AUDITION DES MINISTRES IMPLIQUES DANS LA GESTION DES INONDATIONS
Moustapha Niasse et cie rejettent la proposition de Serigne cheikh Mbacké et maintiennent la mission d’information

Le bureau de l’Assemblée nationale a rejeté la proposition du président du groupe parlementaire Liberté et démocratie qui, à la place d’une mission d’information, plaidait pour l’audition des ministres impliqués dans la gestion des inondations. Moustapha niasse et cie qui privilégient l’article 49 du règlement intérieur de l’Institution promettent de produire un rapport sur les inondations au plus tard le 31 octobre 2020.
Les lettres adressées à Moustapha Niasse et Aymérou Gningue par le président du groupe parlementaire «Liberté et Démocratie» n’y feront rien. La majorité ne compte aucunement auditionner les ministres impliqués dans la gestion des inondations en tenant une session extraordinaire. Elle est intraitable dans sa volonté d’organiser une mission d’information.
Dans une déclaration parvenue hier à «L’AS», le Bureau de l'Assemblée nationale a informé de la mise en place d'une Mission d'information composée de représentants de la majorité, de l'Opposition et des Non-inscrits. D’après la note, la mission d'information, qui comprendra une quinzaine de députés, pourra recourir à l'expertise nationale. «Elle aura un Président, un Vice-président et un Rapporteur », apprend-on.
Selon toujours le communiqué du bureau de l’Assemblée nationale, dès sa mise en place, la mission commencera ses travaux, dans le cadre du délai de six semaines qui lui est imparti. «Ses missions sur le terrain cibleront Dakar et toutes les zones géographiques du pays impactées par les inondations. Suivra ensuite le Rapport qui sera déposé, au plus tard le 31 octobre 2020, auprès du chef de l'Etat, avec les conclusions et les recommandations appropriées. Bien entendu, les députés en auront déjà pris connaissance», lit-on dans le communiqué. Pour la majorité parlementaire, l'Assemblée nationale entend ainsi, dans la lettre et l'esprit du 1er alinéa de l'article 49 de son Règlement intérieur, mener à bien ses missions liées au contrôle de l'action gouvernementale.
SERIGNE CHEIKH MBACKE : «MANSOUR FAYE A UNE GRANDE PART DE RESPONSABILITE DANS LA GESTION DES PROJETS D’ASSAINISSEMENT»
Joint au téléphone, le président du groupe parlementaire Liberté et Démocratie a estimé qu’il fallait normalement convoquer une session extraordinaire et auditionner les ministres impliqués. «On ne les auditionne pas parce qu’ils sont responsables ou accusés d’être à l’origine de la situation. L’Etat est une continuité. On demande à Serigne Mbaye Thiam de venir s’expliquer, même si on sait que Mansour Faye a une grande part de responsabilité dans la gestion des projets d’assainissement, parce qu’ayant longuement dirigé ce département.
Serigne Mbaye Thiam a trouvé les programmes et projets déjà ficelés et exécutés en grande partie, mais il a la responsabilité de venir devant la représentation nationale pour éclairer la lanterne des Sénégalais», a soutenu Serigne Cheikh Mbacké. Il indique qu’il est tout à fait normal qu’on s’interroge, de 2012 à aujourd’hui, sur les réalisations en termes d’assainissement parce que 767 milliards F CFA (Ndlr : plan décennal de lutte contre les inondations), c’est une grande somme et c’est sérieux. Il faut clarifier les choses pour dire combien a été dépensé ; par quelle procédure pour que les Sénégalais puissent être édifiés, a-t-il affirmé. «Et une mission d’information est trop petite pour cela. Une fois sur le terrain, qui va leur donner les informations dont ils ont besoin ? » demande-t-il. Ce qui est mieux et souhaitable, dit-il, c’est de convoquer les ministres en compagnie de leurs conseillers et autres techniciens afin que les députés puissent les auditionner devant la représentation nationale. Surtout que, ajoute-t-il, une fois sur le terrain, par exemple, les sapeurs-pompiers ne pourront parler que du nombre de motopompes qu’ils ont réceptionnées au niveau de leur site. «Ils ne pourront jamais vous dire quel est le nombre de matériels commandés globalement par l’Etat ; qui sont les attributaires des marchés ; encore moins si l’exécution des marchés est convenable ou pas. Et vous avez remarqué qu’avec la baisse des inondations ces dernières années, on n’avait plus revu les matériels achetés pour faire face aux conséquences dévastatrices des pluies diluviennes. Il se peut même que les gens aient loué des pompes en faisant semblant de les avoir achetées », a-t-il déclaré.
OUMAR SARR AVAIT ETE AUDITIONNE APRES LES INONDATIONS DE 2010
Ce qui est désolant aussi, selon le Président du groupe parlementaire de l’opposition, c’est que le rejet de la proposition consistant à auditionner les ministres impliqués n’a pas été motivé. Pourtant, Serigne Cheikh Mbacké rappelle qu’en 2010, lorsqu’il y avait de pareilles inondations dans le pays, le Président de l’Assemblée nationale avait convoqué une session extraordinaire. «On avait convoqué Oumar Sarr qui venait de perdre son papa. Et il a tout laissé pour venir répondre aux questions des députés en compagnie d’autres ministres concernés à l’époque», s’est-il remémoré.
SERIGNE CHEIKH MBACKE, PRESIDENT DU GROUPE PARLEMENTAIRE LIBERTE ET DEMOCRATIE : Nous allons recueillir les signatures de 51% des députés pour convoquer une session extraordinaire et auditionner les ministres impliqués»
«Comme ils ont rejeté ma proposition, je vais rendre compte au Président Abdoulaye Wade et à nos alliés de l’opposition parlementaire, Pape Diop, Mamadou Lamine Diallo et Mamadou Diop Decroix. On discutera de la démarche à adopter et on verra si éventuellement on participera ou non à la mission d’information. Ce qui est sûr, c’est que notre combat ne va pas s’arrêter de sitôt d’autant qu’il y a d’autres voies pour parvenir à nos fins. Nous avons la possibilité de recueillir les signatures de 51% des députés. Et si on arrive à l’obtenir, on pourrait convoquer une session extraordinaire. Cela nécessite des discussions et des concertations. Ce ne sera pas facile, mais je discuterai avec les députés de la majorité pour essayer de les convaincre et avoir leurs signatures. Comme cela, je mettrai sur pied une session extraordinaire pour pouvoir auditionner les ministres impliqués dans la gestion des inondations.»