LE POUVOIR DES ARMÉES EN AFRIQUE
L’avenir d’aucun peuple africain ne sera reluisant avec des putschs à répétition, perpétrés par des soldats qui font mal le travail pour lequel ils sont payés : défendre la patrie, protéger le peuple et braver l’ennemi, estime Jean-Baptiste Placca

Le continent africain est souvent le théâtre de coups d'État et de prises de pouvoir militaires, suscitant ainsi l'inquiétude et le désespoir des populations. Dans sa chronique hebdomadaire, le journaliste-éditorialiste de RFI Jean-Baptiste Placca souligne le paradoxe selon lequel les peuples africains, désespérés, en viennent à acclamer des putschistes qu'ils n'ont pas choisis et dont ils ignoraient parfois l'existence. Il met en lumière l'appétit grandissant pour le pouvoir au sein de certaines armées africaines, une situation qui semble condamner le continent à subir ces événements préjudiciables.
Dans cette chronique, Placca revient sur l'interview accordée par le capitaine Ibrahim Traoré, à l'occasion du premier anniversaire de sa prise de pouvoir à Ouagadougou. Il mentionne également la révélation récente d'une tentative de coup d'État, qui aurait pu compromettre cet événement commémoratif. L'auteur souligne toutefois la fragilité des accusations portées contre les putschistes, qui semblent manquer de preuves convaincantes, et invite les citoyens à témoigner pour renforcer un dossier encore peu solide.
Placca soulève également la question du vocabulaire employé par le capitaine Traoré pour qualifier ses camarades putschistes. En évoquant les "valets locaux de l'impérialisme", le dirigeant burkinabè utilise un vocabulaire marxiste qui rappelle les discours des Comités de défense de la révolution d'autrefois. L'auteur remet en question la pertinence de cette dialectique, qui a été utilisée pour détourner l'attention des véritables enjeux auxquels sont confrontés les peuples africains. Il rappelle que cette idéologie a été un échec politique, économique et en termes de droits de l'homme.
Concernant la notion d'impérialisme, Placca souligne que toutes les puissances ont leurs velléités impérialistes, que ce soit les Russes, les Américains ou même la France. Il estime que l'Afrique doit construire sa propre résilience face à l'appétit des impérialistes, en développant une mentalité et une détermination propres, plutôt que de compter sur ce type de discours qui a déjà montré ses limites.
L'auteur admet cependant que le dirigeant burkinabè a le droit de dénoncer une tentative de coup d'État visant à le renverser. Néanmoins, il rappelle que ce même capitaine Traoré est arrivé au pouvoir par un coup d'État et a été acclamé par le peuple, bien qu'il ne soit pas légitimement soutenu par ce dernier. Placca souligne ainsi le paradoxe selon lequel les peuples, désabusés et en quête d'un sauveur, sont prêts à subir des militaires au pouvoir, sans savoir réellement ce qu'ils apporteront de bon ou de mauvais.
Dans le dernier paragraphe de sa chronique, Placca met en évidence le lien entre la stabilité d'un pays africain et la qualité de son armée. Il souligne que les nations qui progressent réellement en Afrique sont celles qui disposent des meilleures armées, composées de militaires qui ne répriment pas violemment les populations, ne se livrent pas à des guerres de pouvoir dans la capitale et qui sont capables de défendre la patrie et le peuple face à l'ennemi. Selon lui, l'avenir de l'Afrique ne pourra être radieux s'il est ponctué de coups d'État répétés, perpétrés par des soldats qui ne remplissent pas leur mission première.