IL FAUT LIBERER SONKO POUR EVITER LA SPIRALE DE LA VIOLENCE
Alertant sur la situation très grave que traverse le pays depuis l'éclatement de l’affaire «Sweet Beauté», Alioune Tine demande la libération immédiate et sans condition du leader du Pasteef

L’arrestation de Ousmane Sonko hier par les gendarmes de la Section de recherches de Colobane a provoqué des scènes de violence sur l’ensemble du territoire national. Suffisant pour faire sortir de sa réserve le fondateur du think tank Africa Jom Center, Alioune Tine, qui demande la libération immédiate et sans condition du leader du Pasteef pour éviter l’escalade et la spirale de la violence.
Convoqué par le juge d’instruction du 8e cabinet, Ousmane Sonko a été arrêté hier en cours de route et conduit manu militari à la Section de Recherches de Colobane. Une arrestation jugée arbitraire par les défenseurs des droits de l’homme.
À l’image du fondateur de Africa Jom Center, Alioune Tine. «Ousmane Sonko allait en leader politique accompagné de la presse et des militants répondre à la convocation du juge du 8e cabinet». Une posture qui aurait révolté les gendarmes, selon le fondateur de Africa Jom Center, qui ont décidé de l’arrêter pour trouble à l’ordre public et le mettre en garde-à-vue. Une décision qu’il juge inopportune et compare à un embrasement «qu'on a pas vu depuis le 23 juin 2011».Il considère que cette décision peut faire basculer le pays dans l’instabilité et générer des tensions et des violences politiques et sociales.
Alertant sur la situation très grave que traverse le pays depuis l'éclatement de l’affaire «Sweet Beauté», Alioune Tine demande la libération immédiate et sans condition du leader du Pasteef. Ce qui permettra d’éviter l’escalade et la spirale de la violence. «La situation du pays affectée par la pandémie, l’état d’urgence et le couvre-feu, a aggravé la pauvreté, la précarité sociale, des frustrations et des ressentiments. Ce qui fait qu’on est assis sur un volcan qui n’attend qu’une occasion pour exploser», indique l’ancien secrétaire général de la Raddho qui se désole que la démocratie du Sénégal «soit à bout de souffle et que l’Etat de droit et les institutions publiques soient frappés d’un rhumatisme chronique, aucun organe démocratique ne répond à sa fonction. On a l’impression qu’on veut nous acheminer dans un nouvel âge de démocratie sans opposition et sans alternances. L’Etat instrumentalise la justice pénale pour juger les opposants crédibles de vol, de viol etc. On est dans un déclin de notre démocratie et on a l’impression d’aller vers une dictature, un usage excessif et inutile de la force et de la répression brutale». Pour le droit de l’hommiste, cela est totalement dépassé.
«LES CONSEILS CONSTITUTIONNELS SONT SOUVENT DES JURIDICTIONS INSTRUMENTALISEES»
Se prononçant sur le recours introduit par les députés de l’opposition pour annuler la levée de l’immunité parlementaire de leur collègue, Alioune Tine comprend que ces derniers s’appuient sur les voies légales pour avoir raison. «Mais, qu’attendre du Conseil Constitutionnel ?», s’interroge-t-il. Et d’ajouter : «Les Cours Constitutionnelles et les Conseils Constitutionnels sont souvent des juridictions instrumentalisées pour faire sauter les verrous sur la limitation des mandats ou bloquer les candidats indésirables».
Par ailleurs, Alioune Tine, trouve qu’il est difficile de juger les opposants parce que la justice dominée par les pouvoirs du procureur n’est pas impartiale. Apropos du dispositif sécuritaire ainsi que de la logistique impressionnante déployés hier lors de la convocation de Ousmane Sonko, il estime que cela donne du Sénégal une image d’Etat policier. «Pis, cela donne de la violence d’Etat, une vision exacerbée et arrogante qui incite à la violence. Vous y ajoutez les milices, vous créez un cocktail de feu», s’insurge Alioune Tine qui en appelle à la raison, à la lucidité et à la responsabilité pour épargner le Sénégal. Pour le réussir, il exige la libération de Ousmane Sonko et de tous les autres détenus afin d’engager un bon dialogue.
En outre, il exige également la dissolution du gouvernement, la mise en place de ministres démocratiques, compétents, tolérants, ouverts et humbles.