Seneplus.com
  • La Une
  • Politique
  • Economie
  • International
  • Sports
  • People
  • Opinions
  • Societe
  • Annonces
  • Culture
  • Medias
  • Diaspora
  • Femmes
  • Développement
  • Santé
  • Éducation
  • SENEPLUS TV
  • Baromètres
  • #SilenceDuTemps
  • NELSON MANDELA
  • LEOPOLD SENGHOR
  • CHEIKH ANTA DIOP
 
18 juin 2025
FacebookTwitterRSS
Seneplus.com
Opinions
  • La Une
  • Politique
  • Economie
  • International
  • Sports
  • People
  • Opinions
  • Societe
  • Annonces
  • Culture
  • Medias
  • Diaspora
  • Femmes
  • Développement
  • Santé
  • Éducation
  • SENEPLUS TV
  • Baromètres
  • #SilenceDuTemps
  • NELSON MANDELA
  • LEOPOLD SENGHOR
  • CHEIKH ANTA DIOP
Par FRANK GERITS

LA FRANCE SOUHAITE AMÉLIORER SES RELATIONS AVEC L’AFRIQUE, MAIS ELLE S’Y PREND MAL

Tant que des dirigeants comme Macron ne se rendront pas pleinement compte du dégoût ressenti pour les interventions françaises dans les affaires africaines, les relations Afrique-France ne s’amélioreront pas

FRANK GERITS  |   Publication 23/12/2021

L e président français, Emmanuel Macron, s'est engagé à revoir les relations de son pays avec l'Afrique. En 2017, six mois après son investiture, il s'est rendu à l'université de Ouagadougou, au Burkina Faso, où il a prononcé un discours annonçant une nouvelle politique française axée sur la jeunesse africaine. Il voulait tisser de nouveaux liens avec l'Afrique francophone et anglophone tout en reconnaissant les traumatismes causés par le colonialisme français. La guerre d'Algérie, par exemple, pour l’obtention de son indépendance de la France, qui a eu lieu entre 1954 et 1962, reste une blessure ouverte pour de nombreux Africains. Quatre ans plus tard, la visite de Macron a été suivie d'un événement clé illustrant la nouvelle orientation des relations AfriqueFrance. Il a accueilli le Nouveau Sommet France-Afrique à Montpellier, le 8 octobre 2021. Des représentants de la société civile de France et d'Afrique se sont rencontrés pour discuter de sujets tels que « l'engagement citoyen et la démocratie » et « l’entreprenariat et l’innovation ». Le sommet, organisé avec l'aide de l'intellectuel et philosophe camerounais Achille Mbembe qui a également été chargé de rédiger un rapport sur les relations franco-africaines, devait être « radicalement différent ».

Au lieu d’avoir des chefs d'État présents, les jeunes ont débattu entre eux. Lors d'une table ronde, de jeunes entrepreneurs africains ont accusé Macron de perpétuer les politiques néocoloniales françaises en Afrique. Ils ont mentionné le soutien de la France à Mahamat Idriss Déby, le nouveau dirigeant du Tchad. Cette critique de l'approche de Macron est partcilulièrement pénible pour le ministère français des Affaires étrangères car l'événement était censé éloigner la France de la Françafrique. Elle consiste à maintenir une sphère d'influence construite sur des alliances personnelles avec des hommes forts africains. Cette forme de realpolitik a débuté sous le Président Charles de Gaulle (1959-1969) et a atteint son apogée sous Georges Pompidou (1969-1974). Jacques Foccart, qui était Secrétaire générale pour les affaires africaines et malgaches sous les deux présidences, est devenu leur homme de main. Surnommé « Monsieur Afrique », il est considéré comme le cerveau de plusieurs coups d'État en Afrique.

RETOUR VERS LE PASSE

Comme le montrent mes propres recherches, la nouvelle approche de Macron – qui consiste à se concentrer sur la diplomatie culturelle – n'a rien de nouveau, étant donné qu’elle a été testée dans les années 1950 sans succès. Par ailleurs, il y a peu de chance d’obtenir de bons résultats cette fois encore, parce que cette approche ne correspond pas à la vision du monde des Africains – un monde composé d'impérialistes et d'anticolonialistes, où la nécessité d'une décolonisation fondamentale de la société est constamment mise en avant. Le plan de Macron ne tient pas non plus compte des injustices d'un système économique inégalitaire dominé par le Nord au détriment du Sud. Selon lui, répondre aux « aspirations des jeunes » en Afrique améliorera les relations internationales. Dans cette optique, la stratégie africaine de la France des années 1950, qui reposait sur la diplomatie culturelle – un échange d'idées, de valeurs, de traditions et d'autres aspects de la culture – est en train d'être relancée. Après 1945, les syndicalistes africains et d'autres membres de la société civile commençaient à formule des revendications politiques et ont réclamé de nouvelles relations avec Paris. Madagascar était en proie à une violente révolte nationaliste contre la France, de 1947 à 1948. Dakar, la capitale du Sénégal, est devenue l'épicentre du militantisme anticolonial, les syndicats devenant plus politiques, à l’image de la grève générale de 1946.

