LA TROISIÈME CANDIDATURE DE MACKY SALL, UN SECRET DE POLICHINELLE
C’est une déclaration très attendue que doit faire ce 3 juillet Macky Sall. Le président devrait mettre fin au flou entretenu sur son éventuelle troisième candidature. La revue de presse de RFI revient sur les interrogations entourant cette annonce

Dernier épisode ce lundi [3 juillet]… Dernier épisode de la saison 1, qu’on pourrait intituler : “Macky Sall candidat oui ou non ?” On sera donc fixé dans quelques heures. “Tic-Tic ! Tic-Tac !”, s’exclame Le Quotidien.
“Le président, qui a réussi à faire de sa participation ou non à la présidentielle un événement politique exceptionnel, va édifier les Sénégalais ce lundi soir. Il l’a dit samedi [1er juillet] lors d’une rencontre au Palais avec des élus locaux qui soutiennent sa candidature. Ce sera lors d’un discours solennel à la nation. Ce qui est inédit ! En tout cas, les maires de sa coalition ont signé une pétition en faveur de sa candidature pour [le scrutin de] février 2024. Pendant plus de deux heures samedi donc, rapporte le journal, plusieurs élus se sont succédé au micro pour témoigner de leur volonté de voir le chef de l’État participer à la présidentielle.”
Mais, souligne encore Le Quotidien, “personne n’est en mesure de savoir sa position définitive sur cette question qui met en haleine tout le pays.”
Imprévisible
Pour l’instant, la presse sénégalaise hésite… “Le président de la République a-t-il rendez-vous avec l’histoire ?”, s’interroge ainsi Dakar Actu.
“En fin stratège, le président reste imprévisible sur la question. Toutefois, Macky Sall semble assez conscient des enjeux de l’heure pour pouvoir prendre le choix qui s’impose. Ce qui demeure constant, c’est que le chef de l’État a bien pris le temps d’écouter les voix dissonantes qui se sont exprimées sur le sujet. Sa sortie sur sa candidature éventuelle sera libre et assumée, comme il l’a souvent expliqué lors de ses différentes sorties. Macky Sall est bien attendu sur le choix qu’il faudra avancer. Mais de quel choix s’agira-t-il ?”, s’interroge encore Dakar Actu.
“Est-ce que ce sera un choix motivé par ses inquiétudes pour le futur du Sénégal dans un contexte où les ressources du pétrole et du gaz vont être exploitées ? Aurons-nous droit à un choix motivé par le contexte sociopolitique ?”
Macky Sall hausse le ton contre l’opposition
Ce qui est sûr, pointe WalfQuotidien, c’est que devant les élus de son camp, samedi, Macky Sall a utilisé un langage musclé contre l’opposition… “Le président a fait son grand show contre les forces de l’opposition, accusée de tous les péchés d’Israël. Invitant les maires et autres responsables à se défendre, il a cautionné, sans le dire, les milices ou les nervis dont la présence est souvent dénoncée dans la coalition majoritaire. Dans un langage guerrier, le chef de l’État a estimé qu’en politique, la seule légitimité qui compte, ce sont les élections.”
Macky Sall a brandi également l’argument économique, relève encore WalfQuotidien, avec notamment cette phrase : “Le Sénégal s’est endetté pour construire des infrastructures telles que le train qui fait la fierté de tout un peuple. Pourquoi détruire une telle réalisation ?”
Enfin, le quotidien sénégalais pointe encore cette petite phrase du président : “Je tiens à vous rassurer, mon combat et ma plus grande fierté consistent à vous conduire vers la victoire.”
Commentaire de Walf : “À moins que le président ne mette de l’eau dans son vin, le Sénégal risque encore de sombrer dans la violence. Et Macky Sall y met du sien avec son langage musclé contre l’opposition.”
Enfin, pour une bonne partie de la presse ouest-africaine, les dés sont jetés… Macky Sall sera candidat à sa propre succession…
Ainsi pour L’Observateur Paalga, au Burkina Faso, ses déclarations de samedi viennent “enfoncer une porte ouverte depuis sa rencontre avec la diaspora sénégalaise vivant à Paris au cours de laquelle il avait annoncé qu’il prendrait une décision qui ‘nous’ engagerait sur le chemin de la victoire en 2024. On sait maintenant que le ‘nous’ lâché à cette occasion est à la fois un ‘nous’ de majesté mais aussi un ‘nous’ qui unit le président sortant à sa coalition Benno Bokk Yakaar. […] À moins d’un improbable retournement de situation, l’enfant de Fatick devrait, dans son adresse à la nation, s’attacher à expliciter les raisons pour lesquelles il est candidat à sa propre succession.”