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FATOU JAGNE SENGHORE, GARDIENNE DE LA LIBERTÉ D'EXPRESSION

De Dakar à Banjul, en passant par Johannesburg, Tunis, Asmara et Monrovia, elle a marqué de son empreinte le monde des droits humains en Afrique. Ceux qui soutiennent les régimes autoritaires, affirme la Sénégalo-Gambienne, n’y ont pas vécu

Mor Amar  |   Publication 17/03/2022

Elle est un des témoins privilégiés des atrocités perpétrées par le défunt régime de Yaya Jammeh en Gambie. Des meurtres, des tortures, des privations de liberté, Fatou l’a vécu de très près, avec les familles directement impactées, qui voyaient en elle une alliée sûre, une défenseure incorruptible, un refuge certain pour les couches vulnérables. Personnalité importante du Continent et du monde des droits humains, elle aura été un des remparts qui se sont donné corps et âme contre le défunt régime Jammeh. Coordonnateur du mouvement Y en a marre, Aliou Sané, à l’occasion du pot de départ en l’honneur de la désormais ancienne directrice d’Article 19 West Africa, témoigne : ‘’Fatou est une personnalité avec qui on a beaucoup travaillé sur la Gambie à l’époque. Dans ce cadre, on a eu à accueillir beaucoup de Gambiens, des journalistes et activistes, persécutés. Et cela a été d’un apport important dans ce qui est arrivé là-bas. Elle s’est beaucoup battue pour les problématiques démocratiques en général, de la liberté d’expression en particulier.’’

Fatou Jagne Senghore, le chantre de la liberté d’expression est, depuis sa tendre enfance, à cheval entre les cultures gambiennes –qu’elle tient de sa mère- et sénégalaise qu’elle tient de son père. Elle le clame avec beaucoup de fierté : ‘’Je suis née à Banjul, ma mère est gambienne, je suis donc gambienne. Mais, je suis également une Léboue authentique de Rufisque. J’ai passé une bonne partie de mon enfance au quartier Thiawlène de Rufisque, d’où est originaire mon père.’’ La quarantaine, Fatou a, en effet, eu une enfance écartelée entre ses deux pays de cœur, du fait de la séparation de ses parents. Elle est ainsi contrainte de passer son premier âge loin de sa maman et de sa sœur qu’elle chérissait plus que tout, pour suivre son cursus élémentaire à l’école Thiawlène de Rufisque.

Confiée à une de ses tantes paternelles, la jeune fille se débrouille pas mal à l’école, jusqu’en classe de 5e. Un tournant dans sa vie qu’elle raconte non sans gêne. ‘’En fait, tient-elle à justifier après avoir hésité à parler de cet épisode, ma tante m’adorait. Elle s’occupait très bien de moi. Mais comme beaucoup de Sénégalaises, elle a pensé que le mieux, pour sa nièce, était de la donner en mariage. Mais heureusement, ma mère a pesé de tout son poids pour que cela n’ait pas lieu. Elle a été diplomatique certes parce que les deux s’appréciaient beaucoup, mais elle a été aussi ferme. Malgré les tentatives de la rassurer que je vais pouvoir continuer mes études, elle a dit niet. Le mariage c’est après !’’

A la suite de cet épisode, Fatou est appelée à retourner en Gambie pour poursuivre tranquillement ses études. En plus d’échapper au mariage forcé, elle a aussi la chance de retrouver sa sœur qui l’a beaucoup manquée, ainsi que sa douce maman, dont elle parle toujours avec beaucoup de tendresse. Le baccalauréat en poche, elle fait son come-back au Sénégal pour des études supérieures, avant de s’envoler pour la France où elle a fait son DEA en Droit. Aujourd’hui, la Sénégalo-Gambienne totalise une expérience de plus de 20 ans dans le monde des droits humains. Elle se remémore ses débuts tumultueux : ‘’Quand j’ai commencé dans le monde des droits humains, j’ai découvert que c’était ça ma passion. Cela m’a permis de travailler sur les questions qui me passionnent, surtout d’aider les victimes dans des pays où la Justice et la liberté sont en péril.’’

C’était à la fin des années 1990. La jeune dame venait juste de finir son cycle de DEA en Droit en France. Elle rentre alors dans son Banjul natal, pour se mettre au service des couches opprimées. Très vite, dès l’an 2000, elle est mise à l’épreuve, avec le dossier de 11 étudiants tués par le régime. ‘’On les a tués parce qu’ils manifestaient contre des violences faites sur une jeune étudiante alors qu’elle était en détention. Cet épisode a vraiment renforcé ma fibre militante. Nous avions mis en place une coalition pour défendre les victimes. Et cela avait débouché sur une enquête commanditée par le régime’’, se rappelle-t-elle, non sans relever que le dossier avait aussitôt été mis sous le coude, malgré des conclusions accablantes contre des dignitaires d’alors.

