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par Elgas

UNIVERSITÉS, LE CREUSET ET LA TOMBE

Il paraît probable que l’université sénégalaise soit depuis longtemps devenue un cadavre. Pourquoi les voix des chercheurs, si brillantes en dehors de l’université, dans les revues, paraissent si impuissantes à porter dans le débat national ?

Elgas  |   Publication 24/02/2021

Ce texte a été prélablement écrit en juin 2018 dans le sillage des événements ayant entrainé la mort de l'étudiant Fallou Sène. L'auteur le remet au gooût du jour suite à l'appel lancé le 23 février dernier par 102 universitaires sénégalais en faveur de l'Etat de droit.

Les chercheurs sénégalais produisent. De la qualité et de la quantité. Et parfois des ratés. Tout ça, c’est commun. Mais gardons en tête que si l’université nationale paraît mourir de sa belle mort, engluée dans des problèmes qui semblent incurables, il reste une flamme vive chez les universitaires. Il suffit de se rendre sur les grands portails de sciences sociales, pour être aussitôt envahi de sentiments de joie, de bonheur et parfois de fierté, de voir les signatures sénégalaises dans toutes les disciplines. L’on se désole presque, après, que ces travaux qui font le bonheur d’autres chercheurs, ne soient pas très accessibles, pas très mobilisables, pour servir de matière au débat et à l’action politique à échelle nationale. Comme tous les domaines qui requièrent une expertise, les productions universitaires sont frappées de confidentialité. Elles ne naviguent qu’entre initiés et finissent par devenir des objets marginaux qui ne profitent pas au plus grand nombre, dans la tâche d’élévation constante des esprits qui doit être la leur. A force, et sans s’en rendre compte, il naît une défiance des populations, qui considèrent ce savoir lointain, comme une forme de substance condescendante, avec laquelle elles prennent leur distance. Ce divorce entre un laboratoire des idées et les populations, a récemment atteint des phases critiques. L’université est devenue le lieu même où s’agitent, de manière très alarmante, les querelles sociales et vitales. L’on se demande même si elle génère les conflits, ou en est seulement le réceptacle tant la confusion est aveuglante. En tout état de cause, il y a quelque urgence à raviver l’université, non pas uniquement par une injection de "moyens", mais par la capacité à la sortir littéralement hors des murs en direction des populations mais aussi, sans doute est-ce le plus important, à en faire l’avant-garde de la pensée, de l’intuition, de la réforme et de la défense des valeurs républicaines.

Je reste convaincu - sans doute cet avis est-il impopulaire - que la majeure partie des sénégalais est dotée de capacité d’analyse et qu’il faut toujours, sans jamais renoncer, essayer de s’adresser à cette aptitude au discernement. Ne pas prendre pour perdues et hors d’atteinte, des populations qui seraient figées dans des convictions moyenâgeuses et peu réceptives. Les faits tragiques, qui ont récemment endeuillé l’université, ont suscité, et à juste titre, une indignation. D’un lieu de savoir on a fait un lieu de survie. Avec des batailles rangées où le levier des bourses devient un élément de corruption active et passive. Pour réguler à postériori le flux démographique, l’Etat a, dans sa panoplie de chantage et de répression, un arsenal, qui passe par le retard dans le paiement des bourses, jusqu’au paiement tardif, requalifié en acte généreux. Cette ruse s’accompagne de services publics complices et peu coopératifs, comme quelques forces de l’ordre, ou même quelques hôpitaux, où la misère reste un moyen de couvrir l’incompétence dans la maigreur de l'offre publique. C’est un mélange de plusieurs défaillances qui crée ce climat pas franchement insurrectionnel, puisque quelques jours après, comme dans toute mécanique de corruption chronique, on résout les problèmes à l’étouffée et à l’amiable. Sevrer et ensuite abreuver, cette gouvernance alimentaire est une technique huilée qui éloigne des enjeux véritablement universitaires mais qui occupe l’actualité. Comme dans les Etats patrimonialistes, le gouvernant tente de faire passer les droits légitimes des citoyens (ici les étudiants) en dons qui témoignent de sa bienfaisance. Avec la grande précarité qui frappe la société, dont l’université est le reflet, la violence des confrontations, symbolique ou physique, entraîne la mort. C’est ce qui est arrivé avec Fallou Sène qui vient allonger la longue liste des condamnés précoces au cimetière.

