LES ACTEURS POLITIQUES ENTRE BENEFICE DU DOUTE ET MEFIANCE
Le projet de Loi d’orientation pour l’aménagement durable des territoires (LOADT) défendu par le ministre des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement des Territoires, Oumar Gueye, semble être vu d’un bon œil par nombre d’acteurs

Votée le lundi 28 décembre dernier par l’Assemblée nationale, le projet de Loi d’orientation pour l’aménagement durable des territoires (LOADT) défendu par le ministre des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement des Territoires, Oumar Gueye, semble être vu d’un bon œil par nombre d’acteurs politiques. Ou plutôt, certains acteurs politiques ne voient pas pour le moment, la corrélation entre cette LOADT et la suppression annoncée du statut des villes. Même si par ailleurs, certains d’entre eux n’écartent pas la possibilité pour le régime de porter un coup de poignard dans le dos de l’opposition.
TAMBA DANFAKHA E L’UNP SENEGAL, POLE OPPOSITION : «A priori, il n'y a pas de liens de causalité entre le vote de la loi d'orientation et le projet de suppression des villes »
L'existence du Haut conseil des collectivités territoriales impose à l'Exécutif de prendre en compte les recommandations des élus. Ce qui peut inviter à un approfondissement des réformes dans la gestion des collectivités territoriales. De ce point de vue, le vote de cette loi d'orientation renforce les élus locaux dans leurs capacités à travailler plus et mieux pour leurs électeurs. Je ne peux donc que saluer les avancées que cette loi d'orientation va permettre. Donc, autant le vote de la loi d'orientation est un acte républicain, normal et souhaitable, autant le projet de suppression des villes est insensé et relève de la politique politicienne. Que le pouvoir utilise le vote de cette loi, comme prétexte, pour porter un coup de couteau dans le dos de ses opposants me semble possible. Néanmoins, je considère ce débat sur la suppression des villes comme un moyen de détourner l'attention de l'opposition sur la préparation des prochaines élections locales. Pour moi, la priorité pour l'opposition c'est de se battre pour remporter toutes les collectivités territoriales, avec ou sans villes.
DETHIE FAYE DE LA CDR/FSK), POLE NON ALIGNE : «Le Conseil des ministres du 21/12/20 avait adopté le projet de loi voté par l’Assemblée»
Malheureusement je n’ai pas le texte adopté pour l’analyser et apprécier son rapport avec le projet de suppression des villes. J’estime toutefois qu’au lieu de procéder à des réformettes qui ne feront qu’accentuer les incohérences, il faut aller résolument vers une évaluation globale de l’Acte III de la décentralisation pour avoir des entités territoriales viables et aptes à porter le développement. Ce qui est pertinent pour moi, c'est des reformes qui découlent d'une évaluation objective et rigoureuse de l'Acte III de la décentralisation. Une reforme unilatérale, non concertée ne saurait être considérée pertinente d'autant que l'argument le plus avancé pour justifier la suppression est celui de la légalité. Si on veut éviter les approches politiciennes il faut un diagnostic qui identifie les forces et faiblesses de l'acte III de la décentralisation»..
BABACAR NDIR DU PDCR, POLE NON-ALIGNE «Si l’Etat avait voulu, depuis très longtemps, supprimer les villes…il y avait des cadres qui étaient appropriés pour le faire»
«J’ai entendu le débat. Mais, je pense que si l’Etat avait voulu, depuis très longtemps, supprimer les villes pour mettre en place des métropoles, il y avait des cadres qui étaient appropriés pour le faire. Le dialogue politique est là et il y avait une commission de décentralisation. La commission politique a traité aussi de questions beaucoup plus importantes. L’autre aspect fondamental, c’est que les villes font partie aujourd’hui de notre histoire. Même au sein de la majorité, il y a une contradiction. Vous avez entendu ce qu’Ismaïla Madior Fall a dit. Ce qui veut dire que, moi qui suit Rufisquois, je ne m’identifie pas à la commune de Rufisque Nord ou Rufisque Ouest, mais plutôt à la ville de Rufisque. Il y a une certaine identité historique et culturelle qui est là qu’on veut enlever parce qu’il y a des considérations politiques derrière. Il faudrait que, si nous voulons avoir un pays stable, une décentralisation normale, qu’on essaie de laisser de côté les attitudes politiques que nous avons sur les positions que nous avons. On ne peut pas comprendre qu’aujourd’hui, parce qu’on est du côté de l’Etat, on se bat pour obtenir une ville, si on ne peut pas l’avoir, qu’on l’enlève pour en faire une entité de l’Etat.
NDIAWAR PAYE DU MOUVEMENT INITIATIVES ET PERSPECTIVES SEN 35, POLE PRESIDENTIEL « Dans la réforme envisagée… il n'est nullement question de la suppression des villes »
«De ce que je retiens de la réforme envisagée que je trouve d'ailleurs très positive, il n'est nullement question de la suppression des villes de Dakar, Pikine, Guédiawaye, Rufisque et Thiès. Mais il s'agit plutôt en passant à la mise en œuvre de l'étape 2 de l'Acte III de la décentralisation, de doter de nouveaux statuts renforcés aux départements et de réorganiser les villes du département de Dakar et celle Thiès. Ainsi Dakar, ville charriant plus de critiques de la part de l'opposition du fait de son statut de capitale aura un statut particulier avec des ressources humaines de haute qualité et des moyens renforcés pour relever les défis économiques, sociaux, culturels et environnementaux de son territoire».