LE MORTAL KOMBAT
La configuration politique actuelle impose aux deux hommes de se frotter. L’heure est arrivée pour qu’il y ait une véritable démonstration de force et que Macky Sall et Ousmane Sonko livrent leur ultime combat

La configuration politique actuelle impose aux deux hommes de se frotter. L’heure est arrivée pour qu’il y ait une véritable démonstration de force et que Macky Sall et Ousmane Sonko livrent leur ultime combat.
On est loin des salles d’arcade, mais les acteurs politiques sénégalais sont comparables aux personnages du jeu de baston. Les actes posés etla virulence du discours donnent l’impression d’assister à un «Mortal Kombat», jeu de tous les outrages et de tous les scandales. Ousmane Sonko et Macky Sall ne dérogent pas à la règle. Rien ne s’interpose désormais entre les deux hommes qui sont obligés de boire le calice jusqu’à la lie.
Aujourd’hui qu’Idrissa Seck s’est rangé derrière le pouvoir et que Karim Wade et Khalifa Sall sont toujours «out», le boulevard est ouvert pour que le leader des «Patriotes» et le Président Sall livrent leur dernier combat. Ainsi, deux possibilités se dessinent au bout du compte. Macky Sall perd le pouvoir et est obligé avec ses équipes de rendre compte. A défaut, Pastef dissous ou son leader définitivement écarté du jeu politique. En tout cas, durant ces trois prochaines années, il ne manquera pas de stratagèmes d’un côté comme de l’autre pour mettre K.-O son adversaire.
En attendant, Macky Sall a lancé depuis samedi dernier les hostilités en interdisant au leader des «Patriotes» de collecter des fonds pour la «Nemmeeku tour», une initiative pour mettre à la disposition de Pastef et de son Président assez de fonds pour aller à la rencontre des Sénégalais des villes et des villages les plus reculés du Sénégal et de la diaspora. Si le pouvoir leur oppose la loi relative au financement des Partis politiques, Sonko et Cie refusent de se conformer et disent les attendre de pied ferme. La guerre est ainsi rouverte entre les deux hommes qui s’étaient pourtant donné dernièrement des moments de répit.
S’entêtant dans leur démarche, les «Patriotes» ont en un jour récolté 125 millions de francs CFA en donations effectives et plus 81 autres de promesses de donations. Ce qui, à coup sûr, ne laissera pas indifférentle pouvoir en place qui certainement ne restera pas inerte face à cette défiance. Pour autant, Ousmane Sonko n’avait pas manqué lors du lancement de sa levée de fonds de jeter un pavé dans la mare de l’Alliance pour la République. Il disait ainsi que c’est pour éviter, à l’image de ce qui se fait actuellement, des prébendes et autres argents provenant des lobbies étrangers et autres sources nébuleuses qu’ils ont préféré opérer de la sorte.
MACKY-SONKO : UNE CONFRONTATION ÉTERNELLE !
Entre Macky Sall et Ousmane Sonko, c’est une longue histoire dont l’épilogue est pour bientôt. En attendant, il faudrait rappeler qu’ils se sont livré des « batailles » directement ou par personnes interposées. Il en est ainsi de l’affaire des 94 milliards dans laquelle Ousmane Sonko accusait le Président Sall de protéger le Directeur des domaines Mamour Diallo. Dans ce dossier, le leader de Pastef avait relevé que ce proche du chef de l’Etat «avait commis des faux dans un acte d’acquiescement, dans le but de soustraire 94 milliards des deniers publics».
Blanchi par une commission d’enquête parlementaire, Mamour Diallo avait déposé par la suite une plainte contre le leader des «Patriotes» avec les chefs d’accusation de diffamation et injures publiques.
Par le passé, en juillet 2016, Ousmane Sonko avait taclé le président de la République qui, lors d’un meeting, menaçait l’opposition de ne pas s’attaquer à un lion qui dort. « Dites-lui, (Macky Sall) d’arrêter de se comparer à un lion endormi pour défier l‘opposition. Un lion qui dort, c’est le symbole d’un ventre bien rempli, du manque d’agressivité et de paresse », avait-il-tancé le chef de l’Etat. Non sans dire que dans un Sénégal pauvre et affamé, parmi les 25 pays les plus pauvres du monde, on a besoin d’action, d’agressivité et d’éveil. «Il nous faut un lion certes, mais un vrai lion affamé de conquêtes économiques et sociales. Hélas ! Macky n’en est pas un», avait-il attaqué.
Autre fait marquant de la dualité entre les deux hommes, c’est la radiation d’Ousmane Sonko de la Fonction publique en août 2016. Macky Sall avait signé un décret portant révocation de M. Sonko pour manquement à l’obligation de discrétion professionnelle prévue par la loi sénégalaise.
Le leader de Pastef avait accusé plusieurs personnalités sénégalaises d’avoir illégalement bénéficié d’avantages fiscaux. Parmi les personnalités visées par Ousmane Sonko figure Aliou Sall, le jeune frère du chef de l’Etat, qu‘il avait accusé d’avoir profité d’une exonération fiscale de plusieurs millions de francs CFA, dans le cadre de sa participation à une société pétrolière. Radié de la fonction publique, il gagnera la bénédiction du peuple qui en juillet 2017 l’a porté à l’Assemblée nationale.
Mieux encore, Ousmane Sonko va faire un grand bond lors de la présidentielle de 2019 en arrivant troisième à l’issue du scrutin avec 15,67% des voix. Et dans cette nouvelle configuration, le «Mortal Kombat» se déroulera en trois tranches : les Locales de 2021, les Législatives de 2022 et la Présidentielle de 2024. Le meilleur et le plus endurant gagnera !