ABDOURAHMANE DIOUF ASSÈNE SES VÉRITÉS
Troisième mandat, stigmatisation de Sonko, son interpellation à Tamba, En tournée dans la région de Ziguinchor, le coordonnateur national de la coalition Aar Sénégal a abordé plusieurs questions relatives à la marche du pays

En tournée dans la région de Ziguinchor, le coordonnateur national de la coalition Aar Sénégal a abordé plusieurs questions relatives à la marche du pays. De ses démêlés avec le commissaire de Tambacounda à sa position contre la stigmatisation de Ousmane Sonko, en passant par son opposition à une éventuelle troisième candidature du Président Macky Sall, le Dr Abdourahmane Diouf affiche ses convictions, face à la presse, dans la capitale sud du pays.
Au cours de la conférence de presse qu’il a animée aux côtés des candidats Aliou Cissé et Fatoumata Dramé, investis par la coalition Aar Sénégal dans le département de Ziguinchor, Dr Abdourahmane Diouf a d’abord fustigé les restrictions dont il a fait l’objet à Tambacounda et à Kolda. «Autant nous avons eu un accueil extrêmement chaleureux de la part des populations, autant nous avons été très mal accueilli, du point de vue institutionnel, par les administrations sénégalaises concernées. A Tambacounda, alors que nous faisions une procession dans les rues pour échanger avec les populations, nous avons été interpellé par le commissaire qui nous a dit que nous n’avons pas le droit de distribuer nos flyers et nos spécimens. Parce que, dit-il, c’est interdit par l’article 61 du Code électoral. Il nous a dit qu’il a reçu des instructions du préfet de faire arrêter l’activité que nous menions. La même chose nous a été faite par le commissaire de Kolda, sur instruction du préfet du département. Nous fustigeons ce comportement appliqué à la coalition Aar Sénégal», fulmine le Dr Diouf. Derrière ces agissements des préfets, indique l’ancien directeur général de la Sones, il y a des hommes politiques qui considèrent que leur terroir est un titre foncier.
Pour le coordonnateur national de la coalition Aar Sénégal, le principal responsable de ces «errements» est le ministre de l’Intérieur. «Le problème, ce ne sont pas les préfets et les commissaires qui ne font qu’exécuter des ordres. Ceux-là même sont des victimes du système. Le problème, c’est le ministre de l’Intérieur, qui exerce aujourd’hui ses responsabilités en étant dans un camp assumé, qui est celui de Benno Bokk Yakaar. Il ne fait plus le travail pour lequel il est nommé. Il fait un travail de discrimination pour mettre sa coalition sur orbite. C’est un scandale», fulmine Abdourahmane Diouf.
Le débat controversé entretenu par les hommes politiques sur un opposant originaire de la Casamance n’a pas laissé indifférent le coordonnateur national de la coalition Aar Sénégal. Autant il apporte tout son soutien au Président Macky Sall dans ses actions pour la préservation de l’intégrité territoriale, autant Abdourahmane Diouf trouve malsaine la tournure que prend le débat politique avec la stigmatisation à outrance d’un leader politique issu de la Casamance. «Nous sommes d’accord que nous avons un consensus national autour d’un Sénégal un et indivisible. Nous disons même que le Président a notre soutien dans les entreprises pour qu’il y ait une paix définitive en Casamance. Nous sommes solidaires du président de la République. Mais nous ne sommes pas d’accord que le pouvoir actuel, que le gouvernement actuel, que la coalition Benno Bokk Yakaar instrumentalisent le processus en Casamance pour faire des accusations contre d’autres membres de l’opposition, parce qu’ils sont d’origine casamançaise. C’est inacceptable», dénonce-t-il. Il estime que quand on veut éliminer un adversaire politique, il faut le faire avec les règles qui régissent la marche de la démocratie sénégalaise.
Pour Abdourahmane Diouf, les accusations selon lesquelles Sonko est un rebelle sont à condamner. « Parce que si on le fait aujourd’hui à un fils de la Casamance, on le fera demain à un fils de Rufisque et on le fera après-demain à un fils d’une autre région. Et ce n’est pas la vision que nous avons de la nation sénégalaise», insiste M. Diouf.
Évoquant la question du troisième mandat agitée dernièrement par de hauts responsables de la mouvance présidentielle, le président du parti Awalé lance un appel à l’unité de l’opposition pour faire face à une éventuelle 3e candidature du Président Macky. «Dès le 1er août 2022, il y a un combat qui doit aller au-delà des coalitions existantes. Ça sera le combat de tous les patriotes, des forces de l’opposition, de la société civile et de tous les citoyens qui aspirent à avoir un Sénégal apaisé. La contestation de la troisième candidature du Président Macky Sall a déjà démarré. Chacun d’entre nous y a posé des jalons. Mais elle doit s’intensifier à partir du 1eraoût et durer les 16 mois qui nous séparent de l’élection présidentielle. Toute l’opposition doit faire front pour barrer la route à Macky Sall», martèle-t-il. Le coordonnateur national de la coalition Aar Sénégal s’est aussi prononcé sur la reprise de l’émigration clandestine.
Après s’être incliné devant la mémoire des victimes de l’embarcation qui a chaviré à Hilol, dans la commune de Kafountine, il a imputé la responsabilité de ce phénomène à l’Etat. Cependant, il s’est empressé de faire savoir que la faillite de la politique d’emploi et de jeunesse du Gouvernement en place ne devrait pas être un motif pour que les jeunes du pays hypothèquent leur avenir dans des embarcations incertaines.