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19 juin 2025
L’ASSEMBLEE GENERALE DE L’UMS A LA UNE DE LA REVUE DE PRESSE DE L’APS CE LUNDI
Les parutions de ce lundi traitent de la position de l’Union des magistrats du Sénégal (UMS) sur le départ du Chef de l’Etat du Conseil supérieur de la magistrature et de son ouverture à d’autres personnalités ainsi que la journée sans presse annoncée
Dakar, 12 août (APS) – La position de l’Union des magistrats du Sénégal (UMS) sur le départ du Chef de l’Etat du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et de son ouverture à d’autres personnalités ainsi que la journée sans presse annoncée ‘’pour faire face au pouvoir’’, sont les principaux sujets au menu des quotidiens reçus lundi à l’Agence de presse sénégalaise (APS).
En Assemblée générale samedi à King Fahd Palace, l’Union des magistrats du Sénégal, s’est prononcée sur plusieurs sujets dont le départ du président de la République du Conseil supérieur de la magistrature. Cette rencontre qui se tenait traditionnellement à Saly, a eu lieu à Dakar, à l’hôtel King Fahd Palace, dans une ambiance pour le moins délétère.
‘’L’Ums tolère le chef de l’Etat et le Garde des Sceaux et dit non aux autres’’, met en Une Vox Populi. Selon le journal, en ce qui concerne la présence du Président et du ministre de la Justice au Conseil supérieur de la magistrature ‘’l’Ums ne s’y oppose pas sous réserve de la volonté du président de la République de quitter le conseil’’.
‘‘Conseil supérieur de la magistrature : l’Ums déroule le tapis rouge à Diomaye’, selon WalfQuotidien. ‘’Le président de la République, est prié de rester au sein du Conseil supérieur de la magistrature (CSM). C’est l’Union des magistrats sénégalais qui a formulé cette prière, ce samedi à Dakar lors de son assemblée générale’’, écrit Walf.
L’As souligne que ”la présence ou non du chef de l’Etat et du Garde des Sceaux au sein du Conseil supérieur de la magistrature, l’UMS se fondant an partie sur l’avis qu’elle a demandé aux anciens magistrats et sur les conclusions de son assemblée générale tenue le 18 mai 2024, rappelle qu’elle n’’est pas opposée à la présence de ces deux autorités. ‘’La sentence de l’Ums’’ titre le journal.
‘’ Justice au Sénégal : l’impossible indépendance ? s’interroge EnQuête. ”Ce débat qui oppose régulièrement les partisans d’une autonomie complète de la justice à ceux qui défendent la présence de l’Exécutif au sein des instances judiciaires, reflète les tensions et les divergences sur la question. La récente déclaration du président de l’UMS, Ousmane Chimère Diouf, a relancé ce débat complexe en affirmant que l’UMS n’est pas opposée à la présence du président de la République au sein du Conseil supérieur de la magistrature”, écrit le journal.
Le quotidien Info rapporte que ‘’l’Union des magistrats du Sénégal rejette toute idée d’ouverture du Conseil supérieur à des personnes extérieures, expliquant que le CSM, est un organe interne qui s’occupe du sujet de sensible de la carrière des magistrats’’.
‘’Mieux, le président Ousmane Chimère Diouf et ses collègues craignent que l’arrivée de personnes extérieures, de surcroît, politiques ou partisanes, pourrait nuire à l’impartialité de la justice. En outre les magistrats du Sénégal qui étaient samedi en Assemblée générale, ne sont pas du tout contre la présence du chef de l’Etat au sein du CSM, soulignant que même s’il est retiré, il lui revient de signer les décrets de nomination. Et que l’indépendance de la justice ne se résume pas uniquement aux décisions du conseil supérieur de la magistrature’’, ajoute le journal qui titre : ‘’l’UMS motive son opposition’’
‘’L’Ums libère Diomaye’’, selon Bès Bi.
L’Observateur souligne que ‘’les avis sont partagés sur la question du maintien ou non du chef de l’Etat au sein du Conseil supérieur de la magistrature. Si le président reste sur son ni oui ni non, l’Ums qui défendait sa sortie durant le règne de Souleymane Téliko, semble aujourd’hui s’accorder à son avis”.
”Mais certains magistrats de la société civile sont formels que le chef de l’Etat doit sortir du Conseil ainsi que son Garde des Sceaux. Justice, la gène magistrale’’, note L’Obs.
Les quotidiens se sont l’écho de la journée sans presse prévue ce mardi pour ‘’faire face au pouvoir’’. A cet effet, la presse a publié un édito commun intitulé : ”médias sénégalais, la mort programmée”.
‘’Les journalistes rangent micros, plumes et caméras demain’’, met en Une Les Echos.
‘’Les médias asphyxiés par le régime’’, en grève mardi”, annonce de son côté L’AS.
DAKAR2026 EST UNE PORTE D’ENTREE DE L’AFRIQUE POUR L’ORGANISATION DES JO
C’est la conviction de Me Moustapha Kamara. L’avocat et professeur de droit du sport à Paris Business School a aussi estimé que l’héritage matériel et immatériel de Paris2024 devrait servir aux JOJ2026 pour relever le défi de l’organisation.
(PARIS, France) - Dakar2026, un tremplin pour l’Afrique pour l’organisation des Jeux olympiques d’été. C’est la conviction de Me Moustapha Kamara. L’avocat et professeur de droit du sport à Paris Business School a aussi estimé que l’héritage matériel et immatériel de Paris2024 devrait servir aux JOJ2026 pour relever le défi de l’organisation.
Qu’est-ce que vous retenez de Paris2026 ?
C’est bien déjà que vous soyez là, que les membres aussi des JOJ Dakar soient là, Ibrahima (Wade) Diagna (Ndiaye) et leur staff. Les JO de Paris, le résultat, c’est l’aboutissement de plusieurs années de travail. Si vous voyez bien à Paris, ils étaient obligés d’abord sur le plan juridique de prendre des législations puisqu’on sait que les lois françaises sont en contradiction sur beaucoup de points notamment en matière de droit d’image, de fiscalité, de droit du sport et aussi de gouvernance avec les textes du CIO. Donc, la France était obligée déjà d’avoir une législation olympique qui permet de mettre en coordination la loi française et les réglementations du CIO. Donc ça déjà, la France a réussi à le faire. La première chose était donc de mettre en place une législation olympique.