En réaction, des magazines français tels que Paris-Match et Bingo étaient proposés dans les centres culturels de l'Afrique occidentale française, dans le cadre d'un plan visant à diffuser la culture française pour servir de tremplin vers la modernité et vers une position sociale plus élevée pour les Africains. Ce que l'on appelait « modernisation » dans les années 1950 est aujourd'hui rebaptisé « entreprenariat » par Macron. À titre d’exemple, on peut citer la création de « Digital Africa », une initiative mise en place par l’Agence française de développement pour aider les startups technologiques en Afrique francophone.

VIEILLE RECETTE

La volonté du dirigeant français de s'aventurer au-delà de l'Afrique francophone ainsi que son recours à un intellectuel africain (Mbembe) pour vendre sa vision sont également une vieille recette. En octobre 1955, Léopold Senghor – président du Sénégal de 1960 à 1980 – alors ministre chargé des Affaires culturelles internationales au sein du gouvernement français d’Edgar Faure, s’est rendu à Lagos au Nigeria, dans les années 1950. Le voyage de l'un des principaux intellectuels de la Négritude, un mouvement littéraire, devait servir à renouer les liens entre les cultures française et africaine. Senghor considérait la Négritude comme un moyen de relancer la modernisation. L'enseignement du français, en particulier, était important parce qu’il facilitait l'étude des sciences et renforçait la mobilité sociale des classes inférieures. Celles-ci seraient en mesure, tout comme les élites, de se familiariser avec la France, qui était, selon la définition de Senghor, un lieu d'innovation et d'imagination.

En enseignant le français à un plus grand nombre d'Africains, d’autres classes sociales auraient accès à toute la science que la France pouvait offrir. Senghor avait, en effet, fait de la Négritude qui cherchait à réaffirmer les valeurs, l'art et la culture « noirs », en mettant l'accent sur la langue et la poésie francoafricaines, un instrument de développement. Comme Senghor, Mbembe a également été critiqué par des intellectuels africains.

À la fin des années 1950, les diplomates culturels français pensaient même avoir quelque chose de précieux à offrir et ils s’attendaient à un soutien diplomatique en échange de produits culturels. Il a alors fallu rénover des institutions telles que les universités, les centres culturels et les écoles de langues se trouvant dans des endroits comme Dakar et Accra. Les livres français devaient éveiller l’intérêt pour la langue française avec un accent particulier sur les connaissances scientifiques, techniques et médicales.

En mettant en avant les services que la France pouvait offrir, le ministère français des Affaires étrangères souhaitait éviter de piétiner la fierté nationaliste africaine, qui était à son apogée à l'approche de 1960, l'année où 17 pays étaient devenus indépendants. Les efforts de Macron pour donner à l'Afrique des avantages tangibles – un crédit-relais pour le Soudan par exemple – rappellent cette époque.

POURQUOI LE PLAN DE MACRON EST VOUE A L'ECHEC

Pourquoi Macron s’inspire-t-il d'anciennes stratégies ? Il se peut que la réponse à cette question réside, en grande partie, dans le fait que les circonstances internationales actuelles sont très similaires à la décennie qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, lorsque les Soviétiques, les Américains, les Britanniques et d'autres nationalistes africains se sont lancés dans une compétition pour conquérir les cœurs et les esprits de l'Afrique francophone. La croissance économique et l'influence politique croissante de l'Afrique depuis les années 2000 ont attiré des partenaires extérieurs désireux d’établir des relations avec ce continent. La Russie, la Chine, la Turquie, le Japon, l'Inde, le Royaume-Uni et la France ont tous tenu des sommets réguliers avec des États africains. Une politique cynique de livraison d'armes et d'accords commerciaux serait tout simplement inefficace dans un tel environnement, où les Africains se sentent plus sûrs d’eux grâce aux avancées économiques de la dernière décennie.

