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LA CHRONIQUE HEBDO DE PAAP SEEN

LE RÊVE DE SOULEYMANE

EXCLUSIF SENEPLUS - Son rêve est plus grand que lui. Plus grand que son univers - NOTES DE TERRAIN

Paap Seen  |   Publication 04/10/2020

Lundi 28 septembre 2020. Nous tournons le dos à Kédougou. La route goudronnée s’arrête après le pont qui enjambe le fleuve Gambie. Au-delà, le sentier est en latérite. Il est en très bon état, sauf à quelques endroits où se forment des nids creusés par la pluie. Ces crevasses sont profondes et s’étendent sur plusieurs mètres. Les voitures qui passent ne sont pas nombreuses. Elles sont toutes vieilles et accueillent plus de passagers qu’elles ne peuvent en contenir. Même les toits des automobiles sont occupés. La route est bordée par une forêt exubérante, des deux côtés. Les herbes folles parrainent les larges espaces dédaignés par la nature sauvage. De nombreux champs de maïs sont fixés sur ces terres. Un parfum caressant se dissipe tout autour. 

Plusieurs espèces d’arbres, bien connus au Sénégal, vivent dans cet écosystème. Baobab, manguier, kenkeliba, kel, xasum looro, ndanx, sinjéen, ndunx, soon, ngeer, ndimbb, lëng, silaan, xay, wëswasoor, baara, soto, wen, tabanaani, màdd, xay. Il semble que la nature forme un tout, indissociable. Plus on s’éloigne, plus le ciel et la montagne se rapprochent. Un rien les sépare. La montagne s’étire majestueusement. Sa forme symétrique est nuancée par quelques crêtes. Le route est trouée de brèches. En fait des filets d’eau la traversent, à plusieurs endroits, et continuent leur parcours. Des papillons de toutes les couleurs voltigent. Blancs, verts, marrons, gris. Vermeils. Le ciel n’héberge aucun nuage. Un bleu azur et vierge s’y épanouit. Le soleil tombe à pic sur les pentes de la montagne. Il sera impitoyable, aujourd’hui. Ses feux n’ont pas encore consumés la fraîcheur matinale. Mais le jour est encore tout neuf. Des petits chemins, secrets, se jettent à la forêt.

Plusieurs hommes, en vélo ou en motocyclette, avancent dans les deux sens de la route. Presque tous nous saluent. Quelques habitations émergent çà et là. Avec leurs toits en chaume. Des femmes portent de lourds fardeaux sur la tête. D’autres attendent avec des affaires sur le bord du chemin. Trente minutes après notre départ de Kédougou, les flancs ocres de la montagne surgissent. Nous sommes en pays pël et jalonke. La Guinée Conakry est juste à côté. Sur un étang, à moins de 25 mètres de la route, on aperçoit deux jeunes femmes. Peut-être qu’elles se baignent. Ou alors elles lavent leur linge. Je n’ai pas bien observé la situation. Elles sont torses nus et ne semblent pas y voir d’inconvénients. Nous, non plus, ni les motocyclistes qui passent devant elles. On rigole dans la voiture, en évoquant l’immense travail qu’il reste à accomplir pour l’ONG Jamra. Et le long parcours d’aliénation qui a été nôtre. Pour qu’au Sénégal, en 2020, le corps de la femme soit totalement sexualisé. Nous remarquons, néanmoins, que les seins qui s’offrent à notre vue sont magnifiques.

Quand j’étais petit, comme beaucoup de gamins du Sénégal, je croyais que c’était le bout de l’univers. On l’appelait « fin fond du Sénégal ». Une terre lointaine. Où vivent de nombreux animaux sauvages. Dans mon imagination, des lions, des éléphants, des hyènes, côtoyaient les hommes et les femmes. Mon père, très jeune instituteur avait été affecté, dans les années encore jeunes de notre pays, dans des zones très reculées du Sénégal. Il m’avait raconté que la nuit, dans le coin où il exerçait son métier, des hyènes rôdaient. Ce n’était pas loin d’ici. Cette histoire m’avait marqué. Et j’ai pensé, pendant longtemps, que cette histoire avait quelque chose à voir avec Fongolimbi.

