LA LOI DE LA RUE S’EMPARE DE DAKAR
A la place de la Nation, la forte mobilisation et la détermination des manifestants ont obligé les forces de sécurité qui avait déployé un important dispositif sécuritaire en ce lieu à battre retraite, abandonnant cette mythique place aux manifestants.

La ville de Dakar a vécu hier, vendredi 5 mars une de ses pires journées. Venus en masse prendre part à la manifestation appelée par des organisations de la société civile et des partis politiques pour le rétablissement de l’Etat de droit et la libération du leader de Pastef, Ousmane Sonko, les jeunes se sont affrontés aux forces de défense et de sécurité toute l’après-midi jusqu’en début de la soirée. Plusieurs artères de la ville ont été le théâtre de ces affrontements qui ont causé d’importants dégâts matériels mais aussi mort d’homme.
A la place de la Nation, la forte mobilisation et la détermination des manifestants ont obligé les forces de sécurité qui avait déployé un important dispositif sécuritaire en ce lieu à battre retraite, abandonnant cette mythique place aux manifestants. Ragaillardis par ce retrait des forces de la police, ils ont ainsi continué leur marche vers le rond-point de la Radio télévision sénégalaise (Rts) en obligeant les forces de la police à céder d’autres barrages installés le long du boulevard du Général Dé Gaulle. Arrivé à hauteur de l’intersection donnant sur la caserne Samba Diéry Diallo, un groupe s’est détaché pour marcher vers cette caserne qui abrite la Section de recherches où Ousmane Sonko est gardé à vue pendant que l’autre continue sa marche vers la Rts. Fortement mobilisés aux alentours de la Caserne et armés de grenades lacrymogènes, les Gendarmes ont réagi pour disperser à coup de tirs à gaz lacrymogènes sur la foule de manifestants provoquant des affrontements pendant plusieurs heures entre les deux camps. Sur l’avenue Blaise Diagne, une guérilla urbaine a opposé pendant plusieurs heures manifestants et forces de l’ordre avant que le calme ne revienne après un accord entre les responsables de la Police et ceux des manifestants pour cesser de part et d’autre de lancer des pierres et des grenades lacrymogènes. Il en est de même dans plusieurs localités dans la capitale.
UN JEUNE TUE SUR LE BOULEVARD DU CENTENAIRE
Lors de ces affrontements avec les forces de l’ordre sur la Place de la nation, deux blessés parmi les manifestations ont été enregistrés. Selon plusieurs témoins, ces derniers auraient reçu une balle tirée par les forces de police. L’un d’eux a été même évacué à l’hôpital Abass Ndao par nos confrères de Walf Tv. Seulement dans la soirée une source contactée par nos confrères du site « emedia » a annoncé la mort d’un manifestant, touché à l’oreille droite, lors des manifestations sur le Boulevard du Centenaire. Plusieurs dégâts matériels ont été également enregistrés lors de cette journée de manifestation d’hier. Les pilleurs ont en effet, visité encore plusieurs magasins dont les supermarchés Auchan, Supeco
… LES NERVIS DU REGIME SONT REVENUS A LA CHARGE
Alors que le débat sur leur présence aux côtés des forces de la police dans le maintien de l’ordre le mercredi 5 mars lors de la première journée de manifestation contre l’arrestation du leader de Pastef, Ousmane Sonko, est toujours en cours, les nervis du régime en place sont encore revenus à la charge lors de la manifestation d’hier. On les a vus à l’œuvre sur l’avenue Blaise Diagne et le boulevard du général Dé Gaulle cette fois-ci avec des casques motos sur la tête à bord toujours des pickups de l’administration et avec des grenades lacrymogènes. Toujours aux côtés des éléments des forces de l’ordre notamment de la Police, ils participaient aux échanges de pierres et des lacrymogènes avec la foule.
QUAND DES POLICIERS COMMUNIENT AVEC DES MANIFESTANTS AU RONDPOINT DE LA RTS !
