L’ASSEMBLEE POSE LE DERNIER ACTE
L’Assemblée nationale a voté hier, vendredi 26 février, la levée de l’immunité parlementaire du député Ousmane Sonko lors d’une plénière inédite.

L’Assemblée nationale a voté hier, vendredi 26 février, la levée de l’immunité parlementaire du député Ousmane Sonko lors d’une plénière inédite. En effet, les députés de l’opposition et leurs collègues des non-inscrits ont quitté la salle de la séance plénière peu avant le vote alors que la presse a été interdite d’accès.
C’est désormais officiel. Le député Ousmane Sonko par ailleurs leader du parti Pastef ne pourra plus se réfugier derrière son immunité pour refuser de répondre à une convocation de la justice dans le cadre de la procédure relative à l’affaire de l’institut « Sweet Beauté » dans laquelle il est accusé de « viols répétés » et « menaces de mort » par une employée de cet institut Adji Sarr.
En effet, réunis hier, vendredi 26 février, en session plénière pour se pencher sur la demande de la levée de son immunité parlementaire formulée par Mamadou Seck, juge d’instruction du 8e cabinet dans le cadre de l’instruction de cette affaire, l’Assemblée nationale, sans surprise, a en majorité approuvé cette procédure de levée de son immunité. Défendu par le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Malick Sall, le texte a recueilli 90 voix pour, un contre et 2 abstentions. Il faut signaler que ce vote s’est fait sans la présence des députés de l’opposition qui ont quitté la salle de la plénière peu avant le vote pour, disent-ils, « ne pas assister à une mascarade ».
Avec ce vote, Ousmane Sonko qui est considéré par une partie de l’opinion comme le chef de l’opposition depuis le ralliement du président du parti Rewmi, Idrissa Seck, dans le camp du pouvoir le 1er novembre dernier, .rejoint ainsi la triste liste des parlementaires membres de l’opposition au régime en place dépouillés de leur immunité parlementaire. Ils sont désormais au nombre de six, les députés de l’opposition à avoir été dépouillés de leur immunité parlementaire depuis 2012.
DES DEBATS TRES HOULEUX...!
Plongée dans une atmosphère relativement calme depuis l’apparition de la pandémie du nouveau coronavirus au Sénégal le mois de mars de l’année dernière suite à la prise des mesures pour endiguer le virus de la Covid’19, l’Assemblée nationale a vécu une matinée très chaude. Alors que tous les abords et rues vers la place Soweto étaient bouclés par un cordon de sécurité hors pair établi par la Police nationale, ce dispositif n’a pas pourtant permis aux députés de la majorité en place, déterminés à voter la levée de l’immunité parlementaire de leur collègue, Ousmane Sonko, de le faire en toute quiétude. Et pour cause, les quelques députés qui étaient présents dans la salle de plénière hier, n’ont ménagé aucun effort pour faciliter la tâche à leurs collègues taxés de majorité mécanique » ou « caisse de résonnance de la présidence de la République ».
Une situation qui a fini par faire monter la tension d’un cran à l’intérieur de la salle de plénière fermée aux journalistes qui étaient parqués à côté du ministère de la Justice (ex siège de l’ambassade des Usa) loin des murs de l’Assemblée nationale. Tout est parti de la réaction hostile des députés de la majorité à la demande de leurs camarades de l’opposition qui voulaient prendre la parole dans la foulée de la lecture du rapport de la commission Ad hoc par son rapporteur de la commission Ad hoc, Mame Bounama Sall.
La suite s’en est suivie un petit moment de récréation marqué par un tohubohu indescriptible entre les deux camps sous le regard impuissant du président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, qui finira par donner gain de cause à l’opposition afin de ramener le calme. Prenant alors la parole, l’ancien maire de la commune de Kédougou, Moustapha Mamba Guirassy par ailleurs un des membres démissionnaires de la commission Ad hoc, a déploré le fonctionnement de ladite commission ad hoc.
En effet, selon lui, le travail de la commission Ad hoc est entaché de plusieurs « irrégularités » de même que la séance plénière. « Dans les documents portés à la connaissance de la Commission, seule la version de Adji Sarr y figure et cette situation ne garantit pas l’équilibre dans le traitement de l’affaire », a-t-il dénoncé avant de demander le renvoi de la plénière en vue de la convocation de Sonko à nouveau. Une remarque qui n’a pas laissé indifférents les députés de la majorité qui ont rétorqué par des huées réinstallant à nouveau la salle dans une atmosphère tendue poussant ainsi le président Moustapha Niasse à intervenir à nouveau pour calmer la salle. Invitée à prendre la parole, Aïda Mbodj désignée par Ousmane Sonko pour être son avocate, a invité ses collègues à rejeter cette demande pour dit-elle « éviter que notre Assemblée ne serve de faire valoir à une entreprise de liquidation d’un adversaire politique ».
Même son de cloche chez le président du groupe parlementaire « Liberté et Démocratie», Serigne Cheikh Mbacké qui a appelé à voter contre cette demande de levée de l’immunité parlementaire du leader de Pastef. Une demande qui n’est pas tombée dans une bonne oreille puisque prenant la parole, le président de la Commission Ad hoc Pape Biram Touré s’est démarqué des accusations de ses collègues. « La commission ad hoc a mené à bien sa mission malgré les multiples tentatives de la divertir. Elle est restée sereine et concentrée. Les documents mis à la disposition de la commission ont été consultés par l’ensemble des membres », s’est-il défendu en précisant que la décision de la Commission de recommander à la séance plénière de l’Assemblée nationale, de lever l’immunité parlementaire du député Ousmane Sonko, vise à permettre à ce dernier d’aller se défendre et à la justice de tirer au clair cette affaire.
Pour sa part, le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Malick Sall a lui-aussi réfuté toute thèse de complot visant la liquidation politique du leader de Pastef. « Dans cette affaire, c’est moi, à titre personnel, qui ai informé le chef de l’Etat. Nous étions en conseil des ministres, j’ai reçu un message du Procureur général qui, dans son rôle de remonter l’information, m’a envoyé la copie de la plainte qui a été déposée à la gendarmerie. Et je peux vous assurer que la réaction du chef de l’État, Macky Sall, était une réaction de désolation, de compassion. Il m’a dit à son pire ennemi, on ne souhaiterait pas cela. J’ai été un témoin oculaire de ça», a d’emblée souligné le ministre de la Justice avant d’ajouter. « Une procédure obéit à des règles. La gendarmerie a fait son travail, demandant à interroger le député (Sonko) qui a mis en avant son privilège d’immunité.
Le Procureur a remis le dossier à un juge d’instruction qui a la possibilité d’entendre toutes les personnes. Sachant que Sonko est protégé, le juge d’instruction du 8e Cabinet, (Mamadou Seck) a demandé à ce que sa demande de main levée soit transmise. Ce n’est que ça qui a été fait »