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UNE NOUVELLE DE LOUIS CAMARA

ALLO, MONSIEUR LE MINISTRE

Alors, tous ensemble se tournent vers elle et improvisent en chœur un nouveau « taassou » endiablé : madame Keïta, Keïta Mandé Mory Xanaa xamuloo li xéw ? Maodo sunu yakar Maodo sunu mbër Moodi ministar bu bees bi !...

Louis Camara  |   Publication 15/09/2020

À mon grand frère Makhily Gassama

Lorsque le téléphone sonne, bruyant, intempestif, le tirant de sa torpeur, Maodo ne peut s’empêcher de lancer un juron avant d’étendre lourdement le bras pour décrocher l’appareil et mettre un terme à ses ronronnements aigus. On n’a vraiment pas idée d’appeler à cette heure de la matinée ! Il est presque midi, moment où tous les fonctionnaires Sénégalais sont vautrés dans une torpeur bovine, assommés par la chaleur torride et l’atmosphère d’étuve qui règnent en ce mois d’Août, en plein cœur de l’hivernage. « Allo ?... »

Interroge Maodo d’une voix pâteuse, maussade. Le téléphone grésille un petit moment, puis une voix au débit rapide saccade des phrases dont Maodo seul, l’oreille collée sur l’écouteur, peut saisir le sens.

En face de son bureau, sa collègue, Madame Keïta, « drianké » adipeuse dont les formes généreuses débordent amplement de la chaise où elle est afalée, ronfle doucement, un sourire béat sur les lèvres… Sans doute rêve t- elle du prochain « yendou »qu’elle va passer chez son amie et non moins cousine à plaisanterie Madame Coulibaly qui, comme elle, est adepte des plaisirs du palais et adore le mafé et le soupou kandia.

Plongée dans les bras de Morphée, madame Keïta ne peut donc voir l’étrange métamorphose de son collègue de bureau Maodo Kane dont les deux mains, cripées sur le téléphone, sont en proie à un tremblement nerveux et sont tellement agitées que l’on pourrait croire que l’appareil va bientôt leur échapper et tomber.  Mais le plus étonnant, c’est la transformation qui s’opère progressivement sur le visage d’habitude lisse de Maodo.

De fines ruelles de sueur l’ont brusquement recouvert, en dépit de la fraîcheur ambiante créée par le climatiseur, et des sortes de bourrelets se sont formés à sa surface comme s’il avait eu la chair de poule sous l’effet d’une subite allergie. Les ailes de son nez naturellement épaté se sont encore élargies et ses narines frémissent à toute vitesse ; prises d’un irrépressible tremblement, ses lèvres charnues frissonnent aussi imperceptiblement et ses yeux dilatés ressemblent à présent à une paire de grosses billes de verre.

Fait encore plus bizarre, ses cheveux se sont hérissés comme si un fantôme lui est apparu et sa voix devenue blanche, éraillée, émet avec difficulté des borborygmes plutôt que des paroles, adressées à son interlocuteur à l’autre bout du fil. Ce singulier ménage dure une bonne dizaine de minutes au bout desquelles la voix qui a appelé se tait.

Alors, Maodo raccroche, tremblant encore de tous ses membres. Visiblement ébranlé par ce qu’il vient d’entendre, il ressemble à un homme qui vient de recevoir une bonne décharge éméctrique, et n’eût été le papillotement incessant de ses cils, l’on jurerait que la foudre lui est tombé dessus. Soudain, sans raison ni mobile apparents, Maodo, bondit comme un diable hors de sa boite et, mû par un invisible ressort, se met à exécuter au beau milieu du bureau une danse endiablée qui ressemble à ce qui pourrait bien être le « bougarabou » des Diola, tout en poussant des cris suraigus. Il est dans un état d’excitation proche de l’hystérie…

Tirée brutalement de son sommeil par ce boucan inattendu, ùadame Keîta a quitté le monde de ses rêves gastronomiques et un mince filet de salive blanchâtre s’écoule le long de sa joue gauche tandis qu’elle écarquille ses yeux rouges de sommeil, croyant être victime d’une hallucination. Quant à Maodo, sa danse est de plus en plus frénétique et ponctuée de cris perçants où se mêlent, à parts égales le triomphe et la, joie… « Mais ?!... Maodo ?!... Qu’est-ce que c’est ça ?!... Li lu mu doon ?!... » S’écrie Madame Keïta à la fois interloquée et effrayée, pensant sans doute que Maodo est victime d’une subite crise de démence…

