L’APERISTE ANTICONFORMISTE
En politique, on est parfois pour ou contre. Mais avec Patrice Sané, c’est tout le contraire qui se passe

En politique, on est parfois pour ou contre. Mais avec Patrice Sané, c’est tout le contraire qui se passe. Membre convaincu de l’Apr et fervent défenseur du Président Macky Sall, Patrice Sané ne se gêne pas pour autant de prendre des positions qui tranchent avec celles de ses frères de parti. Ce qui lui vaut parfois des critiques acerbes de la part des apéristes. Mais ce directeur commercial dans une société de la place, qui se définit à la fois comme un «catholique et un thiantacoune», n’est pas entré en politique pour des sinécures, mais plutôt pour un idéal.
«En toute sincérité, il y a des problèmes au niveau de l’Apr. Ce n’est pas une chose nouvelle puisqu’elle est une réalité depuis 2012.Il y a des problèmes d’intérêts, de positionnement et de facteurs crypto-personnels, sans oublier la discipline de parti. L’Apr est certes un parti jeune, mais elle a trop de problèmes en son sein. Le parti n’est pas structuré et personne ne sait qui est qui, et qui fait quoi. Chacun croit être un chef». C’est du Patrice Sané tout craché ! Ce n’est pas tous les jours qu’on entend des propos de ce genre, venant d’un militant de l’Apr. Sans langue de bois, ce natif de la région de Ziguinchor, il y a deux ans dans un entretien avec un site d’information de la place, faisait une prédiction catastrophique pour la formation marron-beige. «Si on fait une lecture lucide de la situation, on peut même dire qu’en 2019, il sera très difficile de gagner parce que les actes politiques que posent certains responsables du parti ont fini par dégoûter la population. Même si nous gagnons en 2019, on risque également d’avoir un parti qui ne va pas résister au temps, car naîtront fatalement des ambitions personnelles. Chacun voudra prendre la place du roi et ce sera plus rude», déclarait Patrice Sané dont les publications sur Facebook sont particulièrement courues. Ses prises de position font de lui un incompris dans le giron marron-beige. Mais cela ne dérange nullement ce fils d’un ancien cadre de la météorologie et qui a fait tout son parcours scolaire à Kolda.
En effet, pour cet iconoclaste diplômé en marketing et actions commerciales à SupDéco, la fin ne justifie pas les moyens. En clair, il refuse de faire de la politique en usant de coups bas et des combines pour obtenir des privilèges. C’est pourquoi il est souvent l’homme à abattre. Entre 2012 et 2014, il a poussé la provocation jusqu’à contester le leadership de Thierno Alassane Sall à la tête de la Coordination des Cadres Républicains (Ccr) dont il est membre. Ce passionné de tennis de table et membre du Lions’ International et de la Jeune Chambre Internationale (Jci) ne porte pas de gants lorsqu’il s’agit d’apporter des répliques au sein de son parti. Il s’est fait une religion sur les transhumants qui, selon lui, n’apporteront rien à l’Apr. «Ce sont des gens qui ont roulé leur bosse un peu partout, ils sont vieux et dépassés». Vice-président de l’association «Graines de livres», Patrice Sané, qui tient à sa liberté de ton comme à la prunelle de ses yeux, pense que le débat autour du troisième mandat de Macky Sall est puéril. «C’est un faux débat, car j’ai côtoyé le Président Macky Sall. Il ne pense même pas à cela. Ce qui l’intéresse, c’est de sortir par la grande porte».
CATHOLIQUE ET THIANTACOUNE
Père de deux enfants, il affirme à qui veut l’entendre qu’il est de confession catholique, mais a fait allégeance à Cheikh Bethio Thioune. «Je suis dans son registre, ainsi que ma femme et mes enfants. Donc il est mon guide spirituel, car même si je suis catholique, j’ai ma philosophie de la religion», explique-t-il avant d’ajouter qu’il se rend aux «Thiants» du Cheikh. Jetant un regard sur la dernière présidentielle, il émet quelques craintes à cause des fractures que le scrutin du 24 février a révélées. «Le caractère religieux et ethnique durant l’élection présidentielle doit nous faire réfléchir. Car, dans d’autres pays, c’est la religion et les ethnies qui ont créé des tensions. Donc il faut faire très attention», conseille cet ancien président des étudiants de SupdeCo de Dakar.