LAISSEZ À NOS VIEILLARDS LEURS VACCINS !
Pour donner l’exemple, le président de la République suffisait largement. Avait-on besoin de voir des personnes se précipiter pour, eux aussi, sous l’œil des caméras, tendre le bras et recevoir des doses auxquelles ils n’ont absolument pas droit ?

Lisez plutôt ce qui suit avant de comprendre mon coup de gueule. Des articles que j’ai puisés dans le site d’information de France 24 reprenant des informations que j’ai vues ou entendues aussi bien sur les télévisions que les radios.
Le premier nous donne l’info suivante : « Une affaire de passe-droits à la vaccination qui suscite une colère nationale. Des milliers de personnes ont manifesté en Argentine, samedi 27 février, pour dénoncer les «vaccinations VIP» dont ont bénéficié des dizaines de personnalités du pays. Brandissant des drapeaux bleu et blanc, les manifestants se sont rassemblés devant le siège du gouvernement, sur la plaza de Mayo à Buenos Aires, ainsi que dans plusieurs autres villes. «Rendez-moi mon vaccin», «Qu’ils partent tous», «Cessez de gaspiller notre argent», pouvait-on lire sur leurs pancartes. Le scandale avait éclaté la semaine dernière lorsqu’un journaliste avait déclaré à la radio avoir été vacciné grâce à son amitié avec le ministre de la Santé, Ginés Gonzalez Garcia, qui a dû démissionner dans la foulée à la demande du président Alberto Fernandez… » Arrêtons-nous là.
Le second article dit ceci : « La vaccination contre le Covid-19 de députés en dehors du circuit officiel suscite une forte indignation au Liban. La Banque mondiale est allée jusqu’à menacer de suspendre son financement de la campagne en raison de cette «violation». La polémique enfle au Liban après la vaccination en dehors du circuit officiel de membres du Parlement. La Banque mondiale menace de suspendre son financement de la campagne en raison de cette «violation».
Seize députés et quatre employés du Parlement ont été vaccinés dans les locaux de l’institution, a reconnu, mardi 23 février, son secrétaire général, Adnane Daher. «Ce qui s’est passé aujourd’hui est une violation, nous ne pouvons pas nous taire», a fustigé devant la presse le président de la commission gouvernementale chargée de la vaccination, Abdel Rahmane Bizri. «C’est une tentative de favoritisme (...) Personne n’a le droit d’outrepasser le plan», a-t-il déploré, précisant avoir renoncé à démissionner sur demande de la Banque mondiale ».
Eh bien, vous voyez ! Dans tous ces pays, face à un scandale, on sait démissionner ! Ce n’est hélas pas le cas au Sénégal où nos compatriotes ont assisté, indignés, au rush de VIP de la République sur les maigres doses de vaccins commandées au prix fort — 2,2 milliards de francs ! — par le président de la République. Il s’agit, on le sait, de 200.000 doses qui devaient servir à immuniser 100.000 personnes à raison de deux doses par tête de pipe. Généreux, solidaire, panafricaniste ou tout ce qu’on voudra, le président de la République a pris sur lui d’offrir les 20.000 doses à la Guinée-Bissau et à la Gambie, au nom des liens sacrés du bon voisinage. Là, on ne peut qu’applaudir. Il restait donc 180.000 doses devant servir à vacciner 90.000 happy few.
Le gouvernement nous avait promis, juré, assuré et claironné dans toutes les télévisions qu’un planning strict avait été fait selon lequel seules devaient être vaccinées les cibles prioritaires. A savoir 20.000 agents « en première ligne » du système de santé, les personnes âgées de plus de 60 ans ayant des comorbidités et les forces de défense et de sécurité. Or, qu’avons-nous vu à l’arrivée ? Des membres du gouvernement, des députés, des communicateurs traditionnels « Cube Maggi », des autorités administratives ne figurant absolument pas parmi les cibles dites prioritaires, se ruer pour se faire inoculer les doses censées protéger contre la redoutable pandémie !
Pendant ce temps, des personnes prioritaires car extrêmement vulnérables à la maladie, sont privées des précieuses doses pouvant les préserver de la mort. Interpellées, certaines de ces VIP resquilleuses ont expliqué avoir voulu donner l’exemple — histoire de convaincre les nombreux sceptiques et autres adeptes de la théorie du complot — en se faisant vacciner. Mon œil ! Pour donner l’exemple, le président de la République suffisait largement ! Lui, en tant que premier protecteur des Sénégalais, symbole et incarnation de la Nation, s’il se fait vacciner c’est comme si tout le pays se prêtait à cet exercice. Qu’avait-on donc besoin de voir des charlots se précipiter pour, eux aussi, sous l’œil des caméras, tendre le bras et recevoir des doses de vaccin auxquelles ils n’ont absolument pas droit ?
Le fait pour eux de s’être fait vacciner à la place des véritables ayants droit, c’est-à-dire des personnes qui y ont le plus droit, est un véritable scandale. Ils nous disent qu’ils veulent donner l’exemple ! C’est comme si on était dans un navire sur le point de couler, genre « Titanic » ou « le Joola ». On connaît tous la règle admise mondialement « Les femme et les enfants d’abord ! » Eh bien, sur ce navire en train de couler, donc, nos VIP dont il est question ici se seraient emparées des rares canots de sauvetage disponibles pour sauver leur peau, laissant les passagers prioritaires, c’est-à-dire les femmes et les enfants, s’enfoncer dans les eaux avec le navire.
Des passagers éberlués auxquels ils crieraient tout en s’éloignant rapidement : « Attention, nous avons pris ces canots pour vous montrer comment les utiliser ! » Contrairement à ce qui s’est passé en Argentine, contrairement à ce qui s’est passé au Liban — et aussi au Pérou où les ministres des Affaires étrangères et de la Santé ont rendu le tablier —, personne n’a démissionné au Sénégal bien entendu. Cela ne fait pas partie de notre culture ! Hélas, le procureur de la République, qui « criminalise » à tout-va ces jours-ci, semble fort occupé ailleurs pour traquer ces vrais criminels…