sur la confrérie, se concentraient sur son implantation, dans la région centrale, la ville sainte de Touba et les milieux ruraux alentour, en lien avec la filière arachidière (voir en particulier les travaux de Donal Cruise O’Brien ou Jean Copans). Il a éclairé les ressorts de ce dynamisme urbain, en s’intéressant au rôle des dahiras, qui organisaient des récitations de coran ou des conférences religieuses, susceptibles de créer de nouveaux liens de sociabilité religieuse, notamment en direction de la jeunesse. Dans les années qui ont suivi, il a effectué des enquêtes sur les ouvriers de la Compagnie sucrière sénégalaise (CSS) dans le cadre de recherches également novatrices sur les classes ouvrières en Afrique initiées par Jean Copans.
Puis avec la parution de l’ouvrage le Sénégal sous Abdou Diouf co-écrit avec Mamadou Diouf (paru chez Karthala en 1990), il s’est livré à une analyse socio-politique de la succession de Senghor, avec les tentatives de réformes de l’Etat découlant notamment de la nécessité de trouver des réponses à la contestation sociale sous-tendue par les forces contre-hégémoniques issues de la gauche clandestine mais également quelques années plus tard sous la contrainte des exigences de l’ajustement structurel imposé par les bailleurs de fonds comme le FMI et la Banque mondiale. Cet ouvrage fondé sur un savoir empirique détaillé intégrait et dépassait un certain nombre d’hypothèses théoriques (clientélisme, révolution passive, construction hégémonique, etc.) forgées par des auteurs non sénégalais, en montrant bien les interactions entre le jeu des gouvernants (ici l’Etat-PS) et le développement des mouvements sociaux. La publication du Sénégal sous Abdou Diouf a constitué un moment-clé dans l’histoire des sciences sociales au Sénégal : alors que jusqu’alors, c’étaient des auteurs occidentaux qui dominaient le champ académique, désormais il n’en a plus été ainsi : les auteurs occidentaux ont eu aussi, à leur tour, à se mettre à l’école de leurs confrères sénégalais.
Enfin, au cours de la décennie 1990 puis la suivante, Momar va s’investir dans ce qui sera certainement le plus important – et le plus exténuant ! - pour lui, dans sa contribution aux sciences sociales au Sénégal. Durant toutes ces années, il s’est attelé à la coordination de plus d’une dizaine d’ouvrages collectifs. Il serait trop long ici de les citer de manière exhaustive mais on peut rappeler le premier volume (Sénégal trajectoires d’un Etat, 1992) ainsi que les deux derniers volumes (Le Sénégal sous Abdoulaye Wade et Le Sénégal 2000-2012 ; Les institutions et politiques publiques à l'épreuve d'une gouvernance libérale, 2013) de cette longue série. À la fin de sa vie, il travaillait encore à une nouvelle version d'un ouvrage publié en 1994, Le Sénégal et ses voisins. Il avait également en projet, un autre ouvrage important sur l'histoire de l'Université de Dakar. Il est encore tôt pour savoir si ces projets pourront faire l’objet de publications même partielles mais on peut au moins se féliciter qu’un ouvrage qui lui rend hommage ait pu être publié l’an dernier, toujours chez Karthala (Comprendre le Sénégal et l’Afrique aujourd’hui).
Même si l’objectivité et l’exhaustivité constituent pour les chercheurs en sciences sociales, des horizons que, par définition, on ne peut jamais atteindre, le consensus ne peut que se faire autour de l’étendue et de la rigueur des études que Momar Coumba Diop a coordonnées. Pour ne citer que les principales thématiques traitées dans ces ouvrages, on mentionnera : le système politique sénégalais, les relations internationales, les politiques économiques, les politiques culturelles, les mouvements sociaux, les syndicats, les associations, le secteur de l’information, l’éducation, les transports, etc. Momar Coumba Diop n’a pas traité nécessairement lui-même de ses sujets mais à force de lire les travaux des autres, il était en mesure d’avoir un niveau appréciable de connaissances sur un grand nombre de thématiques. Certains, dans les hommages récemment parus, l’ont qualifié de Diderot sénégalais, ce qui reflète effectivement la nature encyclopédique de sa démarche mais il était aussi une sorte de chef d’orchestre, capable de conduire une symphonie où jouaient leurs partitions, des sociologues, des historiens, des philosophes, des économistes, des juristes, des politistes, et ici encore la liste n’est pas close.
Momar a voué son existence aux sciences sociales dans le cadre du Sénégal, voire au-delà à l’échelle du continent africain, à travers son implication dans la mise en œuvre de programmes de recherche comme Sénégal 2000, la création et le développement d’institutions comme le Centre de recherche sur les politiques sociales (CREPOS) ou encore à travers sa participation au CODESRIA. Il n'était pas un activiste idéologique. Il se méfiait généralement des politiciens et n’était guère enclin à ajouter son nom au bas d’une pétition. Son engagement était différent. On pourrait le qualifier de « militant du savoir » : sa préoccupation majeure était d'ouvrir la voie à un système indépendant de production de connaissances au Sénégal et, au-delà, en Afrique sans pour autant se fermer aux chercheurs venus d’autres continents.
Cependant, Momar pouvait avoir aussi des convictions politiques et dans des circonstances particulières, assumer des responsabilités du même ordre, comme ce fut le cas en 2008, lorsqu'il a joué un rôle-clé lors des Assises nationales qui avaient pour objectif de refondre les institutions politiques pour renforcer la démocratisation et la reddition des comptes, en réaction à la dérive autoritaire du régime du président Wade. Il comptait également des amis proches parmi l'intelligentsia marxiste, comme Amady Aly Dieng (1932-2015) ou Abdoulaye Bathily.
Pour ma part, j'ai rencontré Momar en 1994 après avoir lu un chapitre qu'il avait écrit sur le mouvement étudiant publié dans Sénégal : Trajectoires d'un Etat (1992). Il m'a fourni des documents pour mes propres recherches sur ce sujet. Un peu plus tard, il m'a demandé d'écrire un chapitre sur le mouvement étudiant pour l'un de ses volumes édités, Le Sénégal entre le local et le global (2002). Cette anecdote personnelle illustre bien cette logique du don et du contre-don, sans calcul d’intérêt si ce n’est celui du progrès des connaissances, qui permettait à Momar d’établir des relations saines et durables, avec un grand nombre de chercheurs qui devenaient parfois ses amis.
Comme tous ceux qui l’ont fréquenté, j’ai toujours constaté que, durant toute ces années, malgré sa notoriété, il est resté modeste. Fuyant les mondanités, il était néanmoins toujours élégamment vêtu avec un gilet ou une chemise en pagne tissé. Ces dernières années, nous étions voisins dans le quartier des Mamelles, où nous avions souvent l'occasion de nous retrouver. Cependant, même si je savais qu'il avait des problèmes de santé, la nouvelle de sa mort a été un choc pour moi car il n’abordait que très rarement cette question dans nos conversations. Je me souviendrai toujours de Momar Coumba Diop comme d'un homme courtois mais jamais superficiel, toujours ponctuel lorsqu'il vous donnait un rendez-vous et qui vous accueillait avec un grand sourire à la fois bienveillant et espiègle.