COMMENT SONKO A ÉVITÉ LE PIRE
Le député de Pastef a refusé d’emprunter l’itinéraire indiqué par le préfet

Le leader de Pastef-les-Patriotes, Ousmane Sonko, convoqué hier matin par le juge d’instruction du 8e cabinet du Tgi de Dakar, n’a finalement pas pu déférer à l’invite. Et pourtant, il était déterminé à s’y rendre ! Seulement voilà, le préfet de Dakar, qui coordonnait les opérations sur le terrain, a cru devoir lui imposer un itinéraire qui ne lui convenait pas. L’opposant, mis au parfum de la présence de nervis en certains endroits de la corniche, a préféré prendre un autre chemin passant par l’Université de Dakar. Après plusieurs heures d’attente, les gendarmes de la Section de recherches de Colobane sont venus lui décerner un mandat d’amener pour les motifs de délits de « trouble à l’ordre public » et « participation à une manifestation non autorisée ».
Sorti de sa maison aux environs de 8 heures 50 pour aller déférer à la convocation du juge d’instruction Mamadou Seck, Ousmane Sonko a vécu une journée mouvementée hier. Son cortège a été à plusieurs reprises arrêté. Les gendarmes, sur instruction du préfet de Dakar, Alioune Badara Samb, lui ont demandé d’emprunter la corniche pour se rendre au palais de justice. Refus du leader de Pastef qui entendait choisir son propre itinéraire. En dépit d’amples négociations, Ousmane Sonko a campé sur sa position. Surtout qu’il a été informé entretemps que des nervis armés de gourdins et d’armes blanches l’attendaient au niveau de la corniche. D’ailleurs, des vidéos postés sur les réseaux sociaux ont montré ces gros bras qui voulaient visiblement bouffer du Sonko. Ce qui l’a renforcé dans sa détermination à suivre l’itinéraire qu’il avait choisi en quittant son domicile. Autrement dit, il voulait passer par l’avenue Cheikh Anta Diop.
De nouveaux délits signifiés à l’opposant
En quittant son domicile pour répondre au juge du 8e cabinet, Ousmane Sonko ne savait pas que son périple vers le tribunal allait s’arrêter au niveau du rond-point Mermoz. En effet, après avoir été bloqué durant plusieurs heures par les forces de l’ordre, et au moment où certains de ses avocats avaient accouru pour décanter la situation, en tentant de l’amener dans une voiture banalisée pour déférer à la convocation du juge du 8e cabinet, des gendarmes de la Section de recherches de Colobane sont venus jeter de l’huile sur le feu. Ils ont signifié à Sonko d’autres charges comme les délits de « trouble à l’ordre public » et « participation à une manifestation interdite ». Ils ont arrêté l’opposant avant de le transférer dans leurs locaux à Colobane. Ce « kidnapping », c’est le mot utilisé par ses avocats, a mis hors d’eux les militants de Pastef. « Nous prenons l’opinion publique à témoin. Sonko n’a commis aucun acte dans le sens de troubler un quelconque ordre public. Il a voulu déférer à la convocation de la justice. Il n’a posé aucun acte permettant de laisser croire qu’il voulait troubler l’ordre public. Il y a eu des circonstances qui sont indépendantes de sa volonté », a soutenu l’un de ses avocats, Me Ousseynou Ngom. Selon le défenseur, on ne saurait imputer à son client les faits qu’on lui reproche. « En tant que citoyen, en tant que légaliste, il n’a opposé aucune résistance. Ses gardes du corps ont été arrêtés » a-t-il poursuivi.