Seneplus.com
  • La Une
  • Politique
  • Economie
  • International
  • Sports
  • People
  • Opinions
  • Societe
  • Annonces
  • Culture
  • Medias
  • Diaspora
  • Femmes
  • Développement
  • Santé
  • Éducation
  • SENEPLUS TV
  • Baromètres
  • #SilenceDuTemps
  • NELSON MANDELA
  • LEOPOLD SENGHOR
  • CHEIKH ANTA DIOP
 
14 août 2025
FacebookTwitterRSS
Seneplus.com
Opinions
  • La Une
  • Politique
  • Economie
  • International
  • Sports
  • People
  • Opinions
  • Societe
  • Annonces
  • Culture
  • Medias
  • Diaspora
  • Femmes
  • Développement
  • Santé
  • Éducation
  • SENEPLUS TV
  • Baromètres
  • #SilenceDuTemps
  • NELSON MANDELA
  • LEOPOLD SENGHOR
  • CHEIKH ANTA DIOP
lettre d'amérique, par rama yade

L’ART DIGITAL A-T-IL UN AVENIR EN AFRIQUE ?

Digital ou pas, l’art africain a besoin d’être soutenu. C’est un secteur qui souffre d’un important déficit de financement : les Etats africains n’y consacrent qu’1% de leur Pib. Partout en Afrique, les artistes luttent pour survivre.

Rama Yade  |   Publication 02/05/2025

Un soft power africain

 L’art africain a le vent en poupe.

En 2021-2022, les auteurs africains ont tout gagné : le Prix Nobel de littérature (le Tanzanien Abdulrazak Gurnah), le Prix Camoes (la Mozambicaine Paulina Chiziane), le Prix Booker (le Franco-Sénégalais David Diop), le Prix Neustadt (le Sénégalais Boubacar Boris Diop) et le Goncourt (le Sénégalais Mbougar Sarr). Dans la même période, Chanel choisit Dakar pour installer sa galerie des métiers d’arts africains. De Dior à Louis Vuitton, le marché de la mode de luxe est aujourd’hui influencé par la culture africaine. Dans l’industrie cinématographique, les films d’inspiration africaine connaissent un succès mondial, comme la série des Marvel autour de Black Panther. Les plateformes comme Netflix ont enrichi leurs programmes avec des contenus venus du Nigeria ou de l’Afrique du Sud. En 2024, Disney a acquis et diffusé la première série d’animation afro-futuriste, Iwaju, créée par la société panafricaine de divertissement Kugali. Dans l’industrie de la musique, Burna Boy est le premier artiste africain à faire salle comble en 2022 dans un stade américain. L’Unesco prédit que le secteur créatif pourrait créer 20 millions d’emplois et générer 20 milliards de dollars de revenus par an en Afrique. C’est le Nigeria qui a porté les industries créatives à un niveau économique inédit au point qu’en 2016, il est devenu la première économie africaine, avant l’Afrique du Sud, après avoir intégré Nollywood dans son Pib. Le marché nigérian du divertissement et des médias est désormais plus dynamique qu’Hollywood.

Une révolution numérique

Au-delà du talent d’artistes exceptionnels, ce momentum africain a été incontestablement favorisé par la révolution numérique sur un continent qui abrite la jeunesse du monde (40% de la population totale ont moins de 15 ans et représentent 27% de la population mondiale). La première décennie des années 2000 a été marquée par une croissance de 44% par an du marché africain de la téléphonie mobile. Et le rythme s’accélère : selon les opérateurs, 87% des Africains devraient posséder un smartphone en 2030 contre 51% en 2022. Avec un nombre croissant de startups, les capitales urbaines africaines sont aujourd’hui hyperconnectées. Parallèlement au développement des services de streaming, des services bancaires mobiles et des cryptomonnaies, l’infrastructure numérique est devenue une opportunité économique vitale dans un contexte d’accélération des échanges.

