«DANS LE CAS D’ESPECE, AUCUN DÉPUTÉ NE SERA PROTÉGÉ PAR MON GROUPE»
Aymérou Gningue sur le trafic de passeports diplomatiques impliquant des élus et la limitation des mandats

Le président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar (bby) était l’invité hier de l’émission «Jury Du Dimanche (Jdd)» sur «i-radio». Interpellé sur le trafic de passeports diplomatiques impliquant des députés de la majorité, Aymérou Gningue a indiqué que personne ne sera protégé et que la majorité ne s’opposera pas à la levée de leur immunité parlementaire.
Le Sénégal est dernièrement secoué par une affaire de trafic de passeports diplomatiques impliquant des membres de la majorité parlementaire. Un scandale qui vient écorner davantage l’image des députés sénégalais. En effet, dans un passé récent, l’un d’entre eux était arrêté pour trafic de faux billets de banque. Le plus anecdotique, tous ces élus incriminés ou poursuivis sont issus du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar (Bby). Pour autant, son président rassure que ces derniers ne pourront pas compter sur leur soutien en souhaitant que la procédure judiciaire puisse édifier les uns et les autres. «Les enquêtes de police sont en cours. La justice va certainement être saisie. Laissons la justice faire son travail», lance-t-il.
Toutefois, il précise que le groupe parlementaire BBY fera le travail qu’il faut chaque fois que, dans la procédure, il lui sera demandé de lever l’immunité d’un député trempé de près ou de loin à quelque chose d’illégal. «Vous pouvez compter sur moi que la levée sera effective. Pour le moment, nous n’avons reçu aucune demande de levée de l’immunité parlementaire», soutient Monsieur Gningue. Il ajoute avoir déjà reçu les députés concernés et que ces derniers sont disposés à répondre et donner leurs arguments à la police. «Aucun député dans le cas d’espèce ne sera protégé par mon groupe», souligne le président du groupe parlementaire de la majorité.
Poursuivant, Aymérou Gningue estime que dans cette affaire, on n’est pas dans un cas de flagrant délit et qu’il y a une personne centrale qui a été arrêtée et qu’au cours de l’enquête, des documents qui semblent appartenir à des députés ont été retrouvés chez elle. Répondant à ceux qui dénoncent des lenteurs dans cette affaire, il estime qu’on ne peut pas accélérer les dates, car il faut respecter la procédure. «Il y a une enquête de police et nous laissons les choses se poursuivre», déclare-t-il.
Concernant Boughazelli, Aymérou Gningue affirme qu’on était en procédure de flagrant délit parce qu’il a été pris la main dans le sac. C’est pourquoi, dit-il, on a pu le prendre sans demander la levée de son immunité parlementaire. «Mais il avait deux choix. Soit on recevait la demande de levée de l’immunité parlementaire, soit il démissionne de son propre chef pour se mettre à la disposition de la justice. Il a pris L’option 2. Maintenant, il y a une procédure judiciaire et je m’en tiens à la présomption d’innocence. Et le temps de la justice n’est ni le temps de la politique, ni le temps de la presse», souligne le président du groupe parlementaire Bby qui appelle l’ensemble des députés à faire des efforts pour avoir un comportement exemplaire.
Toutefois, il trouve que les députés ne sortent pas ex-nihilo. «Ce sont des sénégalais et ils ont les qualités des Sénégalais et leurs défauts. Quand vous êtes choisi pour représenter le Sénégal, il faut faire un travail d’introspection et chercher à être un exemple dans votre comportement de tous les jours, dans votre attitude, dans ce que vous devez faire et dans ce que vous ne devez pas faire. C’est un problème qui interpelle la conscience individuelle et collective des gens. Je demande toujours aux députés d’être des exemples», affirme le chef de la majorité à l’Assemblée nationale.
En ce qui concerne par ailleurs l’affaire Kilifeu et Simon, il soutient que tant qu’ils ne seront pas jugés et condamnés, il ne va pas les considérer comme coupables. «Cependant, c’est trop facile de parler de complot dans cette affaire. C’est la voie la plus courte pour sortir de ses turpitudes. Ils sont accusés et le dossier est en instruction. La justice rendra sa décision et quand cette décision tombera, je me prononcerai sur cette décision », a-t-il conclu.
«JE SUIS CONTRE LA LIMITATION DES MANDATS»
Lors de l’émission de JDD hier, la question du coup d’Etat en Guinée a été abordée. Et par ricochet celle des problèmes liés au troisième mandat dans les pays africain. Mais le député et chef de la majorité s’est voulu très clair : «Pourquoi quand on parle de troisième mandat, les regards doivent-ils se tourner vers le Sénégal ?». Et d’ajouter pour donner sa position contre le troisième mandat. «A titre personnel, je suis contre la limitation des mandats. Je suis contre aussi le fait de les limiter à 5 ans. Je suis contre aussi le fait qu’on limite l’âge des candidats à 75 ans. Ce que le Président va faire en 2024, c’est lui qui le sait. Par contre, je sais qu’à bonne date le Conseil constitutionnel va se prononcer sur la légitimité ou l’illégitimité du Président Sall», a-t-il soutenu.