LE MAIRE DANS LE COLLIMATEUR DE L’OFNAC
Trois enquêteurs de l’office national de lutte contre la corruption et la fraude (Ofnac) fouille depuis lundi passé la gestion du maire de Mbacké, Abdou Mbacké Ndao. Ils ont effectué une descente à Mbacké, à la suite d’une plainte de Youssoupha BABOU

Trois enquêteurs de l’office national de lutte contre la corruption et la fraude (Ofnac) fouille depuis lundi passé la gestion du maire de Mbacké, Abdou Mbacké Ndao. Ils ont effectué une descente à Mbacké, à la suite d’une plainte de l’ex conseiller municipal, Youssoupha Babou qui a été d’ailleurs entendu. Il a donné plusieurs tuyaux aux investigateurs qui vont tenter de tirer au clair cette affaire. Quant au maire, il est injoignable
Le maire Abdou Mbacké Ndao doit se faire des soucis. Il est dans le viseur de l’Office national de lutte contre la corruption et la fraude (Ofnac). Trois enquêteurs de l’Ofnac fouillent depuis lundi dernier, sa gestion. C’est suite à une plainte déposée par un certain Youssoupha Babou, ancien adjoint au maire de l’équipe sortante que la présidente de l’Ofnac, Seynabou Ndiaye Diakhaté a décidé d’envoyer des enquêteurs à Mbacké. Ce dernier qui a relevé plusieurs griefs contre le premier magistrat de Mbacké, avait déposé une plainte à l’Ofnac, il y a de cela plus de trois mois.
En effet, dès que les enquêteurs ont installé leur quartier général à Mbacké, ils ont convoqué Youssoupha Babou, un instituteur principal de son état et 3e adjoint au maire de l’équipe municipale sortante. Il a été entendu sur plusieurs dossiers, notamment sur la gestion de la réserve foncière, le patrimoine roulant, la gestion de la gare routière et les finances. Youssoupha Babou a tout balancé aux enquêteurs de l’Ofnac. Celui qui se réclame être un lanceur d’alertes dénonce ce qu’il appelle une mauvaise gestion de l’édile de Mbacké. «J’avais saisi l’Ofnac d’une plainte. J’ai été entendu lundi par trois enquêteurs à Mbacké», a confié M. Babou. Il soupçonne le maire d’avoir vendu le matériel roulant de la commune, notamment le véhicule 406 immatriculé DL 3391. A l’en croire, tout le monde se demande pourquoi ce véhicule municipal est entre les mains d’une tierce personne. «Si comme le prétend le maire, si le véhicule était en réparation pourquoi, il n’est pas ramené après l’entretien ? », s’interroge Youssoupha Babou. Aussi les investigateurs de l’Ofnac vont vérifier une supposée cession d’un camion de la mairie à un certain Guèye gérant d’une station service.
Selon M. Babou, sur la carte grise du camion offert par la ville de Saint Dezier de France à Mbacké figure désormais le nom de ce M. Guèye. Aussi, le camion de vidange, dit-il, se trouve entre les mains d’un particulier.
LA GESTION DU FONCIER, UNE PISTE A EXPLORER
Pour ce qui est des soupçons sur l’assiette foncière, il parle de morcellement des réserves foncières etla nébuleuse qui entoure l’usage de trois terrains qui ont fait l’objet d’une délibération du Conseil municipal pour l’érection d’infrastructures socio-économiques de base. Ces projets concernent, notamment, la construction de 700 logements sociaux, une tannerie et une usine de transformation de fruits, mais tous sont tombés à l’eau. Youssoupha Babou a confié également à l’équipe de l’Ofnac des indications sur les supposées malversations financières du maire. Il en veut comme exemple, la ligne budgétaire consacrée à l’habillement des agents municipaux et l’appui aux conseillers municipaux pour les besoins du Grand Magal de Touba. Il a été prévu, dit-il, 20 000 F pour chacun des 70 conseillers municipaux, mais certains n’ont pas vu la couleur de l’argent. Même si tout le monde avait reçu l’argent, précise, M. Babou le cumule ne fait pas les 5 millions dégagés à cet effet. Youssoupha Babou s’interroge aussi sur le reliquat du projet de construction de quatre salles de classe d’une école franco-arabe. «La Banque mondiale avait financé la construction de quatre salles de classe pour 5 millions chacune, mais seules deux sont construites. Où est le reste de l’argent», se demande-t-il. Le contrat de gestion de la gare routière de Mbacké est nébuleux, aux yeux de l’enseignant. «Le 4 février 2014, le Conseil municipal avait décidé de résilier le contrat de la gestion de la gare routière parce qu’il ne reçoit pas d’argent. Mais, cette décision n’est pas mise à exécution et le même concessionnaire continue de gérer la gare. Le maire est soupçonné d’être en connivence avec lui ainsi que le gérant de la nouvelle station», soutient M. Babou. A l’en croire, la construction de la gare routière a été financée par la Banque mondiale pour permettre à la commune d’avoir plus de recettes.
SOUPÇONS D’UNE GESTION FINANCIERE NEBULEUSE
Dans le même registre, il fait savoir que depuis deux ans, la mairie de Mbacké n’assure pas la collecte des ordures prétextant que les véhicules sont en pannes alors que des crédits sont affectés à l’entretien du matériel roulant. Une piste que pourraient explorer également les enquêteurs de l’Ofnac, le projet d’érection de bouches d’incendie qui n’a jamais vu le jour alors que le Conseil municipal y a affecté des crédits. Idem pour le curage du seul canal crédité à 7 000 000 F, alors dit-il, «l’équipe municipal sortante n’y injectait que 500 000 F». Ce sont autant d’indices que l’Ofnac peut explorer pour confirmer ou infirmer les soupçons du plaignant et par ricochet les populations de Mbacké. «J’ai pris ma responsabilité et je me suis préparé en conséquence», dit-il sur d’éventuelle représailles. Quant au maire Abdou Mbacké Ndao, «L’As» a tenté en vain de le joindre pour recueillir sa version.