Mais pour toute réponse Maodo accélère le rythme de la danse et passe du « bougarabou » au plus débridé « sabar », improvisant au passage une chansonnette sans queue ni tête sur un air connu de « taassou ». Avant même que madame Keïta n’ait eu le temps de reprendre ses esprits ou de se poser d’autres questions, quatre ou cinq de leurs collègues des bureaux voisins déboulent en chantant, dansant et battant des mains et forment un cercle autour de Maodo qui continue à faire se contorsionner son grand corps dégingandé dans tous les sens. La pauvre Madame Keïta qui n’y comprend plus rien et ne peut néanmoins se résoudre à croire que tous ses collègues ont sombré en même temps dans la folie, se met alors à crier de toutes ses cordes vocales avec son accent Bambara très prononcé : « Mais enfin !... Yeen, wax leen ma lu xew¹ !... »

Alors, tous ensemble se tournent vers elle et improvisent en chœur un nouveau « taassou » endiablé : madame Keïta, Keïta Mandé Mory Xanaa xamuloo li xéw ? Maodo sunu yakar Maodo sunu mbër Moodi ministar bu bees bi !... (Madame Kéïta, Keïta Mandé Mory Vous n’êtes donc pas au courant de la nouvelle? Maodo notre espoir Maodo notre champion Est le tout nouveau ministre) Puis, ils se mettent à taper des mains, à faire du tamtam sur les tables du bureau, reprenant en choeur les couplets improvisés tour à tour par les uns et les autres. « Hé Djigui hèrè ! Allah Mansa ! Comment est-ce possible !... Maodo ?!... Ministre ?!... Mais où avez-vous appris cela ?!... « Mais Mme Keïta, où étiez vous ?!... Vous n’avez donc pas écouté la radio tout à l’heure ?!... le communiqué est passé trois fois aux informations de midi ! ». « Par décret présidentiel, monsieur Maodo Kane, greffier en chef au tribunal de Keur Massar, matricule 234 658/Z en service au ministère de la justice est nommé Ministre de la sécurité sociale et de la qualité de la vie en remplacement de Monsieur Moussa Diol appelé à d’autres fonctions. Le présent décret prend effet à partir de son adoption par l’Assemblée nationale… »

Alors là, Mme Keïta ne peut s’empêcher de laisser éclater toute sa joie. S’extrayant de sa chaise avec une souplesse que l’on n’aurait jamais pu lui soupçonner, elle fait une pirouette et deux entrechats avant de se jeter dans les bras de Maodo qui manque se retrouver par terre. « Hé Allah !... Maodo !... Quelle grande joie !... Quel honneur pour nous tous !... » Et de sa voix puissante, elle entonne en Bambara un chant de louanges en l’honneur de Maodo qui, submergé par l’émotion, craque et se met à verser des torrents de larmes… ministre !... ministre de la Republique !... Il ne parvient pas à y croire… Et pourtant, c’est vrai, absolument vrai : la preuve vivante en est la présence de ses collègues de bureau qui, en apprenant la nouvelle par la radio, ont accouru comme un seul homme pour lui témoigner toute leur solidarité fraternelle.

L’envolée impériale de madame Keïta a eu pour autre effet de faire cesser la bamboula et de faire reprendre leur sérieux aux collègues du nouvel élu de la nation. L’un après l’autre, ils s’approchent de Maodo pour le féliciter chaleureusement, le gratifier d’accolades appuyées et de bourrades amicales : “ Waw goor way! Felicitations Maodo ! Tu l’as bien mérité après tout !... » Puis, après un bref et dernier taassou, chacun regagne son bureau, le sourire aux lèvres, l’air satisfait, convaincu qu’avec la nomination de Maodo, l’heure de la promotion a également sonné pour eux…

Leurs collègues partis, Maodo se retrouva seul avec madame Keita comme cela se passe depuis quinze ans qu’ils travaillent ensemble dans ce bureau des greffes du ministère de la justice. Des larmes de bonheur coulent encore le long de ses joues mangées par une barbe d’au moins trois jours et il continue à marmonner des paroles décousues, sous l’effet du choc que lui a causé l’incroyable nouvelle.

Visiblement émue elle aussi, Madame Keîta a posé ses mains sur son opulente poitrine recouverte des broderies chatoyantes de son grand boubou en « cuup » malien. Comme elle a l’habitude de le faire lorsqu’on lui annonce une bonne nouvelle, elle a sorti de son sac à main en peau de crocodile un parfum de qualité dont elle s’asperge abondamment, embaumant du même coup tout le bureau. Elle regarde son collègue d’un air béat et une petite moue d’étonnement mêlée d’admiration se dessine sur sa bouche épaissie par le rouge à lèvres.

(À suivre…) dans notre édition du mardi 22 septembre

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