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Mémoriales, par elgas

1963-1968, PRÉLUDES AU MULTIPARTISME

EXCLUSIF SENEPLUS - De cette séquence, une constante : Senghor a longtemps gouverné sans une partie importante des élites. Et même lorsque ces dernières l’ont rejoint, la fusion n’était jamais totale. La construction d’une nation est restée dans l’ombre

Elgas  |   Publication 18/11/2021

En 63, la jeune République du Sénégal entre en plein cœur d’un cycle tempétueux. Plusieurs marqueurs chronologiques en attestent. En 62, le couple Dia-Senghor vole en éclat dans le fracas. L’évènement est révélateur d’une fragilité institutionnelle, d’un malaise au-delà du cadre politique : deux hommes, longtemps complices, qui ont incarné l’Etat en parfaite communion, se séparent dans le tumulte, la violence, la rancœur et l’injustice. Une scission, d’abord timide, presqu’interdite, menace le pays. Les deux hommes en effet, de tempérament, d’ascendance, de chapelle religieuse, de vision politique, depuis toujours différents et désormais plus éloignés encore, deviennent des repères en matière de positionnement politique pour les populations, surtout les élites.

Répression du PAI et du PRA-S

En 63, les choses empirent. Le contexte est explosif, la contestation du pouvoir bascule dans la défiance. Les élections de la même année marquées par une fraude massive mais aussi une traque des opposants et une atmosphère de chasse aux sorcières, créent des tensions terribles. Des leaders contestataires, longtemps dans le sillage du pouvoir, sont mis aux arrêts. Les trois premières années de l’indépendance s’installent ainsi, dans un conflit larvé, à la suite des vicissitudes d’une vie politique qui de tout temps avait été caractérisée par agitation. Seule donnée nouvelle : la violence, et ce qu’elle charrie : la tentation de la contre-violence et le climat de suspicion.

Le PAI qui est depuis longtemps l’ennemi du pouvoir voit ses rangs décimés, poursuivi jusque dans sa clandestinité. Des dénonciations anonymes, des descentes arbitraires, tentent d’éteindre les velléités de ce parti hargneux, jamais dans le compromis, et que craint Senghor. Il séduit également par son envergure plus panafricaine. Il parvient à attirer la jeune élite, lettrée, plus radicale, plus formée, avec une base doctrinale forte et une discipline presque religieuse. La promesse à l’horizon d’une souveraineté absolue en fait une force principale, même tapie dans son maquis. Son pouvoir de nuisance est réel pour le pouvoir, au risque de susciter la disproportion dans la riposte. Peu ou prou, plusieurs grands leaders à venir font leur école ou leurs armes au sein du bassin politique du PAI.

Le PRA-S voit, lui, ses hommes forts chahutés ou embastillés. Il a été dans des dispositions plus complexes et mesurées avec Senghor : tantôt fâchés, tantôt réconciliés. En 63 toujours, Fadilou Diop passe par la prison, Abdoulaye Ly est mis aux arrêts. La stratégie de l’UPS de Senghor est claire : centraliser davantage le pouvoir. Dépouiller les forces de l’opposition, par la force ou l’intimidation, pour susciter le ralliement à son parti. Si la méthode est rude, anti-démocratique, dans le cadre du parti unique, elle porte ses fruits. Comme après toute période de chaos, une accalmie faite de peur, d’indécision, succède à la panique. Malgré tout, Senghor reste l’homme fort du pays. Qu’il y ait laissé des plumes, suscité des inimitiés fortes, c’est certain, mais il a des soutiens, tient un Etat encore légitime et peut compter sur les références morales du pays qui lui donnent leur bénédiction. Un regain d’énergie politique lui ouvre un appétit de conquête.

Une nouvelle configuration : l’UPS s’impose et impose sa loi

Les évènements engendrent ainsi, curieusement, un Etat plus fort. Vainqueur par KO, l’UPS élargit sa base et engrange de nouveaux adhérents, en masse. Sur les ruines de 63, il fait son marché, habilement. Cette reconfiguration redessine le paysage en faveur du pouvoir.

Le PAI cherche un second souffle, tenté par la révolution, en termes violents. Sa hiérarchie quasi-martiale y songe depuis ses réclusions dans le Sénégal oriental. Comment casser les ailes de ce parti ambitieux, certes petit mais amené à se déployer davantage ? L’UPS affine sa stratégie. Libérer quelques caciques, prisonniers politiques. Donner des gages d’ouverture. Appeler à la concorde. C’est dans ce mouvement de pacification qu’a lieu une rencontre entre Senghor et Abdoulaye Ly, tête forte du PRA-S, arrêté en 63, jugé et incarcéré en 64, puis gracié par Senghor au début de l’été 66. L’acte est hautement symbolique. Il signe une réconciliation, une autre, qui consacre la suprématie du pouvoir.

