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29 juin 2025
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MULTIPLE PHOTOS
AU NOM DE LA FOI, AU PRIX DE L’ENFANCE

EXCLUSIF SENEPLUS - Ce que nous voyons aujourd’hui, dans certains daaras est une trahison spirituelle. Un apartheid silencieux entre les enfants protégés et les enfants abandonnés

Amadou Thiourou Barry  |   Publication 26/06/2025
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Un drame de plus. Il y a quelques jours, à Mbour, des enfants écrasés sous les roues d’un véhicule, vidant leur sang sur le bitume sénégalais, pendant que la presse, comme pour s’absoudre d’une longue cécité collective, s’émeut de leur sort. Ces enfants étaient des talibés. Ils portaient sur leurs frêles épaules le poids d’un système ancien devenu inhumain, une déviance historique devenue norme sociale, une violence institutionnalisée que plus personne ne s’étonne de voir déployée au grand jour.

Dans les lignes qui suivent, cette modeste contribution tente de s’ajouter aux illustres voix sénégalaises (Amadou Thior avec le film Almodou, Elgas à travers le livre Un Dieu et des Mœurs…) qui n’ont de cesse, depuis plusieurs années, de nommer le scandale, de briser les silences complices, de regarder en face la faillite morale que constitue le sort des talibés au Sénégal.

Le mot talibé, emprunté à l’arabe ṭālib, signifie « étudiant ». Dans le contexte historique sénégalais, il désignait l’enfant confié à un maître religieux, le serigne daara, pour y apprendre le Coran, la rigueur morale, les codes du vivre-ensemble et l’humilité. Le daara n’était pas un bagne, mais une école traditionnelle. Le maître y exerçait une autorité spirituelle, dans un cadre communautaire, souvent rural, où l’apprentissage s’intégrait à la vie quotidienne, faite de travaux agricoles, de prières et d’enseignement oral. Mais ce modèle, qui pouvait être légitime dans une société précoloniale, a sombré dans une déchéance silencieuse. L’urbanisation rapide, la pauvreté endémique, la perte d’autorité des communautés villageoises, la marchandisation du religieux et l’inaction des pouvoirs publics ont transformé cette institution en machine à broyer les enfances.

Aujourd’hui, le talibé est une silhouette familière dans le paysage urbain sénégalais. Il hante les marchés, les stations-service, les parkings, les entrées de mosquées et les carrefours. Pieds nus, pot en main, regard fuyant ou résigné, il devient l’enfant de tout le monde et de personne. Derrière cette omniprésence se cache une économie de la mendicité, à peine dissimulée, où des milliers d’enfants sont forcés chaque jour de rapporter un quota d’argent à leur maître, sous peine de châtiments corporels. Le mot daara devient alors synonyme de lieu de détention. Il y a là une mutation perverse. De la quête du savoir à l’exploitation systémique. Une éducation de survie qui nie tout droit à l’enfance.

Ce drame est d’autant plus insupportable qu’il se réclame du religieux. Mais rien, absolument rien, dans les textes sacrés de l’Islam, ne peut justifier la maltraitance d’un enfant. Au contraire, le Coran appelle à la protection des enfants, non à leur exposition à la rue. Le verset « Et ne tuez pas vos enfants par crainte de pauvreté, c'est Nous qui attribuons leur subsistance, tout comme à vous. Les tuer, c'est vraiment, un énorme péché » (Sourate 17, verset 31), ne parle pas seulement du meurtre physique mais de toute forme de négligence destructrice, y compris le fait de sacrifier l’enfance sur l’autel de traditions dévoyées. Le Prophète Mouhammad (Paix et Salut sur Lui) fut sensible à la condition des plus faibles, et recommanda la bienveillance, l’amour, la protection. Il fut un éducateur miséricordieux, non un bourreau d’enfants. Il n’a jamais enseigné le Coran dans des conditions inhumaines. Le Hadith n° 2319 du Sahîh Muslim nous rappelle ces propos du Prophète Mouhamad (Paix et Salut sur Lui) : « Celui qui n’a pas de miséricorde pour les enfants et ne respecte pas les anciens n’est pas des nôtres ».