Deuxième chose, c’est la coordination des activités, on a le COJO (Comité d’organisation des jeux olympiques de Paris) mais on a aussi le délégué interministériel des jeux olympiques. C’est lui qui assure la coordination entre le COJO, l’Etat, les partenaires privés, la coordination de toutes ces instances. Dans d’autres pays, c’était un ministre chargé des Jeux olympiques. Là, c’est un délégué. Ce qui n’est pas mal.
Troisième chose, ce sont les héritages des Jeux olympiques : l’héritage d’abord matériel avec toutes les infrastructures. On a construit des infrastructures dans les zones qui en avaient beaucoup plus besoin. Par exemple, à Saint-Denis où il y a le village olympique, des maisons olympiques mais aussi la piscine olympique et beaucoup d’autres infrastructures ainsi que de centres d’entraînement. Parce que Saint-Denis, c’est le département le plus pauvre de France. C’est le département ou à part le stade de France, il n’y a pas d’infrastructures. Ils ont construit le village olympique parce qu’il manque de logements sociaux là-bas.
Donc, après les jeux olympiques, ce sont des milliers de familles qui seront logés là-bas. Deuxième chose, c’est aussi l’héritage immatériel. C’est-à-dire que quand vous voyez bien dans ces zones, on ne pratique pas le golf, le tennis, le rugby parce qu’il n’y a pas d’infrastructures et ça demande beaucoup de moyens et les femmes n’ont pas d’argent. Avec les Jeux olympiques, ils ont d’abord permis le contact entre les grandes stars françaises du sport qui étaient en contact avec les élèves et aussi les écoles, les collèges et les lycées, expliquer leur discipline mais en même temps aussi rendre une confiance à ces jeunes qu’ils peuvent réussir dans le sport même si ce sont les disciplines sportives (le tennis, le golf, le rugby) qui sont chères. Autre héritage en dehors des scolaires, il y a aussi les femmes. Beaucoup de femmes dans ces zones ont été impliquées dans, non seulement l’organisation, si vous voyez les bénévoles, mais aussi dans l’information pour que les femmes puissent participer beaucoup plus à ces Jeux. Ce n’est pas simplement pendant les Jeux mais après les Jeux, que ces femmes, ces gens défavorisés continuent à s’intéresser à la chose sportive.
Sur le plan culturel, les Jeux olympiques ont permis aussi à la France de mettre en lumière le château de Versailles, les Invalides, le Musée d’Orsay, la Tour Eiffel, la place du Trocadéro, la Seine, la Mairie de Paris. Les Jeux olympiques ont permis de mettre en lumière tous ces grands monuments.
En quoi ça peut être un avantage pour le Sénégal d’organiser les JOJ après Paris 2024 ?
C’est une grande chance pour le Sénégal et le COJOJ Dakar 2026, d’organiser après Paris2024. Sans la Covid, si on avait organisé, on n’aurait pas cette expérience. J’ai des collègues du Cameroun, de beaucoup de pays qui me disent que le Sénégal a été très présent pendant ces JO : la presse, les délégations, les dirigeants. Ils sont partout. Ils regardent comment ça se passe, la billetterie, l’organisation. Je pense que c’est une grande expérience qu’ils ont acquise ici et en même temps aussi quand on voit les dirigeants qui sont là, ils observent et en même temps, ils utilisent l’héritage matériel et immatériel. Dakar va accueillir plus de 3000 athlètes et des milliers de participants et plusieurs millions qui vont être tournés vers la capitale. C’est une très bonne chose. Ibrahima Wade ou Diagna Ndiaye et leur staff, ce sont des gens qui sont très dégourdis, très attentionnés. On voit aussi qu’ils ont utilisé pas mal de panels qui ont été de très grandes réussites. Vraiment, on a senti une grande présence du Sénégal. C’est une très bonne chose et puis on voit aussi des gens qui sont hyper motivés, que ça soit Ibrahima Wade qui dit que « nous, on fera plus que ou en tout cas on fera autant de Paris ou plus ». C’est une très bonne chose pour le Sénégal d’accueillir tout ce monde, d’avoir cette expérience, cet héritage.
Quelle peut être la stratégie à adopter pour que Dakar 2026 soit plus des Jeux africains, que l’Afrique puisse être concernée ?
Il y a un article du journal Le Monde du 31 juillet 2024 dont le titre était l’Afrique, l’anneau manquant parce que si vous voyez, il y a cinq anneaux. Il y a l’Europe, l’Océanie, les Amériques, l’Asie et il y a l’anneau noir qui représente l’Afrique. Mais quand on voit, tous ces quatre continents ont déjà organisé sauf l’Afrique. Donc, il faut vraiment que l’Afrique organise. Et les JOJ Dakar 2026, ce sont des prémices, une porte d’entrée pour que l’Afrique puisse organiser les Jeux olympiques mais en même temps aussi, ce 5ème anneau manquant soit là et qu’on ait de vrais Jeux Olympiques. Le Sénégal a donc une grande responsabilité et pour que ça soit une réussite, il ne faut pas que ça soit simplement une chose sénégalaise mais une chose aussi africaine. Et c’est ce que Wade, Diagna (Ndiaye) et toutes les personnalités qui sont là qui représentent les JOJ de Dakar ont exprimé. D’ailleurs, on a vu la devise, «l’Afrique accueille, Dakar célèbre ». C’est franchement une très belle devise, un très beau slogan. C’est le Sénégal mais aussi toute l’Afrique.
En s’inspirant de Paris2024, le Sénégal devrait mettre l’accent sur quoi pour pouvoir réussir les JOJ ?