Face à cette détresse collective, on peut prendre plusieurs partis. Celui de s’indigner : le créneau a été vite encombré, tout le monde s’y est précipité. Bien souvent on met en sourdine ensuite les problèmes, jusqu’au prochain. Mais une chose m’a marqué, pourquoi les voix des chercheurs, si brillantes en dehors de l’université, dans les revues, les plateformes, paraissent si éteintes et si impuissantes à porter dans le débat national ? Pourquoi l’université subit-elle, et ne paraît-elle jamais en mesure d’offrir les prémices des alternatives ? Les perspectives de réponses ne sont pas très heureuses. Car il paraît bien probable que l’université sénégalaise soit depuis longtemps devenue un cadavre qui ne vit qu’à travers des spasmes sporadiques, ayant accepté son statut de défunt. Pour déjouer l’objection trop lancinante du « manque de moyens », il serait judicieux de comprendre pourquoi l’université ne produit de discours forts, précurseurs. Pourquoi n’est-elle pas, elle-même, l’épicentre du débat entre chercheurs ? Le lieu où naissent et s’entrechoquent les idées ? En un mot, le souffle qui maintient l’espoir et dessine les voies de l’avenir ? A observer de plus près, l’on sent qu’elle a plus ou moins capitulé. La grande ambition de savoir est devenue un sacerdoce, une quête qui les dépasse. La commodité de rentrer dans les rangs, de se suffire du pécule qui assure un vague privilège, de rester des mandarins de l’autorité du savoir, l’absence de challenge qui pousse au dépassement, font finalement du creuset initial une tombe.

Il faut désaccoutumer les sénégalais des reproches faciles aux seuls politiques, médias, et même religieux. Depuis quelques décennies, l’université a délaissé l’initiative. Elle vit au ralenti. Assaillie par la pléthore du supposé bénéfice démographique, elle n’a ni anticipé les moyens de dispenser le savoir, ni les ajustements qui auraient pu assurer sa survie. Cette impréparation d’amateurs, dont elle partage la responsabilité avec son référent direct, l’Etat, crée ce chaos qui ne profite ni au tissu économique, ni à la réduction du chômage, et ne sert même pas de scène première des échanges intellectuels. Si des initiatives existent au gré des agendas intérieurs, force est de constater qu’elles restent à l’écart, car une lutte des classes, pour la survie, forme cette vaste jungle où finalement survivre, c’est renoncer. Et gagner, tricher. Le savoir, trop absent, ainsi dévitalisé, doit réinvestir l’université comme une matière vivante, entretenue, et prête à enrichir tout le pays. Il suffit de faire un détour vers les sites Internet des principales entités universitaires du pays, avec leur offre bancale de pédagogie, pour voir la démission. L’enjeu dans la renaissance réelle d’une université performante et utile, réside dans la traductibilité pour les masses populaires du savoir qui y est dispensé, mais surtout, dans la capacité à créer un discours de résistance, d’espoir, porteur de solutions nouvelles afin que les chercheurs ne soient pas que des titres, ou diplômes ronflants, chantés ailleurs mais impuissants chez eux. Tout comme le journalisme sénégalais n’a pas réussi véritablement en quelques décennies à proposer un concept fondateur et exportable qui ferait son identité, l’université n’a pas créé de modèle, d’empreinte propre, de tradition qui, pourtant jadis, dans le tourbillon des idées, montraient la voie. Il y a de la résignation dans l’air. On peut admettre et même comprendre le désespoir d’un cœur. Cependant, la résignation des esprits, elle, annonce la paralysie, voire l'oraison.

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