Le crypto art

Des noms émergent, pionniers de l’art digital africain. Le Nigeria, troisième utilisateur de monnaies virtuelles dans le monde, après les EtatsUnis et la Russie, a naturellement vu arriver les premiers artistes digitaux. En octobre 2021, le Nigérian Osinachi, le crypto-artiste africain le mieux noté, a vendu cinq Nft inspirés des piscines du peintre anglais David Hockney, pour 214 000 $, chez Christie’s. La photographe francosénégalaise Delphine Diallo a vendu 100 œuvres pour 100 000 $ en une heure et demie en novembre 2021. Mono, la toute première galerie en Afrique entièrement consacrée aux Nft, a ouvert ses portes à Tunis en 2022. Le crypto art est un mouvement artistique lié à la technologie du blockchain, elle-même associée à un jeton non fongible (Non-fungible token, Nft en anglais), un fichier informatique inviolable, traçable et unique. Grâce à la technologie Nft, le crypto art a permis aux maisons de vente d’accéder à une nouvelle clientèle, mais surtout a bouleversé la relation entre artistes et collectionneurs : toute une génération d’artistes qui avaient l’habitude de partager leur travail en ligne ont désormais la possibilité de le monétiser. C’est en 2014 qu’a été achetée la première œuvre jamais associée à un jeton non fongible, Quantum (2014) de Kevin Mc Coy, pour 1 472 000 $. En 2021, Christie’s frappe un grand coup en vendant Everydays : The First 5,000 Days de Beeple à 69 millions $ : c’est la troisième œuvre la plus chère pour un artiste vivant. Cette année-là, si les ventes aux enchères ont atteint 17 milliards de dollars selon le rapport annuel d’Artprice, c’est principalement grâce à la dématérialisation des œuvres comme les Nft. Les Nft ont généré près de 2, 5 milliards $ de transactions au cours des cinq premiers mois de 2021, selon NonFungible. Le marché est passé de 40 à 338 millions $ entre 2018 et 2020. Et il génère plus de 10 millions $ par jour dans les galeries virtuelles.

Les atouts de l’art digital

Pour les artistes, le marché des Nft adossés à des œuvres virtuelles est le seul moyen d’attribuer de la valeur à leur travail en le liant à un certificat d’authenticité. Les artistes n’ont pas besoin de payer à une galerie 50% de la valeur de leurs œuvres ou d’attendre leur paiement pendant des mois. Ils peuvent également introduire des clauses de revente dans le code Nft, garantissant au créateur une rémunération sur le long terme avec des royalties, des «droits de suite» s’élevant généralement à 10%, qu’il recevra automatiquement à chaque revente de l’œuvre. En Afrique, un élément supplémentaire est également important : sur les plateformes, la couleur de peau importe moins que le talent. Enfin, les Nft démocratisent un milieu qui a la réputation d’être réservé à une élite de collectionneurs. Avec les Nft, n’importe qui peut acquérir et revendre des œuvres d’art en quelques clics, de manière immédiate et décentralisée, lors de transactions effectuées en cryptomonnaies. De quoi ouvrir le marché de l’art à de nouveaux acteurs, collectionneurs ou artistes, jeunes et issus du monde de la tech. N’importe qui peut également décider d’associer un Nft à son œuvre numérique, quelle qu’elle soit, et de le mettre sur le marché via des plateformes dédiées (OpenSea, Hic and Nunc, SuperRare...), réduisant ainsi les intermédiaires habituels. Plus surprenant, le Nft a donné du pouvoir aux artistes engagés : alors que le Virginia Museum of Fine Arts de Richmond refusait de restituer les anciennes sculptures de Pende, un groupe d’artistes congolais, la Congolese Plantation Workers Art League (Catpc), a produit une édition de 300 Nft de l’œuvre d’art en février 2022. Le site nigérian Looty en a fait de même en vendant des Nft réalisés à partir de scans 3D d’objets pillés en Afrique, présents dans les collections des grands musées occidentaux. Looty prévoit maintenant de construire un musée virtuel dans le métavers pour abriter les objets rapatriés.

Une bulle spéculative ?

Tout le monde ne croit pas à l’art digital. Beaucoup, d’abord enthousiastes, en sont revenus. C’est que les défis à relever sont nombreux. Dans ce monde d’initiés, il est difficile de créer une communauté. Sur le continent, la connectivité internet reste un obstacle majeur au développement de ce secteur très énergivore. Une seule transaction Ethereum équivaut à la consommation d’électricité d’un Européen pendant quatre jours. De nombreux créateurs refusent d’être associés à un système aussi polluant. A l’échelle mondiale, le système Nft est encore imparfait et soulève de nombreuses questions dont celle de la sécurité. Les portefeuilles électroniques où sont stockés les tokens peuvent être piratés. Parfois, des artistes trouvent leurs œuvres en vente sur des plateformes à leur insu. Enfin, beaucoup se demandent si les Nft ont un avenir durable ou s’il s’agit d’une bulle spéculative qui pourrait bien éclater. D’autant plus que ces jetons sont achetés en bitcoins et en ethers, et dépendent donc du prix des cryptomonnaies, subissant leur volatilité, à la baisse comme à la hausse. Au final, digital ou pas, l’art africain a besoin d’être soutenu. C’est un secteur qui souffre d’un important déficit de financement : les Etats africains n’y consacrent qu’1% de leur Pib. Partout en Afrique, les artistes luttent pour survivre. Les besoins sont multiples : accès difficile aux prêts bancaires, aux réseaux de distribution et aux marchés publicitaires internationaux, insuffisance des équipements et des infrastructures, pas de protection suffisante des droits de propriété intellectuelle. Sans cela, ce secteur ne restera qu’un marché de talents non reconnus, voire promis, comme hier, à une perpétuelle spoliation.