S’inspirer de Paris sur le plan organisationnel et pour tout ce qui concerne la gouvernance comme je viens de l’expliquer, un délégué et tout mais il faut aussi l’originalité. J’avais animé un panel où j’avais dit c’est bien de s’inspirer de Paris pour l’héritage mais après, il faut une originalité. Il y aura des millions voire des milliards de téléspectateurs. Quand ils allument leurs télés, qu’ils se disent « on est en Afrique, on est au Sénégal ». Là, l’l’originalité, ça peut être les disciplines comme la lutte, la lutte avec frappe, la lutte sans frappe, la danse sportive, le yoga pharaonique. Ce sont des disciplines qui sont typiquement africaines et qu’on peut valoriser. Le folklore, la danse, la culture sénégalaise, africaine, ça aussi on peut les valoriser pour montrer l’originalité, la spécifité des JOJ de Dakar. J’ai parlé d’héritage immatériel, ça devra permettre à des milliers de jeunes qui vont tous regarder Dakar, d’apprendre la culture. Eux, ils viennent, ils s’entrainent, ils jouent sur des infrastructures pendant au maximum deux semaines mais quand ils partent, ces jeunes qui regardent Dakar, ce sont les futurs dirigeants. Ils vont dire quand on avait entre 15 et 18 ans, on était à Dakar. La culture sénégalaise, la danse sénégalaise, la lutte sénégalaise nous a marqués. C’est ça qu’il faut mettre en valeur.
Le football sénégalais, on est dans une bonne dynamique. Qu’est-ce qu’il faut faire pour le maintenir le cap ? Surtout que nous allons vers des échéances importantes, la Coupe du monde, la Coupe d’Afrique, les élections de la présidence de la Fédération sénégalaise de football.
Le sport sénégalais en général et le football de façon spécifique a gagné des trophées. On voulait une équipe fédérale dynamique, on l’a. On voulait des petites catégories. Aujourd’hui, elles compétissent. Le football de plage, le beach volley, ça commence à se développer. En revanche, on a toujours le même problème, c’est le problème des textes. Je prends juste un exemple. Pour les élections, avec des textes qui datent de longtemps, jusqu’à présent le mandat du président est limité. Ça n’existe nulle. J’avais fait un papier pour rappeler que les mandats sont limités à 3. Au niveau de l’UEFA, a la FIFA, c’est limité à trois. Dans toutes les grandes fédérations sportives nationales, c’est limité à trois. Donc, au Sénégal, tous les quatre ans, on nous dit que les textes ne limitent pas les mandats. Il y a un moment, il faut faire des textes. En France, c’était pareil. Un président, il restait 3, 4 ou 5 mandats. En un moment, c’est l’Etat qui a pris ses responsabilités et qui a mis en place le Code du sport. Le Code du sport, au Sénégal, on n’en parle depuis 12 ans ou 15 ans mais on n’a jamais vu ce Code. Il faut un Code du sport qui limite les mandats, qui encadre les contrats de travail, qui protège les investisseurs. Parce qu’on a eu pas mal de problèmes. Ngor, Thiès, quelqu’un vient, il investit et derrière, c’est l’association qui récupère tout. Il nous faut un Code du sport. Les droits de retransmission, les relations entre la gouvernance, les relations entre les sociétés et les associations sportives, il faut un Code du sport. Ce Code du sport, tant qu’on ne l’a pas, on peut gagner des trophées, on peut tout faire mais il n’y aura pas d’argent. On reproche à quelqu’un d’avoir investi en France et pas au Sénégal ? C’est parce qu’il n’y a pas de textes. Ce qu’il faut faire, c’est vraiment se battre pour qu’il y ait un Code du sport qui protège tous les acteurs du football.
Par Julius MAADA BIO
L’AFRIQUE APPELLE À LA RÉFORME DU CONSEIL DE SÉCURITE DE L’ONU ET A L’EQUITE
En corrigeant cette injustice historique, la communauté internationale favorisera non seulement une plus grande équité et une plus grande égalité dans la gouvernance mondiale, mais libérera également tout le potentiel de l’Afrique
Le 12 août 2024, durant la présidence de la Sierra Leone au Conseil de sécurité des Nations Unies, je présiderai un débat inédit au Conseil sur le « Maintien de la paix et de la sécurité internationales : remédier à l’injustice historique et renforcer la représentation effective de l’Afrique au Conseil de sécurité de l’ONU ». En corrigeant cette injustice historique, la communauté internationale favorisera non seulement une plus grande équité et une plus grande égalité dans la gouvernance mondiale, mais libérera également tout le potentiel de l’Afrique en tant que continent dynamique et capable de contribuer de manière significative à l’avancement de la paix, de la sécurité et de la prospérité dans le monde.
Dans un monde en proie à une myriade de défis allant des conflits violents et des crises environnementales comme le changement climatique, aux urgences sanitaires mondiales et aux disparités économiques, la nécessité d’un système de gouvernance mondiale juste et efficace n’a jamais été aussi évidente. Au cœur de cet impératif se trouve la réforme des Nations Unies, en particulier de son Conseil de sécurité, chargé de maintenir la paix et la sécurité internationales. Malgré les importantes transformations géopolitiques survenues au fil des ans, le Conseil de sécurité reste entravé par une structure désuète qui perpétue les injustices historiques, en particulier à l’encontre de l’Afrique.
L’injustice historique à l’encontre du continent africain concerne le traitement inégal et la marginalisation de l’Afrique au sein des structures de gouvernance mondiale, en particulier du Conseil de sécurité de l’ONU. Depuis sa création après la Seconde Guerre mondiale, la composition du Conseil de sécurité est restée largement inchangée, les sièges permanents étant occupés exclusivement par les « vainqueurs de cette guerre » – les États-Unis, le RoyaumeUni, la Fédération de Russie, la Chine et la France. En revanche, l’Afrique, qui compte une part importante des nations du monde et le deuxième continent le plus peuplé, est dépourvue de représentation permanente au Conseil de sécurité.
