DE FORTES MENACES PESENT SUR LA TENUE DES LOCALES
A sept mois des élections locales prévues en mars 2021, tout est au statu quo. Tout porte à croire d’ailleurs que ce scrutin est en phase d’être hypothéqué !

En plus des lenteurs notées dans le processus électoral, la pandémie de Covid-19 est venue compliquer les choses. Aujourd’hui, de fortes menaces pèsent sur les élections locales prévues le 21 mars 2021, à moins que les acteurs décident d’y aller avec le code électoral qui a prévalu jusque-là.
A sept mois des élections locales prévues en mars 2021, tout est au statu quo. Tout porte à croire d’ailleurs que ce scrutin est en phase d’être hypothéqué ! Pour le coordonnateur du pôle des non-alignés au dialogue politique, il demeure constant que les délais sont maintenant très serrés si effectivement la date du 28 mars 2021 est toujours retenue et qu’on décide d’y aller avec un nouveau code électoral.
Déthié Faye rappelle que quand la pandémie a commencé à prendre de l’ampleur dans le pays, le président du comité de pilotage du dialogue national, Famara Ibrahima Sagna, avait demandé que l’on suspende les travaux jusqu’à nouvel ordre. Ce qui fait qu’aujourd’hui, dit-il, pour aller à des élections avec un autre code électoral, il faut au minimum trois mois, le temps d’auditer le fichier et d’évaluer le processus électoral. Ensuite, précise-t-il, il y aura des recommandations qu’il faudra valider et intégrer dans le Code électoral. «Cela devra se faire à l’Assemblée nationale. Et vous comprenez que cette procédure sera longue», renchérit-il. En plus de cela, il y a la révision exceptionnelle des listes électorales suivie de la période contentieuse.
Poursuivant, Monsieur Faye soutient également que si le parrainage est maintenu, il faudra s’y atteler cinq mois avant les élections. «Si on fait le calcul en prenant en compte les cinq mois du parrainage, on se rend compte qu’il ne restera que deux mois (septembre et octobre) pour effectuer l’audit et l’évaluation du processus électoral. Ce qui est impossible dans ces conditions. Pis, l’Etat n’a pas encore de bailleurs», renseigne Déthié Faye. Selon lui, il y a énormément de difficultés. «Etla seule possibilité qui s’offre à nous, c’est de surseoir à certains points qui peuvent attendre tels que le statut de l’opposition, etc., et de se prononcer sur les élections en mettant la priorité sur comment faire pour finaliser la mise en œuvre de l’audit et de l’évaluation», préconise Monsieur Faye.
LE SILENCE DE FAMARA IBRAHIMA SAGNA DEPLORE
Le coordonnateur du pôle des non-alignés informe avoir écrit depuis le 8 juin au Président Famara Ibrahima Sagna pour lui dire, comme les mesures étaient aménagées (Ndlr : levée état d’urgence), qu’il fallait convoquer le bureau du comité de pilotage ou la conférence des présidents. Cela aurait, dit-il, l’avantage de voir au niveau de chaque commission quels sont les points qui sont épuisés et ceux qui restent. Aussi, de savoir quelles sont les urgences et comment les régler suivant quel protocole sanitaire qui sécurise les participants. «Malheureusement, à ce jour, nous n’avons pas encore sa réaction», a-t-il déploré avant d’attirer l’attention sur le fait que le temps qui reste est serré et qu’ilfaut véritablement accélérer les choses pour que le scrutin se tienne à date échue.
LENTEURS DANS LE PROCESSUS
Auparavant, Déthié Faye était revenu sur le fait que les acteurs du processus électoral avaient convenu de ne plus aller aux élections avec le même code électoral. Parce que, affirme-t-il, cela pourrait conduire à des tensions inutiles. C’est la raison pour laquelle, à l’en croire, il a été décidé de reporter les élections pour avoir un code consensuel qui va permettre d’organiser des élections libres, démocratiques et transparentes. Cependant, il reconnaît qu’il y a eu des lenteurs dans le cadre du dialogue politique. «A un certain moment, nous ne pouvions pas nous entendre sur l’autorité chargée d’élaborer des termes de références (Tdr). L’opposition disait qu’il fallait des experts internationaux. Ce qui nous a fait perdre pratiquement deux mois de discussion. Alors que nous avions préconisé avec la majorité et la société civile que les acteurs sur la table du dialogue fassent leurs commandes en indiquant clairement les problèmes constatés, pour que les auditeurs puissent vérifier si c’est fondé ou non. Et tout ce qui est fondé devrait faire l’objet de recommandations pour que cela soit répercuté sur le code électoral. A la fin, c’est cette option qui a été retenue. Ainsi, la Commission politique du dialogue a défini les TDR», explique Déthié Faye.
Par la suite, souligne-t-il, l’USAIDa promis de financer l’audit. «On avait tenu une réunion et il y avait beaucoup de réglages à faire parce qu’il y avait des objections sur le format qui a été amené par l’USAID. Donc, elle devrait revoir cela avec d’autres propositions. Malheureusement, il y a eu la Covid-19 et tout a été à l’arrêt. Mais nous pensons que si l’initiative est prise par le Président du comité de pilotage du dialogue national, il n’est pas exclu que les acteurs échangent pour trouver une formule », a conclu Déthié Faye.