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par Léonora Miano

LE DÉSARROI D'UNE CERTAINE FRANCE

On voudrait faire peser, sur l’Afrique entière, le crime de quelques-uns, assez puissants pour sévir ou aidés en cela par les esclavagistes européens. La France, qui s’y connaît en collaboration, est mal placée pour donner des leçons

Léonora Miano  |   Publication 30/08/2020

C'est un peu long, mais prenez le temps. Il y aurait bien plus à dire :

Quand vos adversaires vous assènent des coups bas, quand ils ne peuvent donner que ces coups-là, réjouissez-vous. C’est qu’ils reconnaissent leur faiblesse et leur défaite. Elle n’apparaît peut-être pas encore assez clairement à tous, mais c’est une évidence. Comme il faut craindre l’avenir, comme il faut se sentir dévalué, pour éprouver un tel besoin de dégrader les autres. « Si vous ne pouvez être grand que parce qu’un autre est à genoux, vous avez un sérieux problème », déclarait Toni Morrison dans un entretien avec Charlie Rose. C’est encore pire quand vous avez perdu votre puissance et ne savez plus quoi faire pour vous donner encore un peu d’allure.

En utilisant le visage de Mme la députée Danièle Obono pour illustrer un prétendu roman de l’été consacré à la participation des Subsahariens à la Déportation transatlantique (on ne peut les accuser de rien en ce qui concerne l’esclavage colonial), Valeurs Actuelles, magazine d’extrême-droite, révèle le désarroi d’une certaine France, son incapacité à endosser les ombres de son histoire sans tenter d’en transférer sur d’autres la responsabilité. Ecrasés par un sentiment de culpabilité éminemment narcissique car tourné exclusivement vers soi et n’ayant rien à voir avec la compassion, l’esprit de responsabilité et la nécessité de réparer pour permettre à tous d’habiter plus sereinement le monde, ceux qui ont piloté cette opération ajoutent au drame de la nation qu’ils prétendent défendre. Ce n’est pas ainsi que la France retrouvera sa grandeur perdue. Et faut-il souhaiter qu’elle la retrouve, si celle-ci n’est arrimée qu’à l’impérialisme et au besoin de lui trouver partout des justifications ?

Que des Africains aient pris part aux déportations transocéaniques est un fait. Le sujet ne nous dérange aucunement, ne suscite de notre part aucun embarras. Nous avons la faiblesse de croire le continent africain depuis toujours habité par des êtres humains, et l’humanité engendre partout des criminels. Il est, cependant, un peu commode d’employer toujours ce terme générique « les Africains », sans jamais nommer ceux que l’on vise, et qui ne se désignaient pas eux-mêmes de la sorte. « Les Africains », comme « les Noirs », sont d’abord une production de l’imaginaire des Européens de l’ouest qui les racialisèrent pour mieux les torturer – bafouant au passage tous les préceptes de leur religion –, précisément lorsque commencèrent les déportations transocéaniques, à la fin du 15ème siècle.

D’ailleurs, à cette époque-là, on ne parlait guère d’une collaboration des notables subsahariens : c’était le rapt pur et simple, parfois en pleine nuit, alors que les gens dormaient et qu’il était aisé de s’en emparer. Les captifs que l’on fit en ce temps-là, furent conduits en Europe. L’Amérique ne serait abordée qu’une cinquantaine d’années plus tard. Ces arrachements des débuts ne s’effectuèrent pas pour mettre en valeur les territoires dérobés aux autochtones du continent américain, mais pour satisfaire les caprices de l’élite européenne.

Mais revenons aux Africains, collectivement visés à travers Mme la députée Danièle Obono. Dans leur écrasante majorité, ils étaient des gens ordinaires, n’ayant pas voix au chapitre. Dans leur écrasante majorité, ils furent victimes du trafic humain transocéanique, soit parce qu’ils avaient été déportés, soit parce que des êtres chers leur avaient été ravis, ou encore, parce que, fuyant les trafiquants d’êtres humains, ils durent quitter leur pays natal pour s’abriter en un lieu plus sûr. Combien de familles déchirées, de couples séparés, de villages abandonnés… Combien de vies détruites pour que l’on se permette des caricatures comme celle offerte par Valeurs Actuelles ?

On dit peu combien les peuples de notre continent résistèrent à cette violence, se retournant parfois contre des notables corrompus, attaquant forts négriers et colonnes de captifs pour reprendre les leurs. On dit peu que, contrairement à la France où toutes les couches sociales consommèrent des denrées issues de l’esclavage colonial (sucre, café, tabac, coton, etc.), ils ne tirèrent aucun profit de ce crime contre l’humanité. On dit peu la noblesse de ceux qui perdirent la bataille, puisque ce sont les vainqueurs qui écrivent l’Histoire.

