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PAR MUSTAPHA SAHA

BERNARD DADIÉ, LE DÉCOLONISATEUR DE LA LANGUE FRANÇAISE

Le continent n’a pas produit des milliers de Bernard Dadié - Avec ce virtuose de tous les genres littéraires, la langue française se libère de ses démons colonialistes parce qu’elle s’africanise, se revitalise d’une esthétique magique

Jeune Afrique  |   Mustapha Saha  |   Publication 17/03/2019

L’écrivain et ancien ministre ivoirien Bernard Dadié s'en est allé le 9 mars dernier, laissant derrière lui une langue française libérée de ses démons colonialistes parce qu’elle s’africanise. 

Bernard Dadié aura vécu 103 ans sans que sa prodigieuse intelligence ne prenne une ride. Avec ce virtuose de tous les genres littéraires, la langue française se libère de ses démons colonialistes parce qu’elle s’africanise, se revitalise d’une esthétique magique, parce qu’elle s’oralise, se régénère d’une poétique thaumaturgique parce qu’elle se « négritise », se « décolonialise », parce qu’elle s’éclaire des sagesses de la mère des civilisations.

Je fis la connaissance de Bernard Dadié, dans les années 1970, par l’intermédiaire d’Aimé Césaire. Il occupait, à l’époque, d’importantes fonctions dans le gouvernement ivoirien, avant d’être ministre de la Culture. Ses conseils me furent d’emblée d’une précieuse utilité. Il était, dès lors, à mes yeux, la personnification du conteur affable et bienveillant, le griot transmetteur de connaissances intemporelles. Jeune sociologue, j’étais sollicité par la multinationale Société commerciale de l’Ouest africain pour élaborer une nouvelle méthode d’alphabétisation. Les anciennes entreprises françaises en Afrique utilisaient encore des manuels de la période coloniale, illustrés de caricatures infantilisantes. La dernière fois que je revis Bernard Dadié, je lui remis mon Manifeste des littératures francophones.

Il le lut devant moi et me dit : « Tu as raison. La langue française n’est pas la propriété privée des Français. Elle s’enrichit et s’embellit de toutes les plumes amoureuses. »  Un regard d’ensemble sur son œuvre foisonnante l’inscrit naturellement dans la grande tradition orale, le joyeux mélange des registres, l’alternance des contes, des mythes, des légendes, des maximes, des charades. Un genre sans genre, un n’zassa, mot baoulé signifiant un patchwork de pagnes.

Indépendantiste engagé et poète confirmé

Bernard Dadié se défendait d’être un romancier, un bricoleur de fictions. Il se voulait penseur et poète, chroniqueur lucide de son temps. Ses personnages étaient réels, faits de chair et de sentiments, des relateurs des mœurs et des coutumes, des scrutateurs des différences et des convergences entre cultures, des détecteurs des valeurs élémentaires d’une humanité solidaire.

Indépendantiste engagé et poète confirmé dès la prime enfance, Bernard Dadié ne découvrit Paris qu’en 1956, à 43 ans. Il participa, dans l’emblématique amphithéâtre Descartes de la Sorbonne, au Congrès des écrivains et artistes noirs, organisé par Alioune Diop, fondateur de Présence africaine, aux côtés de nombreux auteurs devenus mythiques, Aimé Césaire, Amadou Hampâté Bâ, Léopold Sédar Senghor, Frantz Fanon, René Depestre, Edouard Glissant, Richard Wright, James Baldwin… Picasso signa l’affiche.

« Aujourd’hui, ces hommes noirs nous regardent. Des torches noires, à leur tour, éclairent le monde, et nos têtes blanches ne sont plus que de petits lampions balancés par le vent », écrira Jean-Paul Sartre dans Orphée noir, sa préface à l’Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de la langue française de Senghor.

Renverser les rôles

Dans Un Nègre à Paris, Bernard Dadié, à travers son personnage, l’observateur africain Tanhoé Bertin, renverse les rôles, se fait ethnologue de la capitale du colonisateur, recense, d’un œil curieux et malicieux, les réussites et les discordances, les paradoxes et les dissonances, démystifie la supériorité blanche dans sa vitrine mégalopolitique. Le récit se constitue d’une longue et seule missive adressée à un ami anonyme resté au pays.

Paris métaphorise toute la civilisation occidentale. La fascination fantasmatique se confronte aux réalités. La satire, ponctuée de réflexions graves, s’éclabousse d’éclats de rire. Le narrateur constate, dans cette société de consommation, le conditionnement de l’être par ses besoins préfabriqués. « Ne veut-on pas faire de l’humain un robot, un perroquet, un mannequin ? Ne veut-on pas lui enlever ce qui donne un sens à sa vie, le droit de penser librement ? ».

La pensée unique impose les mêmes appétences, les mêmes homogénéités stérilisantes. Les Parisiens ne vivent pas. Ils se conforment aux règles préétablies. Les Africains, au lieu de se moderniser sans corrompre leurs racines ancestrales, s’occidentalisent et se griment dans des postures théâtrales. Le continent n’a pas produit des milliers de Bernard Dadié. C’est-à-dire des auteurs qui prennent le risque de se demander, avec un pessimisme lucide teinté d’espoir comment « rester soi-même dans un monde aux cadres brisés, aux valeurs avilies, dans un monde où l’on vous demande de fermer les yeux, la bouche et les oreilles, et de vous laisser conduire comme un mouton à l’abattoir ».

Les dérives déshumanisantes de la société occidentale signalaient alors les périls menaçant le devenir planétaire après la Seconde Guerre mondiale. Bernard Dadié, guetteur avisé de l’imprévisible prédisait déjà : « Nous ne savons même pas vers quelle rive nous pourrons aborder, le gouvernail n’étant pas en nos mains ». En cette année charnière de 1956, pendant qu’il notait minutieusement ses observations sur la vie parisienne, la puissance coloniale, malgré sa défaite au Vietnam et son embourbement en Algérie, s’accrochait encore, désespérément, à son immense empire. L’Union française, censée abolir l’indigénat, était vite balayée par les vents de l’histoire. Les indépendances africaines s’octroyaient avec des accommodements arbitraires qui hypothéquaient lourdement leurs lendemains. Le poète savait qu’il n’y aurait de véritables libérations qu’à travers les solutions inédites inventées par les Africains eux-mêmes.

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