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LA CHRONIQUE HEBDO DE PAAP SEEN

SUR LES TRACES DU VOLEUR

EXCLUSIF SENEPLUS - Aucune mesure ne parviendra à endiguer l’activité criminelle. Si elle méconnaît l’essence même de la délinquance : la sélection culturelle et sociale inchangée - Le discours sécuritaire dominant se trompe de thérapie - NOTES DE TERRAIN

Paap Seen  |   Publication 02/02/2020

Mercredi 29 janvier 2020. 6h25. Le réveil est brutal. Un voleur s'est infiltré dans  l'appartement durant la nuit. Sans effraction. Il a dérobé deux ordinateurs et un sac, qui étaient posés sur la table à manger dans le salon. Un HP et un Macbook pro. Il est entré par la fenêtre en verre coulissante du couloir. Il ne s’est pas introduit dans les autres pièces de l’appartement. Dans sa précipitation, il a oublié les chargeurs des ordinateurs. C’est un petit choc. L’appartement semblait bien sécurisé et le quartier est réputé sûr. Au moins, cinq gardiens veillent la nuit. Ils n’ont rien vu.

Les traces de mains et de pieds ont permis de reconstituer le parcours du voleur. Il a escaladé la maison en construction, qui jouxte l’immeuble où j’habite, en passant par un terrain sur lequel sont construits des cabanes insalubres. Peut-être qu’il habite dans ce baraquement. Ce qui est évident, c’est qu’il le fréquente. Et qu’il a bien préparé son coup, pour savoir qu’une fenêtre de l’appartement reste toujours entrouverte. Un dispositif antivol, constitué de herses, est installé sur la maison en construction. S’il s’en est protégé, c’est qu’il l’a bien pris en compte. Et puis, il n’aurait pu contourner la vigilance des gardiens sans mesurer leurs habitudes. Peut-être même qu’il les connaît.

Plusieurs familles habitent dans ces taudis, ceinturés par des habitations neuves, d'où le cambrioleur est venu. Une vie pittoresque s’y déroule, riche en diversité. On peut entendre parler plusieurs langues. Des enfants s’y amusent jusque tard dans la nuit. On perçoit souvent l’écho des pleurs de bébés. Les gravats des chantiers alentour sont déversés dans ce campement d’infortune. Des poules et leurs poussins défilent à longueur de journée, cherchant çà et là des miettes d’aliments à picorer. Un vieux fauteuil noir, délabré, est installé au milieu des habitations. Comme un pied de nez à la misère, on observe, en face de ce ghetto, la richesse la plus affriolante. Des voitures de luxe stationnent dans les deux rangées du parking de la rue. Je m’interroge souvent devant le décor de ce quartier, réceptacle d’un croisement de conditions sociales et de cultures différentes. Le village y rencontre quotidiennement la ville. La pauvreté primaire se dresse fièrement devant l'exubérance.

L’insécurité occupe la Une de l’actualité dans notre pays. Les cas d’homicides, de viols, d’agressions et de vols, épinglés par les médias, attisent les peurs. Citoyens ordinaires, religieux, politiciens. Chacun s’émeut face à la montée de la violence. Devant la flambée de la criminalité, deux réponses reviennent : la sanction ferme et le retour à l’orthodoxie religieuse. Il s’agit, pour beaucoup de concitoyens, de punir sévèrement dans le dessein de neutraliser les transgresseurs. Ainsi, le châtiment serait la panacée pour résoudre le problème. Cette proposition est, à mon sens, une réponse superficielle. Démagogique. Qui ne sera, en aucun cas, efficace. Couper des mains ou mener à la potence ne résoudra absolument pas l’insécurité. C’est le remède des esprits paresseux et sensationnels. Cette solution témoigne d’ailleurs d’un affaiblissement de la conscience humaniste au Sénégal.

