POUR UN PACTE DE STABILITE ET DE CROISSANCE
Dans un monde perturbé par un retour au protectionnisme , la menace sécuritaire et le péril environnemental , notre pays à faible revenu et à forte croissance démographique est obligé de ne compter que sur ses forces endogènes pour tirer son épingle du je

il est devenu capital aujourd’hui d’unifier nos forces politiques et sociales dans une coalition inclusive pour le développement durable, la sécurité collective, la stabilité et la paix.
C’est, au demeurant, la condition sine qua non susceptible de préserver le Sénégal dans cet amas mondial de montée des périls de tous ordres. il se trouve que les problématiques majeurs qui continuent d’affecter nos pays africains, surtout au Sud du Sahara, s’identifient toujours à vaincre la misère, la maladie et l’ignorance, au milieu d’un contexte mondial de plus en plus défavorable, en plus des complexifications résultant de conflits permanents ou latents dans presque tous les pays de la sous région (Mali, Burkina Faso, Guinée Bissau, Guinée, Côte d’ivoire, Nigeria).
L’heure devient de plus en plus grave avec la montée des périls identitaires, nationalistes ou protectionnistes, le changement climatique, la massification de l’armée des chômeurs et l’émigration, à tel enseigne que, si nous n’y prenons pas garde, toutes choses restant égales par ailleurs, nous risquons d’aller droit dans le mur. C’est dire que les questions existentielles fondamentales pour l’amélioration des conditions de vie et d’existence des populations s’amplifient d’avantage, au point qu’il soit apparu vital et urgent de rassembler toutes les forces politiques et sociales, afin de développer une grande résilience et de vaincre ces périls. Cette exigence appelle, pour notre pays et pour les autres, l’observation d’une entente politique des acteurs vers un consensus national patriotique ou pacte de stabilité et de croissance. A cet effet, nous devrions distinguer les coalitions électorales précaires et les coalitions politiques ou alliances établies sur des bases programmatiques minimales pour lé développement économique et la stabilité indispensables à notre survie, selon un agenda bien défini.
Une coalition électorale est par vocation ponctuelle, alors qu’une alliance ou coalition politique repose sur des idées minimales communes, une vision commune, une offre commune .C’est de cette manière méthodique et organisée qu’il nous sera possible de prévenir des désordres politiques après une phase électorale, lesquels désordres sont susceptibles de nous mener vers des instabilités et le chaos. Le temps n’est plus au culte du sectarisme qui mène droit vers l’anarchie, le temps est au rassemblement pour une coalition contre les conflits destructeurs et pour le développement et la démocratie véritable, surtout, que le Sénégal deviendra bientôt un émirat gazier et pétrolier.
En effet, il y a un temps court pour la précampagne (six mois) et la campagne électorale (un mois) et, un temps long pour fédérer toutes les énergies sans exclusive vers le travail productif et la cohésion sociale, sans lesquels, il n’y aura pas de coexistence pacifique possible. De sorte que le danger le plus grave qui nous guette résulte très souvent de contentieux politiques nés après les périodes électorales et l’intelligence politique requiert d’aller vers la définition et l’application d’accords politiques sur des bases minimales entre les différentes forces politiques et sociales au terme d’un dialogue national inclusif. Cette vérité est partout vérifiée en Afrique, du Nord au Sud et d’Est en Ouest, où force est de reconnaître que la matière électorale et la dévolution du pouvoir constituent les premières causes des désagrégations de nos états. Avec les conflits latents, potentiels et permanents qui foisonnent en Afrique, le panafricanisme et l’intégration économique intra-régionale et inter régionale s’éloigneront de plus en plus de nos schémas consécutivement aux multiples défaillances dans les marchés, la désarticulation dans les systèmes productifs à l’intérieur d’un continent balkanisé. Au gré du temps, l’afro pessimisme se substitue progressivement à l’afro optimisme dans cette Afrique des multiples tensions Or, le Sénégal a eu la chance de boucler un cycle électoral national (présidentiel en 2012, locales en 2014, référendaire en 2016, législatif en 2017 et présidentiel en 2019) dans une Afrique en convulsion (Algérie, Libye, Soudan, ,Guinée, Guinée Bissau, Mali, Burkina Faso , cote d’ivoire ) en dépit de tumultes que nous avons pu gérer.
Dans une phase d’exercice d’un nouveau mandat présidentiel et d’une nouvelle législature, pour un pays comme le nôtre inséré dans un environnement mondial où les dégradations sont multiples et multiformes, nous devrions savoir raison gardée et aller à l’essentiel dans le chemin qui nous réunit en évitant les différenciations, les invectives et la politique politicienne rétrograde. Les élections locales qui se profilent à l’horizon sont, certes, importantes, mais, seule la démocratie locale devrait prévaloir, sans que le processus soit entaché par une boulimie d’accaparement, de cumuls de mandat et de veiller au plein exercice de la citoyenneté dans un esprit républicain. Depuis mathusalem, nous avons assisté au Sénégal à la fin des partis monopolistiques tentaculaires, au profit d’une société politique éclatée pluraliste qui nous impose une collaboration et une entente inter parti sur des bases minimales.
Bien entendu, ces mesures vigoureuses nous permettront de consacrer plus d’argent dans le secteur productif national agricole et industriel et la promotion du secteur privé national, pour garantir une croissance régulière du plus du triple de la croissance démographique et de créer ainsi les conditions d’une émergence à l’horizon fixé. C’est à ce prix seulement que nous pourrions mettre les bases véritables d’une stabilité qui nous permettront de résoudre les préoccupations des populations et éviter le pire aux générations futures en faisant le sacrifice patriotique de prioriser les intérêts nationaux devant les intérêts partisans. Cela est d’autant vrai que les égoïsmes nationaux qui se propagent, en plus des effets dévastateurs du changement climatique, exigent aux pays à faible revenu, en raison de ces périls, à développer des stratégies inclusives de sursaut national patriotique de large rassemblement afin de surmonter dirimants. il s’agira aussi, dans le dialogue national appelé fort opportunément par le président Macky Sall, d’inclure dans les termes de référence, la lutte contre la corruption qui est un obstacle sérieux au développement économique et un défi important à relever. Les problèmes politico-politiciens de second rang dans nos états fragiles doivent laisser la place, après la période où le cycle électoral qui vient d’être bouclé, à une trêve politique et un pacte de croissance et de stabilité pour la résolution des questions économiques , sociales et culturelle fondamentales.
Kadialy GASSAMA,
économiste Rue Faidherbe X Pierre Verger, Rufisque