INTERVENTIONS DES NERVIS AUX COTES DE LA POLICE, UN CAS ILLEGAL MAIS PAS NOUVEAU
L’intervention des nervis aux côtés des forces de sécurité dans le rétablissement de l’ordre suite aux manifestations contre l’arrestation de Sonko, remet au goût du jour le débat sur l’usage de milices privées dans les missions régaliennes de l’Etat

L’intervention des nervis aux côtés des forces de défense et de sécurité dans le rétablissement de l’ordre suite aux manifestations contre l’arrestation du député et leader de Pastef, Ousmane Sonko, remet au goût du jour le débat sur l’usage de milices privées dans les missions régaliennes de l’Etat. En effet, depuis les manifestations contre la première mesure d’état d’urgence assortie de couvre feu, ces hommes de mains sont souvent aperçus en train de prêter main forte aux forces de police.
Comme une trainée de poudre, les images des nervis amés de gourdins et de bâtons à bord des véhicules 4x4 dont certains étaient estampillés Ministère de l’Education nationale pourchassant, derrière ceux de la police nationale, des manifestants au niveau de certaines artères de Dakar sont répandues sur les réseaux sociaux et dans plusieurs sites d’informations en ligne.
Habillés en tenues diverses dont certaines en Kaki, ces nervis ont été même filmés dans divers endroits notamment à la Médina, sur la VDN et la Place de la Nation (ex Place Obélisque) en train de prêter main forte aux forces de la police en pourchassant avec leurs armes blanches des manifestants ou en échangeant des jets de pierres avec ces derniers.
Ces scènes rappellent dans la mémoire collective des Sénégalais l’attaque de la mairie de SicapMermoz dirigée par Barthélémy Dias, alors responsable de la section jeunes du Parti socialiste, le jeudi 22 décembre 2011, par des nervis proches de l’ancien parti au pouvoir, le Parti démocratique sénégalais. L’attaque s’était soldée par la mort d’un des visiteurs du nom de Ndiaga Diouf. Cette collaboration illégale entre les forces de la Police nationale et les nervis n’a cependant pas commencé avec les manifestations du jeudi 3 mars dernier.
Sous le magistère de l’ancien ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye notamment lors des manifestations contre la première mesure d’état d’urgence assorti d’un couvre feu décrété dans le cadre de la lutte contre la pandémie de la Covid19, nous avons également constaté à plusieurs reprises la présence de ces gros bras aux côtés des éléments de la Police notamment lors des manifestations de contestation de la mesure de couvre feu au niveau de certaines artères de la banlieue. Avec des Agents de la sécurité de proximité (Asp), ce sont ces nervis qui pourchassaient les manifestants la nuit pour ensuite les livrer aux éléments de la Police.
Une pratique illégale qui n’a pas cessé avec l’arrivée et/ou le changement opéré par le président Macky Sall à la tête de ce ministère de l’Intérieur le 1er novembre 2020 dernier avec la nomination d’Antoine Felix Abdoulaye Diome, magistrat de fonction. Puisque ces hommes de main continuent d’opérer la nuit aux cotés de la police dans le cadre de ce deuxième couvre feu décrété pour faire face à cette deuxième vague de la Covid-19.