On voudrait faire peser, sur l’Afrique entière, le crime de quelques-uns, assez puissants pour sévir ou aidés en cela par les esclavagistes européens. La France, qui s’y connaît en collaboration, est mal placée pour donner des leçons : en Afrique subsaharienne, les résistances ne furent pas une fiction. Elles ne s’organisèrent pas de l’extérieur, l’intérieur s’étant trop compromis. Les Français savent combien il importe, face à une défaite de l’humanité telle que les déportations transocéaniques, de se remémorer la résistance des siens. Ce n’est pas sans raison qu’ils dénient cela aux Subsahariens.

Ce n’est pas non plus par hasard que Valeurs Actuelles s’appesantit sur le 18ème siècle, quand l’horreur avait débuté trois cents ans auparavant. L’Afrique subsaharienne du 18ème siècle est un territoire amplement reconfiguré par l’appétit vorace des esclavagistes européens, leur compétence pour ourdir des complots de toutes sortes, faire destituer les monarques récalcitrants et les remplacer par des fantoches, créer ou accentuer les inimitiés entre peuples locaux. Le 18ème siècle prépare la colonisation du continent africain, laquelle interviendra dans le prolongement direct des abolitions françaises.

On affranchit les esclaves des vieilles colonies pour s’en trouver d’autres, chez eux cette fois, puisque l’on avait rendu la chose possible. On voudrait partager les responsabilités – la culpabilité donc – de manière égale. Même en procédant avec la mauvaise foi la plus achevée, la chose est impossible. Pour plusieurs raisons :

1- Ce furent les Européens et eux seuls qui décidèrent qu’il serait dorénavant très chrétien de fabriquer des navires, de braver les mers, dans le seul but d’aller déposséder les uns de leur terre, les autres de leur liberté, de leur identité.
2- Ce n’est pas l’esclavage interne au continent africain, aussi terrible fut-il, qui façonna le monde moderne, disséminant des Subsahariens à travers tout l’espace américain. C’est là un des grands accomplissements de l’esclavagisme européen, celui des êtres supérieurs, dont on ne comprend pas qu’ils se comparent aux sauvages qu’il leur tarderait d’aller civiliser.
3- Quand on parle de complicité, d’égalité dans le crime, nous avons le droit de nous esclaffer, ne nous en privons pas : où a-t-on vu des gens se permettre de coloniser leurs partenaires, leurs égaux ? C’est une vaste blague, on pourrait même s’arrêter là.

L’Afrique fut colonisée par les puissances européennes esclavagistes. Ces dernières n’y avaient donc pas d’amis. Ceux des notables subsahariens qui prirent part à la macabre entreprise des déportations transocéaniques furent les dindons d’une farce encore à l’œuvre. Le continent eut ses criminels, à ses peuples de prendre en charge le sujet. Quant à la France, qu’elle rende justice à ses Afrodescendants, au lieu de chercher sans arrêt à faire diversion.

Que l’on veuille ou non l’entendre du côté de Valeurs Actuelles, la société française entière est post-esclavagiste. Ceux qui n’eurent pas d’esclaves incorporèrent, en consommant les denrées produites par une main-d’œuvre servile, la sueur, le sang, toute la souffrance de celle-ci. L’image du sang humain ingéré n’est ni fantaisiste, ni exagérée. De trop nombreux esclavagisés eurent les membres supérieurs arrachés par les moulins servant à broyer la canne. Le jus mêlé de sang fut tout de même exploité, conditionné, commercialisé. Il finirait dans le café, dans ces merveilleuses pâtisseries qui font la renommée de la France. Des citoyens français sont directement issus de cette violence. Ils demandent réparation, et c’est sur ce terrain-là que les journalistes du pays, ses intellectuels, ses citoyens sont attendus.

L’Afrique, elle, ne demande rien. Et même, elle vous emmerde. Oui, oui, elle peut. Parce que, sur la cinquantaine de ressources minières nécessaires au bien-être des pays du Nord, plus de la moitié se trouvent dans son sous-sol, et de façon exclusive. C’est pourquoi il faut la traumatiser en assassinant ses leaders (1), l’accabler, tenter de miner sa confiance en elle, faire en sorte qu’il soit éternellement possible de la piller. C’est parce qu’il n’y a pas de monde sans l’Afrique, pas de vie sans elle, qu’il faut maintenir un genou sur son cou, l’empêcher de respirer, de se retrouver. Mais elle ouvre les yeux, voit de plus en plus clair. Son heure arrive.

Force à Mme la députée Danièle Obono. J’espère qu’elle portera plainte et sera massivement soutenue.

(1) Je vous invite à faire le décompte. Vous verrez que nulle part ailleurs sur cette planète, on n’assassina autant de leaders acquis à la cause des leurs. L'impact de ces meurtres sur les peuples du continent est indéniable.

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