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par Bara Diokhané

LE BILLET DE DJIBRIL

Plus d’une décennie après l’avènement du 21è siècle et me retrouvant à mon bureau à Dakar, mon attention est attirée par une boite contenant des documents, que j’ouvre. Que vois-je ? Le billet New York-Detroit-New York au nom de Djibril, qui avait disparu

Bara Diokhané  |   Publication 22/10/2020

Quelques mois à peine après mon installation en 1997 dans mon nouveau bureau à New York, j’avais reçu un message :

“J’ai le bonheur d’espérer te voir, à l’aller comme au retour”

C’est, en ce qui nous concerne, un assainissement du temps qui suit”.

Ce message cryptique émanait de Djibril Mambeti Diop, dont le film Hyénes devait être projeté à l’Université de l’Etat de Michigan.

“Je demanderai à l’agence de voyage de te remettre mon billet d’avion New York-Detroit-New York, que je viendrai récupérer chez toi une fois à New York.”

Je vivais encore à Dakar durant la production de “ Hyénes”, un événement que Djibril, dans son génie et sa générosité, avait élevé au niveau d’une oeuvre, non seulement de collaboration, comme tout film l’est en principe, mais aussi d’une dynamique communautaire, qui impliquait tous ses proches. Me concernant, il me remit un jour, en plein tournage, trois pages du scénario du film, où il était question du jugement  final de Drahmane Dramé, victime expiatoire de la vengeance de Lingeer Ramatou, la richissime. Il m’invita à lire soigneusement le texte, et de lui donner mons avis d’avocat que je ne tardais pas à lui livrer :

“Je crois que Dramane Dramé a quand même le droit d’être défendu car la défense est un droit absolu”.

Satisfait de mon observation, il me fit une tape amicale, ou plutôt, une caresse sur la joue gauche : ‘Merci mon cher maître !. Hyénes c’est, aussi, ton film.”

Dans le casting du film figurait Billy Kongoma, connu à Dakar-Plateau et à Gorée comme le roi de l’Assiko, chef d’orchestre des supporters de l’équipe de football du Sandial. Billy était également le chef du Squatt de la rue Vincens, un endroit malfamé qui accueillait toutes sortes d’individus sans domicile ni statut.

Une complicité particulière existait entre Billy et Djibril, au point que, durant la production du film, Djibril dormait parfois au fameux Squatt, tout près de la Cour de son ami Joe Ouakam, question de s’acclimater, parmi les gueux qui apparaissent dans son film.

Un jour Billy me dit :’Tu sais, ton ami Djibril Diop Mambety, c’est moi qui l’ai formé.”

Ah bon ? Rétorquai-je avec des yeux incrédules.

“Tu lui demanderas dès que tu en auras l’occasion”.

Bien entendu, je ne manquais pas de rapporter à Djibril les paroles insensées, qui pour moi n’étaient qu’une blague. A ma grande surprise, Djibril donna raison à Billy !

“C’est vrai ce que Billy t’a dit, car c’est lui qui m’a fait monter sur une planche pour la première fois de ma vie. C’était á l’occasion d’une representation de ballets africains à Pikine…Mais je suis sûr qu’il ne t’a pas raconté toute l’histoire…Le salaud ne m’avait pas rémunéré, et j’ai du faire le trajet retour Pikine-Colobane à pied !

Dans le film, c’est Billy qui joue le rôle de chef des gueux. Mais sa proximité insoupçonnée avec le réalisateur lui octroyait une fonction importante, car il possédait cette “ascendance” doublée de pure affection qui lui permettait de “canaliser” les humeurs et moments de tension sur le plateau.

Mais Billy avait des rapports très heurtés avec la femme suisse, appelons la Lorraine P, qui était productrice executive du film, et qui donc contrôlait les finances trop étroitement au goût de Billy, dont les invectives envers la pauvre dame, dans une langue qui lui était étrangère, mais dont elle soupçonnait l’hostilité à son égard, commençaient à la “stresser.”

Pour lui remonter le moral, je l’invitais dans des endroits huppés de Dakar, loin des gueux de Billy. Et la production difficile de “Hyenes” fut heureusement menée à bon terme.

L’apparence frêle du longiligne Djibril m’avait frappé d’emblée à son arrivée à New York. Conscient de mon choc, il m’informait qu’il était atteint d’un cancer de la gorge. Nous nous rendons le soir au restaurant La Pravda, un endroit huppé de Soho. L’endroit est plein, mais il y a une table avec l’inscription “Reserved”, vers laquelle Djibril se dirige dans sa démarche majestueuse. Dès que nous prenons place, des employés arrivent, nous indiquent le signe, nous demandant poliment mais fermement de libérer la table réservée.. Suivant la scène de loin, le manager de l’endroit s’approche, et intervient en demandant aux employés de nous laisser tranquillement occuper la table.

Le lendemain de cette soirée mémorable, Djibril devait prendre un vol pour aller à l’Université de Michigan. Je vais le chercher à l’appartement de Soho qu’un ami cinéaste avait gracieusement mis à sa disposition. Nous prenons un petit déjeûner, et allons à mon bureau afin que je lui remette son billet d’avion New York- Detroit-New York. Coup de théâtre! Le billet a disparu ! Introuvable ! Je mets tout sens dessus sens dessous sans succès. Je me résous à remettre $150 à Djibril, montant de l’amende dont il devra s’acquitter à l’aéroport.

Nous nous revoyons à son retour à New York, et la première chose qu’il fait est de me remettre $150…”Ils ne m’ont pas fait payer l’amende à l’aéroport.”

