DJIMO SOUARE LAISSE ECLATER SA COLERE ET SON DEPIT
Le député et président du Conseil départemental de Goudiry est au bord de la crise de nerfs.

Le député et président du Conseil départemental de Goudiry est au bord de la crise de nerfs. Djimo Souaré en a marre d’être ignoré par les ministres. Il est courroucé de constater que le département de Goudiry dont il est le président ne compte pas aux yeux du gouvernement. La vérité, d’après lui, crève les yeux : un seul agent des Eaux et Forêt sur 6 000 kilomètres carrés, ne disposant même de moyen de locomotion ; le forage de Bodé construit pendant 4 ans qui tombe en panne deux mois après son démarrage. Pire, la pièce de rechange ne peut être obtenu qu’en France. Le rapporteur de la commission des Finances à l’Assemblée indexe les failles du système Macky, démolit l’Apr et laisse éclater son exaspération dans ce petit entretien avec «L’As».
Honorable député, vous semblez très en colère contre le Gouvernement de Macky Sall au point que l’on agite même votre démission de l’Apr. Pourquoi un tel courroux ?
Nous nous sommes battus pendant les périodes d’incertitude ; notre légitimité, c’est la base. Nous essayons tant bien que mal de répondre aux préoccupations des populations. Nous n’avons aucune exigence de postes, nous restons engagés et solidaires mais à condition qu’on nous écoute, qu’on nous aide à mieux prendre en charge les préoccupations de nos mandants et à mieux ancrer notre leadership politique. Sinon, ce n’est plus la peine. Quand on interpelle une autorité sur une question au Parlement et qu’il ne fait rien pour changer la donne, suis-je tenu de lui manifester une quelconque solidarité et me taire ? Je vais aller dans le concret en vous donnant une illustration parfaite de la situation. Deux exemples parmi tant d’autres : je suis élu de l’un des rares départements (Goudiry) où la biomasse existe encore ; un département en danger par le fait de la coupe abusive de bois et de la déforestation. Vous prenez l’arrondissement de Diankémakhan, enclavé, coupé du pays en période d’hivernage, une zone forestière de 6 000 km2, il n’y a qu’un seul agent des Eaux et Forêts qui n’a même pas de moyens de locomotion ; et on me demande de voter le budget 2020 du Ministère de l’Environnement qui est de 25 milliards. Prenons le cas du PUDC, est-il acceptable qu’un village comme Bodé (commune Boynguel Bamba) qui a supporté 4 ans de travaux pour disposer d’un réseau d’adduction d’eau, se retrouve sans eau 2 mois après l’inauguration de l’infrastructure, pendant plus de 6 mois parce qu’il y aurait une panne et que la pièce adaptée pour réparer n’existe pas au Sénégal mais en France ? Après avoir interpellé en vain les responsables, quelle attitude dois-je tenir ? Est-il normal que l’hôtel de département de Goudiry, dont la construction est une instruction présidentielle depuis 2017, ne soit toujours pas réalisé malgré «mille» relances à l’AGETIP et au ministère ? Voilà où nous en sommes. J’interpelle le président de la République et son gouvernement. Nous n’accepterons pas d’être les oubliés de ce pays !
Vous semblez très en colère. Mais au moins vous, on vous a bien servi, puisque vous êtes député et président de Conseil départemental …
Lorsque j’ai décidé de m’engager en politique, ce n’était pas pour un poste, c’était pour servir des causes nobles et lutter contre les souffrances des populations. Je me suis engagé en politique auprès du Président Macky Sall en 2009 et j’ai toujours gardé ma liberté de parole et de conscience. Ce qui m’intéresse, ce sont d’abord les intérêts des populations que nous représentons et pour qui nous nous battons. Le parti politique n’est qu’un instrument pour organiser tout ça ; il n’est pas une finalité. De toute façon, depuis quelques années déjà, nous alertions nos camarades et l’opinion sur les problèmes au sein de l’APR. Il nous faut retrouver la probité et la loyauté. Un homme politique doit servir. Je pense que le président de la République partage ces convictions avec moi. On a beaucoup changé les choses depuis 7 ans, mais l’opinion a du mal à s’en rendre compte parce que tout le monde ne joue pas le jeu. Il est vrai qu’un militant, responsable politique de surcroît qui a librement adhéré à un parti politique doit suivre la ligne de conduite officielle de son organisation. Mais cette ligne doit être le fruit de compromis dynamiques entre les membres d’une organisation. Notre légitimité, notre représentativité, notre niveau de responsabilités et d’engagement sont des données qui doivent être prises en compte. Je reste convaincu que si nous devons continuer à travailler ensemble, à mener ensemble une politique au service de nos mandants, si nous devons respecter une certaine discipline de parti et évoquer certains de nos points de désaccord en interne, il faut un cadre formel d’échanges et une plus grande ouverture des autorités. Nous n’accepterons plus en tant que responsable politique d’un département, élu national et local, d’être convoqué à une réunion, ou de rencontrer tel ministre, que quand il s’agit de questions purement politiques.
Enfin au sein de votre parti, on parle d'ambitieux embusqués. Avez-vous un candidat ? Et c’est quoi son profil ?
Je suis un responsable de l’APR, mais je n’ai aucune idée des débats en interne, et ma connaissance des décisions et résolutions se limite aux sorties de certains responsables et aux communiquées de presse. Il y a beaucoup de bruits et de rumeurs autour de cette question. Mais moi, je n’ai ni mentor, ni candidat. Ma préoccupation du moment est la concrétisation des engagements pris envers le peuple sénégalais. Que les promesses faites aux populations du département de Goudiry soient tenues et respectées.