La stratégie culturelle de Macron, qui cible la société civile, semble donc logique. Mais elle continuera d’être inefficace si elle n’admet pas que de nombreux membres de la société civile africaine n'apprécient pas l'ingérence française. En attestent, les interactions tendues lors des débats à Montpellier. On peut douter, en conséquence, que le retour de la France à la stratégie de la diplomatie culturelle des années 1950 et 1960 donne des résultats très différents. Tant que des dirigeants comme Macron ne se rendront pas pleinement compte du dégoût ressenti pour les interventions françaises dans les affaires africaines, les relations Afrique-France ne s’amélioreront pas. Le recours aux produits culturels ou à la jeunesse africaine n'y fera rien.

FRANK GERITS

Assistant Professor in the History of International Relations, Utrecht University, the Netherlands and Research Fellow at the University of the Free State, Bloemfontein, South Africa, Utrecht University

Articles les plus lus

guerre_iran_israel.jpg
S'ACHEMINE-T-ON VERS UNE GUERRE MONDIALE ?
Le monde est-il en train de s'enliser dans une crise sans précédent avec le conflit entre l'Iran et ...

bl_-_podcast_-_bl_avec_ibou_fall_4n7c4mdukrc_-_853x480_-_1m11s.png
LES VÉRITÉS D'IBOU FALL
Ibou Fall, chroniqueur redouté surnommé "le sniper", n'a pas fait dans la dentelle lors de son passage ...

capture_decran_2025-06-15_a_13.56.37.png
LE FOOTBALL M’A DONNÉ DES FRÈRES ET DES SOEURS AUX QUATRE COINS DU MONDE
Du coiffeur de Salah au professeur d’anglais , de Luis Díaz, des tribunes de Munich aux rues de Paris, ...

rbourgi.jpg
J’AI PEUR POUR LE SENEGAL
Monsieur le Président de la République, Monsieur le Premier Ministre, Mes chers compatriotes, Je ...

capture_decran_2025-06-16_a_18.11.36.png
LE MIGRANT, BAROMETRE, VICTIME ET INSTRUMENT DES TENSIONS INTERNATIONALES
En 2023, selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR), le nombre de personnes ...

Vos articles préférés de la semaine

image1170x530cropped.jpg
L'AMBITION ONUSIENNE QUI FÂCHE
C’est Oumar Youm, qui l’avait théorisé à son élection en 2012 : «Nous allons offrir ...

capture_decran_2025-06-09_a_13.39.20.png
L'ÉVÊQUE QUI RÉCITE LE CORAN
Lors du pèlerinage de Poponguine, Mgr Victoire Ndione a prononcé un discours remarquable qui illustre ...

capture_decran_2025-04-15_a_05.14.23_0_0.png
LE THÉÂTRE DES GOUGNAFIERS D’EN HAUT
Il fallait oser. Oser dire ce que tant de Sénégalais, derrière leurs rideaux ou sur leurs groupes ...

capture_decran_2021-03-24_a_00.50.21.png
LE SILENCE ÉLOQUENT DES UNIVERSITAIRES PÉTITIONNAIRES
Dans son livre de transmission Les Souvenirs viennent à ma rencontre, paru chez Pluriel en 2019, le ...

capture_decran_2025-06-15_a_13.56.37.png
LE FOOTBALL M’A DONNÉ DES FRÈRES ET DES SOEURS AUX QUATRE COINS DU MONDE
Du coiffeur de Salah au professeur d’anglais , de Luis Díaz, des tribunes de Munich aux rues de Paris, ...


La Une

Politique

Economie

International

Sports

Football

Media

People

Opinions

Societe

Annonces

Diaspora

Femmes

Développement

Santé

Éducation

PARTENAIRES DE SENEPLUS

APS
Grand-Place
L'As
L'Enquete
L'Observateur
La Gazette
Le Populaire
Le Quotidien
Le Soleil
Le Témoin
Libération
Nouvel Horizon
Réussir
RFM
RTS
Stades
Sud FM
Sud Quotidien
Sunu Lamb
TFM
Waa Sports

À propos de SenePlus

SenePlus.com est un portail d'informations sur le Sénégal. Nous vous fournissons des articles détaillés, critiques, pertinents sur l'actualité au Sénégal.

Coordonnées

Publicité:
pub@seneplus.com
Informations:
info@seneplus.com
Problèmes techniques:
tech@seneplus.com
Copyright © 2025 SenePlus  |  Publicité  |  Soumettre un Article  |  Nous Contacter  |  Mentions légales  |  Conditions d'utilisation  |  Á propos de nous