Ce que nous voyons aujourd’hui, dans certains daaras, n’est pas un excès de zèle religieux, mais une trahison spirituelle. L’enseignement du Coran ne devrait pas rimer avec douleur, humiliation et peur. Un daara qui ne garantit pas à l’enfant un toit digne, une alimentation suffisante et une protection contre la violence est en contradiction avec la responsabilité éducative prescrite par l’Islam. Et pourtant, le système perdure, sanctuarisé par une partie de l’opinion, toléré par les autorités religieuses, avalisé par des politiques frileux. On évoque la tradition, on invoque le respect dû aux marabouts, on détourne le regard au nom de la stabilité sociale. Et l’enfant reste là, dans le silence de la rue, oublié.

Il est devenu banal, au Sénégal, de croiser des talibés en détresse. Leurs corps amaigris, leurs pieds blessés, leurs vêtements en lambeaux n’émeuvent plus vraiment. L’œil s’est habitué. L’indignation s’est tue. L’aumône, paradoxalement, devient l’outil de perpétuation du système. Car chaque pièce donnée dans la rue, chaque geste que l’on croit charitable, est une caution à la mendicité organisée. Ce n’est plus la solidarité, c’est l’alimentation d’un marché cynique où l’enfant n’est plus un sujet, mais un outil. Dans un pays où la famille est une valeur sacrée, où l’enfance est célébrée dans les discours, il est étrange que tant d’enfants soient ainsi livrés à la rue, sous un soleil de plomb, sans réaction massive. Il y a là une fracture morale inquiétante. Un apartheid silencieux entre les enfants protégés et les enfants abandonnés.

Et que dire de l’État ? La loi sénégalaise interdit la mendicité forcée (article 3 de la loi n° 2005-06). Des campagnes ponctuelles sont lancées, des discours officiels se veulent compatissants. Mais rien de structurel ne bouge. Pourquoi ? Parce que les maîtres coraniques représentent des blocs d’influence électorale. Parce que s’attaquer à la mendicité des talibés, c’est risquer la rupture avec certains segments du pouvoir religieux. Alors on compose, on recule, on édulcore. Et les rapports s’entassent sur les bureaux ministériels pendant que les enfants dorment sur les trottoirs. Même les tentatives de réforme, comme les projets de daaras modernes, peinent à prendre. Faute de volonté réelle, faute de courage politique, faute de rupture assumée avec l’hypocrisie ambiante. Ce ne sont pas les moyens qui manquent, c’est l’engagement.

Le drame des talibés n’est donc pas un accident. Il est le produit d’un consensus criminel entre l’indifférence sociale, la lâcheté politique et la complicité religieuse. Il n’est pas une fatalité, mais une construction. Et ce que les sociétés construisent, elles peuvent le déconstruire. Il faut rompre avec l’acceptation sociale de cette horreur. Il faut rééduquer l’opinion, dire que le respect des maîtres coraniques ne signifie pas la soumission à la maltraitance. Il faut criminaliser, sans exception, toute forme de mendicité forcée. Il faut soutenir les maîtres vertueux, en les insérant dans un cadre éducatif digne, contrôlé, rémunéré. Il faut donner à ces enfants des alternatives, des refuges, des écoles.

Lorsque des talibés meurent, écrasés sur la route, ce n’est pas une simple tragédie routière. C’est le miroir de notre échec collectif. Chaque goutte de leur sang est une interpellation. Que vaut une société qui laisse ses enfants mendier, errer, souffrir, mourir, au nom de traditions qu’elle ne questionne même plus ? Il ne s’agit plus d’émotion. Il s’agit de justice. Il s’agit d’humanité.

barry.at15@gmail.com, un citoyen qui refuse l’endormissement des consciences.

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