Un fait rarissime qui mérite d’être souligné a été constaté hier, vendredi 5 mars à Dakar lors des manifestations. En effet, à côté des scènes d’affrontements violents qui ont accompagné cette manifestation appelée par des organisations de la société civile, des mouvements citoyens et des partis politiques pour la restauration de l’Etat de droit au Sénégal et la libération du leader de Pastef, Ousmane Sonko, on a assisté à un décor tout autre devant le siège de la Radio télévision sénégalaise (Rts). Les éléments de la Police, stationnés au niveau du rond-point de la Rts dans le cadre du dispositif visant à faire respecter la mesure d’interdiction de cette manifestation, se sont tout simplement gardés de toute action à l’encontre de la foule de manifestants qui passaient par ce lieu pour rallier le rond-point de la Médina. Dans deux véhicules dont une camionnette et un pickup, certains d’entre eux se sont même permis de petits moments de communion avec des manifestants. On a même vu des jeunes échanger des salutations avec ces agents de la police assis dans leurs véhicules pendant que d’autres sous le coup de l’euphorie jubilaient en s’agrippant sur les deux véhicules sous le regard de ces agents. Sur le boulevard du Général De Gaulle, après plusieurs heures d’affrontement, la police, visiblement débordée par la forte détermination des manifestants a finalement battu en retraite laissant ainsi la Place de la Nation aux manifestants.
UN GENDARME SUPPOSE APPARTENIR AU GIGN BLESSE PAR SA GRENADE LACRYMOGENE
Un gendarme supposé appartenir au Groupe d'intervention de la Gendarmerie nationale (Gign) a été grièvement blessé hier, lors des affrontements dans le cadre de la manifestation appelée par des mouvements de la société civile et des partis politiques pour le rétablissement de l’Etat de droit et la libération du leader de Pastef, Ousmane Sonko. L’agent en question a été blessé suite à une mauvaise manipulation du gaz lacrymogène qu'il tenait entre ses mains alors qu’il tentait d’empêcher avec d’autres collègues une foule de manifestants qui voulait rallier la Section de recherches sis à l’intérieur de la Caserne Samba Dierry Diallo où Ousmane Sonko est gardé à vue. L’explosion de l’engin à cause des blessures à l’agent en question au niveau de sa main droite.
THIAT DE Y'EN A MARRE INTERPELLE ET PLACE EN GARDE A VUE
Un des principaux organisateurs de la manifestation d’hier, le rappeur et membre du mouvement Y en a marre Cyril Touré dit Thiat a été interpellé par des éléments de la police et conduit vers le commissariat central de Dakar alors qu’il tenait de rallier le centre ville, avec d’autres manifestants. L’arrestation de l’activiste est survenue à hauteur de Kër Serigne bi. L’information relative à cette arrestation a été confirmée par Aliou Sané, coordonnateur du mouvement et son avocat, Me Koureyssi Ba. « Cyril Touré dit Thiat de Y'en a marre avec qui je viens juste de m'entretenir dans le bureau du commandant de brigade est en garde à vue à Thiong pour « participation à une manifestation non autorisée et trouble à l'ordre public », a annoncé Me Koureyssi Ba dans sa page facebook.
Poursuivant son propos, la robe noire de déplorer le traitement infligé à son client qui, selon lui, « a été confié à cette unité de civils non identifiés qui, après l'avoir brutalement interpellé à 16:00 aux environs de Kër Serigne bi et exercé les pires sévices sur sa personne, l'ont promené un peu partout à travers la ville à bord d'un véhicule noir aux vitres teintées et l'ont conduit dans un premier temps chez le gouverneur du Palais ».
Poursuivant son propos, Me Maître Cheikh Koureyssi Ba toujours dans ce texte publié sur sa page Facebook ajoutera que la « préoccupation de ses camarades Aliou Sané et Fadel Barro est cependant ravivée par le sort du jeune Samba Loum, membre du mouvement Y'en a marre, dont la destination et le sort sont encore inconnus depuis son arrestation ».