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PAR Fred Eboko

NON, L'AFRIQUE N'EST PAS LA CIBLE PRIVILÉGIÉE DES ESSAIS CLINIQUES

D’où vient le fait que deux personnes, fussent-elles des scientifiques, qui s’égarent sur un plateau télé, soient soudain affublées d’un pouvoir de vie et de mort sur les « Africains » ? Les fractures de l’histoire ne doivent pas annihiler le discernement

Le Monde Afrique  |   Fred Eboko  |   Publication 08/04/2020

La controverse issue de l’échange entre deux scientifiques sur la chaîne LCI, mercredi 1er avril, provoque un déferlement de réactions. L’indignation du public et des personnalités, notamment en Afrique et dans la diaspora, vis-à-vis du dérapage verbal des deux hommes est aussi forte que légitime.

Pour autant, la déferlante contre les essais cliniques en Afrique est paradoxale, fantasmagorique et instructive. Ces réactions charrient autant de contresens qu’elles mettent en scène l’imaginaire d’une partie des opinions publiques africaines ou afrodiasporiques dans un domaine précis où l’Afrique est au mieux un point aveugle, au pire un angle mort.

Les médicaments que nous consommons tous les jours, y compris en Afrique, ceux que nous achetons dans les pharmacies de Paris, Nairobi, Pékin, Abidjan ou New York, prescrits par ordonnance, sont issus d’essais cliniques pratiqués sur des humains. Idem pour les vaccins qui figurent sur nos carnets de vaccination, y compris ceux des enfants et adultes africains. Les protocoles pour les essais cliniques sont précédés d’une série de précautions éthiques et déontologiques dont les manquements entraînent l’interdiction ou l’interruption des essais.

La quasi-totalité des pays africains sont dotés de comités d’éthique qui étudient, valident ou s’opposent aux essais qui concernent leurs populations. Evidemment, des failles existent, l’histoire coloniale est riche de campagnes de vaccinations sauvages et d’essais malheureux, comme l’a bien décrit Guillaume Lachenal dans Ce médicament qui devait sauver l’Afrique : un scandale pharmaceutique aux colonies (La Découverte, 2014). Des risques subsistent au niveau éthique et au niveau humain, mais l’Afrique n’est pas, ni de près ni de loin, la cible privilégiée des essais cliniques à ce jour.

Marginalisation du continent

Des milliers d’essais cliniques sont effectués tous les ans dans le monde. Selon une étude publiée en 2018 par le réseau Les Entreprises du médicament (LEEM) et basée sur les données officielles du gouvernement américain, sur les essais cliniques initiés en 2017, le pourcentage de participation par régions/continents du monde est sans ambiguïté. Amérique du Nord : 57 % ; Europe : 38 % ; Asie : 27 % ; Océanie : 11 % ; Amérique latine : 8 % ; Afrique et Moyen-Orient : 7 %. L’Afrique subsaharienne est la partie du monde la moins sollicitée pour les essais cliniques.

Des dérives et/ou des dérapages surviennent de temps en temps. En volume et de manière mécanique, ils interviennent beaucoup plus souvent dans les pays du Nord, y compris pour des médicaments déjà mis sur le marché. L’Afrique n’est pas en reste, mais elle si peu présente dans ce champ économico-scientifique que les scandales qui y surviennent, depuis l’histoire coloniale à nos jours, y sont bien documentés. L’Afrique est très peu présente dans ce registre de la recherche clinique et cette marginalisation du continent vis-à-vis de la participation aux avancées de la science explique la mobilisation au Nord et au Sud pour que le continent ait une part plus importante à la production de la connaissance.

C’est dans ce sens que Nathalie Strub-Wourgaft, directrice de l’unité des maladies tropicales négligées au sein de la Drugs for Neglected Diseases Initiative (DNDI), fustigeait la faible participation des pays à ressources limitées dans le grand essai clinique « Solidarity » lancé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans le cadre de la réponse au Covid-19 dans 30 pays, dont un seul pays africain, l’Afrique du Sud.

D’autres essais impliquent petit à petit des pays africains, comme le Sénégal autour de l’association de la chloroquine avec d’autres molécules. D’où vient donc la controverse générée par les deux scientifiques français ?

