IMPUISSANTE FACE A LA MAJORITE, L’OPPOSITION S’EN REMET A DIEU…
Le président du groupe parlementaire Liberté et Démocratie a usé en vain de ses talents d’orateur et de toute son «érudition» pour inverser la tendance et empêcher la levée de l’immunité parlementaire de Ousmane Sonko.

Avant de boycotter hier la plénière qui a levé in fine l’immunité parlementaire du député Ousmane Sonko, les élus de l’opposition ont livré une véritable plaidoirie pour empêcher «la mise à mort» du leader de Pastef. Leurs collègues de la majorité sont restés insensibles aux revendications de Cheikh Mbacké Bara Dolly et de Cheikh Bamba Dièye qui ont particulièrement fait appel à des versets coraniques et autres principes républicains pour bloquer le processus.
Le président du groupe parlementaire Liberté et Démocratie a usé en vain de ses talents d’orateur et de toute son «érudition» pour inverser la tendance et empêcher la levée de l’immunité parlementaire de Ousmane Sonko.
Revêtu d’habits d’imam, il a soulevé toute la complexité de prouver en islam le viol. A l’en croire, il faudrait ainsi que quatre hommes de confession musulmane soient témoins des faits et qu’ils soient d’une bonne réputation et reconnus intègres. Cheikh Mbacké Bara Dolly a ensuite prévenu les députés qui vont voter la levée de l’immunité parlementaire d’Ousmane Sonko, soutenant qu’ils répondront de leurs actes devant Dieu. «Vous (Ndlr : députés de la majorité) serez punis le jour du jugement dernier», a-til renchéri. Avant de rappeler dans la foulée la sourate ANNUR (LA LUMIÈRE), verset 23 qui indique : «Ceux qui lancent des accusations contre des femmes vertueuses, chastes [qui ne pensent même pas à commettre la turpitude] et croyantes sont maudits ici-bas comme dans l’au-delà; et ils auront un énorme châtiment.»
Toujours, selon lui, le pouvoir en place n’a autre but que de politiser cette affaire pour liquider un adversaire. Avant d’invoquer la sourate Al Hujurat (Les appartements) verset 6 qui dispose : «Si un pervers vous apporte une nouvelle, voyez bien clair, de crainte que par inadvertance vous ne portiez atteinte à des gens et que vous ne regrettiez par la suite ce que vous avez fait.»
Avant de tancer particulièrement les femmes élues de Benno Bokk Yaakaar (BBY) qui le chahutaient en leur disant : «Personne d’entre vous ne voudrait être la maman de l’accusatrice d’Ousmane Sonko, Adji sarr qui est à l’origine de toute cette affaire». Il pense que tout ça reflète tout simplement un abus de pouvoir et une utilisation excessive d’une majorité mécanique pour réaliser des forfaitures.
Pour Cheikh Mbacké Bara Dolly, rien n’est clair dans ce dossier et que les droits d’Ousmane Sonko sont violés en levant son immunité parlementaire. «Il n’y a aucune preuve contre lui. C’est de la méchanceté, ce que vous faites», a laissé entendre le chef de l’opposition parlementaire.
BAMBA DIEYE : «LES TEXTES LES PLUS FONDAMENTAUX ONT ETE VIOLES DURANT LA PROCEDURE»
Prenant la parole, son collègue du FSD/BJ, Cheikh Bamba Dièye, a livré un message à ses collègues et particulièrement ceux de la majorité. Pour leur dire que l’Etat de droit n’est pas le droit de L’Etat. Et qu’il n’est pas non plus le droit de l’Exécutif et il est encore moins le droit des politiciens. «L’Etat de droit exige des législateurs que nous sommes rectitude, transparence et dépassement de soi. L’Etat de droit nous lie dans la stricte observance des lois que nous votons et qui deviennent par ce fait les lois de la république », a expliqué monsieur Dièye. Il pense que dans cette affaire, le droit a été violé. «Une justice sans droit est la porte ouverte à toutes les formes d’exactions. Tout au long de la procédure, tous les textes, des plus fondamentaux aux plus élémentaires, ont été violés : la Constitution, notre règlement intérieur et le Code de Procédure pénale. La présomption d’innocence, élément essentiel des droits de la défense, a été ici transformée en présomption de culpabilité», a regretté le député.
Selon lui, la commission ad hoc avait la possibilité, en tant que «juge d’instruction » de l’Assemblée Nationale, de vérifier tous les faits allégués et d’entendre toutes les parties, pour se faire une idée exacte de la situation et proposer ou refuser de proposer la levée de l’immunité parlementaire d’Ousmane Sonko. Il affirme dans la foulée que les élus ne devraient pas accepter d’être les complices de la mise à mort du leader de Pastef légalement et légitimement élu ; laquelle mise à mort ne repose sur aucun élément probant. «Si vous (Ndlr: députés de la majorité) levez l’immunité parlementaire de l’honorable député Ousmane Sonko, vous aurez opté pour le choix de l’injustice, de la dictature et de la tyrannie. Je constate, et le fais remarquer pour m’en désoler, qu’encore une fois, les directives des comploteurs à l’endroit des députés de cette auguste assemblée vont malheureusement prendre le dessus sur la vérité et la justice », a conclu le leader du FSD/BJ.