“Alors retournons à la Pravda pour un bon diner !”, lui dis-je. Nous parlons de sa complicité avec les peintres Ibou Diouf et Mor Faye. Djibril avait beaucoup apprécié la retrospective que j’avais organisée sur l’oeuvre de Mor Faye, qu’il avait bien connu, contrairement à moi. Il me promet de m’envoyer dès son retour une belle photo où il est avec Mor Faye, Ibou Diouf, et Alvin Ailey, prise à l’occasion d’une réception en l’honneur du chorégraphe américain à l’ambassade des USA.. Mais précise t-il, il faudra faire une copie de la photo, et me la retourner, car cette photo appartient à ma mère.

Arrivé le moment du retour de Djibril sur Dakar, je pressentais qu’on ne se reverrait plus. Lui aussi d’ailleurs, qui me remit des enveloppes qui contenaient plein de documents. “Garde ça avec toi.”

Je n’ouvris ces enveloppes que bien plus tard, après que j’eus appris son décès. Elles contenaient les documents contractuels de toute sa filmographie, jusqu’au dernier film, “La Petite Vendeuse de Soleil” qu’il n’avait pas eu le temps de monter. Je découvrais un Djibril organisé et conscient des enjeux économiques du cinema, car il avait mis sur pied sa propre société de production dénommée Maag Dann.

A New York, je reçois l’information que le festival du Film de Berlin de l’année 1999 qui annonce en grandes pompes la première mondiale du film posthume, La Petite Vendeuse de Soleil. Quelque chose me dérange dans l’annonce : aucune mention n’est faite dans le générique du film de Maag Dann. A la place, un autre nom…

Je plonge dans les documents contractuels que Djibril m’avait légués et me rends compte que sa société Maag Daan était bel et bien productrice du film.

De New York, j’appelle le directeur du festival de Berlin pour lui signaler l’anomalie qui lèse les droits de Djibril, mais il m’envoie sur les roses…

Le lendemain, je reserve une place et me rends à Paris où je rencontre Wasis et Teemour, frère et fils de Djibril, et leur notifie ma volonté de me rendre à Berlin, accompagné de Teemour, qui n’était même pas invité. J’ai averti mon collègue et ami Hans Georg Tillmann, un avocat allemand, de mon arrivée à Berlin, et du motif de ma visite.

A la sortie de l’aéroport de Berlin, il y a une file de belles voitures Mercedes avec chauffeurs qui sont à la disposition des festivaliers. Suivi de Teemour, nous nous installons dans l’une d’elles, et demandons au chauffeur qui s’exécute, de nous déposer à la direction du festival, afin de signifier notre opposition à toute projection du film avec un générique biaisé. Au courant de notre présence dans ses lieux, en compagnie d’un avocat allemand, le directeur du festival reconnait la légitimité de notre démarche, et propose un arrangement amiable, et décide de nous octroyer des badges d’invités, et de donner la parole à Teemour lors de la projection du film. Le communiqué que je rédige pour préserver les droits de Djibril et de Maag Dann est distribué à tous les spectateurs par une hôtesse du festival à l’entrée de la salle de projection.

Teemour fils et héritier légitime de Djibril sera désormais aux commandes.

Bien sur, je rends compte á Joe Ouakam, qui m’adresse une lettre, de sa belle plume :

‘Mon ami Djibril avait poussé sa manie de tout vouloir rêver jusqu’au bout de son étant-soi. Comme tu le sais, je souffre encore de son absence, parce que je le connaissais plus que tous les autres, pour l’avoir accompagné dans le refus, et à l’abri des regards, jusqu’au palais de la République. Je me sens rassuré parce que je sais, en lisant ta correspondance, que tu prends sérieusement la mission qu’il t’avait confiée, à quelques heures de son départ. C’est bien. Tu as su, en bon cadet, décrypter le message. Alors, Johan, n’oublie pas que le Samba Lingeer qu’il fut a fait la part des choses depuis fort longtemps. Lucide, il a refusé l’endormissement des hommes par les moyens stupides de l’art politique. Ne s’est-il pas situé au-delà des intrigues somnambulesques d’artistes au cours de cérémonies officielles d’ouverture et de cloture ? Tu le sais, il était pour le film qui continue de tourner. Alors plus tu feras d’efforts pour démêler les trois axes du problème, mieux ça ira pour la succession et la mémoire.”

Retour triomphal de Berlin à New York, où les organisateurs du New York African Festival rendent hommage à Djibril à l’Université de New York, et me font l’honneur de m’inviter. Convié á prendre la parole, j’appelle Bineta Ndiaye, la mère de Djibril, pour demander quel est le message qu’elle souhaiterait que je transmette à la cérémonie d’hommage. Ses mots furent :

“Seul Dieu connaissait Djibril. Mais j’ai bon espoir pour son au-delà, car beaucoup de mendiants et de personnes handicapées l’ont accompagné vers sa dernière demeure. Il était généreux avec sa famille et avec les petites gens.” J’avais là le canevas pour mon discours, axé sur l’humanitarisme de Djibril.

Nous étions encore au vingtième siècle.

Sur la note qui accompagnait la belle photo qu’il m’avait promise et envoyée de Dakar, Djibril avait écrit

“Maman, qui aime cette photo de ses enfants en pousse, te bénit”

Bien entendu, je renvoyais la photo originale à sa mère, après en avoir fait une copie.

Plus d’une décennie s’est écoulée depuis l’avènement du vingt et unième siècle et me retrouvant à mon bureau à Dakar, mon attention est attirée par une boite en carton contenant des documents.

J’ouvre la boîte, ouvre une chemise et que vois-je? Le billet New York-Detroit-New York au nom de Djibril, qui avait disparu à New York ! J’en fis un collage, intitulé Voyage de l’Eléphant Ailé” en hommage, que Joe Ouakam intégra dans son exposition “Le Congès de Minuit organisée dans sa Cour mythique durant la Biennale des Arts.

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