Ruines et chaos. Ce n'est plus un étonnement. Nous constatons que la vie de tous les jours connaît des bouleversements. Les atteintes à l’intégrité des personnes ne sont pas des inventions. Elles sont réelles. Mais ceux qui agressent et volent ne sont pas dépourvus de valeurs morales et religieuses. Ils sont même, pour la majorité, pleinement dotés des principes ontologiques qui gouvernent la société sénégalaise. Surtout, aucune mesure, aussi sévère soit-elle, ne parviendra à endiguer l’activité délictuelle et criminelle. Si elle méconnaît l’essence même de la délinquance : la sélection culturelle et sociale inchangée. D’où sont issus le plus grand nombre de ceux qui peuplent les prisons du Sénégal ? Des milieux défavorisés pour la plupart. Qui sont-ils ? Des jeunes accablés par le chômage, écrasés dans des “situations de subalternes”. C’est là qu'il faut situer le curseur. Voulons-nous rester une société immobile ou allons-nous inventer les moyens pour vivre dans une modernité humaine et généreuse ? A mon avis, nous sommes irrésolus. Nous ne désirons pas encore mener les révolutions nécessaires aux grandes avancées sociales et techniques. 

Le discours sécuritaire dominant se trompe de thérapie. A chaque fois que nous voyons un agresseur ou un voleur, nous pouvons être sûrs que c’est un échec de plus de la société. Pour mener des actions aussi nocives et nuisibles, il faut avoir subi une grande déshumanisation et être brisé par son environnement de vie. Que peuvent faire ceux qui n’ont rien et qui voient tous les jours les manifestations d’opulence, parfois insolentes ? La majorité survit grâce à l’économie de partage, qui fait que l’on peut toujours compter sur un membre de la communauté pour survivre. D'autres se tuent à la tâche, dans des efforts de dignité admirables. Certains sont tenaillés par la pauvreté et s’embourbent dans la déchéance ; ils se débrouillent comme ils peuvent dans la mendicité permanente. Lorsque l’on est jeune et que l’on grandit dans ce milieu social, on est constamment assailli par les mauvaises tentations. Et comment ne pas être envieux, résister aux fantasmes sur les biens d’autrui, dans une société dont le crédo est qu'il faut à tout prix montrer des signes extérieurs de richesses ?

La montée de l’insécurité ne doit pas nous surprendre. Il ne pouvait en être autrement. En réalité, nous devons nous attendre à une criminalité galopante. Les restrictions morales et les appels à la répression n’y feront rien. Les populations, évadées du monde rural, s’entassent en ville dans une grande précarité. Pour l’instant, ils sont nombreux à s’abriter dans des maisons en construction ou des gourbis. Et y éduquent tant bien que mal leurs enfants. Mais bientôt, lorsqu’il n’y aura pas assez de place pour les accueillir à Dakar, ils seront repoussés dans des bidonvilles. Mis en quarantaine. Assignés formellement à des fonctions sociales de survie. Sans développement technologique et économique, sans système efficace de redistribution des richesses, sans modernisation de l’éducation et des mentalités, la misère continuera de jouer un rôle structurel. Ce qui favorisera la délinquance. En temps moderne, il n’y a qu’une seule solution pour nous prémunir de l’obscurcissement de la vie communautaire. Elle consiste en l’impulsion d’un mouvement dynamique de l’esprit, dirigé vers le progrès civilisationnel et l’humanisation. C’est-à-dire la construction d’une culture scientifique et démocratique. Ce n'est que comme cela que les nations se muent en empires prospères, offrant le minimum d'avantages à leurs populations. 

Nous avons le droit de nous offusquer lorsque notre intégrité est violée. Un voleur porte atteinte au savoir-vivre, à la tranquillité morale, à la vie sociale. Le comportement d’une personne, qui s'introduit tard dans la nuit dans un appartement privé, reste condamnable. Personnellement, j’en veux un peu à ce cambrioleur. Peut-être qu’il était armé, prêt à faire mal, lors de son opération. Seulement, je ne peux pas l’accabler plus que ne le fait déjà la société sénégalaise. Il est aussi victime de la destruction des solidarités. De l’impasse de l’école républicaine, qui ne sait pas développer le potentiel des individus, pour en faire des agents porteurs du génie de l’innovation. Je veux dire qu’il est impossible d’assurer la paix sociale, sans investissement massif dans les compétences techniques et intellectuelles. Sans une croissance de l’autonomie individuelle. Ce voleur est victime. Parce qu’il est le produit des facteurs d’anomie qui empêchent les populations d'aspirer, en toute confiance, à l’épanouissement, à la responsabilité et au développement spirituel.

Retrouvez sur SenePlus, "Notes de terrain", la chronique de notre éditorialiste Paap Seen tous les dimanches.

psene@seneplus.com

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