Cette injustice historique découle d’héritages coloniaux tenaces et de déséquilibres de pouvoir persistants. Le spectre de l’esclavage s’entremêle avec d’autres héritages d’injustice, notamment le colonialisme, l’impérialisme et l’exploitation. L’Afrique a longtemps été marginalisée dans les processus décisionnels mondiaux, sa voix étant souvent étouffée, ce qui entraine une représentation inadéquate sur les questions cruciales qui touchent le continent, telles que la prévention des conflits, les opérations de maintien de la paix, la résolution des conflits et le développement durable. Ce parti pris systémique perpétue un cycle de marginalisation, dépeignant l’Afrique comme un acteur passif dans la réalisation des affaires mondiales.
Sous la direction du Comité des dix chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine sur la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU (C-10), l’Afrique est restée inébranlable dans sa détermination à corriger cette injustice et ce déséquilibre du Conseil de sécurité de l’ONU. En tant que coordinateur du C-10, j’ai été le fer de lance des efforts visant à amplifier la voix de l’Afrique sur cette question. À travers la Position africaine commune telle qu’énoncée dans le Consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte, l’Afrique a articulé une vision claire et convaincante de la réforme, une vision qui garantit sa représentation équitable et sa participation significative aux travaux du Conseil.
L’Afrique exige deux (2) sièges au Conseil de sécurité de l’ONU en tant que membre permanent et deux (2) sièges supplémentaires dans la catégorie des membres non permanents, ce qui porte le total des sièges non permanents à cinq (5). Les membres permanents africains seront choisis par l’Union africaine. En ce qui concerne le veto, l’Afrique souhaite qu’il soit aboli. Cependant, si les États Membres de l’ONU souhaitent conserver le veto, il doit être étendu à tous les nouveaux membres permanents
Les progrès réalisés dans le cadre des négociations intergouvernementales de l’Assemblée générale de l’ONU et le large soutien recueilli en faveur de la Position africaine commune témoignent d’une dynamique positive reconnue par l’Afrique. L’engagement continu mené par l’Afrique à travers le C-10 souligne la détermination inébranlable du continent à parvenir rapidement à ces réformes. Après deux décennies de négociations dans le format actuel, le moment est venu de s’attaquer à la situation particulière de l’Afrique. Alors que l’Assemblée générale des Nations Unies délibère sur la réforme, il est essentiel que les États Membres de l’ONU tiennent compte de l’appel de l’Afrique à la justice et à l’équité, en corrigeant de toute urgence l’injustice historique qui marginalise le continent depuis près de quatre-vingts (80) ans.
Au cœur de la quête de réforme de l’Afrique se trouve le principe d’égalité entre les nations. Il est inadmissible qu’au 21e siècle, le Conseil de sécurité continue de fonctionner selon une structure qui privilégie une minorité au détriment du plus grand nombre. L’Afrique exige que sa valeur intrinsèque et sa contribution à la communauté internationale soient reconnues. En plaidant pour un Conseil de sécurité plus inclusif et plus représentatif, l’Afrique cherche à garantir que les décisions affectant la paix et la sécurité internationales soient prises en tenant compte des contributions et des points de vue de toutes les nations, et pas seulement d’une minorité privilégiée.
En outre, la demande de réforme de l’Afrique est ancrée dans l’impératif de répondre aux défis et aux aspirations spécifiques du continent. Les problèmes africains nécessitent un leadership et des solutions africains. Des conflits persistants aux conflits émergents, du terrorisme, des famines d’origine humaine et des crises humanitaires, l’Afrique est aux prises avec une myriade de problèmes complexes qui nécessitent une coopération et une solidarité mondiales. Ceci doit être réalisé avec le leadership africain. En accordant la priorité aux préoccupations de l’Afrique dans le cadre de la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU, l’Organisation peut faire la preuve de sa détermination à s’attaquer aux causes profondes des conflits et de l’instabilité sur le continent, faisant ainsi progresser la cause de la paix et de la prospérité pour tous.
Alors que l’ONU se réunira en septembre 2024 pour le Sommet de l’avenir afin de tracer la voie des prochaines décennies, elle doit tenir compte de l’appel de l’Afrique à la réforme et reconnaître le continent comme un cas unique méritant une attention particulière et urgente. L’ère des mesures progressives et des progrès timides doit céder la place à une action décisive. La voix de l’Afrique doit être entendue et ses demandes de justice et d’équité doivent être satisfaites. En corrigeant les injustices historiques qui ont affligé le continent, la communauté internationale a une occasion essentielle de forger un ordre mondial plus équitable et plus inclusif, qui défend la dignité et les aspirations de toutes les nations, quelle que soit leur taille ou leur stature. Le moment est venu d’agir avec détermination. L’Afrique ne peut plus se permettre d’attendre.
Par Mounirou FALL
L’ELEMENT PIVOT DE L’UNION DOUANIERE REMIS EN QUESTION
L’image renvoyée fait mal. Plus d’une centaine de camions de transport de marchandises (dont certains périssables) bloqués à la frontière entre la Gambie et le Sénégal, deux états membres de la CEDEAO qui ont ratifié la Convention TRIE
L’image renvoyée fait mal. Plus d’une centaine de camions de transport de marchandises (dont certains périssables) bloqués à la frontière entre la Gambie et le Sénégal, deux états membres de la CEDEAO qui ont ratifié la Convention TRIE. Pour cause, l’un des pays décide de manière unilatérale d’imposer des surtaxes à tout transit de marchandises. C’est comme qui dirait l’Union douanière, la Convention TRIE, la libre circulation des biens et des personnes au sein de la CEDEAO ne marche plus, malgré la mise en place par l’instance communautaire des postes de douanes juxtaposés pour faciliter la fluidité des transits! D’un autre côté, le Bénin décide de bloquer tout transit de produits venant du Niger ou du Burkina Faso sur son territoire, surtout au port de Cotonou.
Et pourtant de bons outils ont été mis en place…
Les transports et transit routiers interEtats sont bien normés et régis, en Afrique de l’Ouest, par deux conventions. Le transit routier inter – Etats peut est défini comme le régime douanier par lequel des marchandises sont transportées d’un bureau de douane d’un Etat A vers un autre bureau de douane d’un Etat B en suspension des droits et taxes et autres mesures de prohibitions suivant un itinéraire donné, un délai de route prescrit et sur la base d’un document douanier unique.
