IGNOMINIE INDIGNE
Tels des bulldozers, ils foncent, détruisent tout sur leur passage, bercés par un irrépressible sentiment d’impunité. Qu’importe qu’on bascule dans l’injustice, piétine l’investissement des gens, le but étant d’arriver à ses fins

Sur un pan de la clôture de chantier en zinc qui délimite l’immeuble de l’Ipres, en travaux de rénovation de ce qui était l’hôtel indépendance, une grande pancarte donnant sur la place éponyme émet un message : « La Grande Pharmacie Dakaroise est transférée provisoirement pour cause de travaux au 43 Bd Djily Mbaye en face de l’hôtel de ville dans les anciens locaux de Téléphone du Monde .»
En clair, la pancarte qui trône là depuis 5 ans, comme un contrat de fidélité à une clientèle à qui on demande de patienter, exprime le pressant désir de les retrouver très prochainement dans ces mêmes locaux, à la fin des aménagements.
Par sa longue présence et l’explicite de son message, la pancarte ainsi plantée est un cinglant désaveu à tout ce micmac auquel on assiste autour de ce qui ressemble fortement à une nauséabonde opération concertée de spoliation où se mêlent irresponsabilité, démission, calculs personnels et égoïstes, et surtout absence de morale et d’éthique. Car enfin comment comprendre toutes ces explications qui sont servies ? Comment comprendre le retournement de veste de la DPM qui n’est rien d’autre qu’une démission devant ses responsabilités (voir Itw ci-contre).
Ainsi a-t-il été prêté à Mme Aïcha Goundiam, épouse Mamadou Mbodji, psychologue, de vouloir délocaliser son officine à Diamniadio, de n’avoir pas demandé de bail à l’Ipres. Un grand n’importe quoi en somme puisqu’il n’en a jamais été question. Bien au contraire, pour y avoir travaillé depuis 1978 et en avoir été la patronne à partir de 1982, elle a pris le soin d’introduire le 23 août 2017, une demande de réservation auprès du directeur général de l’Institution pour l’attribution du local de l’immeuble rénové. Ce dernier répondra positivement à sa requête le 17 décembre 2018. Pendant 38 ans, Mme Aicha Goundiam, une sénégalaise bon teint, fille de feu l’ancien procureur Goundiam, a décidé de vivre du produit de son travail, à la sueur de son front, sans passe-droit, parce que son éducation lui interdit de se prévaloir d’être « fille de… »
Et voilà qu’une dame, pharmacienne de son état , après avoir perdu son officine ,( Vente ? Saisie ?) revient à la charge. Et puis, certainement faisant preuve de son entregent, épouse Balde, fille de l’homonyme du président de la République, elle arrive à créer du désordre dans la vie de braves gens.
Après avoir reçu un avis favorable, avoir contacté les différents services concernés, Mme Mbodji se voit menacée d’être délestée de son travail. Un local occupé pendant de si longues années, sans anicroches, qu’elle compte (impossible de parler au passé) retrouver avec son personnel pour signer ainsi la fin d’un intermède qui n’aura pas été sans conséquence puisqu’elle aura perdu 40% de son chiffre d’affaires, sans que ses charges n’aient diminué.
Finalement ce que tout cela dit, c’est que le Sénégal peine à être un Etat de droit, et pire encore que certaines structures et organisations censées en être les garants sont enclines à s’aplatir toute honte bue, à la moindre injonction de l’autorité, même si elle piétine allègrement ses propres principes. Parfois elles devancent même les désirs du chef, quitte à avaler des couleuvres et à se discréditer totalement. Or donc, cette pancarte dément toutes ces interventions qui sont cousues de fil blanc tant elles apparaissent comme une volonté manifeste de vouloir tenter de justifier l’injustifiable.
Les faits sont là, têtus, en même temps qu’ils dévoilent la brutalité et l’arrogance de certaines manières de faire qui n’ont aucun égard, pour l’investissement et le travail accompli, encore moins pour l’éthique et la morale, puisque ne compte à leurs yeux que la force qu’ils détiennent à partir de leurs positions de pouvoir.
Tels des bulldozers, ils foncent, détruisent tout sur leur passage, bercés par un irrépressible sentiment d’impunité. Qu’importe qu’on bascule dans l’injustice, piétine l’investissement des gens, le but étant d’arriver à ses fins. Dans ce cas-ci, il s’agit assurément d’une utilisation inapproprié du pouvoir dont le rôle est plutôt d’être garant du droit , de l’intérêt général et de favoriser ainsi le sentiment d’appartenance au risque de basculer dans le cas contraire dans une disruption qui hiérarchise et compartimente la société, accumulant des frustrations susceptibles d’installer l’anomie.
L’inadmissible c’est en effet ce sentiment de colère face à l’injustice. Aussi on ose espérer que ce coup de jarnac ne va pas prospérer et que tous les responsables veilleront à mettre un terme à ce qui ressemble fort à un harcèlement moral visant à perpétrer une ignominie indigne de notre pays.