VIDEOMACKY SALL DÉVOILE LES TRAHISONS QUI ONT FORGÉ SON DESTIN
Dans un entretien exclusif au podcast H5 Motivation, l'ancien président livre un témoignage saisissant sur les mécanismes impitoyables de l'abandon politique qui l'ont mené de la disgrâce à la victoire présidentielle

Dans un entretien exclusif accordé au podcast H5 Motivation d'Aziz H. Rok, l'ancien président Macky Sall a livré un témoignage saisissant sur les trahisons qui ont marqué son parcours politique, révélant les mécanismes impitoyables du pouvoir africain.
L'épisode le plus marquant de ces trahisons remonte à la fin de son mandat de président de l'Assemblée nationale sous Abdoulaye Wade. "Les problèmes ont commencé en vérité avec mon parti", confie Macky Sall, évoquant une "loi me destituant en tant que président de l'Assemblée nationale" qui l'a contraint à démissionner de tous ses mandats, y compris celui de maire de Fatick qu'il occupait depuis 2002.
Cette destitution marque la rupture définitive avec le Parti Démocratique Sénégalais (PDS) qu'il avait rejoint en 1989 et où il avait gravi tous les échelons jusqu'à devenir le "numéro 3" du parti avant l'accession de Wade au pouvoir en 2000.
L'ancien président décrit avec une lucidité frappante le mécanisme de l'abandon politique : "Lorsqu'on est dans le combat politique et qu'on sent que la terre se dérobe, qu'on est dans une phase difficile, qu'on vous désigne pour vous abattre, évidemment le vide s'organise automatiquement autour de vous."
Les détails qu'il livre sont saisissants. Quand il était Premier ministre, "c'était pas moins de 30 véhicules" qui l'accompagnaient en déplacement, "tous ceux qui venaient directeurs généraux, autres ministres trouvaient le prétexte pour vous accompagner". Mais dès sa disgrâce, "j'étais isolé seul dans le salon" à l'aéroport, les gens "allaient vite prendre leur café à côté, ils trouvaient toujours le prétexte pour ne pas être à vos côtés surtout lorsque le chef était là."
Macky Sall évoque des "scènes surréalistes" vécues pendant cette période de transition, notamment lors des protocoles officiels où il accompagnait encore le président Wade mais se retrouvait ostracisé par ses anciens collaborateurs. Cette expérience lui a enseigné que "les gens ils ont peut-être très gentils, mais ils n'ont pas envie de mourir avec vous, ils vous laissent seul mourir."
Face à ces trahisons, l'ancien président a développé une philosophie particulière : "Il y a des trahisons tout le temps dans la vie et à tous les niveaux. Trahison dans les couples, trahison dans les familles, trahison dans les partis politiques, trahison dans les États, dans les gouvernements. Mais ça ne doit pas vous décourager par rapport à l'essentiel de votre combat."
Il refuse de se concentrer sur les rancœurs : "Si on doit se concentrer sur un tel m'avait fait ça quand moi j'étais en disgrâce, c'est qu'on n'est pas digne d'assumer le rang de leader qu'on prétend être."
Malgré l'incertitude de l'époque - "En créant mon parti, j'avoue que je le créais non pas parce que j'étais convaincu qu'on obtiendrait quoi que ce soit" - Macky Sall a choisi de fonder l'Alliance pour la République avec "une poignée d'amis" qui l'ont suivi dans cette aventure.
Cette décision s'enracine dans les valeurs héritées de son éducation : "Les valeurs de courage, de dignité et d'honneur. On préfère mourir debout que de capituler. Surtout que j'avais le sentiment de n'avoir rien fait de mal."
L'histoire donnera raison à cette prise de risque. Comme le souligne ironiquement l'ancien président : "C'est moi qui vais le remplacer à la tête du pays en 2012, comme quoi l'histoire réserve parfois des surprises."