- la Convention TIE traite des normes techniques et des conditions à remplir pour prendre part au transport routier inter-Etats de marchandises et fixe les itinéraires à emprunter ;
- la Convention TRIE traite de façon spécifique du transit routier inter-Etats. Les Etats membres de la CEDEAO ont, en effet, adopté, le 29 mai 1982 à Cotonou, le régime du Transit Routier inter-états (TRIE), aux termes de la Convention A/P4/82, complétée par la Convention additionnelle A/SP/1/5/90, portant institution d'un mécanisme de garantie des opérations sous TRIE, adoptée le 30 mai 1990 à Banjul (voir notre article Sud Quotidien n°9347 du 22 juillet 2024).
Tout cet arsenal avait été mis en place et accepté par tous les Etats afin d’éviter la succession de procédures douanières à travers les différents pays de transit ; faciliter le mouvement des moyens de transport et des marchandises transportées entre les Etats membres et enfin permettre l'établissement de statistiques fiables et régulières sur le transit routier inter Etats de marchandises
La Convention repose sur trois conditions de base : La levée d'une déclaration TRIE, sommaire, unique, au point de départ de l'opération de transit routier inter-Etats ; La mise en place d'un fonds de garantie jouant le rôle de caution ; la mise aux normes des véhicules agréés suivant des critères définis, d'inviolabilité et de scellement. L’application de la convention TRIE se heurte aux obstacles liés aux déclarations de transit en détail au départ des ports maritimes, qui font l’objet d’apurements successifs par le biais d’autres documents à chaque traversée de frontière. Qui ne se rappelle l’affaire Adel KORBAN, du nom d’un homme d’affaire sénégalo libanais qui avait fait de la prison sur les déclarations de réexportations de produits dépotés au port de Dakar à destination du Mali ?
Les cautions ne fonctionnent que de façon éparse, tous les Etats n’ayant pas encore établi un fonds de garantie. De plus, il existe autant de perceptions que de pays traversés. Aussi, la pratique des contrôles multiples et des perceptions abusives et illicites entrave la compétitivité de l’activité de transport routier, aggravent les coûts de facteurs et constituent, in fine une entrave à la promotion des échanges entre les Etats de la région.
….. Avec de bons résultats
Et pourtant, avec le bilan sur les plans économiques et social, les volets commerciaux (TRIE et TIE) présentent de bons résultats depuis leur mise en place. De nombreux progrès ont été réalisés, mais aujourd’hui l’image est toujours réduite à l’absence de gouvernance la dépendance et le manque de ressources. Cette perception n’a pas lieu d’être.
L’Article 9 du Traité de la Communauté qui parle de l’institution suprême qui est la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement des États Membres, dispose que : « Sauf dispositions contraires du présent Traité ou d’un protocole, les décisions de la Conférence sont prises, selon les matières, à l’unanimité, par consensus, à la majorité des deux tiers des États Membres ». Il faut entreprendre la réflexion sur les facteurs empêchant l’émergence de l’Afrique de l’Ouest comme acteur international fort, capable de défendre ses intérêts sur la scène mondiale. Ce qui nous permettra de comprendre les manques et les dysfonctionnements des mécanismes d’intégration régionale qui sont mis en place collectivement.
Les fractures naissent dans les régions les plus riches tout en étant les plus délaissées parles pouvoirs publics, même si les richesses de leurs sous-sols sont immenses. La fracture exprime en particulier une révolte des jeunes contre une société qui n’offre pas beaucoup de perspective et avenir.
Par Mounirou FALL
TRANSPOSITION DE LA GUERRE RUSSO- UKRAINIENNE DANS LE SAHEL
Cartographie des malheurs de l’integration cedeao - Les États de la région faillissent encore à leur mission lorsqu’ils luttent contre les supposés terroristes, exerçant une répression très brutale et qui nourrit un cycle de violences.
On se rappelle l’ancien Président nigérian Muhammadu Buhari. Avant de quitter le pouvoir suite à son second mandat, il déclarait le jour de son anniversaire que « les armes fournies en masse à l’Ukraine dans le cadre de sa guerre contre la Russie, sont en train d’être recyclées à grande échelle dans l’espace CEDEAO ». Aujourd’hui, cette étape est même dépassée car ce sont des mercenaires ukrainiens qui débarquent dans l’espace CEDEAO, forment, entraînent, équipent et accompagnent les terroristes qui vont lutter contre les armées régulières des pays de la CEDEAO. Ils vont même jusqu’à lancer des avis de recrutement de mercenaires parmi les populations de la communauté. L’instance politique de la CEDEAO ne pipe mot de cet état de fait et refile à la Commission de la CEDEAO la patate chaude pour sortir un communiqué laconique sur la situation du massacre de Tinzawaténe brandi comme un trophée de guerre par les Ukrainiens à la suite d’une attaque perpétrée contre les armées régulières d’Etats membres de la CEDEAO.
LES CONDITIONS POLITIQUES ONT FACILITE L'ARRIVEE AU POUVOIR DES MILITAIRES.
On ne peut faire l'analyse de la déliquescence de la CEDEAO en faisant abstraction des contextes sécuritaires, de la présence de forces étrangères et des rivalités géopolitiques au vu des ressources minières et minérales du sous-sol mais aussi la position géostratégique de la région. Au lieu de se limiter à des condamnations de principe des coups d’Etat militaires, la CEDEAO aurait pu agir(avant) afin de ne pas créer les conditions pour qu’ils surviennent et ne soient perçus comme acceptables par les populations qui sont au premier chef concernés. Il s’agit notamment du maintien au pouvoir de présidents civils par des manipulations électorales, des tripatouillages de résultats électoraux, des fraudes massives, des modifications des cadres anticonstitutionnelles.