A l’époque, il n’y avait pas beaucoup de voix contestataires en Gambie, du fait de la répression inouïe perpétrée par Jammeh et son régime. C’était encore plus flippant pour une femme, mais il était hors de question pour Fatou de laisser tomber, en croisant les bras. En 2000, lors des sessions de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples, à Alger, elle est davantage requinquée, suite à sa présentation sur la Gambie. ‘’Un des commissaires m’a dit que c’est la première fois qu’on entend parler de la Gambie dans ces instances. Ce jour-là, je me suis dit que tant que je serai dans ce travail, je ferai de mon mieux pour la défense des victimes, pour que tout le monde sache ce qui se passe en Gambie.’’ C’est par la suite, en 2002, que Fatou a rejoint l’organisation britannique Article 19 qui la mènera dans beaucoup de capitales africaines. Jusqu’en 2010, quand, sous son impulsion, le Bureau de Dakar a été porté sur les fonts baptismaux. La Gambie et Yaya Jammeh en deviennent une des grandes priorités.

Dans son combat pour les libertés, l’enfant de Banjul et de Thiawlène a été dans beaucoup de pays où régnait la dictature. Outre la Gambie, elle a beaucoup travaillé en Tunisie entre 2005 et 2010, jusqu’à la chute du régime de Ben Ali. Elle s’est aussi impliquée dans la transition au Libéria au milieu des années 2000, tout comme au Mali. Pour elle, il s’est toujours agi d’être là où on a le plus besoin d’elle, c’est-à-dire là où les droits sont le plus bafoués. Et c’est cela le charme du combat, est-elle convaincue : ‘’Quand on s’investit là où il n’y a vraiment rien, pendant que personne ou presque n’y croit, cela décuple la joie quand les résultats commencent à tomber. Cela procure un sentiment énorme de fierté, une joie immense. On a eu ces sensations aussi bien en Gambie qu’en Tunisie. Même si dans ce dernier pays, il y a de nouveau de sérieuses menaces sur les acquis de longue lutte.’’

Au-delà de ces pays pris isolément, Fatou Jagne a beaucoup œuvré pour l’accès à l’information et la liberté d’expression. Selon elle, sans ces deux mamelles, il est difficile pour ne pas dire impossible d’envisager la démocratie. Aussi, se réjouit-elle des avancées notoires par rapport au cadre normatif relatif à ces deux leviers. Il y a quelques années, confie-t-elle, quand on invoquait la Charte africaine pour défendre la liberté d’expression, certains Etats brandissaient les dispositions de l’alinéa 2 de l’article 9 pour se défendre. Grâce au travail d’organisations comme Article 19, les choses ont beaucoup évolué. ‘’Nous avons travaillé d’arrache-pied jusqu’à l’avènement de la déclaration de principe de 2002. Par la suite, on a réfléchi sur les mécanismes à mettre en place pour l’application de la Déclaration. Sur la base de ce travail de longue haleine, on a pu avoir une jurisprudence très importante de la Commission condamnant l’Erythrée’’, se félicite Mme Senghor.  

Pareil pour la loi sur l’accès à l’information qui a beaucoup progressé dans la région, avec l’adoption d’un texte modèle qui a inspiré beaucoup de pays. Il y a toutefois un petit bémol. Son autre pays de cœur, le Sénégal, fait partie des derniers de la classe, dans une Afrique de l’ouest où il est souvent donné en exemple. ‘’La plupart des pays ont une loi sur l’accès à l’information. La Gambie l’a adopté l’année dernière. Au Sénégal, on se bat depuis des années, mais ça coince toujours.

Ce que nous constatons, c’est qu’en général, dans les pays en transition, certaines réformes vont beaucoup plus vite. Dans les pays stables, soi-disant plus avancés sur le plan démocratique, les choses sont plus lentes.’’ Mais à entendre Mme Senghore, l’espoir est permis avec l’adhésion du Sénégal à l’OGP, le gouvernement est ouvert à l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives. ‘’On espère qu’avec ces nouveaux engagements, avec le plan d’action qui est en train d’être ficelé, on va hâter le pas. Parce que l’accès à l’information est une des priorités du gouvernement ouvert. En ce qui concerne l’Itie, l’une des recommandations faites au Sénégal c’est de se doter d’une loi sur l’accès à l’information’’, rappelle-t-elle.

Défenseure invétérée de la liberté d’expression, Fatou Jagne a une aversion pour les régimes autoritaires. A ce titre, elle s’inquiète des tendances actuelles aux coups d’Etat militaires, mais surtout de l’enthousiasme qu’ils suscitent de plus en plus. ‘’Cela me fait très peur. Ceux qui soutiennent les régimes militaires ou les dictatures n’ont rien compris. Ils doivent être édifiés par rapport à ce qui se fait dans de tels régimes. On comprend parfois le désespoir de certains.

Mais je leur assure que quelles que soient ses limites, un régime démocratique vaut mieux qu’un régime non démocratique. Parce qu’il permet au moins aux citoyens de sortir ce qu’ils ont dans le cœur et d’avoir le choix de changer ceux qui les dirigent’’, souligne-t-elle, non sans préconiser le combat pour se débarrasser aussi bien des régimes autoritaires, mais aussi contre les injustices qui les génèrent, à savoir l’affaissement des institutions, de la Justice, la corruption… Un combat périlleux certes, mais qui vaille la peine d’être menée. ‘’Le plus difficile, confesse la pionnière, c’est l’indifférence et la perte des amis et des proches. Quand vous êtes dans ce genre de combat, certains préfèrent prendre leur distance. Vous devenez infréquentable pour eux. Mais il faut croire en ses principes, et foncer vers l’objectif, c’est-à-dire un monde plus juste.’’

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