GAUCHE SENEGALAISE, CARTOGRAPHIE ET CONTEXTE HISTORIQUE (1/10)
EXCLUSIF SENEPLUS - A cette époque des années 40, 50 et 60, trois blocs de pensée dominaient la scène idéologique et politique sénégalaise : les socialistes-progressistes, les marxistes-léninistes et les nationalistes-panafricanistes

A la fin de la seconde guerre mondiale (1939-1945), il n’était plus cohérent pour la France, de continuer à coloniser et à dominer des territoires en Afrique occidentale et équatoriale quand ce sont ces mêmes africains qui vont libérer cette même France de la colonisation et de la domination de l'Allemagne entre 1941 et 1945. Un seul mot était le mot d'ordre chez les peuples africains - l'Indépendance - et l’heure avait sonné pour choisir fondamentalement, les modalités pratiques de l’indépendance et de la libération des territoires africains envahis par la France. C'est ce qui motive la création du RDA (Rassemblement Démocratique Africain), la grande plateforme fédéraliste, constituée au congrès de Bamako en octobre 1946 et dont la ligne politique était l'Indépendance et le fédéralisme. De Bamako, et de retour dans leurs pays respectifs, un mot d'ordre avait été donné et consistant à la création de parti politique local affilié à la RDA. Pour le Sénégal, Léopold Sédar Senghor, tout comme Mamadou Dia, ne sont pas allés à Bamako et n’ont pas pu participer au Congrès de 1946, parce que la France leur avait interdit d'y participer. Comme parti politique, seul, l’UDS (Union Démocratique Sénégalais), au Sénégal, avait pris part au Congrès de Bamako en 1946.
Alors, comme on ne rechigne pas avec le cœur à l'ouvrage sur un empire colonial avec son vaste étendue (8 colonies en Afrique occidentale, pour une superficie de 4 689 000 km2 et 4 colonies en Afrique équatoriale, pour une superficie de 2 500 000 km2), des ressources humaines productives et des dotations factorielles immenses, la France va tout faire pour saborder et saboter ce vaste mouvement et engouement des indépendances en Afrique de l'ouest et en Afrique équatoriale. Déterminés à reconquérir leur liberté de pensée et d’actions, le sens de l'initiative pour une reprise en main de leur propre destin et une renégociation de leur place dans l'espace et dans le temps, les peuples africains des territoires colonisés vont pousser la France coloniale à des compromis. C’est ainsi qu’entre 1946 et 1963, l’empire colonial français deviendra successivement l’Union française (1946), la loi-cadre introduisant la semi-autonomie (1956), puis la Communauté française (1958) et, enfin, l’indépendance (1960).
Le Sénégal, complètement à Gauche
A cette époque, le Sénégal se situait idéologiquement, carrément à gauche, précisément dans le Socialisme et dans le nationalisme de gauche, qui tous deux, renferment plusieurs courants de pensée en leurs seins. Et les leaders sénégalais de la Gauche de l’époque - qu’ils soient socialistes, marxistes-léninistes ou nationaliste -, n’étaient pas tous d’accord sur les variantes et courants idéologiques sur lesquels il fallait s’inscrire et sur lequel des rails de la Gauche Socialiste et/ou nationaliste, il fallait poser la locomotive et ses wagons - le Sénégal - pour entamer sa nouvelle trajectoire. A cette époque-là des années 40, 50 et 60 et des emprises idéologiques, trois blocs de pensée dominaient la scène idéologique et politique sénégalaise : les socialistes-progressistes, les marxistes-léninistes et les nationalistes-panafricanistes.
Pour les socialistes-progressistes qui étaient aussi des socialistes modérés, c’était clair et net que ce sont sur les voies du socialisme scientifique qu'il faut impérativement inscrire la trajectoire du Sénégal à l'aube de son indépendance.
Pour les marxistes-léninistes qui étaient eux les socialistes radicaux, c’est par contre sur les voies du matérialisme historique qu'il faut poser le Sénégal. Quant aux nationalistes-panafricanistes qui étaient aussi des ‘’alternativistes’’, le salut du Sénégal ne se trouve ni dans le socialisme ni dans le marxisme encore moins dans le léninisme, mais dans l'Unité culturelle africaine et dans le fédéralisme, par la réhabilitation des langues nationales (africaines) comme langues d'éducation, de formation et de travail, pour nous inscrire sur les voies de l'industrialisation (plutôt que l'agriculture) par le biais de la technique pour dominer et maîtriser la nature. Pour les nationalistes-panafricanistes, l’avenir du Sénégal n’était souhaitable qu’au cœur d'un Etat fédéral africain.
A suivre...
Siré Sy est fondateur du Think Tank www.africaworldwidegroup.org