Les prises de pouvoir par l'armée sont des événements politiques qui s'inscrivent d'abord dans l'histoire de chaque pays. Le Mali, rappelons-le, depuis Moussa Traoré, avait connu le régime du général ATT, qui avait troqué le treillis contre le boubou et le pays avait fonctionné avec un régime dominé par les militaires, maquillés sous forme de pouvoir civil. Déjà, à cette époque, le cas de la rébellion touareg « entretenue » par certaines puissances étrangères dans les zones hautement riches avait débouché sur une guerre de longue haleine. En Guinée, les circonstances du troisième mandat de Alpha Condé ont créé les conditions idoines pour un coup d'État. Au Burkina FASO, le nombre de civils morts attribué aux « terroristes » a produit des coups d’états militaires successifs. Idem pour le Niger ou la vague terroriste avait fini d’effectuer sa marche vers Niamey. Il faut aussi faire attention dans l’analyse à intégrer les situations politiques propres à chaque pays, surtout depuis l’assassinat du guide Lybien Mouammar Kadhafi. Les environnements sécuritaires dégradés offrent un boulevard aux militaires de jouer un rôle politique de premier rang en se prévalant d'une capacité à maintenir la sécurité et acclamé par les populations meurtries.
S’il n’y avait pas eu l’illustration d’une dérive grave de la gouvernance, les militaires n'auraient jamais pris le pouvoir aussi facilement. La Côte d’ivoire, le Togo mais aussi le Bénin sont ainsi avertis avec le désir de troisième ou quatrième mandat. Cette désillusion était perceptible notamment au Mali, à la fin du pouvoir d’Ibrahim Boubacar Keïta, ou en Guinée où l’arrivée des militaires a eu un sentiment de soulagement de la population.
CERTAINS COUPS D’ETATS «ACCEPTES», D’AUTRES «NON»
Les mouvements citoyens dans certains pays ont poussé l’armée à prendre le pouvoir face à l’incapacité des régimes dits élus de maintenir l’intégrité du territoire national et la protection des biens et des personnes face à des terroristes. Les militaires arrivent ainsi avec des Termes de Références (TdR) cadrés sur l'impératif de préserver la stabilité sécuritaire avec des militaires qui détenaient déjà la réalité du pouvoir, et jouent un rôle important dans la lutte contre le terrorisme.
Ne soyons pas naïf aussi, Au sein de cette communauté dite internationale, ily a des acteurs divers qui ont des degrés d'influence plus ou moins importants au sein de la CEDEAO. La réaction de chaque acteur extérieur à un coup d’État est influencée par leurs intérêts et leur proximité avec les autorités politiques et militaires renversées et celles qui ont pris la place. Certains coups d’états sont « acceptés » et aucune sanction n’est prononcée d’autres en revanche ne sont « pas » acceptés.
Les intérêts économiques sont aussi importants. Quand on a un pays comme la Guinée qui est un exportateur majeur d’une matière première stratégique comme la bauxite et qui a fortement développé ses relations avec les entreprises chinoises et russes, le Niger avec son uranium, le Mali avec son Uranium, son hydrogène naturel et son Or, le Burkina avec son Or et son pétrole, on comprend qu’un changement de pouvoir à Niamey, Bamako, Ouaga ou Conakry entraîne des conséquences géopolitiques.
A l'intérieur de la CEDEAO, face à cette Afrique francophone où les Etats tentent vaille que vaille de renforcer leur pouvoir autonome au détriment de l'intérêt collectif avec un présidentialisme exacerbé par l’adoption de nouvelles Constitutions ou de révisions constitutionnelles opportunistes, il est comme qui dirait un ilot de vertu sur le plan politique. Les exemples de réussite sont rares mais existent. Dans la lignée de renforcement de la Démocratie, on trouve les pays anglophones (Nigeria, Liberia, Sierra Léone, Ghana, Gambie ou le Cap Vert. Ces pays ont eu la chance d’avoir des dirigeants politiques, volontaristes et non hégémoniques (Georges Weah, Jerry Rawlings, Pedro Pires, …). Sur le plan des principes et des valeurs, ces pays se caractérisent par le respect des droits de l'homme, l'ouverture des peuples les uns vis-à-vis des autres et l'affirmation de la qualité de la vie, même si Boko haram (qui dispose d’armes de guerre de dernier cri !) sévit dans certains Etats du nord Nigéria
Les citoyens tolèrent de moins en moins cette situation et revendiquent plus de liberté, un autre modèle économique, politique et social ce qui a mené à renforcer les mouvements populistes, panafricains, souverainistes. L’espoir qu’avaient les peuples de voir leurs conditions de vie améliorées a été déçu face à des dirigeants qui tentent de rester au pouvoir en violant les lois et en usant de la violence. Ils bénéficient de la complicité active ou passive de leurs parrains occidentaux tant qu’ils poursuivent des politiques néolibérales – qui creusent chaque jour davantage les inégalités socioéconomiques. Les États de la région faillissent encore à leur mission lorsqu’ils luttent contre les supposés terroristes, exerçant une répression très brutale et qui nourrit un cycle de violences.
Mounirou Fall (correspondance particulière)
Par Mounirou FALL
CEDEAO, 50 ANS APRES…QU’EN RESTE-T-IL ?
Cinquante ans est une étape clé de la vie de tout être humain, souvent considérée comme un tournant majeur. Depuis le 28 mai 1975, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts… avec de bons et moins bons résultats (mise en place du TRIE).
Cinquante ans est une étape clé de la vie de tout être humain, souvent considérée comme un tournant majeur. Moment où l’on a acquis de la maturité et une expérience certaine, mais aussi de dresser un bilan de ses accomplissements et envisager de nombreux défis qu’il reste à atteindre. Depuis le 28 mai 1975, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts… avec de bons et moins bons résultats (mise en place du TRIE). Cependant, la situation est grave actuellement avec le transfert dans le Sahel de la guerre entre la Russie et l’Ukraine et le massacre de Tinzawaténe. Entendons-nous bien, il n’est pas question de « jeter le bébé avec l’eau du bain ».