Victime de désertions, le PRA-S joue aussi stratégiquement. En repartant pour un tour avec Senghor, il ne se sépare pas de ses convictions mais mise et prend en considération la conjoncture à l’affût d’opportunités. Pour Senghor, le coup politique n’est pas moindre. Ce n’est rien de moins qu’engloutir des rivaux teigneux et prestigieux. Le nouvel accord conduit les membres du PRA-S au gouvernement et à la députation. Abdoulaye Ly, Amadou-Mahtar Mbow, Assane Seck, sont ministres. Fadilou Diop est élu député en 66 sur la seule liste de l’UPS.

Le vent social et la convergence des colères font voler le pacte

Mais une tempête sociale gronde. Dès 67, le climat dans le pays se tend. Les grèves s’enchainent. Les promesses dans la grande union politique ne sont pas tenues. S’y ajoutent les difficultés économiques, les salaires sont bloqués, comme les bourses, l’UNTS mène la contestation. La force syndicale organise une défiance plus marquée contre le pouvoir. Tous les non-dits, passés sous silence dans la réconciliation, refont surface. L’étincelle décisive arrive en 68, l’année connaît des agitations majeures. La grève des cours à l’université, dans les collèges, lycées ; la grève générale des travailleurs, d’une ampleur inédite ; les échos des évènements en France ; la vie intellectuelle dakaroise marquée par le foisonnement des idées marxistes et souverainistes ; le vent de liberté venu du reste du monde. Tout rend le contexte local explosif.

L’accalmie aura duré peu de temps. Senghor, seul avec son gouvernement, avec ses nouveaux alliés, a quelques scrupules à mater la contestation. Il y cède pourtant. Le 30 mai, l’état d’urgence est déclaré. La répression s’en suit, comme en 63. La violence est revenue, 5 ans après, dans un cycle douloureux. L’impressionnante convergence des luttes a eu raison des tentations de Senghor à la surdité et à la cécité, déclenchant sa colère. En usant de la force, en délogeant cette énergie jeune de ses fiefs, alors qu’elle est soudée, le président s’attire davantage les foudres.

Conséquence logique de ces débordements, plusieurs morts et des centaines de blessés. Les hommes forts du PRA-S sont dans un dilemme. Ils devront vite trancher. Fadilou Diop, blessé par la tournure des évènements, l’autarcie de Senghor, démissionne de son poste de député. Ce sera aussi le cas de ses camarades du parti qui claquent la porte du gouvernement. Cette fois, la rupture sera définitive. Après, les divorces de 58 et de 63, 68, acte la fin de l’histoire.

Pour les jeunes engagés des années 50, c’est le désenchantement total et la prise de distance avec la vie politique et le militantisme classique. Senghor a franchi la ligne rouge. Sa récidive installe son pouvoir dans la fragilité et le contraint à ouvrir davantage le pays. Même si des spasmes de violences politiques marqueront encore les années 70 dont l’emblème sera l’affaire Blondin Diop.

68 cristallise ainsi à plus d’un titre l’épuisement d’un système de tractations politiques, avec le primat de la tactique sur les idées. Les récents évènements contribuent à faire monter dans le ciel dakarois un idéal de liberté. Plus que des évènements isolés, cette fin de mai 68 est un moment fondateur, qui précipitera l’éclaircissement des lignes politiques. Nul hasard que la période ait suscité l’intérêt des historiens et chercheurs documentant de leur travaux la période, parmi lesquels ceux d’Abdoulaye Bathily, acteur de premier plan de la séquence.

Solitude du pouvoir et germes d’une violence politique structurelle

Il se dégage à la lecture de cette séquence une constante : Senghor a longtemps gouverné sans une partie importante des élites. Et même lorsque ces dernières l’ont rejoint, la fusion n’était jamais totale. Il est de tout temps resté des relents d’une incompatibilité originelle, d’un malaise démocratique, que les évènements tragiques ont exacerbé.

Cette configuration politique semble être restée une des facettes de l’identité politique nationale. Malgré l’avènement du multipartisme en 74, la pléthore des courants politiques, le pays est resté marqué par ces manifestations tantôt sourdes tantôt grondantes de violence. Conséquence de cette politique toujours dans l’urgence, soumise aux lois des évènements, heureux ou malheureux, et de ces exercices de concorde nationale souvent hasardeux : d’autres chantiers sont restés dans l’ombre, comme celui de la construction d’une nation. Résultat des courses : une réalité politique qui s’entête à survivre au temps qui passe, marquée par une paix armée qui s’embrase de façon cyclique sous des brasiers sociaux, avec des accents tragiques. Une situation qui appelle urgemment une démocratie réelle : sociale, politique, économique, culturelle et religieuse. Un chantier total qu’hélas aucune offre politique n’a porté depuis l’indépendance, et encore plus inquiétant, qu’aucun courant ne porte aujourd’hui.

elgas.mc@gmail.com

Retrouvez sur SenePlus, un jeudi sur deux, "Mémoriales", la nouvelle chronique d'Elgas sous le même format que la précédente, "Inventaire des idoles".

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