BARTH DANS LA NASSE, KHALIFA SOUS PRESSION
La Cour suprême enferme un peu plus le maire de Dakar dans une affaire vieille de douze ans. Ses alliés y voient la volonté de fragiliser l'opposition avant le scrutin du 25 février. Ombre judiciaire sur la campagne de Khalifa Sall ?

La condamnation de Barthélémy Dias dans une affaire remontant à 2011 a été confirmée vendredi dernier par la Cour suprême du Sénégal. Cependant, les proches de l'édile dénoncent les "soubassements politiques" de ce dossier qui pourrait peser sur la présidentielle du mois prochain.
Pour rappel, les faits remontent au 22 décembre 2011. Alors maire de la commune de Mermoz-Sacré-Coeur, dans la banlieue de Dakar, Barthélémy Dias est filmé devant sa mairie, armé de deux pistolets, dans un climat tendu à quelques semaines de l'élection présidentielle. La situation dégénère et un manifestant, présenté comme proche du parti au pouvoir, est tué par balles. Mis en cause, M. Dias est depuis poursuivi pour "coups mortels".
Douze ans après les faits, la Cour suprême a donc confirmé la condamnation de l'édile à deux ans de prison, dont six mois ferme. Bien que cette peine ait déjà été purgée en détention préventive, M. Dias continue de nier sa culpabilité et dénonce une "injustice", selon ses propos rapportés par Le Monde le 15 décembre dernier.
Pour ses proches, à l'instar de son conseiller politique Thierno Ndiaye, cité par le quotidien Le Monde, "c'est une histoire très longue avec des soubassements politiques" : le dossier aurait systématiquement été "remué" à l'approche d'échéances électorales. Une stratégie qui aurait notamment provoqué des tensions lors de procès en 2021 et 2022, à la veille de scrutins locaux et législatifs.
Autre élément qui renforce les soupçons de motivations politiques selon ses soutiens: cette affaire pourrait aujourd'hui priver M. Dias, élu maire de Dakar en 2022 et député de l'opposition, de son siège à l'Assemblée nationale. Or il a accordé son parrainage à Khalifa Sall, figure de proue de l'opposition pour la présidentielle du 25 février prochain.
Reste à savoir si cette condamnation entraînera in fine sa destitution, une décision qui revient à la ministre de la Justice Aminata Tall Sall. Toujours est-il que, douze ans après les faits, cette vieille affaire continue de coller à la réputation de Barthélémy Dias, au risque de gêner la campagne de son allié Khalifa Sall.