L a CEDEAO a certes beaucoup de limites, cependant son potentiel et réalisations à son actif sont nombreux . Tous les analystes s’accordent sur le fait que les volets politique et diplomatique demeurent le talon d’Achille de l’organisation sous régionale. La survie de la CEDEAO ne se fera que par le reformatage du logiciel de fonctionnement à travers le renforcement du Parlement de la Communauté (adoption d’un système parlementaire), de sa société civile (qui ne se confinera plus aux seconds rôles d’observateur), mais aussi l’indépendance de la Cour de justice ainsi qu’une atténuation de la toute-puissance prépondérance de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement
L’avenir de la CEDEAO devrait être abordé dans les différents aspects que peut prendre le besoin de destin commun :
• l’intégration géographique par la mise en commun de la gestion des ressources naturelles de chaque pays ;
• l’intégration économique et la mise en place d’un vaste marché commun pour 415 millions d’habitants ;
• l’intégration monétaire qui devrait faciliter les échanges dans la zone ; ou encore
• l’intégration par l’harmonisation des règles de droit des entreprises
Face à ces défis, la CEDEAO est aujourd’hui confrontée à une implosion avec plus de quatre coups d’Etats militaires (Guinée, Burkina FASO, Niger et Mali), face à trois coups d’Etats civils constitutionnels (Togo, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau), une monnaie – mort-née avec l’ECO. Cependant, le plus difficile reste la protection des populations civils qui ont payé un lourd tribut - entre 2021 et 2022 où, en moyenne chaque jour 18 civils sont tués dans les exactions dans les trois pays Mali-Burkina Faso et Niger. Ce phénomène qui continue encore aujourd’hui avec le massacre de Tinzawaténe.
Comment se présente la CEDEAO aujourd’hui en théorie ? Depuis le début de l’intégration, de nombreuses approches ont été développées pour conceptualiser le système politique de la Communauté.
Ce système politique comporte des éléments relevant d’un État, d’une organisation internationale, voire d’une fédération d’États, sans pour autant permettre à l’observateur de facilement évaluer l’ensemble des processus sous l’une de ces notions. Si les premiers efforts de l’analyse de la construction ouest africaine ont été pensés dans la lignée du fonctionnalisme, calquée surle modèle de la Communauté Européenne, selon lequel une « institution est créée pour accomplir une fonction précise », les cadres conceptuels se sont multipliés tout au long des cinquante dernières années. Depuis le début des années 2010, l’intégration dans l’espace CEDEAO est un échec sur les plans politiques et devenu encore plus complexe caractérisée par la critique publique de plus en plus visible des « démocraties illibérales» faits de « déficit démocratique et de résurgence des coups d’Etats militaires et civils par les tripatouillages des constitutions ».
Le déficit de démocratie a produit la résurgence du populisme, qui dessert les idéologies du souverainisme et du panafricanisme. Et l’on assiste aussi à une jonction que tout semblait opposer : les mouvements néo panafricains et les mouvements citoyens. Sur la forme tout d’abord, les premiers apparaissent virulents, clivants, (tel le mouvement France dégage) là où les seconds cultivent le registre légaliste - une mutation en partis politiques avec des modes d’action non violents basées sur le constat d’une dystopie du modèle de développement en vigueur. Sur le fond surtout, les premiers identifient la source des malheurs dans la subordination du pays à l’Occident, les seconds dans la subordination à une oligarchie corrompue. Domination externe pour les uns, domination interne pour les autres.
ADOPTER UNE NOUVELLE CHARTE DES DROITS FONDAMENTAUX
Cette « Charte » à adopter pour le cinquantenaire de la CEDEAO, serait l’issue pour ne pas mourir de sa belle mort. Il faut resserrer les rangs. En effet, avec les départs de la Mauritanie tout d’abord, puis de trois Etats importants dans le dispositif communautaire, leur retour dans la famille reste conditionné par des progrès à réaliser qui devrait constituer le terreau commun de tous les Etats membres. Si certains principes et valeurs sont érigés en gouvernail, les fondements de l’intégration de la CEDEAO. Avec quelle place au Parlement, à la société civile ? Comment mitiger le rôle pré pondérant des Chefs d’Etats ? Comment expliquer la coopération entre États et la manière dont celle-ci doit fonctionner sont des sujets nombreux, et plusieurs concluent que la CEDEAO est, au vu de sa situation hybride sur le plan politique, un « objet politique non identifié », et que l’intégration est, dès lors de nature sui generis. Le pari est de « normaliser » selon les critères endogènes, les bases politiques de la CEDEAO, de l’intégration au travers des différentes leviers que sont : le Parlement, la jeunesse, la Société civile par interaction comme dans un cadre de Fora citoyens pour fournir une base théorique, politique et légale qui devra répondre d’abord à la question des raisons pour lesquelles les États acceptent d’intégrer un ensemble régional comme la CEDEAO, et ainsi d’abandonner une partie de leur souveraineté.
Un troisième axe est le recours aux relations internationales pour expliquer l’intégration, qu’il s’agisse des approches d’intégration comparée, domaines où de nombreuses et fructueuses opportunités s’ouvrent actuellement. Sur le plan théorique, les concepts ne manquent pas : Fonctionnalisme, inter gouvernementalisme ou fédéralisme (comme c’est le projet au niveau de la Confédération des Etats Sahéliens -AES) présentent à la fois les atouts et les faiblesses. Le cadre conceptuel et la manière dont se construira l’intégration au niveau de la CEDEAO devra mettre à plat l’existant et sans complaisance analyser et opter pour l’Action. Les autres concepts de constructivisme, institutionnalisme, gouvernance, transfert de politiques publiques fournissent des explications concurrentes ou complémentaires, sans fournir une base globale d’analyse.
Au-delà des théories et concepts de l’intégration, qui présentent toutes des forces et limites, il est important de voir que ces théories et concepts ne sont non pas concurrents mais complémentaires. Il s’agit de changer et d’adapter aux besoins des populations le paradigme de référence. Cela constitue un sérieux challenge, mais il faut reconnaître que cette approche serait le premier pas qui permettra même au profane de connaître chacune des composantes de l’intégration en Afrique de l’Ouest et ainsi d’enrichir par ce pluralisme méthodologique sa propre analyse de l’intégration. A condition que le discours va-t-en-guerre affiché par la Commission de la CEDEAO sur instruction de ces Chefs d’Etats qui, eux-mêmes, ont perpétré des « coups d’Etats constitutionnels » soit définitivement abandonné.
