SELECTION
Après Marième Ba à Gorée, il y a le lycée de Diourbel, des creusets d’excellence où, pour y entrer, il faut passer par le sas d’un concours ouvert à tous.

L’école sénégalaise, depuis un certain temps, procède à une sélection de ses meilleurs élèves sans crier gare. Après Marième Ba à Gorée, il y a le lycée de Diourbel, des creusets d’excellence où, pour y entrer, il faut passer par le sas d’un concours ouvert à tous.
Encore heureux que ces concours soient ouverts à tous les élèves du pays qui auront eu tout le loisir de le préparer. Les plus doués passent. Il n’y aura eu aucune intervention extérieure pour favoriser tel ou tel impétrant. L’école publique a de beaux jours devant elle avec ces élèves pleins d’intelligence, espèces en voie de raréfaction. Parce qu’à vouloir gonfler à tout prix les taux de scolarisation, les taux d’abandon ou déchets scolaires montent en parallèle. Alors chercher des têtes d’œuf dans cette masse d’élèves dicte bien la création de ces centres.
Faut-il se désoler de leur nombre très insuffisant pour toutes ces masses d’élèves ? C’est vrai qu’une pléthore de centres n’est pas souhaitée mais augmenter le nombre jusqu’à trois avec un centre au nord, un au centre et un troisième au sud ne me semble pas une idée farfelue. C’est vrai que le budget de ces centres est vraiment conséquent mais que ne faudrait-il pas faire pour nos chérubins si fins, si brillants.
A contrario, le sort des autres élèves nous préoccupe. Il y a deux ans, des élèves admis au Bac n’ont pas été orientés. Donc totalement oubliés, sans explication, sans justification. Les élèves sénégalais étant d’égale dignité, ce comportement des autorités académiques reste à bannir.
Décrocher le Bac pour subir l’indignité d’un manque de considération, d’affectation constitue une épreuve très douloureuse pour un jeune homme. Et là l’intervention des parents est encore nécessaire pour poursuivre les études dans le privé. Avec des parents sans moyens de payer les études supérieures, l’élève est versé dans la cohorte de déchets scolaires. Il va gonfler le rang des marchands ambulants s’il est animé de courage ou la cohorte des sans-emploi qui prennent le thé à longueur de journée discutant de politique superficiellement et de championnats européens de foot si ce n’est de Nba.
L’Etat n’a pas à faire de tri pour ses enfants. Il doit assister tous ses enfants pour qu’ils réussissent dans cette vie si difficile. L’Ecole n’étant pas la seule voie du succès, cet Etat a tout intérêt à booster tous ses fils qui ne demandent qu’à être épaulés.