Rama Yade est Directrice Afrique Atlantic Council.

Articles les plus lus

capture_decran_2025-08-13_a_00.31.42.png
LA DIPLOMATIE DE RUPTURE DE YASSINE FALL FAIT POLÉMIQUE
La diplomatie sénégalaise traverse une crise inédite depuis l'arrivée du Pastef au pouvoir. ...

48247374-37934474.jpg
PONCTIONS SUR SALAIRES, LE SYTJUST DÉNONCE UNE MÉTHODE INJUSTE ET BRUTALE
Invité de la matinale Salam Sénégal, Maître Aya Boun Malick Diop, secrétaire général du Syndicat ...

opposition-1-750x369.jpeg
GROGGY, L’OPPOSITION TENTE LE REBOND
L’élection présidentielle de mars 2024, remportée par Bassirou Diomaye Faye, a redessiné les cartes ...

capture_decran_2025-08-12_a_15.02.41.png
DU SOUVERAINISME AU KEMALISME
Le Premier ministre Ousmane Sonko continue ses pérégrinations : il joue au globe-trotter. Il découvre ...

matel.jpg
SE MOBILISER POUR ALLÉGER LA CHARGE MENTALE DES FEMMES
S’il est établi que les différences biologiques et physiologiques entre les deux sexes ont induit ...

Vos articles préférés de la semaine

capture_decran_2025-08-05_a_18.10.41.png
PENSER HORS DU SCRIPT COLONIAL
Promesse de redressement et souveraineté économique Le Plan de redressement économique et social, ...

capture_decran_2024-03-19_a_05.29.11.png
LE SÉNÉGAL APPELÉ À RÉPUDIER SA DETTE
Le nouveau gouvernement fait face à un héritage économique explosif. Avec une dette représentant ...

dfddfefefgfgfgfg_0.png
ANATOMIE D’UNE VIOLENCE D’ÉTAT
J’ai pris part à un space sur le réseau social X, bouleversé par le témoignage d’un détenu qui, ...

moustapha-diakhate-fustige-lattitude-du-ministre-des-mines-et-le-directeur-de-lapix.jpg
MOUSTAPHA DIAKHATÉ RENTRE DANS L’ARÈNE
Moustapha Diakhaté, qui est sorti de prison mercredi dernier après avoir purgé sa peine de 15 jours ...

autorites_.jpg
CETTE GANGRÈNE DE L’ADMINISTRATION SÉNÉGALAISE
Alors que les propos du préfet de Kaolack à l’encontre du Maire de la ville de Kaolack, tenus le ...


La Une

Politique

Economie

International

Sports

Football

Media

People

Opinions

Societe

Annonces

Diaspora

Femmes

Développement

Santé

Éducation

PARTENAIRES DE SENEPLUS

APS
Grand-Place
L'As
L'Enquete
L'Observateur
La Gazette
Le Populaire
Le Quotidien
Le Soleil
Le Témoin
Libération
Nouvel Horizon
Réussir
RFM
RTS
Stades
Sud FM
Sud Quotidien
Sunu Lamb
TFM
Waa Sports

À propos de SenePlus

SenePlus.com est un portail d'informations sur le Sénégal. Nous vous fournissons des articles détaillés, critiques, pertinents sur l'actualité au Sénégal.

Coordonnées

Publicité:
pub@seneplus.com
Informations:
info@seneplus.com
Problèmes techniques:
tech@seneplus.com
Copyright © 2025 SenePlus  |  Publicité  |  Soumettre un Article  |  Nous Contacter  |  Mentions légales  |  Conditions d'utilisation  |  Á propos de nous