FAMARA JOUE A L’EQUILIBRISTE
Sur fond d’échanges de propos aigres-doux, les leaders de l’opposition n’ont pas apprécié l’augmentation de 40 membres au Comité de pilotage à leur insu, après que la question de la composition du bureau a été réglée.

La première réunion du Comité de pilotage du dialogue national tenue hier, mardi 14 janvier, a été houleuse. Ce, après l’installation de son président le 26 décembre dernier. Sur fond d’échanges de propos aigres-doux, les leaders de l’opposition n’ont pas apprécié l’augmentation de 40 membres au Comité de pilotage à leur insu, après que la question de la composition du bureau a été réglée.
Prenant la parole, le président Famara Ibrahima Sagna a tenu à arrondir les angles en précisant que c’est l’opposition même qui en avait fait la demande pour qu’il y ait des femmes dans le comité de pilotage. Toutefois, a-t-il déclaré, « je ne vois pas en quoi cela peut poser problème. Mais si cela vous pose problème, je me ferais volontiers votre interprète auprès du Président de la République».
Relevant par ailleurs qu’il n’est pas « quelqu’un à qui on dicte une conduite », le président Sagna a rectifié la déclaration du député Mamadou Diallo qui disait que le dialogue national coûtait 10 millions au Sénégal. Par la même occasion, les leaders de l’opposition ont appelé le président de la République à la libération de Guy Marius Sagna et ses codétenus.
La tâche s’annonce déjà ardue pour le président du Comité de pilotage du dialogue national, Famara Ibrahima Sagna. La première réunion du comité de pilotage qui s’est tenue hier, mardi 14 janvier, au Building administratif Mamadou Dia s’est, en effet, soldée par des passes d’armes et d’échanges de propos assez acerbes entre des leaders de l’opposition et Famara Ibrahima Sagna.
Tout d’abord, c’est la composition du bureau du Comité de pilotage qui a été sujette à contestation avant d’être réglée. Ensuite, l’opposition a dénoncé l’augmentation de 40 membres au Comité de pilotage du dialogue national à « son insu ». « Nous avons appris ce matin qu’il y a eu 40 nouveaux membres dans le Comité de pilotage. Il y a un nouveau décret qui a été pris et qui intègre 40 personnes dans le Comité de pilotage. Nous déplorons cette démarche parce que nous estimons qu’elle doit être une démarche participative et consensuelle », a fustigé le coordonnateur du Front de résistance nationale (Ftn), Moctar Sourang. Selon lui, le consensus doit être le mode de prise de décision dans le cadre du dialogue national. « Dès le départ, l’opposition avait dit qu’il fallait une commission cellulaire, c’est-à-dire des personnalités indépendantes équidistantes des partis politiques et c’est ça qui doit être la règle pour la présidence de toutes les commissions », a déclaré Moctar Sourang.
« Je ne suis pas quelqu’un à qui on dicte une conduite »
A son tour, Famara Ibrahima Sagna a eu du mal à prononcer son discours. Toutefois, selon lui, l’augmentation des 40 membres consiste en un « équilibre pour qu’il y ait plus une présence des femmes au niveau du comité de pilotage ».
A en croire Famara Ibrahima Sagna, c’est le Front de résistance nationale même qui a demandé au Chef de l’Etat d’augmenter les membres après avoir constaté l’absence de femmes dans le comité. « Pour ce qui est de la désignation des personnalités qualifiées, je ne vois pas en quoi cela peut poser problème. Mais si cela vous pose problème, je me ferais volontiers votre interprète auprès du Président de la République. Il s’agit d’un débat démocratique. Je ne souhaite pas pour quelque problème que ce soit, qu’on soit amené à avoir deux camps. Je pense qu’on peut mouler les choses et faire en sorte qu’on réduise les différences et qu’on arrive à être d’accord sur quelque chose », a soutenu Famara Ibrahima Sagna. Et d’ajouter, « je ne suis pas quelqu’un à qui on dicte une conduite ».
Prenant la parole, Benoit Sambou de la mouvance présidentielle bottera en touche les suspicions autour du dialogue. Pour lui, la décision d’augmenter des membres est « motivée par le fait que les membres de la Commission politique du dialogue national ne figuraient pas dans le premier décret et il fallait donc corriger et harmoniser pour que ces membres de la Commission politique ainsi que ceux de la Commission cellulaire puissent rejoindre le Comité de pilotage du dialogue national d’autant plus que le premier décret stipule que le président du Comité de pilotage peut s’adjoindre d’autres personnalités pour compléter ou l’assister dans le travail ». Le décret a été pris et publié depuis le 31 Décembre, a précisé Benoit Sambou. « C’est le président Macky Sall qui a initié le dialogue national, il faut donc lui permettre d’organiser les choses à sa façon en ayant des préjugés favorables car il a initié ce dialogue dans le but de renforcer les fondements de la République et la cohésion nationale », a laissé entendre M Sambou.
FAMARA IBRAHIMA SAGNA : «Je n’ai besoin ni de salaire ni d’indemnité»
Le président du Comité de pilotage du dialogue national, Famara Ibrahima Sagna, a botté en touche les déclarations du député Mamadou Diallo qui disait que le dialogue national coûtait 10 millions chaque jour au Sénégal. « Je n’ai besoin ni de salaire ni d’indemnité. Je l’ai dit officiellement au Président de la République, il l’a noté. Deuxièmement, depuis qu’on m’a doté d’un budget, je n’ai rien reçu. Mieux, j’ai dit au Président que nous fassions des économies. C’est la raison pour laquelle on est dans cette salle. On m’avait proposé de louer des salles d’hôtels pour ce comité et les commissions mais j’ai préféré qu’on vienne ici. Donc, ceux qui disaient que l’opération coûtait 10 millions par jour ont tout faux. Même notre budget n’est pas encore disponible », a fait savoir Famara Ibrahima Sagna.
DIALOGUE NATIONAL : L’opposition demande à Macky de libérer Guy Marius Sagna et cie
Les leaders de l’opposition ont réitéré leur appel au Président de la République pour la libération de Guy Marius Sagna. « C’est le lieu de lancer un appel au Président de la République, Macky Sall pour la libération de Guy Marius Sagna. Nous demandons qu’il soit libéré. On ne peut pas appeler à un dialogue national et continuer à emprisonner des citoyens parce que simplement, ils expriment leurs idées, ils marchent, ils manifestent. Ça doit être dépassé dans ce pays. C’est pourquoi nous en profitons pour demander la libération immédiate de Guy Marius Sagna et de ces deux codétenus », a déclaré Moctar Sourang.