4 000 volontaires en Australie

Deux scientifiques devisent et dévissent sur un plateau télé. Ils abordent le sujet d’un essai vaccinal contre le Covid-19 qui prévoit d’utiliser le vaccin BCG (bacille de Calmette et Guérin), prescrit contre la tuberculose depuis 1924 en France. Les essais en cours se multiplient. L’Australie a engagé 4 000 volontaires pour cet essai BCG contre le Covid-19. Un autre est en cours en cours aux Pays-Bas. La France va lancer un essai avec des volontaires via l’Institut Pasteur de Lille.

Un des deux scientifiques évoque la possibilité de le tester en Afrique en ignorant que certains des projets à venir prévoient déjà des pays africains, avec évidemment les mêmes conditions éthiques et déontologiques. Des conditions qui n’ont aucun lien avec des prostituées cobayes qu’il évoque. Les connotations racistes et méprisantes de leur court échange suscitent une indignation absolument légitime. Ceux qui parlent sur le plateau de télévision n’ont pas de connaissances précises sur ces projets.

Ce qui suit est plus problématique : une levée de boucliers qui dénonce les essais cliniques en Afrique. En bref, certains fustigent la participation de l’Afrique dans un concert où elle quasi inexistante. Si les volontaires des essais cliniques sont des « cobayes », les Africains sont les moins « cobayes » de tous.

La question : d’où vient le fait que deux personnes, fussent-elles des scientifiques, qui s’égarent sur un plateau télé, soient soudain affublées d’un pouvoir de vie et de mort sur les « Africains » ? La science et les essais cliniques ne se programment ni se déclinent sur un plateau télé. Les propos des deux scientifiques en question n’engageaient personne d’autre qu’eux-mêmes. Leur conférer via des pétitions et des vidéos qui fusent de toutes parts la capacité de transformer l’Afrique et les Africains en rats de laboratoire défie l’entendement.

D’un point de vue moral (voire légal), les propos des deux scientifiques sont inadmissibles, ils ont été dénoncés comme tels par leurs hiérarchies respectives et les intéressés ont par ailleurs présenté leurs excuses. Mais scientifiquement, leur échange, sur le point précis qui a provoqué l’ire quasi générale, est une tempête dans un verre d’eau. En déduire que le « monde occidental » ou « la France » prend les « Africains » pour des « cobayes » constitue sans doute une des controverses les plus paradoxales de ces dernières décennies. En bref, il s’agit d’exiger le retrait de l’Afrique d’un monde où elle a à peine accès.

Distinguer le bon grain de l’ivraie

Non, deux individus sur un plateau télé ne décident pas du sort ni de l’Afrique ni des Africains ; ils n’en ont ni le pouvoir, ni les moyens. Et à ce stade, leurs intentions, quelles qu’elles soient, n’ont strictement aucun intérêt. Oui, les essais cliniques sont à l’origine des vaccins administrés partout dans le monde, y compris en Afrique. Les fractures de l’histoire ne doivent pas annihiler le discernement.

Les opinions publiques africaines ont rarement été aussi énergiques, du fait notamment des réseaux sociaux. Plus rien ne se fera plus sans elles, ni contre elles, faut-il croire. Autant qu’elles se mobilisent en connaissance de cause, de manière à ne pas dire au monde l’inverse de ce qu’elles sont : intelligentes, dynamiques, actives. Ce n’est pas ce qui s’entend sous la colère noire qui gronde, mais un entrelacs de projections imaginaires, aux antipodes de la réalité de la recherche clinique au sein de laquelle l’Afrique doit au contraire mettre en lumière les atouts qu’elle possède.

Ces contradictions au grand jour trouvent leur essence dans les racines de l’histoire et un passé qui ne passe toujours pas. L’avenir et la protection des patients africains passent aussi par les essais cliniques, car c’est la rigueur de leurs protocoles qui permet de distinguer le bon grain des scientifiques, y compris africains, de l’ivraie des charlatans et apprentis sorciers de toutes origines. Les volontaires des essais promus par des institutions scientifiques reconnues et légitimes sont avisés, informés et protégés par la loi, l’éthique et la morale. Ils ne sont pas des « cobayes ». Leur engagement exprime une des formes les plus absolues de la fraternité universelle.

Le droit de dire « non » est une vertu démocratique. Reste à savoir à quoi et à qui le « non » s’adresse, car il y a deux hommes qui doivent être très étonnés (peut-être honorés) du pouvoir qui leur est conféré à peu de frais.

Fred Eboko est directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), directeur adjoint du Centre Population et Développement (Ceped) et membre du conseil d’administration du centre de recherche épidémiologique Epicentre-Médecins sans frontières.

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