BILAN SOMBRE DE L’ACTE III DE LA DECENTRALISATION
Quelques années après l’entrée en vigueur de l’acte III de la décentralisation qui a institué le Conseil départemental, le département de Saint-Louis tarde toujours à décoller

L’acte III de la décentralisation n’a pas encore résolu les problèmes du département de Saint-Louis. Au contraire, des conseillers départementaux pensent que cette réforme a porté un grand préjudice au développement de leur localité.
Quelques années après l’entrée en vigueur de l’acte III de la décentralisation qui a institué le Conseil départemental, le département de Saint-Louis tarde toujours à décoller. Selon plusieurs membres du Conseil départemental, cette réforme a porté un grand préjudice au développement de leur collectivité. «La première considération qu’il faut prendre en compte, c’est que l’Acte III de la décentralisation a consacré une tare congénitale à toutes les collectivités territoriales. Les problèmes rencontrés sont d’ordre structurel. Les théories de territorialisation des politiques publiques sont inopérantes, faute de moyens conséquents. Le Conseil régional avait un budget de près de 2 milliards Fcfa. Aujourd’hui, celui du Conseil départemental de Saint-Louis fait environ 360 millions Fcfa», souligne Dr Abdoulaye Ndoye, conseiller départemental et coordonnateur régional de Rewmi. Il ajoute que le budget accordé à l’investissement est de 150 millions Fcfa. «Comment peut-on espérer le développement dans des cas pareils ?
L’exemple le plus patent, c’est la subvention accordée à l’hôpital régional de Saint-Louis qui est passée de 120 millions Fcfa à 20 millions Fcfa, difficilement bouclée», se désole Dr Ndoye avant d’ajouter : «Il n’y a que 200 millions Fcfa qui sont prévus pour le fonctionnement. Avec ça, comment peut-on faire face aux besoins de développement des 5 communes du département. Nous dépendons totalement de la subvention de l’Etat(fonds de concours et de dotation). Il n’y a pas de fiscalité. Faute de moyens, il est difficile de travailler. Il faut augmenter au quintuple le montant alloué au Département pour faire face aux besoins des populations», propose-t-il. Il estime par ailleurs que le partenariat du Conseil départemental est plombé dans la mesure où il n’y a pas son répondant à l’étranger. La seule possibilité qui existe, c’est la collaboration entre départements, ce qui n’est pas évident.
Pour Abdoulaye Ndoye, les départements ne sont pas des entités viables telles qu’ils se présentent actuellement, car l’acte 3 de la décentralisation a été fait dans la précipitation. Pour régler le problème, il propose le retour de la Région. «La seule solution que j’envisage, c’est le retour à la Région. On peut même aller plus loin avec la provincialisation.
«LA PLUS GROSSE PERTE DE L’ACTE III, C’EST LA COOPERATION DECENTRALISEE»
Interrogé, le secrétaire général du Conseil départemental de Saint-Louis, Amath Dia, abonde dans le même sens que Dr Abdoulaye Ndoye. «Quand on supprimait la Région, le Conseil régional avait un budget de 460 millions Fcfa et 1,5 milliard Fcfa, ce qui faisait presque 2 milliards Fcfa. Entre 2014 et 2015, les trois départements réunis ont reçu moins que ce que la Région avait à sa disparition. Il n’y a pas eu d’évolution alors que les charges ont été multipliées par trois», affirme M. Dia. Au moment où on supprimait la région en 2014, ajoute-t-il, les engagements financiers tournaient autour de 6 407 000 000 Fcfa avec les programmes Aïcha (hydraulique), Astelle (élevage), la construction du lycée de Mboumba pour 1,3 milliard Fcfa. «La plus grosse perte de l’acte III, c’est la coopération décentralisée. Aucune convention de partenariat n’est scellée. La coopération bilatérale est morte. Avec l’ancienne région, il n’y a que les Yvelines qui restent avec Podor. Nord-Pas-de Calais, Midi-Pyrénées, Rhône-Alpes, Conseil régional du Nord sont tous partis», informe M. Dia. Il estime qu’à cause de la modicité des moyens, des départements ont du mal à exécuter leurs budgets pour diverses raisons, notamment celles inhérentes aux procédures de passations de marchés.