Mounirou Fall (correspondance particulière)
Texte Collectif
MÉDIAS SÉNÉGALAIS, LA MORT PROGRAMMÉE
La presse sénégalaise ne saurait accepter cette entreprise de dénigrement orchestrée pour la décrédibiliser. Il s’agit de noircir le décor et procéder ensuite à une sélection artificielle, en fonction de ses intérêts politiques immédiats
Lorsqu’au soir de l’élection présidentielle, dimanche 24 mars 2024, au moment où les stations FM, les télévisions et les médias en ligne relayaient les données et chiffres, les résultats qui ont porté Bassirou Diomaye Diakhar Faye au pouvoir, pas un seul citoyen sénégalais, homme politique de l’actuelle équipe à la tête du Sénégal, ne pouvait médire la presse. Journaux, radios, télévisions, sites d’informations, d’un seul élan, ont transmis les résultats rassemblés aux quatre coins du Sénégal.
Combien étaient-ils à traquer les chiffres, bureau de vote par bureau de vote, à la recherche de la bonne information ? Des centaines de journalistes, envoyés sur le terrain par leurs organes de presse pour transmettre en direct les résultats et signaler le moindre dysfonctionnement, servant même souvent d’alerte aux autorités, sans aucune assistance publique ? Combien de millions de personnes étaient-ils, scotchés à leurs téléphones portables ou radios et télés, à s’abreuver de résultats donnés par ces «valeureux journalistes» sur le terrain ? Et combien ont sursauté de joie, à la publication de ces résultats, avant même que les commissions et institutions légalement habilitées ne le fassent ? Combien cela leur a-t-il coûté de savourer un tel «délice» ? Combien cela nous a-t-il coûté ?
Imaginons simplement un instant ce que serait cette élection du 24 mars 2024 et les autres qui l’ont précédées durant ce quart de siècle politiquement très mouvant au Sénégal, sans ce dispositif de relayage de l’information et de veille sur quasiment tout le territoire national ? Imaginons ce qui pourrait se passer dans la tête de certaines forces tapies dans l’ombre, si aucune information ne venait accompagner l’acte citoyen de vote ? La presse, nous a-t-on dit, au lendemain de cette échéance tant redoutée du fait de risques majeurs pour la stabilité de notre pays et des enjeux visibles ou cachés, a fait du bon travail. Vingt quatre ans (24 ans) après la présidentielle de 2000, qui avait consacré le point terminus de 40 ans de régime socialiste, elle a, encore une fois, été au rendez-vous de ce grand moment d’histoire. Good Job ! Un compliment comme un écho dans la nuit !
On aura beau caricaturer, manipuler, falsifier l’histoire, on ne pourra pas dénuer aux médias le rôle capital qu’ils ont joué ces dernières décennies, dans l’affermissement de la démocratie, par l’éveil du citoyen, en lui permettant d’accéder, surtout avec les langues locales, aux outils qui lui ont permis d’affûter sa conscience citoyenne.
Nous avons en vérité connu des moments cruciaux, dans l’histoire de notre jeune démocratie, où le curseur a souvent viré au rouge, mais la presse a toujours répondu présent, relevant les défis avec professionnalisme, sans avoir besoin d’aucun guide, sinon son sens éthique et l’intériorisation de l’éthique professionnelle et de responsabilité, conformément à l’héritage de nos aînés dont la plupart repose en paix, pour l’éternité. Aurions-nous agi autrement que la face de ce pays aurait été changé. Mais comme le dit si bien l’adage peulh, «le lait de la vache trait tous les jours en abondance, finit par ne plus avoir de saveur». Les Sénégalais que nous sommes, habitués à voir la presse assurer durant ces grands rendez-vous d’histoire, en oublient le rôle majeur que les médias jouent dans la stabilisation des institutions de la République et surtout la sauvegarde de l’État de Droit. Si un des pères fondateurs de la Nation américaine a pu dire qu’il préférait un État sans gouvernement plutôt que sans presse, c’est parce qu’il sait que celle-ci est un des piliers de la démocratie.
Depuis bientôt trois mois, la presse sénégalaise vit une des phases les plus sombres de son histoire. Une campagne de diabolisation a été actionnée pour présenter les médias, ainsi que ceux qui les animent, comme des citoyens irrespectueux des lois, ne s’acquittant d’aucune de leurs obligations, surtout fiscales. Parallèlement, une campagne est menée pour mettre à mal les éditeurs de presse avec leurs confrères, en créant un fossé entre ceux qu’on appelle «patrons de presse» et leurs collaborateurs.
La presse sénégalaise ne saurait accepter cette entreprise de dénigrement orchestrée à dessein pour la décrédibiliser. Nous sommes aguerris pour avoir expérimenté les méthodes des pouvoirs précédents pour comprendre ce qui se trame. Il s’agit de noircir le décor et procéder ensuite à une sélection artificielle et une liquidation des entreprises de presse privée, en fonction de ses intérêts politiques immédiats. L’objectif visé n’est autre que le contrôle de l’information et la domestication des acteurs des médias. C’est tout simplement la liberté de presse qui est menacée au Sénégal.
Face à cette situation (blocage des comptes bancaires, production d’état exécutoire de saisie de matériels de production, rupture unilatérale et illégale des contrats publicitaires, gel des paiements, mise en demeure, refus de concertation), nous organisons une journée sans presse, ce mardi 13 août 2024, pour sensibiliser l’opinion nationale et internationale.
Les régimes passent, la presse demeure !
Le conseil des diffuseurs et éditeurs de la presse du Sénégal (Cdeps)
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L'ANALYSE DE MOUNDIAYE CISSE SUR LA REFORME DU CONSEIL SUPERIEUR DE LA MAGISTRATURE