À vrai dire, j’ai demandé à un habitant. Il m’a dit que les hyènes s’aventurent rarement, aujourd’hui. Mais il arrive de les rencontrer. Par contre, des bandes de singes viennent importuner les paysans. Ils sont aussi dans leur habitat naturel. Impossible pour eux de résister aux épis de maïs, délicieux, qui sont cultivés. Pour les chasser, les enfants du village se mettent à leurs trousses avec des lance-pierres. Souleymane fait partie des gamins du village, excités par ce jeu de course-poursuite contre les primates. C’est un garçon sympathique, qui m’a tenu compagnie plusieurs minutes.

Je l’ai rencontré par hasard. Je voulais savoir s’il y avait un endroit qui surplombe la plaine et les montagnes. Où l’on pourrait voir tout le relief et contempler la nature environnante. L’une des rares personnes qui s’expriment aisément et comprend parfaitement le wolof, m’a désigné du doigt un baobab, ombrageux et colossal. On pouvait le voir de loin. J’ai essayé d’y aller seul. Un seul sentier me semblait praticable. Dix minutes de piste, plus tard, je me suis rendu compte que je m’étais fourvoyé. J’avais suivi une voie débroussaillée, elle menait à une porte fermée avec de grosses lianes. J’ai voulu couper à travers champ. Échec encore. Je me suis retrouvé au milieu de hautes herbes. Je ne voyais même plus le baobab. Il fallait revenir sur mes pas. C’est là que j’ai rencontré Souleymane.

- Salut ! Tu t’appelles comment ? 

- Souleymane Diallo.

- Je m’appelle Paap. On peut parler en wolof ?

- Oui. 

- Ça te dit de me conduire jusqu’au baobab là-bas ?

- Oui.

Son crâne était tapissé de croûtes blanchâtres. Sur son long visage apparaissaient des traits de garçon taciturne et éveillé. Il me regardait droit dans les yeux, avec des expressions de pudeur, quand je lui parlais. Sa voix était étouffée par la timidité. Il esquivait un sourire amusé, en me voyant avec le lance-pierre, que j’ai acheté sur la route et que je faisais mine d’utiliser. Il n’était pas très à l’aise en wolof. Cela se percevait à ses réponses lapidaires et parfois sans aucune liaison avec ce que je lui demandais. Il décidait parfois de parler en français, avec un accent innocent. J'étais dérouté. Mais on se comprenait. Je lui posais un tas de questions sur son village, sur sa vie ici. Il est élève, en Ce1. En cinq minutes, j’étais arrivé à destination. Je me laissais absorber par la beauté souveraine de l’espace, en face de moi. La chaîne montagneuse. La forêt indomptable et inapprivoisée. Les terrasses agricoles qui se noyaient dans le dénivelé.

Souleymane était toujours aux alentours. Des compagnons l’avaient rejoint. Après plusieurs minutes de contemplation, j’engageais, de nouveau, la conversation. « Tu étudies bien à l’école, j’espère », lui lançais-je. « Oui », fit-il avec un soupçon d’espièglerie. « Et quand tu seras grand, quel métier voudras-tu exercer ? ». Il tenait des brindilles d’herbes au bout de ses doigts. Un rictus taquin remuait sur son visage de gamin qui a hâte de voir le monde. Il tardait à répondre. Je me penchais vers lui, avec un sourire bienveillant, pour lui dire qu’il pouvait se confier. À son âge, on ne pense pas à ces choses-là, me dis-je. Ce n’était pas cela. Souleymane manquait juste d’aisance face à moi. Et son rêve était plus grand que lui. Plus grand que son univers. Mais à la hauteur d'une vie. Je finis par le relancer. Et là, tout fier, il releva sa tête. Il me regarda droit dans les yeux. Les brindilles tombèrent de ses doigts. Je remarquais les lignes de ses mains. Elles étaient très foncées. Comme si son destin était déjà tracé d’avance. « Qui moi ? Je veux devenir président. » Dieu t’entende, mon grand !

Retrouvez sur SenePlus, "Notes de terrain", la chronique de notre éditorialiste Paap Seen tous les dimanches.

psene@seneplus.com

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